Grui-gruick par Toutatis !
182 pages
Français

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Grui-gruick par Toutatis ! , livre ebook

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Description

Dans un village imaginaire du fond de la Bresse, des chemins de vie a priori hiérarchisés se télescopent douloureusement. Nous sommes plongés au milieu des années soixante-dix, où des visées expansionnistes mettent à mal la polyculture ancestrale qui faisait pourtant vivoter jusqu’alors une multitude de familles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 août 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332593191
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-59317-7

© Edilivre, 2013
Introduction

La commune de Colbagnat n’existe nulle part dans l’Ain, ni ailleurs en France. « L’Atelier Armat’Ain », la Société productrice de peinture « Rêv’ of colors », la minoterie « Farinabelle », les notaires Cassette et Oseille, sont purement imaginaires. Les protagonistes locaux mentionnés dans ce livre sont des personnages de fiction. L’auteur s’est inspiré de multiples petites histoires qui n’ont aucun lien entre elles. Elles sont plus ou moins réelles, des quatre coins de la large campagne bressane, milieu rural où il a grandi, vécu, travaillé. Ceci est un roman.
Le patois ? Il était parlé aisément entre personnes des générations nées avant 1940, malgré la chasse qui lui fut menée par les vertueux instituteurs de la Troisième République. Son emploi anecdotique dans ce livre, situé en 1976-1977, correspond assez fidèlement à une réalité verbale encore prégnante pour cette période au sein des dialogues familiaux, des propos de bistrots de campagne, des conversations sur les champs de foire, à un degré moindre dans la cour du collège. En tout cas, ces quelques mots magnifiques et expressions savoureuses, ont marqué durablement le langage usité dans beaucoup de familles, comme chez Charnay à Confrançon, au hameau de La Croix de Pierre. A l’attention des lecteurs « de la ville » à cette époque, ou bien trop jeunes aujourd’hui, ils sont traduits entre parenthèses ci-après. A ce qu’il se dit, le dialecte de référence dans la Bresse de l’Ain est celui de Marboz, sensiblement différent de celui parlé dans le Louhannais. D’autres encore vous diront qu’il existe autant de variantes du patois que de villages…
Et le ben ? C’est ben vrai ! C’est ben sûr ! Selon beaucoup de non-Bressans, il paraît qu’on en met de partout… à toutes les sauces, nous « pures crème ». Alors, même si elle est on p’teu peu (un petit peu) lourdingue et glaiseuse, je ne renie pas ma marque de fabrique. Oua , Hé ben’n chaqua! (Oui, c’est bien quelque chose !), on ne peut pas se désengluer facilement les racines de cette Terre de Bresse…
Chapitre I Affairisme
Début mai 1976 –  Mairie de Colbagnat, Arrondissement de Bourg-en-Bresse - 01
Le dos tourné au panneau d’affichage municipal extérieur, à droite du perron, Richard Faron – Eleveur Porcin, Ancien Combattant d’Afrique du Nord – attend les bras croisés, le regard songeur tourné vers le ciel. Il n’est pas plus inspiré que ça par les quelques avis qu’il vient de lire… Arrivé cinq minutes à l’avance, il attend que le premier magistrat le reçoive après la fermeture du secrétariat. Il se doute un peu du pourquoi de ce rendez-vous, mais sans plus…
Dimanche dernier, dans une travée bondée de la Foire de printemps à Bourg, Nestor Landry – le maire – lui a lancé :
– Passe-donc, Richard, à la fin de ma permanence mardi qu’ vin (qui vient, en patois), j’ai à te causer ! Ici, y a trop de monde, tu vois ben …
– Ben … que je ne vois pas vraiment, mais sûr que je viendrai !
– Allez, fais de bonnes affaires, bonjour à Marie-Jeanne, à dacheteu  (bientôt) !
Semblant descendre tout droit du Septentrion, la bise souffle sous un ciel azur, comme trop souvent depuis le début de cette année. La dernière brouillassée remonte au deux avril. Préoccupation naissante. En effet, en ce premier semestre, la France est encore toute verdie par l’épopée des Stéphanois en Coupe d’Europe des clubs champions malgré la finale perdue 0-1 contre le Bayern . En lot de consolation, l’ASSE est déjà auréolée du titre de champion national. Pourtant, sans savoir que l’Hexagone sera roussi avant même l’été, on commence à parler sécheresse au journal télévisé, ainsi que dans le Progrès, la Voix de l’Ain, l’Ain Agricole. Seule la traînée laiteuse laissée par un gros avion bien haut vient larder cette pureté bleue à l’horizon du Revermont. Du côté de l’Est, un point scintille, c’est l’antenne relais de Ceyzériat.
Il est cinq heures trente, mardi après-midi jour d’ouverture au public. L’invité frissonne sous la fraicheur printanière, les Saints de Glaces approchent. Au loin, les « pou-pou, pou-pou » d’un coucou gris s’estompent dans les bois du lieudit «  Chaudail ». Puis, le silence s’installe…
– Ah !!! Morbleu, tu m’as foutu la frousse ! D’un bond, Faron s’est jeté d’un gros mètre en arrière de la lourde porte dont Nadine, la secrétaire de Mairie, vient de tourner brusquement la poignée.
– Oh, à ce point le trouillomètre ! Pas à un soldat de ta trempe, Fanf’ (son surnom depuis l’école primaire pour un fait d’arme juvénile qui vous classe dans « les durs » d’une cour de récréation). Tu te rappelles le «  Bacille Calmette Guérin  » ? T’es le seul du rang d’oignon à ne pas avoir pleuré quand ils te l’ont incrusté à la plume !
– Non, mais c’est bon…, juste que je ne t’avais point entendue marcher dans le couloir. Un effet de surprise, quoi !
– C’est donc toi qu’il attend Monsieur le Maire ? Rentre au bout ! Vous n’êtes plus que les deux, tranquilles…
– Ben oui, c’est moi.
– Bonsoir et bonne réunion !
– À te revoir, Nad’, bien des choses à la maison !
Depuis leur jeunesse, il y a une familiarité entre eux deux, originaires d’un même autre village tout proche de Vonnas. C’est par le biais de leurs conjoints respectifs qu’ils sont devenus Colbagnatais.
Nestor Landry a entendu de loin leurs propos. Il lance tout en déroulant un plan sorti d’un tube à papier calque Canson :
– Rentre, Richard ! Ferme bien en décrochant la chaîne de l’intérieur, histoire d’être en paix !
Sur le cartouche, barré pleine diagonale, figure en lettres rouges la mention : « document confidentiel, état provisoire ». Dessous, on peut lire l’intitulé du plan :

Projet de 30 lots, 29 à bâtir / Le Clos des Ormes
Commune de COLBAGNAT – 01
Plan de découpage dressé par :
Cabinet de Géomètres Expert - - - - - - - - - (MM S ), le 10 avril 1976
Echelle : 1/250è
Richard pénètre dans l’office et s’empresse de trouver appui sur le dossier d’une des deux chaises qui attendent les visiteurs.
– Oh, mais t’es ben tout blanc comme une merde de laitier ! relève l’hôte, en lui signifiant de s’asseoir par un allongement du menton en direction de la chaise. Il reprend :
– T’es sûr que ça va ? Pas besoin d’un verre d’eau ?
En inspirant jusqu’aux tréfonds de ses bronches, puis en secouant sa mailloche tout en lâchant l’expiration d’un grand souffle, l’invité de la soirée répond :
– Ça va, ça va mieux, rien de grave !
Il s’assied, puis dégrafe sur sa poitrine un bouton de sa chemise d’été à damier noir et gris clair, en plus de celui déjà ouvert sur l’encolure. Sa glotte fait l’ascenseur, quelques gouttes de sueur dégoulinent de ses tempes. Il se doit une explication :
– Tu peux pas savoir, mais (silence)… depuis l’embuscade, il m’arrive d’avoir cette réaction.
– Un cauchemar en plein jour, quoi ?
– Pas vraiment, ça me revient plutôt quand un bruit surgit dans une atmosphère calme et pesante que…
– Une crise d’angoisse alors ?
– Pas mieux ! En fait, un choc post-traumatique, m’a expliqué ma tante Ginette qui travaille à Desgenettes (Hôpital militaire de Lyon).
–  Haa Ouiii , il paraît que tous ceux de « la Grande de 14 » en ont ! Comme mon oncle Armand !
– Dans mon cas, c’est un bruit qui déclenche, ou bien un cri d’enfant… Pour d’autres, c’est une odeur, ou un éclair… »
Il enchaîne :
– On patrouillait dans le lit de l’oued pour débusquer l’entrée d’une grotte, cache d’armes de ces « crouilles de Felouzes » . Sûrs de nous, on se croyait chasseurs, mais … Comment t’expliquer ? … Plus nous avancions, moins il y avait de bruit. Le cagnard écrasait tout, même le son des criquets.
Nestor Landry, qui n’a pas été appelé dans les troupes de maintien de l’ordre version gouvernementale en Algérie, fait un effort de transposition de l’autre côté de la méditerranée. Un peu vain, tant c’est impossible d’y plonger rétrospectivement pour celui qui n’a pas vécu quelque chose là-bas où tout était poignant. Richard poursuit :
– Instinctivement depuis quelques minutes, mon index frôlait la gâchette du Famas  …
Cette scène et d’autres de 1959 dans les Aurès, quelque part au Sud de Batna, il ne peut les évacuer de sa calebasse. Et de continuer devant le maire attentif au récit, lui, resté à l’époque simple troufion en métropole :
– Un vol de perdrix est parti en cacabant comme elles se le doivent à chaque fois, les emplumées. De reflexe, peut-être de peur…, j’ai tiré ! Tiré sur rien du tout. Mais…, mais là ça a pété de partout, depuis les broussailles, au-dessus des crêtes. Les salauds de salauds !! Dans une pagaille assourdissante, on était devenus gibier !
– Bon ! Arrête, faut pas te tournebouler avec ce passé pas beau… Hééé  ! Je vois que tu reprends des couleurs.
Le maire savait que deux frères d’armes du commando de chasse auquel appartenait le Fanf’ étaient tombés « Morts pour la France » ce jour-là. Il sait aussi que Richard revendique une pension pour infirmité en raison d’une séquelle à l’épaule, paraît-il ? De reprendre :
– Ton dossier à l’ONAC 1 , je verrai pour faire intervenir une nouvelle fois notre dévoué Député. De ton côté, continue à seriner la FNACA 2 , ça paiera ben un jour ! Allez, parlons de nos moutons !
Faron apprécie l’oreille que lui prête l’édile. Ce n’est pas comme tous ceux qui dégouazent (disent du mal) dans son dos au sujet de cette petite cicatrice pourtant bien visible sur le haut du biceps gauche, entre les rondelles de vaccination et la barrière d’inoculation du BCG . Le ragot à la paroisse est tenace, notamment chez FIX’AIN et GMC au bistrot du bourg : « Tu parles d’une balle qui lui aurait transpercé l’épaule ! Il s’est juste éraflé en se frottan

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