Freddy
144 pages
Français

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Freddy , livre ebook

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Description

Maxime, douze ans, intelligent et doué pour les études mais de faible constitution, est tyrannisé par Yann, le caïd de sa classe. Yann est grand, costaud, dépourvu de sens moral, et d’une redoutable agressivité. Les maîtres n’y peuvent pas grand-chose et Maxime ne peut que subir les violences et les humiliations de son bourreau. Jusqu’au jour où Freddy, un vieux bonhomme rencontré par hasard, lui donne des leçons de boxe. Maxime est volontaire, rapide, lucide, et d’une bonne efficacité dans ses assauts. Il reprend confiance en lui et un jour, malgré son infériorité physique, il défie son bourreau.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332687906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-68788-3

© Edilivre, 2014
Monsieur le Président, la réunion du conseil d’administration débute dans une heure. J’ai tapé votre discours, vous le trouverez sur votre messagerie personnelle. Et puis, je voulais vous dire… Nous sommes tous très émus de votre départ en retraite. Vous avez été un formidable chef d’entreprise tout en restant un homme de cœur. L’Europe vous doit beaucoup. Sans votre courage, votre imagination et votre clairvoyance, son industrie aérospatiale ne serait pas devenue le numéro un mondial.
Le Président remercie d’un sourire son assistante personnelle et s’accorde quelques minutes de relaxation. Il jette un regard distrait sur les encadrements qui tapissent les murs de son bureau, pour la plupart des récompenses internationales qui ont jalonné toute sa carrière de capitaine d’industrie. Puis son regard s’arrête sur une grande affiche qui a toujours intrigué ses collaborateurs : C’est une image d’une autre époque aux couleurs passées. On y voit un boxeur au regard farouche, le poing levé, prêt à défier la terre entière.
Le Président soupire, les souvenirs affluent dans sa mémoire toujours très vive, et il revient près de soixante-dix ans en arrière, lorsqu’il n’était qu’un pauvre gamin, supportant mal sa petite taille, et terrorisé par la méchanceté de quelque-uns.
Chapitre 1 La Crevette
– Alors la Crevette, on s’admire ?
Armand Bretteau, le moniteur d’éducation physique, passait dans le couloir desservant la classe des grands lorsqu’il a vu Maxime Brunel planté devant le miroir installé juste en haut de l’escalier. Il arrive à la hauteur de l’enfant qui n’a pas réagi, immobile comme une statue devant la glace. Il s’arrête derrière lui, trouve son regard dans le reflet, et s’apprête à lancer une de ces grosses plaisanteries dont il a le secret. Ce n’est pas qu’il soit méchant le prof de gym, mais Maxime est son plus mauvais élève, toujours à la recherche d’une excuse pour ne pas aller au stade, échapper aux séances d’assouplissement sous le préau, ne pas participer aux grimpers de corde sur le portique installé dans un coin de la cour de récréation.
L’enfant a le visage fermé et une étincelle de colère jaillit de ses yeux lorsqu’ils rencontrent ceux du prof. Armand Bretteau regrette aussitôt d’avoir appelé Maxime par son surnom, mais depuis des années, le petit Brunel c’est « La Crevette » pour ses copains comme pour les maîtres. Il n’en a jamais pris ombrage, ou alors il cachait bien ses sentiments. Bretteau se promet qu’à l’avenir, il appellera le petit par son nom. C’est vrai, quoi ! Ce n’est pas de sa faute à ce gamin s’il est mince, presque maigre, et aussi petit que ceux du cours moyen deuxième année.
– Ne fais pas cette tête-là ! C’était pour rire. On ne peut pas être bon partout. Tu es peut-être archi nul en gymnastique, mais dans les autres matières, tu les bas tous à plate couture. Tiens, tout à l’heure, en salle des profs, nous avons parlé de ton devoir de français sur la faim dans le monde. Il paraît qu’il est formidable, même que Bridon t’a donné la meilleure note, alors tu vois. Bon. Faut que j’y aille. N’oublie pas que demain on va au stade, alors pense à tes baskets.
Vaguement gêné, Armand Bretteau observe encore une seconde l’enfant qui n’a pas lâché son regard et n’a pas prononcé un seul mot. Puis il part à longues enjambées vers le préau où s’impatientent déjà les grands de troisième.
Maxime sent les ondes de colère le quitter peu à peu mais il reste planté devant le miroir, détaillant son image sans la moindre complaisance. Ou du moins ce qu’il peut en voir car la glace est trop haute pour lui. Les autres peuvent s’y faire des grimaces en se plantant devant, même les filles y voient leur tête en entier et font bouffer leurs cheveux lorsqu’elles sentent qu’un garçon les regarde. Maxime, lui, doit se dresser sur la pointe des pieds pour n’apercevoir que sa tignasse noire comme une aile de corbeau et les trois quarts de son petit visage triangulaire. L’enfant déteste son image. Il trouve qu’il a le nez trop fin, les yeux trop grands et trop clairs, et surtout qu’il lui manque au moins cinq centimètres. Comme il aimerait avoir le menton carré, un regard de pierre, une chevelure blonde et bouclée, des épaules larges et des cuisses épaisses comme des jambons. Il voudrait des mains grandes comme des battoirs, un port de tête altier au lieu de son allure de petit chat qui a toujours peur d’être surpris par un chien. Comme il voudrait ressembler à Yann Drouin, le géant de la classe, une force de la nature. Même ceux de troisième y regardent à deux fois avant de le bousculer dans la cohue de la cantine. Sa bourrade est dévastatrice et plus d’un s’est retrouvé les quatre fers en l’air avant même d’avoir eu le temps de savoir ce qui lui arrivait. Si Maxime est le plus malin, c’est aussi le moins costaud, le plus petit, le plus fragile, le moins capable de se défendre. Il se sent vulnérable, presque dérisoire, et sa poitrine se gonfle d’un grand soupir d’insatisfaction.
Un autre visage apparaît dans le miroir, juste au-dessus du sien. C’est Gaston, son voisin de table, et sans doute son seul copain dans tout le collège.
– Magne-toi La Crevette. T’as beau être le chouchou de Bridon, il n’aime pas qu’on arrive en retard et la fin de la récré a sonné depuis au moins deux minutes.
Maxime oublie ses réflexions peu réconfortantes, fonce vers la classe, et s’installe rapidement à son pupitre de bois verni.
Chacun est à sa place lorsque les dix coups sonnent au vieux clocher d’Issy-les-Moulineaux. Mais le professeur de français n’est pas encore arrivé. Pour une fois, c’est lui qui est en retard et la classe commence à murmurer joyeusement.
Orientée plein sud, la salle est inondée de lumière par ses quatre hautes fenêtres à l’ancienne. Alors que tout le quartier est hérissé de tours qui défient le ciel du haut de leurs vingt-cinq ou trente étages, le collège de la Cité Fleurie est une vieille bâtisse construite sur deux niveaux seulement. La classe donne directement sur les jardins de l’ancien monastère dont les immenses marronniers centenaires étouffent les bruits des chantiers voisins. L’air est transparent en ce milieu de matinée et sur le rebord d’une fenêtre, deux mésanges se disputent un petit morceau de pain que Maxime a déposé la veille à leur intention. Leurs gazouillis joyeux rendraient sa bonne humeur au concierge du collège, mais il ne faut pas rêver. La dernière fois qu’il a ri, c’était sans doute le jour de sa première communion.
Et Bridon fait son entrée, il a son regard des mauvais jours.
– Assis ! J’ai corrigé votre dissertation sur la faim dans le monde et les initiatives que chacun d’entre nous pourrait prendre afin d’y remédier. Il y en a ici qui prennent vraiment leur prof pour un taré ! Nous allons voir tout ça tout à l’heure. Mais d’abord, comme d’habitude, un hommage à l’exception. J’ai donné dix-huit à Brunel, et pour que vous en preniez de la graine, je vais demander à l’auteur de venir ici, à mon bureau, vous lire son devoir, bande d’analphabètes !
– Brunel tu rêves à la mort de Louis XVI ?
Maxime n’a pas entendu, son esprit est loin de la classe. Il observe le manège de deux pigeons qui flirtent au sommet du plus grand des marronniers. Une image en amenant une autre, il vole en pensées jusqu’au bois de Meudon qui doit servir de cadre, mardi prochain, à une sortie consacrée à l’entomologie. Maxime adore ces grandes ballades à vocation naturaliste. La vie des insectes le passionne et il en connaît certainement plus que le professeur d’histoire naturelle sur les amours des araignées des champs et les métamorphoses de la libellule. Dans les bois, il peut laisser sa vraie nature s’exprimer, il n’a plus à se méfier de Drouin et de sa bande qui ne manquent pas une occasion de le harceler lorsqu’il est prisonnier des murs du collège et qu’il ne peut pas se défiler. Souple et rapide comme un singe, il n’a pas son pareil pour grimper au sommet des plus hauts arbres et défier les autres de venir le déloger. Drouin a essayé une fois, mais pris de vertiges, il a dû demander à ses lieutenants de l’aider à redescendre. Sa réputation aurait pu en souffrir, mais qui aurait osé se moquer du breton, ou même se permettre la moindre réflexion sur lui ? Un jour, Maxime a capturé une épeire diadème vivante, les splendides rayures noir et or de l’animal l’avaient fasciné. Lorsqu’il a libéré l’araignée dans la classe à la fin d’un cours de maths, Yann Drouin a poussé un rugissement de dégoût et de peur qui avait plongé Maxime dans la joie. A l’évocation de cet événement mémorable, un fin sourire apparaît sur ses lèvres, mais un coup de coude dans les côtelettes le ramène brusquement à la réalité.
– Brunel, tu pionces ou quoi ? Monsieur Bridon veut que tu ailles à son bureau pour lire ta rédac, t’as eu dix huit.
Tous les regards convergent sur Maxime Brunel qu’une sourde angoisse commence à étreindre. Dénué de tout esprit de compétition, il s’en fout complètement d’être le meilleur. Au contraire, il voudrait se perdre dans l’anonymat le plus absolu, que personne ne fasse attention à lui. Etre le meilleur, c’est toujours par opposition au plus mauvais, et le plus mauvais, c’est toujours Yann Drouin ou l’une de ses âmes damnées.
Paralysé par la peur, il fait non de la tête, mais le professeur insiste malgré la détresse qu’il peut lire dans le regard de son meilleur élève.
– Viens mon petit gars. Je sais que cette bande d’abrutis t’en fait voir de toutes les couleurs, mais ce n’est pas grave. Tu es le premier en français, comme en maths et en sciences d’ailleurs. Ils sont ridicules à côté de toi. Alors tu

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