« J ai des nouvelles pour vous ! »
248 pages
Français

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« J'ai des nouvelles pour vous ! » , livre ebook

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Description

Dans ce recueil de textes, vous retrouverez plusieurs histoires d'amour, des histoires parfois insolites, fignolées avec humour, des rencontres semblables à celles que chacun de nous avons vécues... ou entendues... ou rêvées, des moments sans fard devenir merveilleux, des liens sans éclat paraître lumineux, des passions contenues se frayer un chemin... car l'amour, sujet universel et banal en soi, importe tellement pour soi...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414039395
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03937-1

© Edilivre, 2017
Facebook 1 : Une rencontre… 40 ANS plus tard !
– Allez, maman, tu verras, c’est si facile ! Une toute petite inscription de rien du tout et tu seras plongée dans le monde virtuel de Facebook. Tu pourras faire des rencontres formidables, te faire plein d’amis électroniques, chercher des copines perdues depuis belle lurette et même…
– Retrouver d’anciens amis de l’université que vous avez perdus de vue… Allez, belle-maman, on n’est plus tellement aux communications papier-encre. La poste, c’est pour les dinosaures. Maintenant, c’est à la vitesse de l’éclair que tout se fait et il ne faut pas vous enliser dans le passé !
Ce que Myriam était perplexe devant cet écran lumineux et magique qui scintillait devant elle ! Chaque fois qu’elle prenait place devant l’ordinateur, un malaise se glissait en elle comme une couleuvre, un malaise d’incompétence, de petite fille rabrouée par une mère jamais satisfaite d’elle, d’enfant écrasée par le regard noir de son père qui n’avait rien à ajouter. Cette image négative de soi remontait à si loin que la « bonne à rien » qu’on lui balançait à tour de bras était un peu devenue elle. Elle tremblait de l’intérieur, mais ça ne se voyait pas.
– Alors, maman, on t’inscrit ? Quelques cases à remplir et le tour est joué !
– Et vous aurez désormais le monde au bout des doigts…
Il n’en fallait pas plus pour convaincre Myriam. Allergique à toute confrontation, elle se rendait facilement aux arguments des autres. Et Sylvain, son grand bien-aimé fils, mains sur le clavier, ne cherchait sûrement pas à la mettre dans le pétrin, pas plus que sa belle Stéphanie qu’elle considérait comme sa fille !
– Hum !, finit par soupirer Myriam. Elles sont indiscrètes ces questions auxquelles il faut répondre pour entrer dans ce machin qui m’irrite les prunelles ?
– Pas vraiment, maman, répondit Sylvain qui commençait à jouer du clavier, heureux que sa mère accepte de s’inscrire sur Facebook : il y voyait un moyen pour elle de meubler certains moments de solitude. Que ton nom, ton adresse électronique…
– Et votre âge, ajouta Stéphanie.
– Mon âge ? Pas de leurs affaires, mon âge !
Myriam avait réagi de façon intempestive, comme si ça la blessait de voir compilé le temps qui passe, qui faisait aussi penser au temps qui reste. C’était aujourd’hui son anniversaire de naissance et la petite famille s’était réunie autour d’une tablée où s’étaient succédé les fondues. Vrai que le chiffre commençait à peser lourd dans la balance des jours, mais tout ne se résume pas en chiffres, non ?
D’ailleurs, elle était encore plutôt jolie, la Myriam, même si elle était retraitée de l’enseignement depuis quelques années déjà ! Une carrière rectiligne, toute dédiée aux élèves de première année, longue comme une autoroute, avec quelques rares bretelles pour mettre un peu de variété dans le paysage. Elle prenait bien soin de son corps, de sa tête et de son âme. Elle se rendait au gym trois fois par semaine, bon an mal an, pour faire un pied de nez à la gravité qui se faisait insistante. Les salles de cours des universités la recevaient souvent, elle qui était à l’affût de tous les courants qui pointent de l’idée, et les bons livres étaient des compagnons qui se succédaient à un rythme surprenant dans ses mains. La jeune retraitée avait plein d’amis qui la monopolisaient du matin au soir, au téléphone, au resto, à la maison, qui pour un conseil, qui pour une oreille attentive…
– On peut tricher sur Facebook ? Pas un péché mortel ?, questionna Myriam.
– Tricher…, reprit Stéphanie. Tricher sur… ?
– Mon âge, disons.
– Bah !, s’exclama Sylvain, une erreur de frappe, ça peut toujours arriver ! Ils ne feront pas une enquête !
– Quelle tranche d’âge on met ?, questionna Sylvain.
Son ballon de rouge à la main, la fêtée lisait ce que son fils inscrivait dans les cases sur l’écran et caressait doucement des lèvres la bordure humectée. Elle réfléchissait au chiffre à mettre pour compléter l’inscription.
– Le Moyen Âge !
Ces mots surgis de derrière le trio firent s’esclaffer tout le monde. Charles le gourmand, le benjamin de Myriam, éternel pince-sans-rire, venait de quitter la table avec sa douce Rébecca pour se joindre aux autres. Pas moyen pour lui d’émettre un mot qui ne soit un peu tordu… Il rajouta, en mâchouillant encore une bouchée de viande, devant toutes ces oreilles qui attendaient la suite…
– Ben quoi ! Maman a encore les moyens d’avoir son âge, non ? Donc, c’est le moyen âge. Allez, Sylvain, prends l’espérance de vie moyenne, tu en fais les 2/3, et pfftt !, tu inscris. T’as les moyens de faire ça, non ?
Sylvain, en grimaçant, calcula rapidement dans sa tête, puis inscrivit un chiffre. Les sourires firent l’unanimité, même chez Myriam qui se sentait toute pimpante… Le vin, sans doute !
– Tu envoies un texto maintenant ?, suggéra Sylvain. À qui aimerais-tu adresser un message ? Y a-t-il quelqu’un que tu as perdu de vue depuis des lustres et que tu voudrais retrouver ? Facebook, c’est parfois miraculeux, tu sais !
– Un ancien amoureux ?, ajouta Stéphanie, sourire en coin.
– Pas maintenant, les enfants, fit Myriam, interloquée et un peu gênée. Je sais maintenant un peu comment ça marche. Je vais réfléchir et je verrai plus tard. Je veux pas pêcher n’importe quoi ou n’importe qui !
– Parlant de pêche, dit Charles, ça vous dirait d’aller harponner des fruits dans des ramequins débordant de chocolat ? J’ai faim, moi !
Les enfants partis, Myriam, de nouveau seule, se dirigea lentement vers l’ordinateur avec à la main quelques feuillets jaunes qu’elle venait d’extraire d’une enveloppe retrouvée au fond d’un tiroir. Pendant tout le dessert, elle s’était creusé les méninges à chercher des individus qu’elle aimerait éventuellement retrouver sur Facebook. Elle avait eu du mal à suivre les conversations et les quelques absences constatées furent mises sur le compte du vin plus que sur la nostalgie.
Jeune étudiante, Myriam avait toujours été studieuse et appliquée. Timide, réservée, elle avait peu fréquenté les bars ou les salles de danse, et ses amies n’étaient pas légion. Mais, pour elle, ça avait été une période heureuse qui lui avait permis de se distancer d’une famille oppressante et de goûter les joies d’une autonomie nouvelle. Elle avait le bonheur simple et satisfait de ceux qui ont peu reçu.
En ressassant ses souvenirs, elle y retrouva un grand jeune homme à petites lunettes dont la silhouette lui revenait souvent en mémoire. Elle l’avait connu, côtoyé devrait-on plutôt dire, dans un cours de littérature à l’École Normale. Elle l’avait remarqué à quelques occasions, mais le grand lunatique ne l’avait pas trop reluquée : il avait toujours la tête plongée dans un bouquin quand il ne se bidonnait pas avec ses copains. Puis, un jour, à cause d’un retard, ne pouvant devenir invisible, Myriam avait pris une grande respiration pour aller s’asseoir à la seule place disponible dans la classe : à côté de l’énigmatique lecteur espiègle.
Yan l’avait distraitement appréciée et avait aimé le regard obligeant et rieur qu’elle lui avait lancé. Entre eux, la confiance s’était établie et ils s’étaient mis à échanger, sur une tablette lignée jaune, des dessins drolatiques et des petits mots anodins. Puis, à la faveur de la succession des cours, abonnés à la même place, dans des distractions répétées, le jeune homme s’était mis à faire lire à sa jeune collègue normalienne quelques-uns de ses poèmes.
Myriam aimait beaucoup ces moments, seules occasions pour eux de se rencontrer. Elle savourait ces petits textes rimés qui suintaient la tendresse et qui oscillaient entre utopie et désillusion. Elle se trouvait privilégiée, elle la fille « sans al-lu-re ! » dont les longues syllabes résonnaient encore trop souvent dans son ventre, elle que quelqu’un, maintenant, aimait regarder, qui la prenait même pour complice et un peu juge de ses réflexions intérieures ou de ses épanchements intimes.
De plus, ce qui était peu banal, ils partageaient la même année et la même date de naissance, ce qui en faisait des jumeaux astrologiques. Deux personnes du même signe peuvent-elles bien s’entendre ? Trop semblables ou trop différentes ? À moins que l’ascendant y soit pour beaucoup… Allons donc, tout ça, c’est des sornettes !
Elle aurait souhaité que leurs rencontres se répètent en d’autres lieux et d’autres occasions, mais jamais elle n’osa le demander et aucune proposition n’était venue. C’est avec appréhension et tristesse qu’elle vécut leur dernière journée ensemble. C’était un mardi ensoleillé de mai, fleurant bon les lourdes grappes de lilas. Dans la classe, pas de temps pour batifoler : c’était l’examen terminal et la sœur, disciple de Lagarde et Michard, avait des télescopes à la place des yeux !
Comme d’habitude, Yan avait complété son examen le premier. Un moment d’attente l’avait lassé. Il avait fait « hum ! » assez fort pour attirer l’attention de Myriam qui lui avait signifié d’un haussement d’épaule qu’elle était loin d’avoir terminé. Yan s’était levé, lentement, avait souri à sa complice d’un moment, puis il était parti… pour toujours. Pour toujours !
Ce que Myriam avait eu du mal à compléter cet examen ! Elle n’arrivait pas à cerner les idées ou les mots qui papillonnaient dans sa tête. À côté d’elle, une place vide, un grand trou dans sa vie, un abîme dans son cœur. Mais elle avait remarqué qu’il avait laissé sur sa table un paquet de feuilles jaunes. Une adresse ? Un numéro de téléphone ? Un espoir !
Elle avait hâte d’aller voir. Son test terminé, plus personne dans la classe, que la bonne sœur qui avait maintenant le nez plongé dans

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