Et la route sera longue
276 pages
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Et la route sera longue , livre ebook

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Description

L’immigration clandestine prend soudainement en France d’inquiétantes proportions. Une puissante organisation décide d’y mettre fin, quels que soient les moyens utilisés. Le quotidien de chacun s’en trouve bouleversé, y compris chez les députés et sénateurs. Les esprits s’enflamment, partisans et adversaires de l’immigration s’affrontent. Certains veulent profiter de la faiblesse du pouvoir et du désordre qui règne pour tenter de satisfaire leurs ambitions. Mais derrière les apparences se cachent souvent des drames personnels que la situation ne fait qu’exacerber. Le courage et la détermination de quelques-uns suffiront-ils pour venir à bout de la folie qui semble avoir gagné le pays ?


La route sera longue...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juin 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414224005
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-22398-5

© Edilivre, 2018
Il avait beau courir, courir, courir à en perdre le souffle, il savait qu’il ne serait pas à l’heure au rendez-vous. Il était pourtant persuadé d’avoir pris toutes les précautions. D’abord, il s’était couché tôt – quelle erreur, finalement, il lui avait fallu beaucoup de temps pour s’endormir – il avait réglé son réveil sur six heures, et il avait admirablement fonctionné. Oui, mais lui s’était rendormi. Ce n’était pas la première fois que pareille mésaventure survenait, mais il n’y avait jamais eu de conséquences fâcheuses. Il s’était bien promis d’acheter un réveil à sonneries répétitives, mais ce souhait n’avait pu aboutir. Il devait admettre qu’il possédait une trop grande confiance en lui, confiance qui pourtant lui avait, parfois, joué quelques tours pendables.
Il n’avait émergé qu’à sept heures, une heure beaucoup trop tardive qui ne lui laissait qu’une marge de manœuvre infime. C’est qu’elle avait été particulièrement claire au téléphone : « Je vous attendrai à huit heures, devant la station de métro Blanche. » Il lui semblait qu’elle avait dit qu’elle ne pourrait rester là plus de cinq minutes, que sa sécurité était en jeu, mais il finissait par douter de ce qu’il avait entendu. Le coup de fil l’avait tellement bouleversé qu’il parvenait mal à se remémorer toutes ses paroles. Par contre, il était tout à fait sûr de l’heure du rendez-vous.
Et il était évident qu’il ne pourrait respecter cette obligation. Quelle imbécillité, aussi, de n’avoir pas choisi un hôtel proche du métro ! Non, il avait préféré rester dans son appartement dans le quatorzième arrondissement, qui était beaucoup trop loin du lieu de leur rencontre qui se situait aux confins du dix-huitième. Ce n’était pas par souci d’économie, certes, mais il y avait ses habitudes et un hôtel peut toujours réserver de mauvaises surprises. Et maintenant il en payait le prix. La femme avait été franche et directe, il ne pourrait jamais oublier ses paroles et, espèce d’idiot qu’il était, il désobéissait à la première des instructions, la nécessité absolue d’être à l’heure. Elle ne le rappellerait certainement pas et il ne connaissait pas son numéro de téléphone, elle avait bien précisé qu’elle l’appelait depuis une cabine publique. Tout ce qu’il savait d’elle était son prénom : Delphine (était-ce bien son vrai prénom ?), qu’elle était brune, très brune et elle lui avait indiqué comment elle serait habillée. Toutes ces indications se bousculaient dans son esprit, avant de quitter son domicile il pensait pouvoir tracer, à coup sûr, un portrait d’elle, et à présent il lui semblait avoir tout oublié.
Quel âge pouvait-elle avoir ? Elle n’avait donné aucune indication à ce sujet. Au ton de sa voix – mais il savait combien cela peut être trompeur – il lui supposait entre trente et quarante ans. Mais quelle importance, l’âge, qu’elle ait vingt ans ou bien soixante, quel changement cela risquait-il d’apporter dans leurs relations ? Ce qui comptait c’était d’arriver avant huit heures et cela devenait de plus en plus aléatoire d’autant que, sans doute sous le coup de l’émotion, il était descendu une station trop tôt et que maintenant il devait courir pour rattraper le retard.
Il escalada à toute allure l’escalier qui le menait à la sortie. Sur le boulevard, il savait où se diriger pour retrouver la station Blanche, il avait minutieusement étudié le plan de Paris. Malgré le froid qui régnait et qui lui coupait le souffle, il essaya d’accélérer encore son allure. Une crise d’asthme aiguë l’obligea à s’arrêter. Il repartit dès sa respiration retrouvée, il ne lui restait plus qu’une centaine de mètres à parcourir.
Quand il parvint enfin à son but, épuisé, lessivé, il ne la vit pas. Il consulta sa montre : huit heures quinze. Le coin était quasi désert, il ne vit personne à qui il pourrait demander si on l’avait aperçue. Il décida tout de même d’explorer les rues qui partaient du boulevard. Elle pouvait être entrée dans un café ou s’être réfugiée sous un porche. Mais ses recherches s’avérèrent infructueuses. Personne. Personne, bon Dieu ! il avait fait tout cela pour rien. Il se traita de tous les noms. Son avenir était en jeu et il se comportait comme un imbécile, les choses pouvaient très mal tourner pour lui et il avait montré une négligence qu’il fallait bien qualifier de coupable.
Après environ un quart d’heure d’attente dans un froid qui lui paraissait de plus en plus insupportable, il se décida à partir. Terminé pour aujourd’hui, elle avait disparu, inutile de faire le pied de grue, déjà quelques personnes l’avaient regardé d’un air bizarre. Que faire ? Tous ces derniers temps, il avait ressenti comme une espèce de pouvoir. La ville semblait lui appartenir, il se sentait chez lui, bien que né ailleurs, il s’était intégré, la capitale l’avait assimilé, il en faisait véritablement partie. Et voilà que maintenant il la sentait fuir entre ses doigts, comme s’il y mettait les pieds pour la première fois. Etranger, il était devenu un étranger, il oubliait le nom des rues et des boulevards qu’il arpentait pourtant si souvent. Etrange sensation que de se sentir soudain coupé de choses pourtant si familières, que de se sentir sourd et aveugle, comme si sa vie avait brutalement basculé. Mais oui, elle avait basculé, il était temps de se l’avouer et surtout il était temps d’en tirer les conséquences. Allons, il n’avait plus qu’à rentrer chez lui, retrouver ses préoccupations quotidiennes, bref replonger dans ce qu’il avait cru de la banalité et qui risquait fort de se transformer en tourmente.
Et il était le seul responsable de tout cela. C’était bien lui et pas un autre qui avait accueilli une jeune fille chez lui, une mineure qui plus est, et voilà comment lui, Claude Doret, quarante-cinq ans, député, membre du Parlement depuis quatre ans, se trouvait pris dans un carcan dont il lui était impossible de savoir quand et comment il pourrait en sortir.
Tout avait commencé dix jours auparavant, un soir d’un mois de novembre comme on n’en avait jamais connu. Il faisait froid, il pleuvait à verse, tout le monde se terrait chez soi, dès la tombée de la nuit la ville ressemblait à un immense cimetière que pas même une ombre ne traversait. Il y avait eu une séance à l’Assemblée qui avait duré longtemps, trop longtemps. Il ne se souvenait plus très bien de tous les sujets qui avaient été abordés. On avait parlé d’une taxe qui allait mécontenter les électeurs, mais quoi ! les députés n’étaient pas là pour complaire aux Français mais pour imaginer des solutions aux difficultés toujours plus nombreuses. Beaucoup trop de problèmes financiers restaient à régler, la situation du pays n’était plus tenable. Des impôts nouveaux avaient été votés, qui avaient provoqué des réactions parfois brutales. De nombreuses entreprises avaient fermé leurs portes, les pauvres se sentaient toujours plus pauvres et les riches rechignaient toujours à voir leur niveau de vie menacé. Mais, alors qu’une solidarité véritable s’imposait, qu’il fallait faire montre d’abnégation et d’esprit de sacrifice, les égoïsmes les plus féroces s’affrontaient dans le pays. Nul ne voulait renoncer à ses avantages acquis. Les fonctionnaires s’agitaient, dans les transports publics on campait sur des positions que l’on voulait inexpugnables, les agriculteurs vidaient des montagnes de fumier aux portes des préfectures, les enseignants protestaient contre leurs salaires qu’ils jugeaient trop modestes. En outre, les aiguilleurs du ciel ne voulaient plus rien aiguiller du tout et les chauffeurs de taxi bloquaient de temps à autre les accès à la capitale. Il n’y avait plus guère que les retraités qui ne s’étaient pas encore manifestés.
Et cette séance qui n’en finissait pas. Le nombre d’amendements qu’il fallait discuter avait de quoi faire frémir. Certes, d’autres séances avaient été tout aussi longues, voire plus, et en outre beaucoup plus houleuses. On avait essayé, en vain bien sûr, de faire respecter le temps de parole. Echec sur toute la ligne, pas d’entente possible, chacun voulait conserver ses prérogatives. Même dans son propre parti, qui partageait le pouvoir avec la droite classique, son parti baptisé P.F.C., Parti de la France Courageuse qu’à ses moments de doute il rebaptisait Parti des Francs Couillons, des distorsions avaient éclaté, des petites chapelles s’étaient formées qui paraissaient irréconciliables.
La chienlit , aurait ricané le Général avec juste raison. Et pourquoi les intervenants avaient-ils besoin de parler aussi longtemps, un vendredi soir, en plus. Les écologistes, notamment, débitaient des flots de paroles qui noyaient plus le sujet qu’ils ne le traitaient. Comme en général il y avait peu de monde pour assister à leurs meetings, ils profitaient de ce public prisonnier pour se laisser aller au bavardage le plus inconsistant. Tas de crétins ! C’était bien la faute des socialistes s’ils s’agitaient au Parlement. Sans les alliances qui s’étaient formées et les désistements qui avaient eu lieu, il n’y en aurait pas eu beaucoup à siéger au Palais Bourbon ! Et c’étaient ceux-là les plus emmerdeurs. Pour qui se prenaient-ils donc ? On aurait cru, à entendre certains, qu’ils étaient les derniers messies descendus sur terre, dépositaires de la parole divine et ne supportant pas le plus petit début de contestation. C’était trop comique. Des individus qui ne représentaient guère qu’eux-mêmes se croyaient autorisés à déblatérer beaucoup plus longtemps qu’il n’était nécessaire, avec un culot qui au début portait à rire mais qui rapidement poussait à l’énervement. Et malgré la lassitude visible de leurs auditeu

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