Histoires d A...
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Histoires d'A... , livre ebook

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Description

L'auteur puise la matière de ses neuf nouvelles dans son imaginaire foisonnant aussi bien que dans son expérience de la vie. Quel que soit le sujet abordé, le fil rouge qui sous-tend l'ensemble du recueil est l'esprit de légèreté qui forge son caractère optimiste. En observatrice perspicace, elle pose un regard original et poétique sur le monde qui l'entoure, en s'inspirant du spectacle de la nature et du théâtre des relations humaines pour reconstituer des situations d'une touchante véracité. Le destin d'un galet, un mystérieux voyage dans le temps, ou encore une histoire d'amour passionnelle sont autant de façons de dire l'émotion intense procurée par le bonheur de vivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414223794
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-22377-0

© Edilivre, 2018
Je suis un galet ou huit ans pour renaitre
Je suis un galet d’une longue plage. Devant moi s’étend la mer ourlée de vagues, petites et régulières, mousseuses et odorantes, avec le léger bruit du ressac quand l’une d’elle vient mourir à mes pieds.
A l’horizon, ce qui ressemblent à des rochers bruns mais qui sont en réalité de petites collines arides où ne semblent pousser aucun arbre, du moins vu d’ici. Parfois elles disparaissent dans une sorte de voile blanc qui obstrue la vue comme une cataracte. Ce sont les embruns qui arrivent du grand large.
Je suis lisse, gris clair avec des stries blanches et rouges, quelques petits points verts ponctuent aussi ma surface. Il y a longtemps que je suis là, où du moins il me semble, le temps ne passe pas de la même façon pour un galet que pour un être humain.
Je regarde chaque jour le soleil se lever sur la mer et la plage, jamais les mêmes couleurs, jamais le même vent qui agite les nuages, jamais les mêmes bruits des vagues qui lèchent ma surface.
Parfois une tempête vient secouer ma torpeur et me propulse à un autre endroit de la plage, encore plus loin de la mer ; c’est ainsi que je m’éloigne un peu plus de mon origine. Mais peu importe, du moment où je peux regarder le soleil descendre et couvrir la mer d’or et de rubis.
La nuit je suis un peu effrayé par le bruit et le mouvement de la mer et j’ai peur qu’elle ne m’avale pour de bon. Mais chaque matin, après la lune et la fraîcheur, je suis toujours là, fidèle au poste, en brave galet que je suis. A côté de moi, il y a bien d’autres galets mais ils ne communiquent pas beaucoup malgré mes tentatives d’approche. Nous sommes murés chacun dans notre monde intérieur.
Je n’ai pas toujours été ce galet lisse et doux au toucher, presque rond et plat et l’on croirait que je suis né comme cela.
En fait, il y a bien longtemps, je me souviens que j’étais un vulgaire caillou, tout hérissé de piques et d’aspérités. On ne voyait même pas mes couleurs ni ma forme tant j’étais quelconque. Personne ne me regardait ni n’avait envie de me prendre dans sa main pour me caresser. J’étais sur le chemin qui mène à la plage quand une très grosse tempête m’a entraîné vers le large. Les vagues m’ont roulé, roulé pendant des temps qui m’ont semblé infinis. Je ne savais même plus où était le début et la fin de la plage, où était le soleil et la lune. J’étais un peu effrayé par ces évènements indépendants de ma volonté et j’essayais de résister au flot impétueux. Peine perdue, rien n’y faisait et je restais prisonnier de cette eau saumâtre que je finissais par détester.
Puis, un jour, le cauchemar prit fin et je fus projeté par une vague plus grosse que les autres sur le rivage. Mais j’avais changé complètement d’aspect et ne reconnaissait plus mes contours ni ma couleur. J’étais devenu un galet, toutes mes aspérités avaient disparu au fil du temps. J’étais devenu un peu un vieux pêcheur, plein d’expériences, la puissance de la mer inscrite sur ma peau de pierre, une sculpture magistrale qui avait parfaitement sa place dans l’univers et plus précisément ici, sur cette plage de sable fin que je dominais de toute ma grandeur. Car, malgré toutes ces vicissitudes, je n’avais pas perdu tout à fait mon orgueil. J’aurais dû faire preuve d’un peu de modestie car la prochaine étape de mon évolution serait très certainement la transformation de toutes mes cellules de galet en minuscules grains de sable, anonymes et innombrables, toutes mes parties disséminées dans un espace infini.
Je devais donc profiter au maximum du moment présent car l’avenir s’annonçait et qui peut dire quand le destin va changer ! Je pouvais finir ma vie dans un jardin de banlieue, oublié dans une remise au fond d’un panier, posé sur une étagère, seul et abandonné ou dûment étiqueté dans une vitrine de collectionneur ! A moins que je serve de presse-papier à quelque fonctionnaire qui place ainsi le travail à faire et qui m’oublie, me soulevant tous les jours distraitement sans penser à l’odeur et au bruit des vagues inscrits sur ma surface.
Bien sûr, c’est bien connu, les galets n’ont pas de sentiments, enfin du point de vue des humains… Mais qui peut imaginer ma douleur d’être privé de mon élément naturel et de ne plus être qu’un objet qui a arrêté son évolution au sein de la nature ?
Enfin, je préfère penser au moment présent et au regard que posent sur moi les promeneurs, pieds nus qui m’effleurent parfois et me font frémir en m’enfonçant un peu dans le sable humide de la marée basse.
En réalité, je vous ai trompé depuis le début de l’histoire car, en réalité, je suis une femme, vivant sa vie de femme et non un galet mais c’est l’image qui m’est venue spontanément à l’esprit car la vie, pendant huit ans, parenthèse bénie, m’a fait évoluer et grandir d’une façon que je ne soupçonnais même pas.
Je suis maintenant à l’aube de la vieillesse mais il m’a fallu arriver à l’âge de cinquante ans pour résoudre l’énigme de ma personnalité. Jusqu’à cet âge, j’étais encore un caillou avec les mêmes aspérités que dans mon enfance. Malgré les souffrances et les deuils de mon jeune âge, je n’avais rien appris, je m’étais au contraire fermée à toute influence qui ne me plaisait pas. A l’âge de neuf ans, j’avais refermé presque toutes les portes de ma forteresse après le suicide de ma mère. Le caillou que j’étais est devenu plus dur encore, moins sensible aux intempéries et à l’érosion. J’avais des pointes tout autour de ma circonférence et il fallait choisir un endroit plus lisse entre elles pour m’atteindre. Même l’amour de ma grand-mère, et peut-être surtout celui-ci, possessif et envahissant, même la présence de ma petite sœur, aimante et petit « feu follet » joyeux, même l’amour de mon père, un peu sévère et très peu démonstratif de tendresse, tous ces sentiments que tous me portaient ne me faisaient pas sortir de ma gangue dure et repliée à l’intérieur comme un escargot dans sa coquille.
La vie a passé, j’ai travaillé en ayant l’impression d’être en prison dans mon bureau, un travail alimentaire, avec tout de même la satisfaction de la compagnie de collègues sympathiques et plus vivants que moi, et le plaisir d’être reçue à des concours difficiles, un peu comme un défi vis-à-vis de moi-même. Puis je me suis mariée avec un jeune homme un peu à mon image, refermé sur lui-même et ne laissant que fort peu de prises à la découverte de son intérieur. J’avais toujours certes le même enthousiasme que depuis ma naissance pour découvrir les choses, les lieux nouveaux, les créations de l’homme – châteaux, villes, objets d’art et d’histoire – ou chercher les solutions aux différents pourquoi qui se présentaient à moi.
Il aura fallu que j’atteigne les cinquante ans de ma vie et vingt ans de mariage pour que le caillou que j’étais commence à s’effriter et à s’éroder. Le départ soudain de mon mari pour une autre vie avec une nouvelle femme m’a plongé dans une angoisse et une incertitude de mon devenir de femme et d’être humain sur cette terre. Il était ma « clef du monde » et sans lui, croyais-je, les portes de ma forteresse ne s’ouvriraient plus. J’allais probablement mourir de faim et de soif dans ma tour d’ivoire. Je me voyais sans avenir, seule et abandonnée à jamais.
Mais, soudain, quelques personnes ont surgi et leur aide inattendue à commencé à me faire entrevoir une lueur dans ma nuit de désespoir. Des surprises m’attendaient sur ce chemin que mon caillou gravissait péniblement : des amies un peu oubliées, une chef de service pleine d’empathie, des lectures qui tombaient subitement dans mes mains m’ont permis d’apercevoir une terre nouvelle où je pourrai exister sans mon mari.
De plus, son abandon avait fait resurgir des limbes où il végétait, l’abandon de ma mère et son dernier regard et geste de tendresse avant l’irrémédiable. Tous les sentiments refoulés au fond de mon cœur depuis mes neuf ans resurgissaient plus forts et plus dangereux que jamais.
Quand l’amour vous abandonne, – tous les amours, toutes les trahisons, – que reste-il pour vivre sereinement sur la terre ? Seuls ma sœur et mon père m’ont permis de ne pas m’enfoncer dans la glaise et de rester à la surface de la vie.
J’ai enfin découvert que je pouvais ouvrir des fenêtres sur le monde et, oh surprise,  il y avait des personnes à l’extérieur : des êtres avec des visages, des regards, des voix et des actions réalisées. Je me sentais unie au monde entier et non plus isolée en moi-même, protégée des éléments négatifs ou positifs, de la pluie et du soleil, de la...

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