Figures spatiales de Montréal
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Figures spatiales de Montréal , livre ebook

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Description

« Pour nous, il s'agit de nous pencher sur la dynamique des lieux, d'analyser leurs effets sur les regroupements et les sociabilités du point de vue de leur matérialité concrète et de leur localisation. Informer la dynamique des lieux représentés implique d'identifier les mouvements des protagonistes dans les décors urbains où il n'y a pas seulement des éléments naturels, mais aussi et surtout des éléments construits par les humains, comme les rues et les immeubles, et les éléments culturels qui émanent de l'aménagement de l'environnement. » Dans cet essai, Licia Soares de Souza tente de constituer un modèle d'appréhension d'une poétique de l'espace où s'articulent des personnages comme éléments inséparables de l'environnement qui les entoure. À travers six romans québécois contemporains, elle démontre les rôles indissociables de la littérature et de la géographie pour cerner ce modèle, en privilégiant l'approche géopoétique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342150889
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Figures spatiales de Montréal
Licia Soares de Souza
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Figures spatiales de Montréal
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://licia-soares-de-souza.societedesecrivains.com
 
 
À Renée Legris, amie montréalaise de grands dialogues.
Présentation
Ce petit essai aborde quelques figures spatiales de Montréal, dans six romans québécois contemporains. L’approche privilégiée est celle de la géopoétique, « un travail qui nous invite à aller dehors, à l’affût des signes du vent, de la terre, des vagues, de tout ce qui compose notre environnement » (BOUVET, 2008, p. 7). Nous avons voulu travailler avec une géopoétique urbaine, un territoire de recherche qui s’est développé de manière attachante, ces dernières années, surtout grâce à l’équipe de l’Atelier Québécois de Géopoétique, nommé La Traversée (BOUVET, CARPENTIER, GERVAIS). Pour nous, il s’agit de nous pencher sur la dynamique des lieux, d’analyser leurs effets sur les regroupements et les sociabilités du point de vue de leur matérialité concrète et de leur localisation. Informer la dynamique des lieux représentés implique d’identifier les mouvements des protagonistes dans les décors urbains où il n’y a pas seulement des éléments naturels, mais aussi et surtout des éléments construits par les humains, comme les rues et les immeubles, et les éléments culturels qui émanent de l’aménagement de l’environnement.
Dans ce contexte, nous envisageons de nous recentrer sur une géopoétique de Montréal comme ville privilégiée de la littérature québécoise contemporaine, qui nous donne à voir les mouvements des individus et des groupes avec leurs formations culturelles à travers la configuration urbaine de la métropole québécoise. Dans la majorité des œuvres analysées, la ville est plus qu’un décor ; elle permet une mise en scène d’appareils poétiques concernant les relations des protagonistes avec les endroits où ils développent leurs expériences individuelles ou collectives. Ces appareils poétiques peuvent apparaître et se laisser localiser en des points textuels particuliers avec des modes préférentiels d’affleurement et de manifestation. Il y a là des relations spécifiques d’une démultiplication poétique que nous pourrons observer également dans les différentes conceptions du flâneur qui, de Baudelaire à Carpentier, dévoilent les activités des observateurs de la dynamique de la croissance de la ville ; ils transforment les moindres gestes dans un coin perdu en effusion lyrique. Popovic, à son tour, nous livre une nouvelle conception qui englobe les activités desdits mauvais flâneurs, en soulignant les nouveaux mouvements des personnages marginaux dans des villes de plus en plus complexes où l’inhumanité sévit.
Ensuite, nous travaillons avec la conception de sémiosphère (équivalent de biosphère) de Youri Lotman, sémioticien russe, selon lequel chaque culture peut être représentée par des contours plus ou moins bien définis. Chaque sémiosphère est constituée d’un centre et d’une périphérie qui peut se confondre avec celle d’autres sémiosphères. Les mouvements internes d’une sémiosphère sont déterminés par toute une série de forces qui agissent sur la culture concernée : les forces centrifuge et centripète qui sont dirigées vers des directions opposées. Avec les sémiosphères, la visée géopoétique est investie de valeurs heuristiques, dans le sens où il est possible de voir les descriptions des mouvements des forces dans la structuration des œuvres dans lesquelles plusieurs types de flâneurs déploient leurs foyers de lisibilité poétique avec la présomption de sémioticité qui leur est attribuée.
Après avoir présenté notre appareil conceptuel, dans un premier chapitre, nous analysons deux œuvres, l’une brésilienne et l’autre québécoise, qui mettent en scène une poétique de zones rurales, comme le sertão et les prairies, où peuvent se manifester des relations significatives entre les protagonistes et leur environnement végétal et animal. Ces zones peuvent fonctionner comme les périphéries de sémiosphères plus amples, comme celles de l’Amérique et celles des deux pays concernés. Il nous a semblé important de présenter une géopoétique de l’arrière-pays, en ce sens qu’elle renferme dans sa formation les bases structurelles d’une géopoétique urbaine. Les relations conflictuelles ou harmonieuses de l’être humain avec les animaux, par exemple, vont réapparaître dans chaque description des sémiosphères urbaines.
Le souffle de l’Harmattan , de Sylvain Trudel, sera l’objet du second chapitre. Nous y découvrons un espace frontière, qui permet à deux enfants, un Québécois et un Africain, de s’évader de leur monde contraignant vers les espaces naturels de l’Afrique, dans un mouvement de force centrifuge. Considérant l’Amérique comme une partie du monde appelée Accident, et Montréal, une ville d’un continent accidentel, l’enfant narrateur Hughes entreprend un travail de déconstruction des sens cristallisés de la sémiosphère québécoise qui sont continuellement inculqués aux enfants immigrés. Hughes semble avoir subi l’influence des enfants narrateurs de Ducharme, destinés à déstabiliser les significations formatrices des centres des sémiosphères.
Dans le troisième chapitre, nous étudions Côte-des-Nègres de Mauricio Segura. Nous caractérisons un espace charnière , comme étant le plus significatif pour faire ressortir les mouvements des protagonistes dans la sémiosphère montréalaise. Segura est un écrivain d’origine chilienne qui connaît bien les quartiers où vivent les Néoquébécois qui cherchent à s’adapter dans leur nouveau pays. L’accent y est mis sur la difficulté que les enfants des Haïtiens et des Latino-Américains rencontrent au cours de leur acculturation, en ce qu’ils forment des groupes antagonistes vivant sur une charnière spatiale, apte à les mettre en contact, mais incapable de produire leur intégration. Ces enfants se déplacent, mus par des forces centrifuges et centripètes à la fois, dans un va-et-vient entre le monde montréalais et le monde des pays de leurs parents. Ils finiront par s’affronter dans les rues tels des animaux sauvages.
Le quatrième chapitre est consacré au roman du sociologue Henri Lamoureux, intitulé Squeegee . Nous y reconnaissons un espace gigogne, comme zone privilégiée des mouvements d’une bande d’enfants junkies qui vivent dans la rue. Y sont en jeunes forces centrifuges qui font que ces enfants désertent leurs foyers et se retrouvent dans une vie d’indigence, mais aussi des forces centripètes qui leur font superposer plusieurs strates culturelles dans les lieux qu’ils braconnent comme des chasseurs. Ils y fondent une nouvelle hiérarchie de valeurs, un système normatif distinct de celui du centre, susceptible de déconstruire et de construire les nouveaux carrefours névralgiques privilégiés du texte.
Vamp de Christian Mistral est l’objet du cinquième chapitre. Nous y évoquons un espace de la contre-culture . Comme dans l’ouvrage précédent, il y a ici deux forces qui dirigent les mouvements des protagonistes, l’une centrifuge et l’autre centripète. Le protagoniste Christian, chef du groupe qui devra vampiriser Montréal, part à la recherche de la place qu’il devrait occuper dans le monde de poésie qui s’ouvre devant lui. Il refuse l’Amérique de la consommation et du marché, et cherche à dompter cette Amérique sauvage incarnée dans la figure de Moby Dick. Tel le capitaine Achab, Christian part à la conquête des territoires non conquis de la ville, maîtrise Montréal comme un amant passionné, et crée son foyer de création de poésie de contre-culture.
Le sixième chapitre aborde le roman Paradis, clef en main de Nelly Arcan, qui s’est suicidée deux mois après avoir mis le dernier mot à son roman. Celui-ci aborde la tentative de suicide de Toinette, dans l’ainsi nommé espace de mort , ce qui ne marche pas et fait d’elle une paraplégique. C’est dans ce but que la protagoniste engage une entreprise spécialisée dans la préparation du suicide de personnes en santé qui veulent quitter la vie. Le ton surréel du roman n’élimine pas le ton poétique avec lequel l’auteur traite Montréal dans laquelle elle tourne plusieurs fois, sur la tranquillité du fleuve Saint-Laurent. C’est après être devenue paraplégique, enfermée dans un espace panoptique, à savoir sa chambre équipée des toutes nouvelles technologies, qu’elle situe sa ville en Amérique, comme continent, où les impulsions belliqueuses instillent le désir de mort chez les personnes.
Finalement, le septième chapitre, fruit d’une communication au colloque Figures littéraires des espaces en devenir au Québec et au Brésil (xx e – xxi e  siècles) : conflits, traumatismes, interconnexions présente une étude comparée entre le roman de Monique Proulx, Ce qui reste de moi et le roman brésilien Il était tant de chevaux de Louis Ruffato qui met en scène la ville de São Paulo avec ses écueils de grande ville. Nous y découvrons des forces centrifuges qui entraînent de nombreuses personnes d’origines différentes loin de leur culture, et la force centripète qui pousse vers le centre des nouvelles cultures d’accueil, capables de les accueillir. Il y a ainsi à la fois une mise en évidence de l’espace charnière et de l’espace gigogne, ce qui est susceptible de signaler le

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