Godzilla et l Amérique : Le choc des titans
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Godzilla et l'Amérique : Le choc des titans , livre ebook

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Description

Godzilla a donné naissance à l’une des franchises les plus lucratives et les plus longues de l’histoire du cinéma et son statut a considérablement évolué au cours des années. En 1954, il était une incarnation cauchemardesque et accusatrice du péril nucléaire ; dix ans plus tard, il devenait le défenseur du Japon. Cette transformation a certes permis de fidéliser un auditoire plus jeune et, pour un temps, d’assurer la rentabilité des films. De même, son retour pendant la décennie 1980 avait pour objectif de renouveler son public. Faut-il en conclure que les métamorphoses de la créature ont été dictées uniquement par des impératifs financiers ? Pourrait-on également y voir une symbolique en phase avec les courants d’opinion qui ont traversé la société japonaise depuis la défaite de 1945 ?
Le rôle ambivalent dévolu à Godzilla (ou à l’un de ses congénères) dans certains opus de la série reflète la complexité des relations nippo-américaines influencées par la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, la rivalité économique et les stratégies géopolitiques américaines en Asie de l’Est. Sa personnalité est donc constamment redéfinie à l’aune des tensions ou des rapprochements entre l’Archipel et son puissant allié occidental. Le roi des monstres est sans conteste une figure polysémique dont l’étude permet de comprendre les fluctuations d’une alliance qui a façonné le Japon d’après-guerre ; et l’auteur de cet ouvrage met autant de rigueur que de plaisir à en faire l’analyse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760645738
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alain Vézina
Godzilla et l’Amérique
Le choc des titans
Les Presses de l’Université de Montréal


DANS LA MÊME COLLECTION
Sous la direction de Claire Barel-Moisan et Jean-François Chassay, Le roman des possibles. L’anticipation dans l’espace médiatique francophone (1860-1940)
Sous la direction de Isabelle Boof-Vermesse et Jean-François Chassay, L’âge des postmachines
Jean-François Chassay, La monstruosité en face. Les sciences et leurs monstres dans la fiction
Elaine Després, Le posthumain descend-il du singe? Littérature évolution et cybernétique
Sous la direction d'Olivier Parenteau, Houellebecq entre poème et prose
Dominique Raymond, Échafaudages, squelettes et patrons de couturière. Essai sur la littérature à contraintes au Québec
Bernabé Wesley, L’oubliothèque mémorable de L.-F. Céline. Essai de sociocritique
du même auteur
Contes et légendes du Québec (édition critique, en collaboration avec Annik-Corona Ouellette), Montréal, Beauchemin, Coll. «Parcours d’un genre», 2006.
Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley (édition critique, en collaboration avec Annik-Corona Ouellette), Montréal, Beauchemin, Coll. «Parcours d’une œuvre», 2009.
Le vampire, anthologie des textes fondateurs (édition critique, en collaboration avec Annik-Corona Ouellette), Montréal, Beauchemin, Coll. «Parcours d’une œuvre», 2014.
Godzilla, une métaphore du Japon d’après-guerre , Paris, L’Harmattan, 2011 (réédition 2014).
Les sœurs québécoises de Nagasaki , Québec, Éditions GID, 2021.


GODZILLA md et son image sont des marques de commerce déposées et la propriété exclusive de la compagnie Toho Ltd. L’iconographie de cet ouvrage est tirée majoritairement de documents d’exploitation ou de collections personnelles.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Godzilla et l’Amérique: le choc des titans / Alain Vézina. Nom: Vézina, Alain, 1970- auteur. Description: Mention de collection: Cavales | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 2021007440X | Canadiana (livre numérique) 20210074418 | ISBN 9782760645714 | ISBN 9782760645721 (PDF) | ISBN 9782760645738 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Godzilla (Personnage fictif) | RVM: Films de Godzilla—Histoire et critique. | RVM: Japon—Relations—États-Unis. | RVM: États-Unis—Relations—Japon. Classification: LCC PN1995.9.G63 V49 2022 | CDD 791.43/67—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 3 e trimestre 2022 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2022 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).




REMERCIEMENTS
Je tiens d’abord à exprimer toute ma gratitude à M. Jean-François Chassay pour l’enthousiasme dont il a fait preuve à la lecture de mon manuscrit et pour ses judicieux conseils qui ont permis de l’améliorer.
J’adresse aussi mes plus vifs remerciements à M. Claude Blouin qui à nouveau a su me faire profiter de son expertise sur le cinéma japonais.
Je suis tout autant redevable à M. Jean-Baptiste Pujolle qui a eu la gentillesse de me fournir plusieurs images tirées de son impressionnante collection personnelle dédiée aux films de monstres japonais.




INTRODUCTION
De mon point de vue, tout a commencé avec Hiroshima et Nagasaki rasées par une bombe atomique. Les Japonais ont été les premiers, et ils nous ont largement influencés. Le Godzilla (1954) de la Toho a été le premier film à aborder la peur de tout un pays, de toute une culture, après ce qu’il s’était passé sur son sol. À partir de là, tout ce qui pouvait sortir de la baie de Tokyo ou arriver par les airs au-dessus du pays était hostile, agressif, et ne faisait pas de prisonniers.
Steven Spielberg 1
Si les premiers bombardements nucléaires sur le Japon ont marqué un tournant dans l’histoire de la civilisation, ils ont également fait naître dans la littérature et le cinéma de science-fiction une nouvelle angoisse à exorciser. Par sa tendance à prophétiser le pire, le genre constitue un terreau fertile aux extrapolations pessimistes inspirées par la puissance nucléaire. Le producteur et réalisateur Steven Spielberg souligne ici deux points capitaux: d’une part, Godzilla, le monstre réveillé et transformé par les essais atomiques américains, a donné une impulsion déterminante à la science-fiction hollywoodienne. D’autre part, il représente pour les Japonais – du moins lors de ses premières apparitions sur les écrans – la peur de l’agression extérieure et, bien sûr, du génocide nucléaire. Évidemment, les Américains et, par extension, l’Occident ont longtemps personnifié cette menace. Or, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ces mêmes Américains aideront l’Archipel à se relever de ses ruines. Leur image s’en trouvera forcément réhabilitée, mais elle sera néanmoins sporadiquement écorchée au gré des convulsions politiques, économiques et stratégiques du Japon d’après-guerre.
Si la perception des Japonais à l’endroit des États-Unis est aussi variable, qu’en est-il du monstre censé représenter ces derniers? Voit-il lui aussi son statut évoluer d’un film à l’autre? Et comment, de son côté, le public américain considère-t-il Godzilla? Comme une représentation accusatrice de l’arme atomique? Une incarnation du cauchemar que le président Truman a fait vivre à deux reprises au Japon? Si tel est le cas, comment comprendre qu’une telle figure dénonciatrice jouisse d’une popularité aussi grande? Car les baby-boomers vous le diront: Godzilla a eu tôt fait d’envahir les écrans occidentaux. On pouvait le voir dans les films présentés en double programme dans les cinémas de quartier et les ciné-parcs, ou sur les chaînes de télévision. Le premier opus de la série, Godzilla, King of the Monsters! (I. Honda et T. O. Morse, 1956) a connu beaucoup de succès à sa sortie aux États-Unis. Intitulé Gojira (I. Honda, 1954) dans sa version originale, il avait fait un triomphe au Japon moins de deux ans auparavant. Une suite a été immédiatement tournée et Le retour de Godzilla (M. Oda) a pris l’affiche dans l’Archipel en 1955. La société Warner Bros s’est occupée de sa distribution nord-américaine en 1959 sous le titre Gigantis, The Fire Monster . Mais le film qui allait vraiment établir Godzilla comme le personnage central d’une franchise excessivement rentable pour la société de production japonaise Toho (et pour les fabricants de produits dérivés) a été sans conteste King Kong contre Godzilla (I. Honda, 1962).
Cependant, ce succès a également été synonyme d’une certaine forme de déchéance du personnage. Le Godzilla de 1954 est l’objet de plusieurs analyses et commentaires qui y relèvent fort pertinemment le discours antinucléaire et la manifestation du souvenir traumatisant de la guerre. La version de 1956, modifiée par Embassy Pictures, escamote certaines références historiques accablantes pour les Américains (le réquisitoire antinucléaire y est moins appuyé), mais conserve néanmoins l’essence pessimiste et tragique de Gojira . L’œuvre bénéficie donc d’une respectabilité certaine tant chez les cinéphiles que chez les critiques. Or, ce n’est pas le cas pour la majorité des films ultérieurs où Godzilla se mue en défenseur du Japon pour le plus grand plaisir du jeune public (jusqu’à la fin du premier cycle de films en 1975). L’héroïsation infantile d’un personnage qui, à ses débuts, incarnait une métaphore du danger nucléaire a consterné certains spectateurs, alors que d’autres se sont amusés de la nouvelle orientation de la franchise, y voyant un spectacle à l’extravagance jubilatoire. À partir de 1984, le monstre prête à nouveau ses traits à la menace nucléaire dans une série de films inégaux où se succèdent toujours les affrontements homériques avec des congénères, le pinacle étant atteint en 2004 avec Godzilla: Final Wars (R. Kitamura), dans lequel le célèbre saurien, à nouveau défenseur du Japon, met K.-O. pas moins de 12 kaij ū (bêtes étranges ou monstres) envoyés par des extraterrestres. Peut-on considérer pour autant que bon nombre de films où Godzilla se comporte en bête sympathique ne méritent pas d’être retenus par l’analyste soucieux de jeter un éclairage sérieux sur le personnage?
Il peut être tentant de voir dans un film de pur divertissement un simple produit de consommation dénué de tout discours signifiant. Or, c’est en le situant dans son contexte de réception qu’il acquiert la densité sémantique d’un véritable révélateur sociologique. Il ne s’agit donc plus d’interpréter le film en prenant seulement en compte l’intentionnalité de son instance énonciative, mais en se penchant aussi sur la perception du public, qui peut être influencée, voire dictée, par certains facteurs conjoncturels tels une angoisse collective ou un courant d’opinion. L’analyse sémiologique en amont se conjugue avec une nouvelle construction de sens a posteriori, faisant ainsi de l’œuvre un miroir encore plus fidèle de son époque et du groupe social dont elle est le produit.
Ainsi, une lecture en filigrane de films comme King Kong contre Godzilla (I. Honda, 1962) ou encore Frankenstein vs. Baragon (I. Honda, 1965) peut mettre en lumière tout un réseau de significations insoupçonnées si on prend la peine de considérer leur trame narrative à la lumière des soubresauts idéologiques qui agitent le Japon des années 1960. Quelques auteurs se sont déjà attelés à cette tâche de décryptage, et nous proposons ic

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