Ecrire ou se laisser mourir
186 pages
Français

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Ecrire ou se laisser mourir , livre ebook

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Description

L’écriture m’avait prise, n’a reçu de ma part aucune objection, alors que j’étais consciente de me constituer pour amante constante, je ne me baignais que dans la corruption.
Elle ajouta que je ne pourrai lui tenir tête ; je n’étais pas de taille et je manquais d’armes, de toutes sortes. Je lui « signalais » que, pacifiste, je ne voulais que son accord pour m’accroupir sur son divan, non l’effrayer ni figurer parmi ses conquérants.
J’étais au courant de ce qu’elle me chantait, je ne l’ai saisi qu’une fois dans ses labyrinthes abandonnée !
Écouter parler ou lire, n’équivaut l’expérience « vivre » : Écrire ou se laisser mourir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 août 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332561718
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-56169-5

© Edilivre, 2014
Quatre sans Un
C’est bien la dernière fois que nous serons réunis, nous quatre, si j’en crois, non pas ce que disent les astres, mais ce qui est écrit au fond de moi.
Hermann HESSE
Avec le pacte de ne se fier qu’aux signes que le messager du destin semait sur leur passage et laisser leurs pas les guider, quatre hommes poursuivaient leur marche dans ce lieu dénudé.
Ils n’étaient munis ni d’astrolabe, ni de boussole ni de montre, le dernier dispositif dont chacun d’eux dut se délester, avant d’entamer sa quête, fut un moyen de transport ; légué à la limite de la route. Pour réparer la faim et modérer la soif, ils s’étaient contentés de dattes et de figues que la chaleur de leurs corps rendait molles et presque moisies, et tous portaient, au ventre ligotée et aux guerraba 1 empruntée, une outre de bouc remplie d’eau, qu’ils couvaient tendrement ; leurs dos, ulcérés par le soleil, servaient d’abri au liquide vital qu’elle contenait.
Quatre nuits s’étaient retraitées. Ce cinquième jour leur paraissait relativement plus long que les quatre précédents ; le soleil semblait suspendre sa gravitation, pour répandre, sur la surface retirée, des rayons stables et furtifs, d’un rouge argenté et aveuglant. Et, à perte de vue, le sable, en vagues figées, ondulait, alors que les quatre hommes traînaient leurs corps grillés par ces interminables jours qui naissaient tôt le matin ne trépassaient que tard le soir. Il était écrit qu’ils devaient suivre le verdict du soleil, le soleil, lui, ne se décidait à quitter bord, que lorsque leurs corps ne furent plus à mesure d’entreprendre un mouvement. Une fois au bord opposé, ils s’abattirent sur place, et il les surprenait, durant les quatre aurores, avant qu’ils pussent se rétablir. Lui, éternellement brûlant, il poursuit vaillamment sa trajectoire – ponctuer le temps –, tout en leur rappelant combien ils sont à peine perceptibles.
Ils marchaient, avançaient ; leurs sensations furent calcinées, mais ils marchaient toujours, avançaient encore… Déterminés à vaincre l’adversité, ils se déplaçaient avec la cadence d’un bataillon sur le sable brûlant de l’aube au crépuscule. Ils ne s’adressaient pas la parole. Non pour ménager la salive et lutter contre la soif, non plus que tout a été dit leur itinéraire ne nécessitait qu’intervînt le conduit du langage, mais pour écouter le silence ; il leur parle et, le plus parfait des discours, retentit. Uniques donc, et avec placidité et conviction, ils marchaient, méditaient, les compagnons. Ils ne se regardaient pas non plus. Leur destin étant tracé et leur rencontre écrite, ils se soumirent à leur légende, et, chacun d’eux veillait à découvrir son étoile 2 .
Un an auparavant, plus cinq jours et quatre nuits, les quatre hommes s’étaient rencontrés devant une grotte qui abrite un être aussi vieux que le temps. Le lieu leur avait semblé non de pierres bâti, mais d’aimants : une sorte d’osmose les y a magnétisés et une force singulière les a poussés vers lui !
De son côté, et bien avant que l’on attribue un prix au temps, ni lui crée une unité de mesure, ou de censure, cet être en retrait du monde des humains avait déduit que quatre hommes allaient le surprendre, s’y était préparé. Il avait vu quatre oiseaux voltiger ; ils contournaient la montagne et planaient au-dessus de l’océan. Il sortit de son gîte, regarda en leur direction. Ils se sont immobilisés un instant, puis reprirent leur trajectoire, pour venir droit vers lui. Ils le regardèrent, les regarda, comprit qu’ils avaient, par le laps de temps en lequel leurs regards se sont croisés, intercepté le mystère convoité, ou en ont perçue une parcelle. Trois d’entre eux, n’ayant pu supporter le poids de la révélation, s’effritèrent dans l’atmosphère, devinrent poussière, puis se fondirent dans le sable. Le quatrième, lui, n’égara que la faculté qui identifie le monde visible. Ayant saisi ce qui ne s’offre à voir, il se délia de la matière, descendit lentement, vint se poser à ses pieds et, sans lever les yeux, il déposa sa tête convulsive sur ses orteils nus, fit battre ses ailes jusqu’à l’épuisement, puis prit la forme d’un homme.
Il était en communion avec la nature quand ils ont apparu. Venus des quatre angles du carré circulaire – le Sud, l’Est, l’Ouest et le Nord –, et tenant, chacun, le quart d’un parchemin, ils se sont, dans le même temps, rencontrés en ce point central de l’univers, alors qu’ils ne s’étaient vus avant, n’ont un lien de parenté ni se sont donné rendez-vous. Ils ont formé un cercle autour de l’homme qui ne fut surpris de les voir, se sont regardés, puis leur regard s’est posé sur lui. On ne sut combien de temps a duré l’acte, et le même objet ils convoitent.
L’hôte leur a fait signe d’entrer dans la grotte. Une fois au-dedans, ils l’ont trouvée similaire à un mihrab 3 d’où émanait une aura jamais sentie auparavant. Des cloches retentissaient au loin ; leur tintement, nostalgique et mélodieux, parvenaient jusqu’à eux. Et, composée par la nature et provenant de la pierre, du sable, du vent, de la source, du ciel et de la terre, une symphonie s’infiltrait au plus profond de leur être.
Sachant que l’important ne s’inscrit dans un regard neutre nulle perception n’est, sans qu’elle s’irradie du cœur, les quatre compagnons, après avoir engagé autant de layons, dont être à mesure de l’écouter, pouvoir déceler, et parvenir à déchiffrer, notamment, signes et symboles ponctuant son récit, s’étaient assis le dos contre la pierre, de façon à former un cercle autour du détenteur du secret, placé au centre. Ils avaient prêté fine oreille au peu de mots que formulait l’hôte, avaient senti sa voix les envoûter et son récit les ensevelir. Des frissons de peur, peur de l’inconnu, non moins de la mission délicate et, peut-être, irréalisable, qui leur a été confiée, s’étaient emparés d’eux. Opiniâtre pourtant, le désir qui les avait submergés bien avant de fouler la contrée aride et retirée, il les avait privés de voix et leur a ôté tout choix.
Tout au long du temps dérobé au conventionnel, la pierre leur a été couche et abri, sitôt ce jour nouveau et décisif eut levé l’ancre, le code fut déchiffré. La nuit entière, ils l’avaient engagée à écouter al-hakim 4 , sans pour autant que leur désir se fût édulcoré. Aussi, avaient-ils pris la décision d’accomplir leur destin et d’affronter tout périple. Même le vieil homme n’est subvenu à les mener à changer d’avis ; quoiqu’il ait pris le risque de leur avouer que seul un d’entre eux bravera l’inconnu, ce fut en vain. Aucun des quatre n’ignorait le renoncement qu’impliquait la quête. « Quatre sont partis, trois ont disparu, un réapparu, illuminé ». Seul un lira l’indéchiffrable, les trois autres, non sans atteindre cette fin qui ne s’octroie que rarement à la gent dont ils font partie, serviront d’offrande à ce qu’ils découvriront tous.
Ils étaient en l’an 400 5 . Le chiffre impair et en forme d’étoile qu’ils devaient atteindre étant le principe de leur quête, il leur est prescrit de patienter un an, avant d’entreprendre leur marche. Après quoi, permettre à cinq jours complets de s’égrener figurer dans le chapelet du temps ; leur Maktoub 6 les attend audit tournant.
Il est écrit sur le Livre tenu par le messager du destin, qu’« En l’an 401, quatre hommes enfantés par la terre fouleront le sable et au seuil de la Vérité atterriront, seul un d’entre eux en percera les béantes et voilées portes ».
Tous quatre l’ont lu sur l’auvent de l’ouverture qui servait d’issue au fanum qui n’avait, jusqu’alors, abrité que la personne qui les avait accueillis, alors que le jour s’en infiltrait, pour les surprendre encore en train de boire les rares paroles perlées du maître. Ils se sont levés, ont vu, sur la pierre philosophale gravée, la même écriture sibylline figurant sur l’auvent et son quart de parchemin. Ils ont regardé l’homme sans âge défini et au savoir sans limite ni fin.
Tout, dans ce lieu, était constant, parce qu’accompli.
L’homme éclairé leur a présenté du lait, des raisins et de l’eau. Lait de sa chèvre, petit être au tégument blanc qui écoute et comprend, n’engage la parole que par des signes et des symboles il répond, et qui n’a pas manqué de leur adresser un regard acolyte de messages empreint. Raisins de sa vigne, vigne à ombre en constance dégageant un bouquet doux et narcotique, et aux fruits si gros et d’un vert si brillant qu’ils se sont rappelés ne jamais avoir vu pareils, non moins enivrants. Eau puisée dans sa source, une eau si limpide qu’elle est parvenue à noyer l’éclat du soleil. Eux-mêmes, en en absorbant la première gorgée, l’avaient sentie tout au long de leurs gorges et en leurs entrailles, tel un élixir, descendre, pour, la chaleur qui les avait suffoqués, éteindre. Ils en ont perçu le bouillonnement, manifeste par l’effervescence que produit un brandon embrasé lorsqu’on le lance dans un liquide glacé et, du coup, suivi par un apaisement et une fraîcheur jamais sentis auparavant. Autant ils ont en bu, autant avait crû leur besoin. Ils se sont alors restaurés, ont désaltéré leurs corps dans la rivière qui coulait devant l’abri en pierre qui les avait abrités par cette nuit comme aucune – lucide, cathartique et obligée.
Le silence, que ponctuait les paroles instructives du maître, avait régné sur ces lieux sans limites ni sinuosité apparente. On aurait dit que le vent a été congédié ; l’air avait été doux et docile.
Les quatre hommes avaient souhaité demeurer dans ce havre du Verbe et du Silence, à écouter s’égrener, harmonieuses, les rares paroles perlées qui découlaient du conduit palatal de l’homme clairvoyant, pour s’infil

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