Homme de l être
284 pages
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Homme de l'être , livre ebook

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Description

« Il se désirait en femme et, s’il se rappelait sous ces dehors féminins qu’il était un homme, il se dégoûtait. Comment résoudre une équation par essence insoluble ?

Ah ! Il maudissait le jour où il avait fallu choisir (disons que la nature avait choisi pour lui), ce jour qui l’avait vu naître homme, conscient que, s’il était né femme, il eût dénoncé ce choix, tout autant. C’était selon lui une étroitesse de la nature de ne pouvoir être alternativement, à son gré, voire à la fois, l’un et l’autre. »



Les six nouvelles de ce recueil s’articulent autour des thèmes chers à l’auteur : la quête d’identité, l’enfermement, la révolution intérieure, la rédemption.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414401338
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-41079-8

© Edilivre, 2020
Le Miroitement
Que l’on me croie ou non, ce récit est la seule assurance dont je dispose de trouver enfin sur cette terre des personnes qui comme moi ont vu ce qui est beau au-delà du beau. Ma première expérience du Miroitement est celle dont je me souviens le plus précisément, sans doute en raison de l’influence incroyable qu’elle eut sur le reste de mon existence matérielle ces trente dernières années. Avant de détailler ce surprenant baptême qui changea à jamais ma vie, ma conception de l’univers et de l’ensemble des bêtes qui rôdent sous le sourire d’albâtre du ciel nocturne, il me faut expliquer ce qu’est le Miroitement, pour que ceux qui en seront les marcheurs intemporels et ceux qui l’ont déjà exploré soient aptes à le comprendre et à l’embrasser.
Quand une âme se montre profondément mélancolique ou atteinte d’une grande tristesse née d’un désir instinctif de quitter ce monde, il se peut qu’elle échoue lors de ses rêves, marches oniriques dont la profondeur incertaine laisse encore perplexes bien des scientifiques, dans une version similaire de notre monde. Mon étude ces dernières décennies s’est hélas limitée à la surface de la planète Terre, même si parmi les rencontres que je fis durant mes voyages, j’appris que le Miroitement est un phénomène universel et non planétaire. Le monde issu du Miroitement est un creuset métaphysique qui a assimilé l’apparence et la structure de l’univers pour l’élever et la redéfinir. Ainsi, tout est infiniment plus beau et riche de sens dans cette dimension mentale. Les regards s’étendent au-delà de la vision, les mélodies dépassent l’ouïe par leurs symphonies mystiques et les parfums poursuivent et séduisent bien plus que l’odorat des résidents du monde miroir. Car si nous autres humains ne pouvons voyager vers le Miroitement que dans certaines conditions, notamment via l’abandon définitif et forcé du bonheur et de l’espoir dans notre existence matérielle, il existe bel et bien des créatures et entités dont cette copie sublime de notre monde est le berceau.
C’est d’ailleurs là presque l’ensemble de ce que l’on peut simplifier quand on parle de cet aspect trop méconnu de la réalité. Les grands esprits rationnels classifient le Miroitement dans un sous-genre de rêve collectif, un acte vain et destructeur qui ne me surprend plus, ni ne doit vous surprendre, tant l’homme est persuadé qu’il est la seule conscience de ce monde et l’âme de l’univers.
Or l’histoire qui suit tend à démontrer que l’univers, s’il avait une âme, la trouverait dans cette dimension somptueuse et onirique que je poursuis depuis un certain voyage en Écosse dans un vieux refuge de chasseurs il y a bien longtemps. J’ai aujourd’hui oublié le compte des jours, les horaires précis de mon départ, l’année de mon arrivée, car l’ensemble des détails perdent en importance une fois notre esprit accoutumé aux éternités merveilleuses du Miroitement. La raison de mon infinie tristesse et de ma détresse s’est perdue quelque part au fil des ans, et ne demeure que la vague idée d’une odieuse nouvelle mortifère et lugubre, laquelle m’avait plongé dans une léthargie macabre renforcée par la déception des espoirs qu’était censé m’apporter ce voyage. Je saluai l’hôte du refuge, un homme obèse et chaleureux, après un copieux repas, et m’attardai quelques instants dans le froid cinglant de la campagne écossaise pour caresser et souhaiter bonne nuit au chien de la maison d’hôtes. Tandis que mon regard se perdait progressivement dans le paysage chimérique que formait la rencontre des collines vertes comme l’émeraude et du ciel bleu comme l’azur, je sentis grandir en moi une lassitude soudaine et un désespoir tel qu’il dut me sembler que seul le sommeil pourrait me délivrer des questions incessantes de mon esprit corrompu par une tristesse indomptable.
Je m’enfermai dans ma chambre, éteignis les lumières et fermai les yeux sous mes draps, bercé péniblement par le ronronnement d’un chauffage électrique. Mes nuits étaient rarement dénuées de rêves, encore moins ces temps-ci, et tous avaient récemment peu à peu perdu en sens, comme si la finalité de chacune de ces randonnées nocturnes m’était cachée. J’avais longtemps pu interpréter mes rêves comme des manifestations de mes vices et désirs, mais ceux-ci manquaient de substance. Ce soir-là, je traversai maints brouillards dont les teintes variaient au rythme d’une mélodie surprenante. Des notes graves et sourdes faisaient osciller la brume épaisse sur un dégradé de pourpre et de marron, tandis qu’un sifflement aigu la parait de reflets bleutés et grisâtres. Enfin, une voix suave résonna par-delà l’écran opaque qui le plongea dans un tourbillon d’iridescence fabuleux avant que ne retentisse un aboiement soudain qui me tira, comme la ligne arrache le poisson au flux de la rivière, de ma chute colorée à travers ces étranges nuages.
Tout me semblait flou et particulier, doux et frais. L’air portait une chaleur mielleuse, et une mousse tendre et souple avait remplacé le matelas de mon lit. La fenêtre avait abandonné sa forme rectangulaire et son cadre blanc pour une série de petits hublots argentés concaves qui déformaient un paysage lui aussi nouveau. Je poussai la porte en bois ciselé de ma chambre pour déboucher sur un couloir dont le sol semblait être une espèce de liquide durci sur lequel des striures noires et grises supposaient formes et motifs insaisissables. L’aboiement avait débuté cette chaîne d’occurrences. Je ne ressentais curieusement ni peur ni détresse, et la raison de mes tourments s’était elle aussi perdue. Une fois la porte principale franchie, je levai les yeux vers le ciel d’un bleu si éclatant qu’il paraissait luire comme la surface d’un miroir. On y voyait d’étranges lignes de points brillants, qu’il me fallut nommer « étoiles », autour desquels s’enroulaient des vrilles de nuages denses et moutonneux. La vallée devant moi s’étendait à perte de vue, plusieurs monts l’encerclant comme les bras d’une figure maternelle, et la terre de même que l’air qui la couronnait semblaient en tout point différents mais étrangement familiers. Une voix se fit alors entendre à mes pieds, et je vis un chien noir minuscule dont les deux pattes antérieures atteindraient peut-être mes genoux si jamais il s’était aventuré à me monter dessus. Son pelage était marqué par des motifs de poils formant des écailles colorées comme les cieux crépusculaires, et ses yeux luisaient comme des gemmes d’une énergie qui me laissa deviner avec une force terriblement instinctive qu’il était le Chien Qui Sent Les Fleurs Sans Les Toucher et Marche Dans L’Herbe Sans La Fouler. Il prit à nouveau la parole avec une voix résonnante mais calme, et m’expliqua qu’il devait rejoindre les cieux avant que ne tombent la nuit et son sourire d’albâtre. Le chemin que nous avions à parcourir serait long, sans être périlleux, et riche d’expériences uniques. Ainsi souhaitait-il un compagnon surprenant, car les hommes entrent rarement dans le Miroitement. Incapable de refuser, je demandai cependant quelle heure il était et si nous étions pressés, car partout où mes yeux se posaient, j’aurais voulu me perdre pendant des éternités de surprise et d’étonnement agréable. Il ne répondit pas à ma question, mais me montra le ciel et la courbe de la voûte céleste opaque semblable à un miroir. Si je voulais savoir quelle heure il était, je devais demander à voir l’Homme Aux Doigts Qui Sont Peints, le seul homme à avoir élu domicile dans le Miroitement, chez notre hôte, le Géant, des suites d’un terrible malheur. Je bouclai donc la ceinture tressée qui avait remplacé le lacet en laine de mon pantalon autour d’étranges braies quadrillées de motifs arlequins, et marchai vers la chaumière immense et fumante du Géant à plusieurs lieues d’ici, car le Géant est si grand qu’il possède la vallée comme un jardin. Les sentiers nous menèrent sans se plaindre jusqu’au renfort de la colline où l’imposante bâtisse crachait des colonnes d’une fumée odorante aux senteurs merveilleuses. On y sentait les épices terrestres, mais aussi d’autres qui me firent larmoyer tant ils semblaient forts et bons. Le chien aboya encore et un son sourd retentit à l’intérieur, avant que le Géant n’ouvre la porte, son ventre monstrueux barré par des sangles desquelles pendaient pléthore de marmites remplies de soupes qui semblaient délicieuses. Il se pencha pour saluer le Chien avec une surprenante révérence et leva ses multiples yeux sur moi, visiblement surpris, avant qu’un sourire ne fende son visage niais avec une bienveillance qui termina de purger mon esprit des décennies de contes et légendes à propos d’horribles ogres mangeurs d’hommes. Il nous fit entrer et apprêta une table ainsi qu’un buffet pour nous honorer, tandis qu’il cherchait dans son esprit vaste et étendu où résidait l’Homme Aux Doigts Qui Sont Peints, car le Géant est si grand qu’il possède la vallée comme un jardin et ce qui m’est immense lui est une marche rapide.
Le Chien et moi dégustâmes une soupe bicolore dont le goût rappelait celui des fruits rouges de l’enfance, mais que l’on aurait mélangée à l’amère soupe de l’âge plus mûr, et ce tandis que le Géant fouillait dans sa mémoire cyclopéenne. Le somptueux repas fut interrompu par la voix du Chien qui résonna à nouveau, comme le son de quelque lointaine cloche chimérique, et il commença alors à décrire l’itinéraire du voyage que nous allions entreprendre. Il fallait d’abord traverser une vaste plaine fongique, océan d’herbes en mouvement et de flaques miroitantes où bourdonnaient mille et un insectes bizarres dont les battements d’ailes fré

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