Effets de miroir
64 pages
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Effets de miroir , livre ebook

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Description

Les miroirs multiplient les images. Dans leur espace créé se déploie un monde inversé, meublé de correspondances, une symétrie où se côtoient les objets, les êtres, qui cherchent leur contraire. N’y aurait-il pas dans cette métaphore l’idée que ces reflets nous hantent, que chaque instantané du réel peut y trouver son même-opposé comme dans la réflexion de la glace ?
Les fragments constituent la vie. La continuité est tromperie, vivre est un parcours ferroviaire où les gares ne se ressemblent pas, où les voyageurs font ce qu’ils peuvent, confrontés les uns aux autres, forcés d’avancer en tirant les leçons, nomades sur leur continent de fortune ou d’infortune.
Quand les maléfices s’exhibent alors s’installent les parades où témoins et acteurs se mêlent. Puis l’histoire avance, la nuit les recouvre, même si celle-ci est aussi fertile en terrain sublime qu’en terrain effroyable. Il faudra à la longue faire confiance à la nuit accoucheuse de mystère et semeuse de richesses.

Informations

Publié par
Date de parution 24 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304045512
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Effets de miroir


Philippe Rousseau

Le Manuscrit 2016
ISBN:978-2-304-04551-2
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Du jour à la nuit
Le solitaire et le parfum des autres
Petits vertiges et profondes chutes
Jalousie et désirs multiples
Du destin à l’aventure
Dans le ruisseau, sous les étoiles
Blond et noir
Les silences assourdissants
Du feu de Dieu aux glaçons du Diable
Rond de fumée et gorgée d’alcool
Vanité et modestie
Tempête et apaisement
Femme de force et de fragilité
Sincère ou menteur
Rive et dérive
De loin en loin
Heur, bonheur, malheur
D’avenir et de passé
Miroir, mon ami, mon espion
D’enfance et de regrets
Premier passant/Première passante/Seconde passante
Vieillard fringant/Amant éploré/Veuve résignée
Femme infidèle/Voyageur sans bagages/Jeune fille perdue
Belle indifférente/Amoureuse désarmée/Dom Juan fidèle
Jeux de glaces
L’art des autres
Instants vitaux
Retour à soi
L’œil noir du clown
Le nain bossu blessé
Le cavalier obstiné
Vénitienne assassine
Le marin galérien
Le parfum de la femme en noir
L’enfant roi
Le fauconnier juste
Le pénitent à la lanterne
Le montreur d’ours
Le contorsionniste fébrile
La chanteuse perverse
Le pianiste exubérant
Les trois muses
Juliette et ses ravages
Le rocker de la nuit
Parade des célibataires
Le mal dans la nuit
Parade du style
 
 
I. REFLETS
Au creux du paradoxe il convient de voir les contraires que la vie renvoie dos à dos. Lecture de la vie, lecture de ses pages, titres qui la marquent, moitiés de titres qui éclatent en contre-échos.
 
Reflets dans un oeil d’or , dans l’oeil du lecteur, qui lira des titres comme on confronte des pôles, comme des billes s’entrechoquent, dans la zone grise des nuances ou dans le jet clair des contrastes.
 
Reflets dans les horizons lointains , reflets dans les failles secrètement béantes entre les pics de paradoxes, entre un tableau que je pense et celui qui succède, ou plutôt celui qui se pense et se dégage de par son énergie du paradoxe ou du contraire : le paradoxe pour se contredire, le contraire pour se dire. Comme le reflet dans la glace, mon image inversée, la fin du texte s’oppose au commencement ; la vie, une suite de flèches décochées dans toutes les directions, et qui se retiennent magnétiquement les unes les autres.
 
Reflets dans les miroirs , dans les textes où se constituent des doubles visions, angles étirés sur les oppositions qui ponc­tuent les lignes, grands écarts entre débuts et fins, voyages dans les pôles inversés.
 
Reflets  naissant de confrontations, tiraillements, cheminements, errances.
Du jour à la nuit
 

 
Ce serait peut-être un lendemain qui chante. Trop d’ hiers déchantèrent. Celui-là, mon jour, une fois devenu hier, serait un hier enchanteur, à tel point que son demain à lui n’aurait plus qu’à résonner de ses roucoulements et ses échos brillants.
Ce serait à coup sûr un jour entier, calé dans son présent dense quoique dérisoire, un jour absolu fait de minutes absolues, voilà pourquoi il en aurait tant à montrer à tous les demains. Mais ce serait aussi un jour réversible, commutatif. Son soir serait son matin. Je le prendrais et en ferais un Noël de mon enfance ou un premier juillet de jeunesse, un nid perché ou un creux sur la plage. Mon jour, celui des vingt-cinq ou trente mille alignés pour moi, serait de la pâte du temps, prêt à être malaxé le long de la flèche temporelle, avec une épaisseur juteuse de fruit. Les plus suaves parmi les secondes d’une vie seraient sélectionnées, accolées, soudées en un arc-en-ciel de molécules azurées et ce jour serait génétiquement, philosophiquement, psychologiquement si élaboré que son goût ne décollerait pas de la langue.
Mon jour serait changé, arrangé, bordé, brodé dans ses minutes ourlées, comme un ouvrage de dentelles, et il serait léger, gonflé comme un souffle, pas plus lourd qu’une volute d’existence, quelque chose de peu sérieux, du dérisoire d’un style nouveau, d’un oxygène de copinage, un gaz entraînant qui auréole et qui baigne les gestes, et qui se revêtirait de lumière verte de sorte que je répéterais probablement souvent : « ne cachez pas mon jour », « ne voilez pas la source », car là se lèverait le soleil attendu.
 
Puis ce serait une nuit cachée par un rideau épais, empaquetée dans un bain d’encre parfumée, à disposition des bras noueux qui souhaiteraient y plonger, un édredon bleu dont l’infinie bleuité se goûterait à même la peau.
À quoi sert la nuit ? À s’envelopper mais pas dans n’importe quels draps, à se blottir mais pas dans n’importe quels bras. La nuit la plus neuve serait celle de l’air chaud, du sommeil frais ou de l’insomnie musicale, du hibou fin, du quartier lunaire exceptionnel brillant sur les tombes alentour, du silence estival qui n’est pas tout à fait un silence, faisant une place feutrée aux cris des grenouilles ou des criquets.
À quoi sert la nuit ? À exister à demi, sans parole et sans bruit, les paupières pour rideau et l’écran du nouveau. Se sentir soulevé, aspiré, remodelé, les mains sans poids comme au bout des ailes des libellules, souffle rentré comme par un circuit de courants d’air enfermés au thorax.
La nuit la plus neuve serait la plus fauve, la plus mauve, de l’écume de violet au parfum de violette, du nectar de bleuet au goût bleu ébloui, peu de noir ou alors en taches où se fond la fatigue dans les recoins.
À quoi sert la nuit ? À chavirer mais pas comme le voilier, à se voiler mais sans sacraliser, à disparaître quand on a trop de soi, mais à en garder quelques fragments puis se sentir autre dans un semi-réveil qui nous hisse au centre de gravité des heures nocturnes. Mais la nuit la plus neuve serait sans gravité ni angoisse, sans dangereuse profondeur ni paralysie en rêve. Du bleu d’orfèvre à s’en insuffler dans les veines.
Le solitaire et le parfum des autres
 

 
Le solitaire brandit le marteau le poing serré et l’abaisse noblement vers la tôle, comme le coup de masse sur le gong doré de la pendule de Prague. Et du fond de sa solitude il voit la splendeur de son visage dans le miroir de la sueur qui coule sur ses bras, il s’y découvre creusé, raviné, mais appelé à vivre… Musculature saillante, noircie par la suie au milieu des pneus, débordant le maillot sentant le caoutchouc, suintant de perles qui transpirent dans la chaleur d’un atelier désespérant. Le silence, enfin venu faire taire les machines, passe au tamis la poussière de solitude. Et dans cet atelier la poussière retombe sur le flot noir d’huile de coude, encore le noir, et le regard noir comme pour hurler de mutisme au fond des cours dans les copeaux de ferraille, hurler de mutisme à mesure que la complainte du cuivre martelé s’éloigne dans les caves de l’oubli. Ouvrier, celui qui ouvre… Son domaine est donc déjà défriché, sa tâche irréversible. Mais à serrer dans ses étaux complices de la matière dure, de l’acier qui résiste aux exigences de ses formes, sans aucune compagnie dans aucune blouse, le solitaire souhaiterait tout de même se déclouer du carreau gras pour rallier sa cause à la liberté lumineuse des grands espaces. Il se trouve dans quelques vieux pneus entassés un peu de l’usure naturelle des choses, qu’il sent au bout de ses mains, ses mains qui ne lui font plus entendre le frottement de la matière : la surdité est le bain expurgé des solitaires.
 
Du haut de leur précipitation, lorsqu’ils passent dans le vent, les autres laissent quelques bouts de traces, quelques bribes plus ou moins cohérentes, lambeaux de leurs états d’âme. Le soir on s’allume des feux en frottant deux coeurs de femmes ; le matin s’offrir en creux au vacarme des existences. Le forcené des contacts soupire d’abord sous la pression de son enveloppe charnelle. Tout cela manque de vent, du vent des autres . Ensuite il n’aura de cesse que de humer des présences, des partances, des élans, des mouvements, des approches… humer, car trop fragiles à toucher, trop acides à goûter (le forcené des contacts s’est trop bien affiné les sens auprès de ses frères/soeurs, les autres).
Les autres raccourcissent l’emballement du temps qui passe, ils font l’heure plus élastique, la journée plus utile, la jeunesse plus vive. Le forcen

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