Lecture de "Le Satyre" de Victor Hugo
100 pages
Français

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Lecture de "Le Satyre" de Victor Hugo , livre ebook

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Description

L'auteur de ce livre, Louis Aguettant, étudiant, écrivait à un ami à propos de ses lectures : "J'ai lu mieux que tout cela - car le père Hugo dépasse malgré tout les autres de la tête - j'ai lu Le Satyre de La Légende des siècles. J'en suis sorti, ahuri, me demandant s'il est bien possible qu'un homme voie et écrive de telles choses. La vie de la nature, le fourmillement de tout, la dryade qui vous regarde sous l'écorce, l'herbe qui broute au fond des forêts, les racines qui fouillent du bec dans l'abîme, le panthéisme en un mot, tout cela n'a jamais été, à ma connaissance, plus fortement exprimé"... Est-ce Victor Hugo qui a tiré cette vision de son cerveau de poète ? En tout cas, elle est étrangement belle." Le Satyre restera toujours pour Aguettant une des pièces maîtresses de Victor Hugo, un résumé et un symbole de son oeuvre, comme le montre sa thèse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 240
EAN13 9782296695160
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lecture de Le Satyre
de Victor Hugo
En couverture : Victor Hugo pendant l’exil
© Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan. com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11307-7
EAN : 9782296113077

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
L ouis A GUETTANT


Lecture de Le Satyre
de Victor Hugo


Texte établi par
Jacques et Jeanne Lonchampt
Du même auteur, aux Éditions L’Harmattan


La Vie comme une œuvre d’art (biographie de Louis Aguettant)
Victor Hugo, poète de la Nature
La Musique de piano des origines à Ravel
Verlaine
Lecture de Baudelaire
Lecture des Méditations de Lamartine
Lecture de La Légende des siècles de Victor Hugo
Les Amitiés littéraires. Paul Valéry , Paul Claudel,Gabriel Fauré,
Émile Mâle , Louis Mercier ; Marcel Ormoy, Robert Browning

De Louis Aguettant et Louis Mercier :
Nos Lettres du Sinaï… Correspondance de deux jeunes écrivains à la fin du XIX e siècle
Avant-propos
L’auteur de ce livre, Louis Aguettant, dont le précédent ouvrage {1} évoque l’attachement précoce à l’œuvre de Victor Hugo, écrivait le 17 décembre 1889 à son ami Louis Mercier, à propos de ses lectures d’étudiant : « … J’ai lu mieux que tout cela – car le père Hugo dépasse malgré tout les autres de la tête – j’ai lu Le Satyre de La Légende des siècles. J’en suis sorti, ahuri, me demandant s’il est bien possible qu’un homme voie et écrive de telles choses. C’est bien une des pièces les plus étonnantes que je connaisse. La vie de la nature, le fourmillement de tout, la dryade qui vous regarde sous l’écorce, l’herbe qui broute au fond des forêts, les racines qui fouillent du bec dans l’abîme, le panthéisme en un mot, tout cela n’a jamais été, à ma connaissance, plus fortement exprimé. Mais un panthéisme si vivant, si puissant ! On se demande comment cet Olympe a pu nous paraître si mort et si froid. Etait-il comme cela pour Homère et pour Eschyle, ou est-ce V.H. qui a tiré cette vision de son cerveau de poète ? En tout cas, elle est étrangement belle {2} . »
Le Satyre restera toujours pour Aguettant une des pièces maîtresses de Victor Hugo, un résumé et un symbole de son œuvre, comme le montre la postface de sa thèse {3} . L’analyse détaillée qu’il en a faite pour ses étudiants des Facultés catholiques de Lyon permettra d’éclairer, avec une ampleur et une maîtrise incomparables, les multiples aspects de cette épopée où « un génie poétique aussi vaste que la nature même, une lyre en qui frémissent tous les souffles de l’univers », chante l’histoire de l’humanité et lui ouvre des perspectives magnifiques et fabuleuses.

J. L .


N OTE BIBLIOGRAPHIQUE

Les références à La Légende des siècles se rapportent à l’édition d’Arnaud Laster (Poésie /Gallimard, 2002). Nous y renverrons avec le sigle AL.
Pour les textes de Hugo difficiles à repérer, nous recourons à l’édition de la Pléiade, de 1950, pour Dieu et La Fin de Satan (sigle P), ou à la collection des Œuvres complètes de la collection Bouquins (sigle B).

Les indications relatives aux livres cités sont données dans les notes. il convient cependant de signaler spécialement les ouvrages de Paul Berret, qui dominent l’exégèse de La Légende des siècles :
La Philosophie de Victor Hugo (1854-1859) et deux mythes de « La Légende des siècles » : Le Satyre et Plein Ciel, Ed. Henry-Paulin, Paris, 1910, que nous citerons : « La Philosophie … ».
La Légende des siècles, collection « Les Grands écrivains de la France », six tomes, dont les deux premiers pour la première série de Hugo, que nous citerons : « Ed. critique ».

Le Satyre

Cette vaste fiction n’est pas sortie tout d’une pièce de l’imagination de Victor Hugo. Au lieu d’une création ex nihilo (chose qui ne se voit guère en littérature), nous avons affaire à une composition nouvelle d’éléments connus, d’ailleurs profondément assimilés et transformés, dont Paul Berret a retrouvé les plus apparents {4} .


SCHÉMA DU « SATYRE »

Prologue. Le Satyre. Un chèvre-pied à la fois « divin et bestial », demi-dieu fort débauché, « débraillait la forêt de l’Olympe ». Hercule le saisit, et le traîne « par l’oreille » devant Jupiter.

I. Le Bleu. Tableau de l’Olympe. A la vue du faune qui boîte dans l’azur, les Olympiens éclatent d’un rire homérique. Jupiter lui fait grâce, à condition qu’il chante. Ce chant du Satyre, c’est tout le poème.

II. Le Noir. Il chante d’abord une cosmogonie : la genèse de la terre, l’apparition de la vie végétale, de la vie animale, de l’homme.

III. Le Sombre. Puis une sorte d’épopée de l’homme, son asservissement par les dieux et les rois ; sa dégradation sous la matière et la fatalité (qui ne font qu’un). Ici, le Satyre commence à prophétiser la « révolte sainte », l’émancipation de l’homme-esclave, que symbolisent ces inventions libératrices : la locomotive, le bateau à vapeur, l’aéroscaphe.
Cependant le Faune, à mesure qu’il chantait, s’est transformé. Ce n’est plus le demi-dieu bestial, mais une sorte de Prométhée. Au lieu de ses pipeaux, il a pris d’abord la flûte de Mercure, puis la grande lyre d’Apollon.

IV. L’Etoilé. Et, se dressant devant les Olympiens, le voici qui vaticine leur ruine prochaine, leur anéantissement devant ce qui seul existe : la Nature et le Dieu inconnu (mal distinct d’elle). Tandis qu’il prophétise ainsi, le Satyre est devenu démesuré, plus vaste que toute force imaginable. Il est devenu l’Univers lui-même, le Tout, qui signifie leur congé aux Olympiens :
« Place à Tout ! Je suis Pan ; Jupiter ! à genoux. »

Tel est, réduit à l’essentiel, le mythe du Satyre. La question des « sources » ne se pose que pour quelques-uns de ses éléments. Voyons d’où Hugo a pu tirer le personnage principal, ce Satyre chanteur, l’idée de sa métamorphose, sa conception de la mythologie, les tableaux du progrès humain dans la prophétie du Satyre (Le Sombre).
I. Le Satyre et son chant cosmogonique
La source principale est évidemment Virgile, dans la Sixième Eglogue, le chant de Silène {5} . Hugo fut un grand lecteur de Virgile. Adolescent, il s’exerce à mettre en vers français des épisodes de l’ Enéide (Cacus, Achéménide) ou des Géorgiques. Plus tard, dans ses voyages, il « emmène ses deux vieux amis, Virgile et Tacite : Virgile, c’est-à-dire toute la poésie qui sort de la nature ; Tacite, c’est-à-dire toute la pensée qui sort de l’histoire » (Préface du Rhin, I). Et, devant l’allongement des ombres du soir, il s’amuse à voir « les vers de Virgile vivre dans le paysage ».
On n’en finirait pas de noter les échos innombrables de tels vers de Virgile dans l’œuvre de Hugo : « Majoresque cadunt altis de montibus umbrae… Mugitusque boum mollesque sub arbore somni… Sive sub incertas Zephyris motantibus umbras… etc. {6} »
Mais cette influence va beaucoup plus loin que des imitations de textes. Virgile a été pour Hugo un éducateur, comme l’a bien vu R. Pichon :
« L’action de Virgile (…) a combattu ce qu’il pouvait y avoir, dans les tendances personnelles de Victor Hugo, d’excessif, de trouble et de morbide : elle a été un principe de noblesse et d’eurythmie. (…) Dans toutes les parties de son œuvre, Hugo a trouvé en Virgile un maître de sérénité. »

Pendant l’exil, cette influence diminue : Hugo, devenu « mage », se croit très supérieur à Virgile et lui préfère des poètes plus escarpés, Eschyle, Job, Isaïe ou Shakespeare. Mais les souvenirs virgiliens le hantent toujours et souvent reparaissent, aux endroits les plus imprévus : témoin Ce que dit la Bouche d’ombre et Le Satyre.
De l’ Eglogue 6, il a tiré vingt-quatre emprunts ou rémin

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