Virginia Woolf : Étrangère à elle-même . Quelle modernité ! , livre ebook

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Comment penser la modernité de Woolf sinon dans sa constante tension avec les formes, les idées et les discours dominants auxquels elle n’a cessé de se frotter ? C’est ainsi que se dessinent le rêve et la conquête d’un espace d’écriture ou d’une « chambre à soi » : au gré d’insolentes réappropriations, de curieuses associations et d’expérimentations rebelles qui ouvrent soudain le champ des possibles littéraires, sociétaux, politiques…
Etrangère à elle-même
Quelle modernité !
Dossier de 40 pages extrait du meilleur des archives du Magazine Littéraire.
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Publié par

Date de parution

06 mai 2024

Nombre de lectures

1

EAN13

9782383430025

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

51 Mo

.Étrangère à ellemême .Quelle modernité !
3
52
Le Magazine Littéraire509 Juin 2011 ||
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Dossier
VirginiaWoolf Étrangère à ellemême Dossier coordonné parAugustin Trapenard « Accompagner, jusquedanssescrises,une c’est justement sa contemporanéité que la A aventureexceptionnelle». Tels sont les mots recherche universitaire s’efforce aujourd’hui deJacquesAubert, interrogé parLe MagazineComment penser la modernitéde souligner. Littérairesurlepartiprisetlacouleurdesonconstante tension avecde Woolf sinon dans sa édition enPléiadedesœuvresmarosuesqneles formes, les idées et les discours dominants deVirginiaWoolf, toutjusteparelle n’a cessé de se frotter ? C’estue. Suivant le auxquels ldesesdixromansetd’uneconstellationdeque se dessinent le rêve et la conquêteainsi nouvelles souventinéditesdesonvivant, c’estd’un espace d’écriture ou d’une « chambre à moins un hommage qu’un itinéraire d’écri soi » : au gré d’insolentes réappropriations, Virginia Woolfvain que tracent en pointillé ces deux volumesde curieuses associations et d’expérimen peinte par sa sœurde fiction. Qui s’étonnera que l’entrée de Vir tations rebelles qui ouvrent soudain le Vanessa Bellchamp des possibles littéraires, sociétaux,dans le domaine public, soixante ginia Woolf en 1912.politiques…ans exactement après sa mort tragique, dix soit couronnée en France par la publication Étrangère à ellemême, l’auteur desAnnéesde ses écrits apparemment les moins intimes ?par les mythes qu’on a construitsl’est autant Qu’on se le dise : plus autour de son destin que que jamais, chez elle, leSoixantedix anspar l’émotion et l’appro soi ne fait sens que s’ilaprès sa mortpriation que son œuvre est raconté. Plus quetragique, Virginiasygaetnleapteetdosusci jamais, la compréhenWoolf entre dansculturel contemporain té sion et l’assomption dele domaine publicmoigne encore. Où diable l’identité trouvent danset dans La Pléiade.aller chercher la clé d’une le récit (étrange outelle résonance sinon, là en étranger) une médiation privilégiée. Plus quecore, dans son projet visionnaire « d’élargir jamais – par la mise en fiction de ses fameux l’idée que nous nous faisons du roman » ? En instants ou « moments d’être » – la littératureétudiant précisément la plasticité de ses se fait modèle d’intelligibilité de la vie. romans – en particulier l’entremêlement des C’est ainsi qu’on ouvrira ce dossier par un arts que sont la littérature et la peinture, la conte poétique aux allures de tragédie, glis photographie ou même le cinéma –, ne sant peu à peu dans les méandres d’une vie voiton pas se dessiner comme une brèche de papier. Woolf lectrice, éditrice, écrivaine ouverte sur un audelà du texte ? Et plus en envers et contre tout – sans jamais cesser core que de l’instant, son écriture n’estelle pour autant de dialoguer avec son temps, depas alors celle d’un constant renouvellement, le mettre en danger. Loin de confiner l’auteurd’une tension vers l’ailleurs, d’un « devenir deTrois guinéesAutant de pistes pour interroger saà ses œuvres romanesques, autre » ? il fallait passer par l’analyse de ses essais, enredoutable pérennité, son éternelle actualité, particulier sur le genre, pour poser les jalons et pour comprendre ce qui poussa Mrs Dal de sa « prose dissidente ». Et si le reproche luiun beau matin, à sortir ellemême pourloway, est souvent fait d’être aveugle à son époque, acheter des fleurs… A. T. SOTHEBY’S/AKGIMAGES Avril 2012518 Le Magazine LittéraireT I O N S C O L L E C L E S L I T T É R A Z I N E M A G A L I R E I R EO L FW O V I R G I N I A • 3 ||
DossierVirginia Woolf | Oserêtresoimême Cette vielà, encore moins que toute autre, ne peut se réduire aux seuls jalons chronologiques. Nul coup de théâtre, nulle extravagance, mais une sourde lutte contre le gouffre, qui se joua imperceptiblement « entre les actes ». ParGeneviève Brisac
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e plus important est d’oser être soimême. « Les fantômes – entendez : les écrivains – L changent, comme les vivants, en fonction de ce que l’on entend dire à leur sujet. » Prologue : « Qui a peur de Virginia Woolf? » Quand j’étais enfant, je pensais qu’il y avait une raison secrète à cette question tirée de la pièce à succès d’Edward Albee. Je prononçais les syllabes et je la voyais. Elle était là. Comme il est écrit dans Mrs Dalloway. Virginia Woolf était une louve pâle. D’après les photos, elle ressemblait à ma grandmère, et personne ne lisait ses livres, qui étaient sûrement très lents et trop pâles eux aussi. Qui aurait voulu lire un roman écrit par une grandmère anglaise et chlorotique au long visage, aux grandes dents ? Dans les années 1970, un autre visage appa rut en transparence « Je ne suis pourvuederrière le premier. ni d’une vie immense ni deL’ovale parfait de la souvenirs bien riches. »liberté –il n’était rien qu’on ne puisse (1)To The Lighthousefaire, rien qu’on ne puisse dire à Blooms D (1927), dont le titre bury. Une femme libre et malheureuse. Des a pu être traduit rumeurs couraient : elle avait été abusée par parLa Promenade au phare, Vers le phareses demifrères, les stupides et conventionAKG/ULLSTEIN BIL ou mêmeAu pharenels George et Gerald Duckworth aux petits (récemment par Anne yeux porcins. Pourquoi s’estelle suicidée reste la premièreVirginia Woolf : Wicke chez Stock). Elle devint un symbole. question que posent les gens que je ren« Peutêtre n’aije Nous avons laissé à chaque contributeurcontre. Une question pleine de méfiance. LaEt tous – toutes – l’appelaient Virginia. rien fait d’autre de ce dossier la liberté Mais diton Gustave quand on veut dire noyade saturait la mémoire de l’écrivain. Ellequ’approcher de privilégier l’une ou Flaubert ? Diton James, diton Jim, quand on était un personnage, avant d’être l’auteurl’autobiographie. » l’autre de ces évoque Joyce ? d’une œuvre essentielle de notre littérature. appellations. Célèbres étaient les cailloux dont elle avait Et cela dure. rempli ses poches. Dans les années 1990, quand j’ai redécouvert Remplir ses poches de cailloux est un geste Virginia Woolf, ce fut à travers sonJournalet lourd de sens. sa correspondance. La louve pâle ne voyait plus comment conti Elle y révélait ce qu’est la vie ordinaire d’une nuer de cheminer. Plus besoin de cailloux. femme qui écrit : les espoirs qui la meuvent, Les cailloux du Poucet le sauvaient. Ceux de les obstacles qu’elle rencontre, les déses Woolf la perdaient. Les cailloux ressemblent poirs qui l’envahissent, la rigueur nécessaire, aux morceaux de nos vies. Remplir ses la discipline nécessaire, les luttes contre soi poches de cailloux est double désespoir. et contre la misogynie feutrée ou affichée, 4 • V I R G I N I A W O O L F •L E S C O L L E C T I O N S L I R E L I T T É R A I R EM A G A Z I N E Le Magazine Littéraire5182012 Avril ||
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