La place centrale du français dans les héritages linguistiques du wolof
110 pages
Français

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La place centrale du français dans les héritages linguistiques du wolof , livre ebook

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Description

L'auteur se donne pour objectif de faire connaître et sa position sur l'origine du wolof qu'il présente comme un carrefour de langues aussi bien africaines, européennes qu'asiatiques, et le résultat des échanges linguistiques entre le français et ce wolof, deux langues qui vivent ensemble depuis très longtemps au Sénégal.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2014
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336362281
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
AHMED KHALIFA NIASSE







La place centrale du français
dans les héritages linguistiques du wolof
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7 , rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71239-0
PRÉFACE
La vulgarisation scientifique a pour finalité première de mettre à la disposition d’un grand nombre d’individus les résultats d’une recherche scientifique. C’est à cet exercice, qui n’est pas ici destiné à convertir tous les francophones en linguistes, encore moins en spécialistes des lexiques, que se livre l’auteur de cette brillante étude, le polyglotte sénégalais Ahmed Khalifa Niasse.

Dans cette recherche, M. Niasse se donne pour objectif général de faire connaître et sa position sur l’origine du wolof qu’il présente comme un carrefour de langues aussi bien africaines, européennes qu’asiatiques, et le résultat des échanges linguistiques entre le français et ce wolof, deux langues qui vivent ensemble depuis déjà très longtemps au Sénégal.

Dans la classification de Greenberg, ce wolof parlé au Sénégal appartient au groupe "ouest-atlantique" de la famille Niger-Congo et plus précisément dans la branche nord de ce groupe. Le wolof partage ce groupe, dit sénégalo-guinéen par Delafosse, avec le pulaar, le sereer du Sine, le joola, les langues cangin de la région de Thiès (ndutt, saafeen, palor, noon, lehar) et plusieurs autres langues. La famille ouest-atlantique, à laquelle appartient le wolof, cohabite au Sénégal d’une part avec la famille mande qui comprend les langues mande qu’on rencontre dans les pays qui sont limitrophes au Sénégal mandinka (surtout parlé en Gambie et en Guinée-Bissau) ; malinké (surtout parlé au Mali et en Guinée-Conakry) ; bambara ou bamanan (surtout parlé au Mali) ; soninké (surtout parlé au Sénégal) ; diakhanké (surtout parlé au Sénégal et en Guinée-Conakry). Et d’autre part, avec la famille afro-asiatique représentée par le seul hasanyia, la langue des Maures de Mauritanie.

Le wolof du Sénégal, dont la forte capacité d’emprunt et d’assimilation n’est plus à démontrer, n’est pas parlé de manière tout à fait homogène par ses différents locuteurs ; il comporte des variétés qui correspondent en gros à l’ancienne division du Sénégal en royaumes. Ces variétés dialectales (comprenons variétés géographiques d’une même langue) n’affectent cependant pas l’intercompréhension entre les usagers. On peut en citer

– le wolof du Waalo (en contact avec le xasaniya "langue des Maures", le pulaar et le soninké) ;

– le wolof du Jolof (en contact avec le pulaar) ;

– le wolof du Bawol et du Kajoor (en contact avec le seereer) ;

– le wolof du Saalum (en contact avec le seereer et le mandeng) ;

– le wolof du Cap-Vert (le lebu) qui, pour certains, constitue la première forme de la langue wolof ;

– le wolof urbain, principalement celui des grandes villes.

L’État sénégalais, par le décret 68-671 en date du 24 juillet 1968, avait attribué aux langues wolof, seereer, pulaar, joola, manding et soninké, le statut de langue nationale. Mais aujourd’hui, ce nombre est largement dépassé. Toutes les langues codifiées (18 pour l’instant) sont érigées au rang de langues nationales, en vertu d’une disposition de la Constitution du 07 janvier 2001.

Face à ce multilinguisme de fait, l’État maintient encore, selon le mot de Dominique Maingueneau, un monolinguisme de droit. Seul le français a le statut de langue officielle, c’est-à-dire une langue que l’État utilise pour l’ensemble de son fonctionnement. Il s’agit là, soulignons-le, d’un centralisme linguistique que l’enseignement du wolof et de quelques autres langues locales à l’Université de Dakar ne contribuent pas encore à changer. En matière d’enseignement, le wolof, de même que les autres langues locales du Sénégal, n’est pas encore un médium, c’est-à-dire un moyen d’enseignement.

De toutes les langues nationales, le wolof est la langue la plus parlée. Langue de l’ethnie wolof (47 % de la population nationale estimée à 12. 873. 601 habitants, soit environ 5. 942. 586 locuteurs natifs, selon le document Recensement général de la population et de l’habitat de 2002. Rapport général, publié par le Ministère sénégalais de l’Économie, des Finances et du Plan, Direction de la Prévision et de la Statistique, Dakar), il est aujourd’hui utilisé par près de dix millions de locuteurs au Sénégal. Ce n’est pas gratuit qu’il soit aussi la langue des différentes confréries religieuses du Sénégal qui l’utilisent comme vecteur de transmission et de diffusion du savoir islamique. Même les politiques se l’approprient durant les campagnes électorales, quelle que soit la région considérée, pour mieux atteindre leurs cibles, les différentes couches sociales du pays.

Ce wolof est aussi présent dans les pays limitrophes comme la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Mauritanie et le Mali. Il est également utilisé par la diaspora sénégalaise implantée en Afrique de l’Ouest (Niger, Bénin, Côte d’Jvoire, Burkina Faso, Togo, etc.), en Europe (France, Italie, Espagne.) et aux États-Unis. Aujourd’hui, cette expansion fait que « d’un point de vue ethnique, le wolof tend à devenir un terme neutre désignant toute personne qui n’est pas exclusivement d’une autre ethnie et présente au moins un parent wolof dans ses ascendants » (Stéphane Robert, 1991, Approche énonciative du système verbal : le cas du wolof, Paris, Éditions du CNRS, p. 2).

Parmi les facteurs qui peuvent expliquer ce phénomène constaté par Robert, nous pouvons en retenir deux. Tout d’abord le fait que les tout premiers contacts des puissances coloniales se soient effectués avec les Wolof. En effet, c’est en milieu wolof que virent le jour les premiers comptoirs commerciaux au Sénégal. Ce qui n’a pas manqué de faire de l’aire wolof un pôle d’attraction pour les autres ethnies, et de la langue wolof, l’unique langue auxiliaire dans l’administration coloniale sénégalaise. Ensuite, l’urbanisation galopante qui a fait des villes des sortes de "creuset" où, pour diverses raisons, sont venues se fondre toutes les ethnies. Et dans ces villes, la langue wolof est la plus pratiquée. Autant dire que la fonction éminemment sociale de la langue wolof est intrinsèquement liée à l’intercommunication. Langue véhiculaire, le wolof sert d’instrument pour l’intercompréhension entre les différents groupes ethniques du Sénégal. Il est seconde langue - langue utilisée par superposition à la langue maternelle - pour la majorité des Sénégalais des autres ethnies qui l’utilisent.

D’un point de vue strictement linguistique, le wolof et les autres langues du Sénégal se sont enrichis des apports de toutes les langues avec lesquelles ils se sont trouvés en présence. Force est cependant de constater que l’un des apports les plus importants est celui du français. Les mille deux cents emprunts du wolof au français, fruits de la recherche de Monsieur Niasse, chasseur invétéré d’étymologie, sont là pour le prouver de manière éloquente.

La production éminemment scientifique d’Ahmed Khalifa Niasse sur les emprunts du wolof au français que nous avons l’honneur de présenter ici nous rappelle, à nous autres francophones, que la francophonie, célébrée en ce mois de novembre 2014 au Sénégal, pays de l’un de ses plus illustres défenseurs, le poète-président Léopold Sédar Senghor, est d’abord et avant tout linguistique. Le mot « francophonie » n’est-il pas dérivé de l’adjectif « francophone », qui désigne ceux qui parlent la langue française ? C’est à dire vrai qu’il comporte tout naturellement un sens linguistique. C’est ce sens qui, d’ailleurs, a présidé à la création du terme. En effet, c’est dans le souci de classer les habitants de la planète en fonction de la langue qu’ils parlent, que géographe français Onésime Reclus (1837-1916) a créé, en 1880, le terme « francophonie » pour désigner l’ensemble des pop

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