Cinq hommes et femmes, pour la plupart immigrés et déracinés: Valérie en Afrique, à Bikou, œuvrant dans le cadre d’une association caritative; son amie Maryse et Kalidou, lui-même loin de sa terre natale, couple de la région parisienne sur le point de devenir parents; et enfin Anouma, proche de ce dernier, et sa compagne, Liam, évoluant sous les cieux anglais. Des êtres séparés par la distance, mais demeurant unis par une complicité qu’ils cultivent de loin en loin. Tous pris dans les aléas des jours et des défis qu’ils se posent; tous emportés par le tourbillon de leur vie, qu’il s’agisse d’un enfant à aider, d’un couple à construire. Des êtres quasiment aux antipodes, mais dont les trajectoires vont toutes glisser, comme aspirées vers Feulé et Dikkal… Sur le principe des destins croisés et des entrelacs des parcours, Henri Bakoa construit, en pointillés, dans les circonvolutions de son récit, un portrait intime de l’Afrique… Intime parce qu’elle est l’origine de certains des personnages, mais aussi parce que son roman saisit les caractères paradoxaux d’un peuple et d’un pays qui cherchent à se dépasser malgré la misère et les obstacles. L’Afrique – que les enfants, même partis au loin, continuent à aimer comme terre matricielle, à partager avec autrui et à conserver en eux-mêmes – s’impose ainsi comme épicentre discret d’une œuvre toute contenue, comme le cœur de ce chant qui semble guider à lui les pas de Valérie, Kalidou, Anouma…
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