Des nouvelles d ici-bas
258 pages
Français

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Des nouvelles d'ici-bas , livre ebook

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Description

C’est un recueil de nouvelles et d'historiettes détournant des faits réels ou complètement imaginaires, sans le moindre fil rouge mais parcourant quelques méandres de l'âme humaine dans des situations de vie originales, loufoques ou dramatiques. Les sentiments, parfois décrits métaphoriquement, s'expriment dans des scènes qui voient s'alterner l'humour, la violence, l'amour et la haine. La vie, quoi !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332656537
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65651-3

© Edilivre, 2014
 
Le poète des îles
C’est en claquant la porte que Jean-Laurent Duthil quitta la salle de réunion, sans attendre la fin du conseil d’administration. Il n’était même pas onze heures et sa journée était déjà gâchée. D’un pas rapide, le front plissé et les sourcils froncés, il gagna son bureau et se jeta dans son fauteuil directorial. Les mains jointes sur la bouche, il se dit qu’il fallait retrouver son calme et faire le point avec plus de sérénité. Certes, il n’avait pas apprécié le rapport de Berthon, le directeur commercial, énumérant les problèmes en cascades qui s’abattaient sur l’entreprise, mais il savait que des solutions étaient envisageables. Seulement, il devait agir rapidement. L’aura, voire la survie de la maison en dépendaient. Il eut été dommage de sacrifier une si belle société, œuvre de sa vie, alors que les rapports d’exploitation semblaient au beau fixe. En effet, le groupe SALTO avait une belle réputation mondiale. Depuis sa création, cinq ans plus tôt, il avait vendu trois dizaines d’usines de dessalement de par le monde, clé en main et maintenance assurée. Chaque complexe était un bijou de technologie et jusque là, les clients paraissaient satisfaits. Et voilà qu’on prenait connaissance aujourd’hui d’une série d’avaries sur plusieurs sites.
Duthil feuilletait le carnet technique de l’usine type DESALT-14 que lui avait laissé Berthon. Sur plusieurs pages, étaient entourés au marker rouge les paragraphes détaillant les origines des pannes et les dégâts qu’elles occasionnaient. Il le referma négligemment en soufflant. De toute façon, il n’y comprenait rien, largement dépassé par le haut degré de technicité atteint dans le secteur durant les dernières années. Il fallait prestement dénicher dans la boîte un ingénieur prêt à courir le monde et jouer les pompiers de service. Mais qui ? Il était loin de connaître les deux cent quarante employés de la maison-mère et encore moins leur qualification. Il décrocha son téléphone interne :
– Corinne, passez dans mon bureau s’il vous plait.
Sa secrétaire, dont le bureau était mitoyen, frappa et sans attendre une réponse entra dans la pièce.
– Bonjour monsieur le président. Que puis-je pour vous ?
Devinant le patron soucieux et probablement de mauvaise humeur, elle choisit de se montrer réservée.
– Trouvez-moi la liste des techniciens sup et leur pedigree. Faites un tri et gardez uniquement les célibataires sans enfants. Je veux ça pour quatorze heures.
– Ça sera fait.
Elle tourna les talons et repartit en chaloupant de la croupe. Duthil y jeta un œil mais l’humeur n’était pas à la gaudriole.
Sans perdre de temps, l’assistante s’installa devant son p.c, repéra sur le bureau le fichier « Personnel & Trombinoscope », l’ouvrit et se mit à le parcourir. Ayant repéré le listing désiré, elle le sélectionna et en fit une photocopie. Elle fit de même pour les c.v, rangea le tout dans une sous-chemise qu’elle déposa dans le local déserté par son patron.
Après un déjeuner qu’il prit sans appétit, Duthil rejoignit son bureau et s’empressa de consulter les notes collectées par sa secrétaire. Quelques minutes plus tard, il décrocha son combiné :
– Corinne, veuillez me convoquer Franck Périer pour demain matin, neuf heures.
Accoudé à son bar de cuisine devant un café fumant, Franck passa la paume de sa main sur son visage, vérifiant ainsi son rasage. Pas question de paraitre négligé aux yeux du patron. Il sentit alors monter en lui un léger trac bien que la secrétaire l’ait briefé d’un ton apaisant sur le motif plutôt flatteur de la convocation du grand chef. C’était probablement l’opportunité de booster sa carrière. Les années écoulées dans un bureau d’études commençaient à lui peser et il était temps de passer à l’action. Mais il savait que pour obtenir l’agrément de monsieur Duthil, il allait devoir forcer sa nature, se présenter sous les traits d’un battant dévoré d’ambition et prêt à tout pour servir leur cause commune : SALTO. Il ne serait pas vraiment lui-même le temps d’une entrevue. Mais ça, il savait faire.
Sur le coup de neuf heures, JLD fit entrer dans son bureau celui qui serait probablement son sauveur. Au premier abord, il n’avait pas le profil de l’emploi. Se tenait devant lui, un jeune homme mince de haute stature. Son visage émacié, au nez aquilin, au regard bleu et profond, était surmonté d’une tignasse brune exubérante. Spontanément, il fit la relation avec l’effigie d’Hector Berlioz représentée sur les billets de dix francs en circulation au siècle dernier. Il lui trouva un côté romantique, charmant et suranné. C’est d’ailleurs cela qui l’inquiétait. Etait-il vraiment l’homme de la situation ? De plus, sa tenue vestimentaire, bien qu’étudiée et soignée, ignorait les conventions. Pas de cravate, pas de chemise blanche ni mocassins vernis. Cependant, les bottines en daim et la veste en suédine assortie faisaient leur effet. Duthil se fit la réflexion que cette tenue anticonformiste était le gage d’une forte personnalité. Finalement, l’aspect visuel était globalement positif.
– Asseyez-vous. Aimez-vous les voyages ? Votre fiancée pourra-t-elle se passer de vous quelques semaines ?
– Oui et non. Oui à la première question et non à la seconde pour la bonne raison que je n’ai personne dans ma vie actuellement.
– Je lis sur votre curriculum vitae que vous êtes diplômé de l’ENSEEIH en ingénierie hydraulique et que vous êtes intervenu sur notre centrale d’Almeria. Je vous propose de lire ce compte rendu, d’évaluer la gravité de nos déboires, de me faire un rapport au plus tôt, disons demain, et… de me faire savoir si vous vous sentez la moelle pour assumer le job. Je ne vous retiens pas plus longtemps, vous avez de quoi vous occuper. A demain.
En quittant l’immeuble, Franck se sentit léger et radieux, subodorant que l’affaire ne lui échapperait pas. Il allait de ce pas se rendre à son appartement, éplucher soigneusement le dossier et se préparer à scotcher le chef avec un rapport épatant.
C’est la mine défaite que Franck Périer se présenta devant le P.D.G le lendemain matin. La tâche confiée la veille s’était avérée plus ardue que prévu. Il gardait confiance et c’était maintenant qu’il devait être convaincant.
– Tout d’abord, en ce qui concerne le problème survenu à la centrale de Paros, nul besoin de déplacement. L’arrêt de désalinisation est dû à un défaut de fabrication de la membrane d’osmose inverse. A l’analyse, ils ont remarqué une irrégularité dans la section des pores. La solution est un échange standard. Le coût sera nul et les délais rapides. J’ai contacté le chef de secteur en Grèce. Il s’engage à prendre toutes les dispositions nécessaires au plus vite. Le module d’osmose sera de nouveau opérationnel sous huitaine.
– C’est une bonne chose.
– Les autres cas sont plus problématiques et ne peuvent se traiter à distance. A Malte et en Guadeloupe, il s’agit de rupture de vanne de réglage en sortie de module et en Martinique une turbine de récupération de saumure connait un problème récurrent d’alimentation électrique. Un diagnostic plus précis ne peut s’établir que de visu.
Jean-Laurent Duthil fut définitivement séduit par les explications de son employé et montra pour la première fois depuis quarante huit heures des signes de détente. Ses traits avaient retrouvé un semblant de décontraction. Il fit pivoter son fauteuil, saisit sans se lever deux verres à whisky sur un plateau et les déposa devant eux. Il extirpa ensuite d’un tiroir une bouteille de Scotch « The Balvenie » et servit deux sérieuses rasades. Il était à peine dix heures. Il incita Franck à porter un toast en lançant :
– Alors on fonce ?
Périer n’avait plus d’autre choix que de répondre :
– Banco.
– Ma collaboratrice va vous réserver un billet d’avion et une chambre d’hôtel pour Malte.
En descendant du taxi, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, l’ingénieur de la SALTO, eut l’impression de partir en vacances, ce qui l’aidait à évacuer la pression que cette mission d’importance faisait peser sur lui. Après les formalités d’usage, il se retrouva dans la salle d’embarquement, à reboucler sa ceinture et renouer ses lacets. Il s’approcha de la grande baie vitrée, et se mit à suivre du regard les avions manœuvrant sur le tarmac. Pour la première fois, il était client de la compagnie Air Malta. Il n’en savait pas grand-chose si ce n’est qu’elle était équipée d’une flotte d’Airbus flambant neufs et que les équipages étaient formés en Grande-Bretagne. Gage de sécurité.
Le vol se déroula sans encombre. Seule l’arrivée fut spectaculaire. En effet, en fin de voyage, l’Airbus A320 200 longea le bout de l’île, la dépassa puis changea brusquement de cap à cent quatre vingt degrés pour piquer sur un vague ruban gris servant de piste d’atterrissage, donnant la désagréable sensation de plonger dans la Méditerranée si bleue, si proche. L’avion roula lentement et vint stationner dans la zone de parking entre deux autres aéroplanes aux couleurs blanche et rouge, la queue marquée de l’écarlate croix maltaise. Juillet offrait à l’île un azur immaculé et une température supérieure à trente degrés. Franck y vit l’explication du paysage aride qui défilait devant lui. Balloté dans son taxi hystérique, il ne fut pas long à rejoindre l’hôtel Kennedy Nova, situé sur la promenade de Sliema, ville touristique séparée de la capitale par un charmant petit port. Sa chambre était agréable et bien climatisée. Il alla se rafraîchir sous la douche, puis décapsula une canette de tonic trouvée dans le mini bar, qu’il vida d’un trait. Il contempla le point de vue où s’étendaient les édifices et les dôme

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