Du képi blanc au casque bleu 1968-1995
127 pages
Français

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Du képi blanc au casque bleu 1968-1995 , livre ebook

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Description

"Il avait rêvé de combats épiques, de vraies charges de cavalerie, comme le firent ses anciens. Peut-être aussi aurait-il souhaité être un héros! Mais était-il venu chercher la gloire et les médailles? Il avait trouvé à la Légion une communauté humaine et vivante, sa famille, et un sens à donner à sa vie qui lui permettaient aujourd’hui, à l’aune de son âge, de poursuivre son destin vers d’autres étendues, avec d’autres compagnons, et de transcender les valeurs de sa famille légionnaire." L’itinéraire atypique d’un gamin de la DASS qui, grâce à la Légion étrangère, donnera un but à son existence. Il y trouvera une véritable famille, des personnes sur qui s’appuyer, des valeurs nobles et une vie d’aventures. Un récit autobiographique grave et introspectif, débordant d’humanité, agrémenté d’une écriture à la fois rigoureuse et sensible. Engagez-vous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748368826
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du képi blanc au casque bleu 1968-1995
Marcus Demourre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Du képi blanc au casque bleu 1968-1995
 
 
 
« Vocation ou chagrin, solitude ou misère,
Tout cela s’est fondu sous la même bannière,
Pour former cette armée de toutes les nations,
Méritant le respect, forçant l’admiration ».
L. Schenck
 
 
 
Prologue
 
 
 
Mars 2008.
La dépression qui circulait sur le nord-ouest de l’Espagne ne présageait rien de bon. Les pluies abondantes qui tombaient en bourrasques sur le petit port de la Selva annonçaient déjà l’arrivée de la perturbation. La mer avait pris sa teinte grise des mauvais temps. Le voilier s’agitait doucement dans son bassin en tirant sur ses amarres. Les pontons de bois se soulevaient dans un grincement sinistre au rythme de la houle qui pénétrait dans le port.
Marcus vérifia chacune des amarres du voilier ; retendant une pointe, ajoutant une garde. Il avait l’air renfrogné qu’il affecte, lorsque les conditions météo ne sont pas celles qu’il souhaite. Il descendit dans le carré pour se mettre à l’abri et rejoindre ses équipiers, qui lisaient pour les uns ou s’affrontaient dans un scrabble pour les deux autres.
— Alors Cap’tain, on se le prend ce coup de vent, dit Antoine avec un sourire malicieux après qu’il eut relevé la tête de son livre ?
Marcus s’assit à la table à carte en silence, s’essuya le visage, puis consulta à nouveau le baromètre : 992 hectopascals. La dépression se creusait.
Antoine avait abandonné son livre et s’était rapproché de la table à carte.
— Il est probable qu’elle nous tombe dessus dans quelques heures. On va se taper des vents de plus de trente nœuds commenta Marcus, l’air grave.
— Alors c’est extra, on peut y aller, on profitera des vents favorables s’exclama Antoine sur un ton enjoué, C’est toi qui dis que l’on doit chercher les vents porteurs dans une dépression.
Marcus sourit à la remarque de son jeune équipier. À peine vingt ans, un visage d’adolescent, deux mois à peine que ce dernier avait embarqué pour la première fois sur un voilier, et il avait déjà des réactions de vieux marins.
Antoine était un équipier d’une valeur exceptionnelle. Marcus se félicitait à chaque instant de l’avoir à bord.
Mais il s’interrogeait sur les raisons de sa présence ici. Qu’était venu chercher Antoine à bord du voilier Camerone  ? À quoi correspondait sa démarche lorsqu’il répondit à une annonce sur un site spécialisé de recherche d’équipiers ? Pétri des récits des « Damiens » ou des livres du grand navigateur Bernard Moitessier, pensait-il réaliser un rêve ou seulement assouvir une passion ? Voulait-il, à l’instar de ses héros, conquérir de nouveaux espaces et atteindre ces mers lointaines et froides qu’il exalte ? Marcus avait un moment craint qu’il ne fût rapidement déçu et que ce qu’il découvrait au fil des escales et des navigations ne le désillusionne. Il n’en était rien. Ses doutes se dissipèrent rapidement. Antoine gagnait chaque jour en assurance, son enthousiasme s’exprimait à chaque instant et depuis quelques semaines il était en mesure d’assumer les responsabilités de son quart.
— Alors on largue les amarres, demanda Jonathan, toujours absorbé par sa partie de Scrabble ?
— Je fais le point météo, puis je déciderai, répondit Marcus.
Il regarda Jonathan, penché sur le jeu, les bras croisés sur la table. Cherchait-il à cet instant un mot comptant triple pour terminer la partie ?
Marcus en était encore à se demander comment il aurait pu ne pas embarquer Jonathan ? Pourtant, sa « dégaine », avec ses dreadlocks lui tombant sur les épaules, aurait pu le dissuader d’en faire un membre de l’équipage. Mais alors quel compagnon agréable, quel équipier prévenant, sympathique ils n’auraient pas eu à bord !
Avec Michel, son adversaire au Scrabble, plus âgé, les relations étaient plus difficiles.
Le skippeur s’interrogeait encore concernant les raisons réelles qui ont poussé Michel à solliciter cet embarquement à bord d’un voilier hauturier. À plusieurs reprises il manifesta son regret de ne plus voir les montagnes et les sommets enneigés de sa région. Pourtant Michel était un équipier d’une rare compétence et d’une disponibilité exceptionnelle. Prévenant, affable, il savait en toute occasion se rendre indispensable. Mais peut-être était-ce sa fatuité et sa propension à contrarier les options du skippeur qui contraignaient Marcus à marquer une réserve à son égard ?
Il est vrai que Marcus ne pouvait dissocier sa personnalité de son rôle de skippeur ou occulter son passé militaire. Quoi qu’il fît et qu’il dise, sourdait dans toutes ses attitudes, comme dans ses expressions son passé de légionnaire. Souvent dans ses expressions les termes de rigueur, respect, solidarité revenaient.
Il était même quelquefois surpris que ses équipiers ne manifestassent pas plus souvent leurs réprobations lorsque leur skippeur se montrait particulièrement autoritaire au cours d’une manœuvre de voile difficile ou qu’il trouvait, sur le pont les drisses et les écoutes pas correctement lovées. Il était aussi parfois trop exigeant pour le rangement des cabines ou du carré.
Antoine et Michel s’exécutaient sans discuter. Seul, Jonathan s’exécutait en protestant, ce qui faisait sourire Marcus qui s’amusait de ses objections.
— Hé Marcus, doucement, on n’a pas signé un contrat avec l’armée, tu ne commandes pas des légionnaires, ajoutait-il avec un sourire taquin en direction de Marcus.
C’était un bel équipage, et Marcus ne cessait de se répéter qu’il avait une grande chance et qu’il aurait fait de très bons légionnaires. Marcus sourit de cette image en regardant Jonathan et ses dreadlocks.
Pourtant, qui lirait les poèmes que l’équipier Antoine rédigeait sur son petit carnet, pourrait s’étonner que des personnalités aussi dissemblables qu’un ancien officier du corps de la Légion étrangère, qu’un jeune militant antimilitariste, qu’un adepte de la philosophie rasta et qu’un compagnon charpentier puissent cohabiter en parfaite harmonie dans l’espace très réduit constitué d’un voilier, sans qu’aucun n’ait renoncé à ses convictions.
Il ne s’agissait pas à ce stade d’inférer, mais seulement de mettre en évidence que des différences n’engendraient pas automatiquement des antinomies, des renoncements ou des compromissions.
Chacun réagissait selon son âge, son éducation et son atavisme.
Bien entendu, Marcus ne pouvait croire que ce microcosme fût le reflet de la société qu’il découvrait et que tous les clivages pouvaient disparaître ou s’estomper. Mais lui apparut qu’avec un peu de bon sens et de respect de l’autre tous ses équipiers pouvaient composer un ensemble homogène que l’on appelle équipage ; comme à la Légion.
Marcus était satisfait d’avoir à son bord ses équipiers. Sans partager leur philosophie existentielle, c’est avec un respect marqué qu’il faisait en sorte de préserver leur diversité. Il voulait qu’ils trouvent sur le voilier Camerone les valeurs que lui avait inculqué la Légion et qu’il souhaitait préserver et transmettre à ses jeunes coéquipiers.
Pour lui, c’était poursuivre son aventure légionnaire avec la même conviction et le même engagement. La mer lui offrait dans son univers, cet espace de liberté, de générosité, et de don de soi que la Légion lui avait enseigné. Ses nouveaux équipiers n’étaient pas tellement différents des légionnaires qu’il avait commandés durant sa carrière.
 
— L’équipage sur le pont : On hisse les voiles.
Décembre 1995.
Je tirais une nouvelle fois sur les pans de ma veste d’uniforme. Je resserrais le nœud de ma cravate verte, et relevais légèrement mon képi afin que celui-ci fût bien à deux doigts au-dessus de l’arête du nez, comme le précise le règlement. Puis, je m’engageais au pas cadencé dans la grande allée conduisant vers la sortie du quartier Vienot, à Aubagne, où est implanté le 1er Régiment étranger de la Légion étrangère.
 
Le piquet d’honneur m’attendait pour la traditionnelle cérémonie des adieux que l’on déroule pour chaque Officier quittant la Légion Étrangère. Cette cérémonie constituait pour moi le moment le plus émouvant de mes adieux à la Légion après plus de vingt-huit ans passés dans ses rangs.
Le sous-officier et les huit légionnaires en tenue de parade étaient impeccablement alignés le long de la ligne blanche tracée sur l’asphalte. Les baïonnettes des FAMAS 1 brillaient dans le soleil éclatant. La ceinture de flanelle bleue était correctement ajustée autour de la taille et le képi blanc immaculé posé droit sur la tête.
Je m’arrêtai face au sergent qui commandait le piquet d’honneur. Dans un garde-à-vous que je souhaitais exemplaire, je répondais à son salut, pendant que le clairon sonnait les cinq refrains des régiments dans lesquels j’avais servi durant mon contrat de légionnaire. Après le refrain du 1er Régiment étranger de cavalerie, le clairon reprit sa position initiale : L’instrument plaqué sur la ceinture. Le chef du piquet d’une voix ferme et forte me présentait alors les honneurs.
— Piquet d’honneur du 10 décembre 1995 rassemblé. Effectif : Un clairon et huit légionnaires. Chef du piquet : Sergent Néboski, quatre ans de service, compagnie des services, à vos ordres mon commandant.
Durant toute sa présentation dynamique et bien assurée, Néboski, maintint son regard dans le mien. Peut-être, derrière la rigidité et l’attitude détachée que je voulais donner, perçut-il toute l’émotion que je tenais à cacher.
Après avoir une dernière fois salué le piquet d’honneur et serré la main de son

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