Tombeau pour yi ch ôngjun
202 pages
Français

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Tombeau pour yi ch'ôngjun , livre ebook

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202 pages
Français

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Description

Quoi de mieux, pour essayer de "dire la Corée", que de s'adresser directement à l'un de ceux qui ont placé l'analyse de la coréité au centre de leur recherche. Le prosateur Yi Ch'ôngjun, décédé l'an dernier, y a consacré l'essentiel de son oeuvre. En littérature, cela donne une tentative d'exprimer le han, mais pas sous sa forme de récupération nationaliste par le dictateur Pak Chônghûi, souvent reprise de façon non critique : il aurait exprimé la souffrance spécifique du peuple coréen, qui aurait toujours été victime des autres sans jamais être agresseur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296465138
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

tan’gun
tombeau pour yi ch’ôngjun
revue tan’gun
nouvelle série numéro trois (neuf-dix) – 2011
fondateurs :
andré fabre et patrick maurus
directeur
patrick maurus
comité de rédaction
adrien gombeaud, gaëlle josse, patrick maurus, seong seung-won
comité de lecture
pierre cambon, musée guimet paris, ch’oe jeong-u, compositeur, critique littéraire séoul, alain delissen, ehess paris, claude duchet, université paris VIII, bruce fulton, ubc british colombia, adrien gombeaud, critique, antonio marazzi, université de padoue, david mccann, harvard university
adresse de la revue : tangun.paris@yahoo.fr
prochains numéros (ordre de parution non arrêté) :
chôllado, montagnes, corée du nord, confucius, jeux, scènes, faire le cinéma coréen, sémiologie de la corée…
tous les manuscrits, sollicités ou proposés, doivent être envoyés par mail à : tangun.france@yahoo.fr . Les auteurs éviteront les mises en forme complexes. Les mots en coréen seront en han’gûl et les transcriptions en système mccune-reischauer. Les illustrations ne seront acceptées qu’en cas de véritable nécessité. Les notes seront en bas de page. Les textes seront publiés en français, anglais ou coréen. L’acceptation définitive des manuscrits relèvera du seul comité de lecture.

이 학술지는 2010 년도 한국학중앙연구원의 지원에 의하여 수행되었음
(AKS-2010-P08)
This work was supported by a grant from the Academy of Korean Studies
(AKS-2010-P08)
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55164-0
EAN : 9782296551640

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
© Y I - A HNNLEE 이 안리 2010
avertissement
les mois passés depuis la parution du dernier numéro double de tan’gun (n°2, 7-8 ancienne série) ont décidément été cruels pour la revue. Coup sur coup, ce sont André Fabre et Yi Ch’ôngjun qui nous ont quittés, et, au moment de mettre sous presse, c’est Pak Wansô qui disparaît. Nous reparlerons bien évidemment de cette dernière, que nous évoquons déjà sur le site ami http://www.rhizomefrk.com/
Notre revue n’a guère de goût pour les nécrologies, ne sachant que trop, comme le disait Elsa Triolet, que les morts sont sans défense. Nous ne souhaitons pas détourner des héritages, mais simplement évoquer ceux avec lesquels nous avons travaillé.
André Fabre, après avoir été le pilier et véritable créateur de la section coréenne de l’Inalco, avait lancé avec nous le CRIC et notre revue, dont il avait, avec son humour si particulier, trouvé les noms. Sa mémoire sera perpétuée dans une anthologie de ses textes, à paraître prochainement aux éditions de L’Asiathèque. Mais il n’est pas pensable pour nous de ne pas évoquer, même fugitivement, celui qui reste le plus important coréanologue (il n’aimait pas le mot, sans objet).
Tout entier dévoué à ses étudiants, au détriment de sa propre carrière, il n’a jamais pensé à bâtir une œuvre close, tant était grand son souci d’acquérir au préalable tous les savoirs qu’il estimait nécessaires. Quel exemple d’un apprentissage du coréen, du japonais, du russe ou du chinois, en un temps où tant se permettent de parler de la Corée sans acquitter ce que Bourdieu appelait le droit d’entrée ? Pas étonnant que ce soient des chercheurs comme André Fabre qui s’astreignent aussi à ce que le même Bourdieu appelait le devoir de sortie.
C’est dans l’accomplissement de cette double démarche que nos trajectoires se sont par deux fois rencontrées. D’abord à Séoul, en des temps où la communauté française, qui tenait tout entière à la table de l’ambassadeur, n’était composée que de gens (expats, commerçants, experts, curés) qui avaient quelque chose à vendre à une Corée si pauvre que personne n’imaginait lui acheter quelque chose. Il y avait pourtant un type, étrange, surtout à nos yeux d’adolescents prompts à répéter ce que les adultes chuchotaient, qui vivait avec les Coréens. On aurait dit réducteurs de têtes que le propos aurait été le même : un demi-fou qui avait renoncé au camembert pour apprendre une langue impossible qui devait lui permettre de communiquer avec des gens qui n’avaient « rien à dire ». C’était André, bien sûr, dont la modestie et la maigreur correspondaient à merveille avec ce rôle de Charles de Foucault de la linguistique ouralo-altaïque, et qui se moquait des réflexions d’ambassade comme de son premier kimch’i , malgré les fonctions qu’il y occupait. Mais il doit être écrit que les vilains petits canards finissent toujours par se rencontrer et que tous ceux d’entre nous qui ont choisi la même voie ont fini par retrouver les mêmes gestes.
Lorsque, quelques olympiades plus tard, je suis devenu avec son aide son collègue à Langues O, en même temps que celui de Jacques Pimpaneau ou de Jean-Jacques Origas, il n’avait abdiqué en rien ses exigences scientifiques. Un peu plus désabusé, sans doute, par le spectacle qu’offrait l’université française {1} . Il y déplorait avant tout le manque d’avidité à apprendre, celle-là même qu’il avait tant apprécié dans tout l’Extrême-Orient. Il continuait à se consacrer aux maigres effectifs d’alors, réussissant quand même à former quelques plumes dont la plupart ne sont pas aujourd’hui étrangères à cette revue. Mais combien parmi ses étudiants et ses collègues ont cherché à en savoir davantage sur cet homme bien trop effacé, bien trop ennemi du conflit pour se mettre en avant ? Qui avait une idée, même approximative, du puits de science qu’il était, et qui, comme les vrais savants, s’amusait des paradoxes de ses découvertes, ravi un moment de trouver les liens entre les problèmes linguistiques de sa chère Catalogne et ceux du Kazakhstan ou de la Mandchourie, heureux un autre d’aller écouter du Claudel en japonais ?
Que de rebuffades infligées alors (je ne les regrette pas toutes) ! On ne peut pas les laisser faire ça, André ! Auxquelles il répondait, l’air navré : Quand bien même, dès que nous tournerons le dos… Et, comme pour me consoler, il ajoutait : Vous avez mieux à faire ! Je n’étais jamais convaincu, mais, avec le recul, je me rends compte qu’il m’a ainsi permis de dégager du temps pour écrire, celui-là même qui lui a toujours si cruellement manqué.
Il a tout de même pu écrire un peu, et on lira toujours de lui son Histoire de la Corée (L’Asiathèque, 2000), refonte de La grande Histoire de la Corée (Favre, 1988). Parfois décriée par de petits marquis qui n’ont pas le centième de son savoir, ce travail est encore à la date d’aujourd’hui l’approche la plus intelligente et la plus enjouée de l’histoire de ce pays. C’était une étape vers la véritable Histoire culturelle qu’il appelait de ses vœux.
Tous ses proches se souviennent du mot par lequel il débutait son enseignement chaque année : Acharnement ! Cela amusait des étudiants qui n’en tenaient pas souvent compte. Pourtant, il avait raison. Mais qui voyait qu’il se l’appliquait d’abord à lui-même ? Et combien parmi ses étudiants et ses collègues ont comptabilisé le temps qu’il leur consacrait ? Aussi, vers la fin de sa carrière, lorsqu’il avait vu le centre de recherches dont il rêvait rejeté par son institution, puis la place qu’il libérait occupée par une personne dépourvue de tout diplôme de coréen… il avait ressenti comme une double gifle. Moi, j’avais honte. Et puis j’ai obéi au conseil qu’il donnait à ceux qui lui en demandaient, celui de suivre leurs inclinations. Comme lui, lorsque dès 1963, il arpentait un Séoul encore si pauvre, martyrisé par ses maîtres, écrasé par les bottes et le couvre-feu, dont les nuits et les matins, zébrés par les coups de feu, n’étaient vraiment pas calmes. Malgré cette situation qui le blessait, contredisant tellement la profondeur de la culture qu’il était en train de découvrir et dont il allait ê

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