Dis maman, pourquoi la guerre ? - Tome II
194 pages
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Dis maman, pourquoi la guerre ? - Tome II , livre ebook

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Description

1953, les années sont passées et Paul est devenu un jeune homme équilibré, toujours épris de liberté. Lorsque de nouveaux voisins emménagent à côté de chez lui, le passé resurgit et l’entraîne dans une spirale infernale où il va devoir lutter avec acharnement contre ses souvenirs d'enfance qui le hantent et le harcèlent.


En venant au secours du petit Hugo, trouvera-t-il la paix intérieure ? La guerre qui sommeille en lui s'arrêtera-t-elle enfin ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782334054850
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-05483-6

© Edilivre, 2017
Chapitre 1 Retrouvailles
Bien des années se sont écoulées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après notre séjour à Piriac‑sur‑Mer, notre famille est ressortie solidifiée et nos parents ont pris à cœur leur rôle parental. Notre vie a totalement changé depuis ce printemps 1944. Lorsque nous avons regagné Rennes, notre quotidien est devenu bien différent de ce que j’avais pu connaître auparavant. Les cris, les coups et les silences imposés ont disparu et sont devenus des rires, de l’amour et de la complicité. Une relation nouvelle est née avec celui qui me faisait si peur, ce père si froid et si distant, et nous sommes devenus très proche l’un de l’autre. Je crois que toutes les épreuves que nous avons vécues, et plus particulièrement la dernière à Piriac-sur-Mer, nous ont soudés l’un à l’autre. Si autrefois nous étions étrangers et éloignés, nous évoluons désormais dans une relation de confiance, de partage et de confidence. Je peux tout lui dire sans craindre de le voir s’emporter et devenir agressif. À présent, il est capable d’écouter et de discuter, et ses conseils sont précieux à mes yeux. Aujourd’hui, je regarde mon père et j’ai du mal à croire qu’il ait pu être si violent et si cruel parfois. Mais tout cela est si loin, les blessures du passé s’effacent peu à peu, laissant place à des souvenirs merveilleux où viennent se greffer l’amour de grands-parents très attentionnés.
Nous sommes en juillet 1953 et l’été parfume nos jardins de senteurs variées qui s’épanouissent sous les rayons d’un soleil bien présent. Bien que les traces de la dernière guerre soient encore présentes dans certains endroits, elles s’estompent au fur et à mesure que le temps s’écoule et que les technologies évoluent. Rennes est reconstruite et a retrouvé toute sa beauté d’antan. Les paysages arborent toute la majesté de cette nature restaurée qui a pu reprendre son souffle depuis que la paix est revenue. En dix ans, tant de choses ont changé. La liberté nous a donné une envie de vivre pleinement chaque seconde qui passe et de profiter de toutes les merveilles qui nous entourent. La ville, elle aussi, a retrouvé sa nonchalance, sa douceur et sa joie de vivre. De nouvelles rues naissent et s’agrandissent, les moyens de locomotion, eux aussi, ont évolué et nous offrent une liberté accrue pour parcourir les chemins et les villes voisines. Les échanges commerciaux et touristiques nous ouvrent aussi de nouveaux horizons et nous invitent aux voyages et à la consommation. Il n’y a plus de restrictions, de rationnements et de paniers alimentaires quasi vides ! L’heure est à la découverte et au désir de combler toutes ces années de souffrance et de manque. Les étals des marchands sont pleins et de nouveaux commerces fleurissent un peu partout. Rennes connaît un essor économique qui lui ouvre les portes pour recevoir de grandes marques, comme Citroën qui a récemment implanté une de ses usines dans notre ville. L’emploi s’offre à nous et les techniques récentes nous amènent à surconsommer et à vouloir posséder toujours plus ; une nouvelle voiture, une télévision ou une radio… Les réfrigérateurs entrent dans nos cuisines et nous procurent un bien-être appréciable pour la conservation des aliments. L’art de la table évolue et les femmes rivalisent pour se procurer les derniers appareils ménagers qui facilitent leur vie et leur travail. L’après-guerre a aussi été marquée par l’arrivée massive de petites frimousses qui égayent les rues et les parcs de leurs rires et de leurs cris de joie. Tout revit et s’épanouit, même si les crises gouvernementales se succèdent inlassablement. Mais peu importe, de mes seize ans, je me sens plein de vie et je veux regarder l’avenir avec espérance.
Pourtant, la violence de la guerre ne se tait pas et se poursuit hors de France. Qui pourra me dire quand toute cette horreur s’arrêtera ? À peine sommes-nous sortis de cette guerre dévastatrice que d’autres commencent, comme en Corée ou en Indochine. Les peuples ne parviendront-ils jamais à faire la paix ? La soif de pouvoir et de puissance pousse l’être humain à commettre des barbaries inimaginables que même les animaux ne s’infligent pas. Aurions-nous perdu toute intelligence et toute humanité ? Lorsque nous considérons les actes perpétrés par les militaires, toutes ces agressions et ces viols, ces tueries innommables, pouvons nous dire que l’Homme a encore un cœur ? Victor Hugo disait « La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées ». La paix serait-elle donc une utopie ?
Pendant que nous regardons la course cycliste du Tour de France parcourir nos routes, poussée par les sifflements et les encouragements des passants surexcités, d’autres personnes meurent sous le sifflement des balles et la course des blindés destructeurs. Où est le juste milieu ? Lorsque j’y pense, ma joie est gâchée à l’idée que pendant que je m’amuse, d’autres subissent ce que nous avons si durement vécu il n’y a pas si longtemps. Cette dernière guerre mondiale n’aurait-elle pas dû servir de leçon pour l’avenir ? La mémoire humaine semble bien sélective et l’oubli des atrocités commises n’empêche pas d’autres guerres d’éclater, tout aussi dévastatrices.
À table, mon père n’a pas perdu son habitude de lire son journal en sirotant son café, une cigarette à la bouche. Ce matin, je n’ai pas eu le courage de me lever tôt, trop écrasé par la moiteur laissée par la chaleur estivale. Après un bon bain relaxant, je m’assieds auprès de lui pendant que maman me prépare un copieux petit déjeuner. Avec sa bonne humeur habituelle, elle rayonne, et son visage, autrefois ravagé par la tristesse et les coups, laisse paraître un sourire éblouissant qui la rend encore plus belle. Les années n’ont pas de prise sur elle et elle semble embellir avec le temps. Quand son regard croise celui de mon père, je peux y lire tout l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre et mon cœur trouve écho à leur bonheur. Longtemps j’ai eu peur que cet épanouissement familial disparaisse et que le cauchemar du passé renaisse, mais les années ont eu raison de mes craintes, cicatrisant ainsi toutes les blessures de mon enfance perturbée. L’abbé Benoist n’est plus sur Rennes et poursuit son pèlerinage dans un pays d’Afrique où il a décidé de consacrer sa vie aux plus démunis. Quant à oncle Martin et tante Adèle, ils sont devenus pour moi une seconde famille où j’aime aller me ressourcer et me reposer tous les étés. D’ailleurs, je dois y retourner d’ici la fin de la semaine et l’idée de revoir Lucie accélère les battements de mon cœur. Avec les années, notre complicité est devenue plus soutenue et de tendres sentiments sont nés de nos balades estivales. Il me tarde de la revoir et de partager des moments si merveilleux à ses côtés. Elle me manque tant !
Brusquement sorti de mes rêveries par mon père, je lève les yeux vers son regard interrogateur.
« Que se passe-t-il Paul ? Tu es bien rêveur ce matin.
– Je pensais à Lucie, dis-je, un peu gêné par le regard pénétrant de ma mère.
– Ah, l’amour ! dit-elle en riant.
– Ne te moque pas, répond papa. Ça me rappelle notre jeunesse.
– Eh bien, je ne me sens pas si vieille que ça ! grimace‑t‑elle en me servant mon chocolat chaud.
– Mais non maman, regarde-le ! On dirait un petit vieux avec sa barbe blanche, plaisanté-je en lui lançant un clin d’œil.
– N’importe quoi ! s’exclame celui-ci, si mes cheveux ont blanchi si rapidement, c’est que je suis devenu sage avant l’heure, rétorque-t-il en riant de bon cœur.
– J’aime blaguer avec toi papa, mais changeons de sujet. Dis-moi ce que tu as lu au journal ce matin, demandé-je pour détourner l’attention.
– Hier, les États-Unis et l’URSS sont tombés d’accord sur une reconnaissance respective des deux Corées par un « statu quo ante » autour du 38ᵉ parallèle. L’armistice a été signé à Pan Mun Jom après plus de deux millions de morts et de disparus et plusieurs millions de dollars de pertes matérielles. Quel gâchis ! J’aurais cru que la guerre que nous avons subie, il y a quelques années, allait amener les peuples à réfléchir avant d’en entamer une nouvelle, mais je me suis trompé.
– Oui, et si le cas de la Corée semble se résoudre, il reste encore la situation en Indochine. En plus, la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique ne présage rien de bon. Espérons que tout ça cessera un jour, papa.
– Que veux-tu mon fils, l’être humain ne semble pas capable de tirer une leçon des guerres passées. Le temps s’écoule, les siècles changent, mais la bêtise humaine demeure et se perpétue avec toujours autant de violence et de barbarie, soupire maman.
– Oui, malheureusement », répliqué-je un peu déprimé.
Tout à coup, je n’ai plus vraiment envie de manger et un sentiment de tristesse me gagne sans même savoir pourquoi. Tous les souvenirs des horreurs vues pendant la guerre reviennent en surface et m’envahissent à nouveau. Pourtant, combien de fois ai-je tenté de les oublier et de les effacer de ma mémoire, mais ils y sont ancrés de manière indélébile et les cauchemars qu’ils me font vivre presque toutes les nuits me rappellent combien la guerre est meurtrière et cruelle.
Pour couper court à cette soudaine détresse, j’allume la radio où la voix chaude de Georges Brassens me change les idées. En sifflotant, je m’installe dans le vieux canapé où je me laisse gagner par une douce torpeur. Bien que les matinées soient fraîches pour la saison, les après-midi sont chauds et ensoleillés et je profite de ce temps de repos avant de regagner l’atelier de papa, avec qui je travaille depuis que j’ai obtenu mon diplôme de cor

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