Femmes-en-ciel
154 pages
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Femmes-en-ciel , livre ebook

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Description

Du rose bonbon, très rose, au noir d'un café noir, amèrement sucré, découlent les couleurs d'un arc-en-ciel nouveau, vivant, fait de reflets de femmes, ou d’histoires de femmes. Un arc-en-ciel en cinq couleurs, comme cinq femmes, qui confient sans fards leurs luttes, leurs larmes, leurs folies, leurs trahisons, leurs histoires de vie, leurs recherches d’un bonheur, d’une passion, ou d’argent, et parfois leurs quotidiens, nus, sans voiles et sans couleurs.
Cinq récits, de couleurs très différentes, parce qu’être femme – on aurait beau voulu en faire un modèle unique, un moule, une forme, une couleur, du prêt-à-porter –, diffère d’une femme à l’autre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332597069
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-59704-5

© Edilivre, 2014
Dédicace

À ma mère, ma fée-femme,
Rose, très rose


Je me souviens.
Je me souviens d’un temps si proche et déjà si lointain.
Je me souviens d’un temps que j’oublie parfois.
Je me souviens d’un temps passé encore présent.
Je me souviens d’un temps, différent.
Je me souviens de quelques fragments.
Je vous préviens, ils ne sont peut-être pas si cohérents.
Pourquoi chercher la cohérence si rien ne l’est ?
Des milliers d’enfants meurent de faim chaque jour, les poubelles de ma cité sont, elles, pleines à craquer.
A la télé on passe un attentat violent et tout juste après une série de sketchs censés être amusants !
Dans un monde aussi « cohérent », un texte cohérent serait de trop…
Rose bonbon
J’avais dix-sept ans, un mètre soixante-dix, une bicyclette, un sac en cuir et les cheveux teints en blond.
J’étais maigre, une silhouette fine presque en fil.
J’étais belle – on ne me le disait pas souvent mais j’en étais convaincue, les autres en étaient certes jaloux.
Je ne quittais presque jamais mon imperméable noir devenu gris. Je n’avais pas les moyens pour m’en acheter un deuxième et je l’aimais bien.
Je vivais encore chez mes parents mais déjà sans eux et loin d’eux et avec tout le mépris qu’on peut porter à ses parents.
J’avais toujours froid, même les soirs d’été.
Je regardais le monde sans rien y comprendre. Je haïssais le monde, je haïssais son soleil, son ciel, ses paysages de « rêve », ses gens et ses animaux, ses jours et ses nuits.
Je regardais le monde et je me moquais du monde, je me moquais de ceux qui tenaient la queue au supermarché, de ceux qui attendaient le bus pour des heures, de ceux qui passaient des heures au parc à admirer la nature, de ceux qui passaient leurs soirées à boire et à danser, de ceux qui faisaient la prière, de ceux qui faisaient l’amour, de ceux qui votaient, de ceux qui critiquaient à la télé, de ceux qui faisaient la politique, de ceux qui se voulaient écologiques, de ceux qui voyageaient en première classe, de ceux qui mendiaient, de ceux qui tuaient, de ceux qui se laissaient tuer, de ceux qui pleuraient, de ceux qui riaient, de ceux qui réalisaient de grandes œuvres, de ceux qui ne faisaient rien.
Je ne comprenais pas la politique.
Je ne comprenais pas l’économie.
Je ne comprenais ni la médecine, ni la zootechnie.
Je n’aimais ni les pizzas, ni les hamburgers. Je n’aimais pas le couscous non plus, ni même les sushi.
Je détestais le Cola, le café, le thé noir et le jus d’orange frais.
Internet ? Je n’aimais pas, tout comme la radio et la télé, le portable et les CDs.
J’étais dégoûtée des amoureux qui s’embrassaient dans les coins de rue en se croyant à l’abri des regards, de ceux qui se donnaient en spectacle au grand public, de ceux qui marchaient sans se tenir la main, de ceux qui se disputaient dans le restaurant, de ceux qui passaient des heures hésitants entre deux chambres à coucher, laquelle acheter ?
J’étais dégoûtée des parents qui traînaient leurs enfants, de ceux qui les faisaient taire par du pop-corn, de ceux qui cédaient à leurs caprices, de ceux qui les engueulaient sans raison, de ceux qui leur disaient « oui », de ceux qui leur disaient « non ».
Je n’aimais pas le matin, je n’aimais ni l’après midi ni la nuit.
Je n’aimais pas l’été, je n’aimais pas l’hiver non plus.
Je détestais les boulangères honnêtes – ou du moins qui se disaient honnêtes – un peu trop souriantes. Je détestais les secrétaires un peu trop maquillées. Je détestais les femmes au foyer. Je détestais les professeurs d’université. Et je détestais les prostituées.
Je détestais les motards, les piétons et les chauffards.
Je détestais le monde, je détestais tout le monde, vraiment tout le monde.
Sans mise en garde, sans hésitation, sans la moindre exception.
Dans ma vision des choses, il n’y avait que deux choses : le monde – que je détestais – et moi.
Chacun sur une rive, chacun de son côté. Je n’aimais pas le monde, mais il n’en était ni plus triste ni plus gris parce qu’il ne m’aimait pas non plus.
C’était peut-être pour cela que je le détestais encore plus.
Le monde ne m’aimait pas, je m’en moquais, ou presque, tout comme on se moque du fait qu’un certain Mr. X – que nous détestons – nous déteste. Sauf qu’avec un certain Mr. X nous pouvons ne plus le croiser, l’éviter, changer de boulot, ou à la limite, déménager. Mais lorsque ce Mr. X est le Monde nous n’avons rien à faire, nous devons le supporter et vivre avec.
Et le monde et moi vivions ensemble, nous nous croisions, sans un sourire d’hypocrisie ni un bonjour de diplomatie, nous nous frôlions, sans nous retourner, sans nous disputer non plus.
Je ne me disputais avec personne.
Je n’étais pas une révoltée.
Je me moquais des batailles et des révoltes, des révoltés et des gens acharnés.
Je me voulais libre comme l’air, sans une cause à porter qui finirait un jour par m’enchaîner.
Je me voulais libre mais me moquais de la Liberté, de ceux qui la chantaient, de ceux qui la défendaient, de ceux qui passaient leurs vies en prison pour la crier, de ceux qui la peignaient sur leurs toiles figées, et de ceux qui la dansaient sur des scènes animées.
Je me voulais libre sans parler de liberté.
Sinon le reste je m’en foutais, je ne me voulais ni belle ni élégante ni riche ni intelligente.
Je ne me voulais ni ingénieur ni médecin ni professeur ni artiste.
Je ne me voulais ni mariée ni divorcée ni célibataire ni séparée.
Je ne me voulais ni hétéro ni lesbienne, ni ascète ni bisexuelle.
Je ne me voulais ni chrétienne, ni juive, ni musulmane, ni bouddhiste, ni athée.
Je me voulais libre comme rien, parce que dans votre monde qui est malheureusement le mien, rien n’est libre, même pas la Liberté.
Rose chanson
Ma chambre, je l’avais vidée. Et à la poubelle. J’avais tout jeté, je me moquais de ceux qui préféraient tout donner aux pauvres. Je me moquais aussi de ceux qui gaspillaient, mais je n’étais pas d’humeur à trop y penser. J’aurais aimé y mettre le feu, mais j’avais horreur de la fumée.
J’avais laissé quand-même un matelas, un tapis et un oreiller, quelques stylos et du papier, histoire de pouvoir écrire et me reposer. Tout le reste je m’en moquais, surtout le miroir, j’avais trouvé du plaisir à le casser, j’en avais même chanté.
Je n’étais pas agressive.
Je n’étais ni une adolescente violente ni une demoiselle trop gâtée.
Je n’étais pas une jeune fille qui voulait se laisser aller.
Je n’étais pas non plus déprimée.
Mais le monde, je détestais !
Le monde qui, lui, n’arrêtait pas de chanter.
Rose parents
Mes parents avaient lâché, il n’y avait plus de remède, donc plus de raison de m’engueuler. Mais j’entendais ma mère qui pleurait en secret, mon père qui la rassurait, qui lui disait « ça va passer », je les détestais.
Mes amis ; ils m’en restaient deux ou trois, ceux qui pouvaient encore me supporter, parce que entre nous, eux aussi je les détestais. Ils me parlaient, disaient m’aimer, et se disaient « ça va passer ».
Un chat aussi me suivait, tout le temps, partout où j’allais. C’était mon vieux chat en vérité, mais je le détestais, et il me détestait, ça se voyait ! Mais il ne voulait malgré cela point me lâcher. Il se disait peut-être lui aussi que ça allait me passer, ou peut-être qu’il m’espionnait, qui sait ?
Mais ça n’avait jamais passé.
Et ma mère avait toujours pleuré.
Et mon père, toujours, la consolait.
Rose méprisant
Je me suis faite aimer par des richards et des clochards, et tous je les méprisais.
Je les méprisais mais ceci leur était égal du moment que je me donnais et que je partageais leurs lits ou peut-être qu’ils ne s’en rendaient même pas compte !
Je les méprisais, ils m’aimaient, je méprisais leur amour, méprisais leur désir, méprisais leur soif de plaisir.
Mais j’avais soif de plaisir, et je me donnais, malgré tout mon mépris.
Je les méprisais. Et je méprisais celle qui se donnait à eux, celle qui se pliait à leurs désirs, celle qui m’était à la fois si proche et si étrangère.
Je méprisais son désir, je méprisais le plaisir qu’elle goûtait dans leurs bras, je méprisais ses cris de jouissances.
Je méprisais cette autre moi, cette moi qui n’était pas tout à fait moi, cette moi qui se laissait aimer, qui supportait les mots d’amours ridicules, qui supportait les cadeaux obligés, qui supportait les baisers au goût amer du mépris.
Le mépris avait un goût sucré salé, parfois aigrelet, et je la méprisais.
Mais je n’arrêtais pas de me donner, de me courber à ses désirs, de me déshabiller entre les bras d’inconnus et de goûter à mille et un plaisirs différents. Cela m’amusait !
Chaque jour, chaque nuit, chaque fois, je m’amusais encore plus et la méprisais encore plus.
Mais je n’arrêtais pas mon jeu !
J’avais soif de plaisir, je m’amusais, et je la méprisais, après tout elle n’était pas très moi !
Rose pleurant
L’amour ? Je m’en moquais, je n’y croyais pas, je ne comprenais pas.
L’amour est une illusion et j’étais assez lucide pour éviter le piège.
L’amour est un jeu et je n’aimais pas jouer.
Mourir ? J’aurais peut-être dû m’y lancer, mais je méprisais ceux qui se suicidaient : des lâches, et je ne voulais pas être une lâche.
Mais j’étais une lâche, je ne pouvais pas le nier. La vérité est que cela m’était égal.
Je me moquais de la lâcheté, du mépris et de la sainteté.
Le soir avant de m’endormir, je pleurais.
Je me cachais mes larmes, je me voulais imperturbable. Et j’étais perturbée.
Je me voulais sans émotions. Mais les émotions me vainquaient.
Je me voulais reposée. Et j’étais fatiguée.
Rose leçons
Je m’ennuyais au lycée, mais j’y allais quand même, q

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