Histoire de la Société des gens de lettres
185 pages
Français

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Histoire de la Société des gens de lettres , livre ebook

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Description

Extrait : "Il en est des associations comme des cités : les unes deviennent grandes et prospères, jusqu'à sembler éternelles ; les autres disparaissent après quelques années d'une existence éphémère, comme le sillon dans une mer calme. Tel ne peut être le sort de la Société des gens de lettres qui, malgré la modestie de ses débuts, se trouve aujourd'hui l'une des plus florissantes, l'une des plus riches, en attendant qu'elle s'impose comme la plus influente dans le temps..."

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Publié par
Nombre de lectures 25
EAN13 9782335038347
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335038347

 
©Ligaran 2015

Préface
Voici l’histoire au jour le jour et comme le procès-verbal des travaux d’une association de gens de lettres pendant cinquante ans.
Il y a plusieurs années déjà qu’elle devait être écrite et, dans une assemblée générale de notre Société, une commission spéciale fut, un jour, nommée pour publier l’ Histoire de la Société des Gens de Lettres . Cette histoire devait dire ce qu’a fait notre association pour la dignité matérielle et morale des écrivains. Les littérateurs qui composaient la commission, MM. Michel Masson, Altaroche, Gonzalès, de La Landelle et de Lyden, avaient pris pour tâche de saluer la mémoire de ceux qui ont formé, en 1837, ce grand faisceau d’intelligences et d’efforts, aujourd’hui fraternellement unis.
Ils s’étaient chargés de faire savoir tout ce que la Société a secouru, sauvé de gens de lettres, tout ce qu’il y a de bienveillant et de solide dans une association où, comme des frères aînés, les plus glorieux et les plus anciens travaillent pour les nouveaux venus, où l’on peut avoir toutes les opinions en gardant cependant la vertu suprême de la tolérance où, depuis cinquante ans, si l’on heurte au dehors des rivaux ou même des ennemis, on ne trouve au-dedans que des confrères, et où chacun peut dire : « Nous avons fait notre devoir et, depuis le premier de nos Comités jusqu’au dernier, tous, depuis un demi-siècle, ont travaillé à une chose unique, et, par d’incessants efforts, poursuivi un but commun : la grandeur de la Société ! Tous sont demeurés opiniâtres et généreusement fidèles à notre mot d’ordre : Nous affranchir et nous entraider !  »
Mais il en fut de la commission nommée en 1877 comme de tant d’autres commissions et sous-commissions. Elle se sépara en laissant sa tâche inachevée. La mort, d’ailleurs, emporta presque tous ceux qui la composaient et, en dépit d’un excellent chapitre publié sur la fondation de la Société des gens de lettres, par un des ouvriers de la première heure, notre ami M. Élie Berthet, en dépit de documents amassés et partiellement mis au jour par l’érudit M. Charles Joliet, l’ Histoire de la Société des Gens de Lettres eût risqué de n’être jamais écrite, si M. Édouard Montagne, notre nouveau Délégué, n’avait compulsé nos archives et mis en œuvre la chronique au jour le jour de notre association.
C’est moins une Histoire sans doute que des Mémoires familiers que nous donne aujourd’hui M. Montagne ; mais combien de faits intéressants, combien de noms illustres ne rencontre-t-on point dans ces pages, échos des séances de nos Comités ! Ce livre valait la peine d’être publié : il ajoute un chapitre à l’histoire littéraire de ce temps. Chapitre documentaire, où les faits sont classés à leur date et sans phrases par un analyste scrupuleux. Travail considérable dont il faut remercier le successeur de notre vieil ami et de notre représentant pendant un quart de siècle, Emmanuel Gonzalès.
La Société des gens de lettres, dont M. Montagne s’est fait le chroniqueur, a rendu aux écrivains du livre le même service que la Société des auteurs dramatiques aux écrivains du théâtre.
« Le plus grand malheur d’un homme de lettres, a dit Voltaire en son Dictionnaire Philosophique , n’est peut-être pas d’être l’objet de la jalousie de ses confrères, la victime de la cabale, du mépris des puissants du monde, c’est d’être jugé par les sots… Son grand malheur encore est ordinairement de ne tenir à rien. Un bourgeois achète un petit office et le voilà soutenu par ses confrères. Si on lui fait une injustice, il trouve aussitôt des défenseurs. L’homme de lettres est sans secours ; il ressemble aux poissons volants ; s’il s’élève un peu, les oiseaux le dévorent ; s’il plonge, les poissons le mangent. » Et Voltaire ajoute vivement : « L’homme de lettres est descendu pour son plaisir dans l’arène ; il s’est lui-même condamné aux bêtes. »
C’est en 1765 que l’auteur de Candide publiait ces lignes ; soixante-quatorze ans après, Balzac demandait que les individualités fissent un groupe et devinssent une force. Cent ans après, combien de gens la Société des gens de lettres avait-elle déjà secourus, aidés, défendus, arrachés à la maladie, disputés à la misère ?
Longtemps avant la fondation de notre Société par Louis Desnoyers et ses amis, Beaumarchais avait eu l’idée de grouper entre eux les auteurs dramatiques, de former le carré , en quelque sorte, lorsqu’en l’an XI, François (de Neufchâteau), membre du Sénat conservateur et de l’institut national, ce François (de Neufchâteau) qui devait, plus tard, protéger Victor Hugo et signer même de son nom une notice sur Gil Blas , rédigée par le jeune poète ; – François (de Neufchâteau) donc eut le dessein de former un fonds de souscriptions annuelles, « destiné, disait-il, à encourager ou récompenser au besoin les savants et les gens de lettres aux « prises avec l’infortune. » Je cite là les termes mêmes d’un de ses discours.
Cette Société, qui dura peu, prenait pour titre Société en faveur des Savants et des Hommes de Lettres . Toute personne, de l’un ou l’autre sexe, en pouvait faire partie moyennant un versement annuel de vingt-quatre francs. La Société se réunissait quatre fois par an et, une fois par an, elle nommait un comité de vingt et un membres. Le règlement de cette Société de l’an XI ressemble un peu à nos statuts actuels. Il contient pourtant des articles qui portent la marque du temps où François (de Neufchâteau), Président, les rédigea. Par exemple, les articles 18 et 19 :
« ART.18. – Les auteurs qui auraient souillé leur plume par des écrits tendant à corrompre la morale publique ou privée ne pourront participer aux avantages offerts par la Société.
« ART.19. – Les personnes qui seraient tombées dans l’indigence par inconduite ne recevront de secours que dans le cas où elles auraient donné subséquemment des preuves d’une conduite mieux réglée. »
Encouragement à la vertu – idéal du dix-huitième siècle – projets de mise au concours d’ouvrages utiles aux progrès des sciences, de traductions de bons écrits, la Société de l’an XI faisait entrer en ligne de compte tous ces généreux desiderata . Avec François (de Neufchâteau), Frochot était élu Président, et je trouve, parmi les noms des premiers fondateurs, Grégoire, Lasteyrie, Lacépède, Lecoutheux-Canteleu et Lucien Bonaparte. En réalité, la Société formée par François (de Neufchâteau) fut l’aïeule de notre Société des gens de lettres.
Lorsqu’elle fut fondée, notre Société, on l’accusa tout d’abord de s’inquiéter de l’argent plus que de l’honneur. Le vert laurier de Ronsard m’agrée, mais encore, pour en jouir, faut-il vivre, et Balzac, se faisant le porte-voix, l’avocat de la Société des gens de lettres, allait, dès la première heure, plaider, à défaut de Berryer, contre un journal de Rouen. C’est encore Balzac qui défendait la Société dans la préface du livre collectif intitulé Babel .
« On lui a reproché, disait-il, on a reproché à notre Société, avec plus d’aigreur que de raison, de ne s’être pas assez défendue contre une tendance à la fiscalité littéraire, d’avoir plaidé, en faveur des travaux de l’esprit, la thèse de l’ubiquité du salaire, et d’avoir ainsi exposé les ouvriers de la pensée de fâcheuses assimilations. Le reproche serait juste, et les gens de lettres ne seraient pas exposés à l’encourir dans une société autrement organisée que ne l’est la nôtre, dans une société qui se fonderait sur le désintéressement. Mais au milieu d’un monde où il n’y a de grâce pour personne, où tout se base sur le calcul, où tout se meut dans le cercle d’un droit étroit et rigoureux, trancher du grand seigneur, se donner des airs de libéralité, de dévouement, de détachement, d’abnégation héroïque, ce ne serait pas seulement une folie, mais encore un ridicule. Le stoïcisme ne doit pas tourner en

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