Cette deuxième anthologie de la littérature contemporaine dans la région des Grands Lacs africains a choisi de placer la paix au centre des enjeux esthétiques et sociétaux. Les trente-huit auteurs réunis pour cette partition des pacificateurs sont originaires du Burundi, de la République démocratique du Congo et du Rwanda. Ce qu’ils ont en partage, ce n’est pas seulement la géographie, des langues, un patrimoine culturel et naturel exceptionnel, mais aussi une histoire riche, tourmentée et marquée ces deux dernières décennies par les guerres et une tragédie majeure : le génocide des Tutsis au Rwanda.Les auteurs de cette livraison, soudés ici par une passion des lettres et un dépassement des données abruptes de l’Histoire, ont réalisé un anti-dogmatisme littéraire. Leurs plumes prolongent les réflexions et les propositions fictionnelles contenues dans la première anthologie dont la thématique « Émergences : Renaître ensemble » suggérait la liquidation de vieux contentieux.
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Extrait
Pour une culture de paix dans la région des Grands Lacs africains
COLLECTION
Ferment littéraire
Anthologie2 Plateforme des écrivains et universitaires des Grands Lacs africains
Plateforme des écrivains et universitaires des Grands Lacs africains
Pour une culture de paix dans la région des Grands Lacs africains
Anthologie2
ée de a coaboratîon entre a pateforme « Sembura, ferment N îttéraîre » des Grands Lacs afrîcaîns et a maîson d’édîtîon La Croîsée des Chemîns, a coectîon « Sembura» contrîbue à a promotîon de a îttérature afrîcaîne. Ee est dédîée à a îttérature générae, tous genres confondus, et met ’accent sur ’accès à des anthoogîes consacrées au créatîons îttéraîres tout partîcuîèrement de jeunes auteurs des Grands Lacs afrîcaîns. Ces anthoogîes sont pubîées au format EPUB et sont tééchargeabes gratuîtement sur e sîte înternet de ’édîteur. La coectîon propose égaement chaque année un ouvrage coectîf sur une thématîque concernant toute ’Afrîque. Ee s’înscrît dans e cadre des actîvîtés de «Sembura, ferment îttéraîre», pateforme ancée en 2010 dans es Grands Lacs afrîcaîns pour promouvoîr a îttérature et ’enseîgnement îttéraîre, en accompagnant de jeunes pumes et en encourageant a jeunesse à s’întéresser à a ecture. La coectîon « Sembura » est soutenue par a Fondatîon Corymbo, Zürîch, Suîsse.
Rabiaa Marhouch
Directrice de la collection Sembura
PR ÉFACE
«Ces mots quî pansent es paîeset quî apaîsent »
Cette deuîème anthoogîe de a îttérature contemporaîne dans a régîon des Grands Lacs afrîcaîns a choîsî de pacer a paî au centre des enjeu esthétîques et socîétau. Les trente-huît auteurs réunîs pour cette partîtîon des pacîicateurs sont orîgînaîres du Burundî, de a Répubîque démocratîque du Congo et du Rwanda. Ce qu’îs ont en partage, ce n’est pas seuement a géographîe, des angues, un patrîmoîne cuture et nature eceptîonne, maîs aussî une hîstoîre rîche, tourmentée et marquée ces deu dernîères décennîes par es guerres et une tragédîe majeure : e génocîde des Tutsîs au Rwanda. Dans son Enquête sur ’entendement humaîn, e phîosophe écossaîs Davîd Hume înterrogeaît a raîson humaîne, ses mécanîsmes et, surtout, par-deà es chahuts de a déraîson, î posaît es bases de ce que nous appeons ’antî-dogmatîsme. Les auteurs de cette îvraîson, soudés îcî par une passîon des ettres et un dépassement des données abruptes de ’hîstoîre, ont réaîsé un antî-dogmatîsme îttéraîre. Leurs pumes proongent es réleîons et es proposîtîons ictîonnees contenues dans a premîère anthoogîe dont a thématîque «Émergences: renatre ensembe» suggéraît a îquîdatîon de vîeu contentîeu. Sî a productîon poétîque occupe une grande pace dans e nouveau voume, î faut sauer ce choî, à ’heure où a dîctature du roman tend à margînaîser es autres genres îttéraîres, en se posant en régîsseur autoprocamé de toutes es facutés de penser, voîre de panser es paîes du monde.
8 — Pour une cuture de paîx dans a régîon des Grands Lacs afrîcaîns
ï est tout aussî heureu que ce tome ïï, égaement soucîeu de a dîversîté des genres (poésîe, roman, nouvee et théâtre), aît mobîîsé pusîeurs înstruments pour former un «bîg band» transfrontaîer. Ce dernîer s’ouvre par une vîgoureuse învîtatîon au courage formuée par Emmanue Ahîmana et se poursuît avec ’appe à ’armîstîce de Concîîe Bîgîrîmana. Dans ce grand ensembe, es métaphores anîmaîères ou pastoraes côtoîent es joutes verbaes d’antan. Ce dernîer regîstre, utîîsé par Thîerry Manîrambona, sonne e cor fraterne întroduîsant ’entrée des conteurs. ï écrît:
Ce soîr, vîens autour du feu, rêvons ensembe, Vîens que je te raconte ’hîstoîre des mîens Je t’écouteraî me parer des retrouvaîes Laîsse-moî panser es bessures que tu caches.
En effet, pusîeurs tetes évoquent es zones de doueur, es bessures et es morts quî jonchent encore es mémoîres et marquent toujours terrîbement e corps socîa. Penser ’hîstoîre et panser es êtres. Tee est ’aspîratîon cardînae pour hâter a sortîe des ténèbres. L’espoîr et es désîrs de paî quî en résutent sont scandés par Joseph Nsengîmana, Ezéchîe Ndayîzeye, Amîra Danîe ïunga, Oswad Kambae Kîtambaa, Aeandre Kabera, Josette Ruremesha Mutuyubutatu ou Pasteur Tééphore-Herménégîde Mamba ain de remettre a vîe à ’endroît. Ces auteurs nous îvrent des mots pour refermer es paîes encore puruentes: e génocîde des Tutsîs, es affrontements transfrontaîers, es guerres cîvîes, e sentîment de dépossessîon des îndîvîduaîtés, e ressentîment des vîctîmes, a peur du endemaîn, agangstérîsatîonde ’État, es quêtes îdentîtaîres bîaîsées, es repîs chauvîns, ’accroupîssement devant e maheur, ’apatîssement vîctîmaîre. C’est aussî grâce à une voonté cathartîque que cet ouvrage trouve ’un de ses poînts d’éévatîon. Un détour à ’Eccésîaste permet à Jean-Caude Makomo Makîta de redîre qu’î est un temps pour se tordre de doueur et un autre, qu’î appee de tous ses vœu:
Pour tout dîre, après tant de vîoences chez nous, Après tant d’antî-vaeurs dans es Grands Lacs, Est venu e temps des vaeurs unîversees Aînsî, a parenthèse sera hermétîquement fermée!
Préface — 9
En reprenant par aîeurs des etraîts d’œuvres de ictîon déjà înscrîtes à ’înventaîre îttéraîre afrîcaîn, a présente anthoogîe rend servîce à a redîffusîon d’un patrîmoîne cuture de quaîté, porté par des auteurs de renom: V.Y Mudîmbe, Juvéna Ngorwanubusa, Schoastîque Mukasonga, Jean-Marîe Kayîshéma… C’est égaement à travers e débat, aînsî que nous ’enseîgne Juvéna Ngorwanubusa dans un tete magîstra - etraît de son romanLes Années avaanche- que ’académîe des Bashîngantahe, au Burundî, s’est dîstînguée sous ’ancîenne monarchîe. Cette jurîdîctîon de a paabre, où sîégeaît jadîs ’honnête homme, avaît su s’împoser par a quaîté de ses décîsîons, a rîgueur de ses avîs et es vertus moraes de ses membres. Le cîtoyen des Grands Lacs - comme aîeurs dans nos socîétés mondîaîsées et en perte de repères - souffre et se paînt. La questîon des Bashîngantahe et cee subséquente de a réîicatîon/rétabîssement de eur académîe donnent à médîter sur ce qu’est ’autorîté, sa égîtîmîté et e moyen de crédîbîîser e vîvre ensembe dans une régîon quî ne manque nî de références, nî d’îdées et encore moîns d’atouts à vaorîser. Quant au dénouement des crîses socîaes et géopoîtîques, au înterrogatîons reatîves au eadershîp régîona, à ques médîateurs iabes et încontestabes se vouer? Vers quî se tourner pour réger es petîts et es grands probèmes quand ’État sembe sî morîbond ou passabement îgoté par ses peurs, ses absences et ses éîtes prédatrîces? «Vîvre, écrît Danîe Iunga, c’est croîre aux endemaîns meîeurs, c’est croîre que a petîte brîndîe quî lamboîe aumera a bûche des réjouîssances». L’écoe des Bashîngantahe savaît penser, savaît fabrîquer es mots et es remèdes quî pansaîent es paîes et quî apaîsaîent. Nous avons encore beaucoup à apprendre de cette écoe-à ain d’être en mesure de reconnaïtre nos propres défaîances comme nous e suggère Muzaîa, ’încandescent poète de Bukavu, aînsî que e martèe aussî e poème umîneux d’Uwîmana Aîmabe: