Ils me disent tous ce que je sais déjà
48 pages
Français

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Description

Au réveil, lorsque la conscience s’éveille, les souvenirs affluent, les bons et les mauvais.
Une jeune maman est réveillée toutes les nuits par le silence de son enfant. Dans une chambre inconnue, une femme s’éveille aux côtés d’un homme dont elle ne se souvient pas. Après un chassé-croisé au petit matin, une jeune femme se réveille seule, dans un lit vide. Sur un lit d’hôpital, une mère de famille reprend conscience après un accident. Las et fatigué, un jeune homme sommeille et laisse ses pensées vagabonder.
Cinq nouvelles, cinq histoires, aux portes du sommeil, comme à l'aube d'une nouvelle journée, lorsque la conscience hésite encore, avant que la réalité ne la submerge.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332685711
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-68569-8

© Edilivre, 2014
Ce qui me reste d’instinct maternel
Le silence m’oppressait. Il me comprimait la poitrine, comme des mains minuscules, m’empêchant de respirer et me figeant sur place. Je me voyais, courant dans le couloir, ouvrant toutes les portes à la volée, le souffle court et les cheveux dans les yeux. Je n’arrivais pas à me raisonner. Le doute ultime qui me saisissait m’amenait aux portes de la folie. Je franchissais le seuil de la chambre, la main sur la poignée de la porte ouverte, les yeux sondant la pénombre, en direction de son lit. Je guettais le souffle, les gémissements, les cris, les pleurs, les vagissements. Même les bruits des nourrissons que chaque parent redoute au milieu de la nuit, j’en arrivais à les souhaiter. Le silence, seulement percé par ma respiration haletante, pénétrait dans ma tête et pesait comme une chape de coton. Je voulais faire le vide dans mes pensées, pour me concentrer sur les bruits que je n’entendais pas. Car ces bruits faisaient partie de mon quotidien, ils rythmaient chacune des heures de mes longues journées. Ces pleurs, tous ces signes qui désignaient l’enfant appelant sa mère, je les attendais.
Comme d’habitude, je me suis réveillée en sursaut, me redressant dans mon lit, à la recherche d’un repère. Un lieu, une heure, un souvenir de la veille. La pièce était baignée dans une douce lueur lunaire qui pénétrait par les persiennes. Mes yeux se sont posés immédiatement sur la porte de la chambre, à demi-entrebâillée sur la lumière bleue de la veilleuse du couloir. Sur ma droite, la commode blanche. Sur ma gauche, une présence dans le lit, un corps endormi. Comme d’habitude, je me suis demandée, un court instant, qui était allongé près de moi, Pierre ou Julien. Il était complètement enseveli sous les couvertures, la respiration forte, la tête tournée vers l’autre côté du lit. Encore une fois, je ne voulais pas le réveiller, pour qu’il me traite de folle. J’ai repoussé doucement les couvertures, et me suis glissée hors du lit, sans bruit, guettant un mouvement, un soubresaut. Mes pieds nus sur la moquette épaisse de la chambre m’ont apporté fugacement l’impression de confort que j’avais en horreur. Je refusais de m’y abandonner, d’avoir la faiblesse de l’apprécier. Je me suis dirigée comme un automate vers le couloir, suivant le mur de la main droite, autant par instinct que par habitude. Mes yeux tout ensommeillés avaient du mal à s’ouvrir. La lumière des réverbères de la rue pénétrait par la petite lucarne au fond du couloir, projetant un rond de lumière sur le sol. Telle une lune dessinée sur le seuil de sa porte, cette lumière m’avait toujours guidée vers mon enfant, quand par les nuits les plus agitées, je me levais, titubante, ballotée par les dernières bribes de sommeil qui tardaient à se dissiper, pour aller le voir, dans son lit à barreaux.
Sur le seuil, je me suis arrêtée devant la porte close. Je me suis heurtée au souvenir d’avant, quand elle n’était toujours qu’à demi-fermée. De plein fouet, les premières prises de conscience ont émergé, attaquant ma raison. Je me suis accrochée à ce qui me restait d’instinct maternel, refusant de céder à la crise qui menaçait de me submerger. J’ai tourné la poignée de la porte, que j’ai poussée lentement. Par-dessus mon épaule, j’ai guetté le réveil de mon compagnon, là-bas, dans notre lit, puis j’ai poussé franchement la porte. L’odeur renfermée de la chambre de bébé m’a saisie pour me plonger dans le bain de mes souvenirs les plus vivaces et les plus douloureux. Et les bras recroquevillés sur ma poitrine, j’ai laissé venir à mes yeux les larmes que je ne pouvais plus retenir.
Il est 8h20. Je dois me dépêcher. S’il est en avance, je vais le manquer. Il ne va pas m’attendre. C’est à moi d’être à l’heure. Je descends le perron à toute vitesse, sans verrouiller la porte derrière moi. Je ne serai pas longue. Pierre est déjà parti. Il est toujours parti à cette heure. S’il sait tout de mes terreurs nocturnes, il ne sait rien en revanche de mes habitudes matinales. Et s’il savait ce que je fais tous les matins sur le chemin de l’école, il comprendrait à coup sûr pourquoi j’ai insisté pour continuer à habiter dans cette maison.
8h23. Je tourne à l’angle de ma rue et marche d’un bon pas vers le groupe scolaire au bout du pâté de maison, l’esprit aérien, un sourire factice plaqué sur le visage. Le trottoir est encombré par les feuilles mortes et une bourrasque de vent vient plaquer à mes pieds une grande feuille de platane humide que je ne prends même pas la peine de dégager. Je croise des mamans qui marchent seules, d’un pas pressé, vers la station de bus plus loin. D’autres se...

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