Je suis là, fragments intimes
210 pages
Français

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Je suis là, fragments intimes , livre ebook

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Description

Voici l’évocation d’un instant clef dans la vie de quinze personnages, instant qui pourrait être confié à leur journal intime, des fragments plus ou moins imaginaires, des moments essentiels et libérateurs.

Chaque brève rencontre bouleverse l'existence d’un personnage et suscite une ouverture salvatrice.

Chaque confrontation à la mort les amène à choisir la vie.

Chaque amour réel ou imaginaire leur permet d'exprimer leur sensibilité au quotidien.

Toutes ces histoires font toujours de l'instant présent une priorité, un espace de changement possible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332911452
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91143-8

© Edilivre, 2017
I Brèves Rencontres
1 L’aube
« …
Deux âmes s’effleurent
Comme les ailes des papillons,
Elles bravent l’obscurité
Pour atteindre la lumière.
Il est des rêves que je poursuis en vain
Certains pourtant inspirent toute ma vie. »
J’avais quitté ma réalité, envoûté par cette voix douce et chaleureuse, vivant le plus bel instant de ma vie. Je restais là, assis sur un vieux fauteuil en chêne, au fond de cette salle boisée à peine éclairée, juste la lumière tamisée aux nuances chaudes et lasurées d’un crépuscule.
La magie de ses mots glissa doucement vers les applaudissements. Elle se leva, sereine, dans ses habits teintés d’automne pour une révérence pleine de grâce. Je surpris alors son regard captivé par la danse des flammes dans l’imposante cheminée de pierre. Le crépitement du feu la tira soudain de sa rêverie et ramassant sa rousse chevelure, elle contempla la salle. L’espoir secret qu’elle s’attarde sur moi fut si intense que je baissai les yeux, préférant savourer la délicieuse illusion qu’elle m’avait effleuré…
Assise près du feu, son attention fut captée par les mots du poète qui lui avait succédé sur la scène.
Je me sentais rayonner, moi d’ordinaire aigri, cynique et arrogant ! Ma vie pénétrait tout à coup le monde des saveurs, des senteurs et des couleurs. Sans doute m’était-il familier mais à cet instant, délivré de mes douleurs d’incroyant, ma prison se changeait en royaume. L’espace d’une seconde, vivre devenait essentiel. Je songeais, porté par l’ambiance chaleureuse du lieu, baigné par cet océan vivifiant de mots. Chaque vague annonçait une nouvelle aventure, chaque aventure une ode à la vie.
Je venais souvent ici, j’y étais bien. Pourtant, ce bref instant fut celui d’un éveil. Une femme radieuse avait su lever le voile de mes illusions. Je voulais lui rendre grâce. Il fallait qu’elle sache. Son inspiration m’avait élevé au delà des limites du monde falsifié que je m’étais construit, au-delà des repères soufflés par les vents médiatiques.
Mon existence était alors cet espace plongé dans une obscurité ancestrale qu’une simple flamme révèle soudain, libérant son histoire des ombres du temps.
Il était tard. Je sortis sans savoir comment l’aborder. Je ne voulais pas l’interpeller de peur de paraître grossier même une seconde.
Adossé à la clôture de bois, j’entendais au loin le roulement incessant des vagues qui s’échouaient. La lune rousse, énorme, animait la plage déserte d’où s’élevaient les derniers cris suppliants de quelques mouettes affamées. Elles espéraient sans doute que la clarté des cieux les guiderait encore un peu dans leur tâche de survie. Nous étions là, seuls témoins de la beauté scintillante de cette nuit d’automne.
Peu de temps après, elle sortit, seule, enveloppée de ses châles colorés, sans doute prête à regagner la chaleur de son logis. Elle s’arrêta, prit une profonde inspiration comme si à cet instant fugace, elle voulait absorber toute la lumière de l’endroit. Elle dégagea son épaisse chevelure de ses écharpes et s’engagea sur le chemin qu’il lui restait à parcourir. Attirée par la lune écarlate, elle s’accouda à la clôture pour regarder la mer. Elle ne m’avait pas vu.
Je m’approchai :
– « Des textes savoureux, ce soir. »
Elle tourna la tête vers moi avec un sourire d’approbation.
Je retrouvais tout à coup cette douceur qui m’avait envoûté quelques heures plus tôt, une étoffe de confiance m’enveloppa, délicatement…
– « Prendre la main d’un inconnu, là, l’entraîner au bord de l’eau, ce serait bien surprenant non ? » dit-elle d’une voix lointaine et délicieuse.
J’eus alors le sentiment que toute la grâce cosmique inondait son visage à l’instant même où elle prononçait ces mots.
Sans attendre de réponse, elle se redressa, me lança un regard furtif et, tout en s’éloignant, m’adressa ses dernières paroles :
– « Marcher sera très agréable sous cette lune… Bonsoir. »
Je restais là, sans voix, sous ce rayon de lune l’immortalisant dans ma mémoire. Son élégante silhouette disparaissait jusqu’à embrasser la chair de la nuit.
Je fermais les yeux, elle caressait mon visage…
* * *
L’Amour s’éveille, comme ça, il s’offre et s’aventure. Son parfum exalte le moindre atome de notre corps, enchante l’esprit puis s’éloigne, léguant l’essentiel. Je veux saisir ces instants qui suspendent le temps, garder la trace…
* * *
Aux abords du printemps, après une journée difficile au lycée où j’enseigne, j’aperçois sa chevelure rousse nouée de foulards légers aux couleurs qui ravissent les sens. Je presse le pas pour tenter de l’atteindre. Elle disparaît.
Je m’arrête un instant et malgré ma fatigue, la joie blottie au cœur de ma mémoire s’éveille. Songeur, je poursuis ma route.
Egaré dans ce monde trop construit, je craignais l’étendue infinie de la liberté. Enfermé dans ma forteresse d’amertume, j’étais aveugle à la beauté du monde.
Elle m’a donné la clé, j’ai laissé entrer la lumière.
Je fais ce choix difficile d’effondrer ma forteresse. Je suis là, à regarder la vie, je ne suis plus sûr de rien.
« …
Il est des rêves que je poursuis en vain,
Certains pourtant inspirent toute ma vie. »
2 Le quai
Je suis lasse, étendue sur mon lit dans cet appartement vide. La fraîcheur du sol pénètre mes pieds. Mes mains accompagnent les mouvements de mon ventre, me soulagent et calment mes tourments. Tout le monde est sorti sauf ce qu’il reste de moi. J’ai besoin de sentir à nouveau la vie, là, au moment où je pourrais glisser doucement vers la mort. Ma tête s’embrume, mes paupières s’alourdissent, je suis aspirée dans l’espace…
Un bruit de moteur me réveille en sursaut. Je comprends mal les vacarmes et rumeurs de cette résidence, souffler quelques feuilles, tondre quelques brins d’herbe, couper tant de branches, parquer toutes ces voitures sur si peu de place. Gênée par ces travaux et bricolages incessants, je ne m’habitue pas aux pollutions agressives, irrationnelles qui tuent le temps et renversent l’ordre des choses. Elles couvrent les voix et les jeux d’enfants, le bruissement des arbres sous le souffle du vent, les harmoniques de la pluie et le dialogue symphonique des oiseaux, trop rare au quotidien. Je suis sans doute une inadaptée des villes.
Mon cœur s’épuise à force d’éloigner les compromis, de refuser le moule. Un manque vital engourdit mon corps et me terrasse. 43 ans, je m’éteins après un dernier sursaut de résistance.
Pourtant, les années ont passé vite, libre de mes choix. J’aborde un croisement majeur, tournant indéfiniment sur le même rond point sans savoir quelle direction prendre. Je m’arrête soudain mais tout me presse dans un vacarme étourdissant. Je sais d’où je viens, je ne sais plus où aller, vaincue par la panique. J’ai dû occulter des aspects de moi, qui ne le fait pas ? Faut-il ouvrir d’autres portes, évader rêves et autres impossibles aux abois avant qu’ils ne se taisent à jamais ?
Je vois à peine ces êtres formidables autour de moi. Je suis seule responsable de ce marasme intérieur.
Elie a grandi si vite, elle rayonne du haut de ses 17 ans.
Qu’est devenu ce journal que je tenais à son âge avec tant de passion ?
Je suis un train fantôme dont la locomotive a quitté les rails. Les wagons restent immobiles sur la voie désaffectée. Ils rouillent à l’abandon, passifs, ouverts à toutes sortes d’intempéries, de hasards et de visites. Tout va si vite autour !
De vagues images de jeunesse émergent de ma mémoire et mon intuition me crie de retrouver ce journal, témoin fidèle d’un vécu d’adolescente.
Des larmes coulent, comment retrouver le sel ? Tout se calme, je m’assoupis enfin.
Ma chambre s’anime en scène du passé qui me ramène à l’aube de mes 17 ans. Se dessine alors le décor de ce fameux jour, dévoilant l’ambiance particulière de la bruine parisienne.
Mes pensées se bousculent, ravivent le mal être qui me ronge et braque ses projecteurs sur ce week-end d’hiver…
Ce matin, je quitte doucement la maison ensommeillée. Je n’ai jamais aimé le dimanche. Il restera pourtant le jour de ma délivrance moi, l’insurgée des barricades de l’âme. J’ai mené ma révolte jusqu’à saturation. Je vois enfin s’envoler mes peurs, mes dégoûts et tout le reste.
Je ne veux plus de ce corps, de ce cœur abîmés par les violences du destin. Plus de rébellion ni de colère, je suis déjà fatiguée. Même les chants de prière ne m’apaisent plus. J’appelle la solitude.
A peine sortie de la maison, je pense à eux, ma famille, mes amis, à la lettre laissée pour qu’ils ne s’accusent pas. C’est le choix d’un départ irréversible, je n’y arrive plus, avec personne. J’aspire à autre chose, l’espace, l’invisible, me laisser aller tout simplement.
Engourdie par le froid, j’erre dans les rues désertes de cette ville de banlieue, abrupte de béton. Le brouillard glaçant mure cette matinée d’hiver. Il est tôt, les lumières de la ville en témoignent. Tout est calme, gris-sombre, le monde a arrêté sa course effrénée dans ma jeune tête. Tout ne tient plus qu’à un fil, il se rompra bientôt, à la levée des brumes.
Mon seul désir est de quitter cette société hystérique et malsaine où je n’ai plus ma place. L’ai-je déjà eue ? Je vis déracinée dans une époque hostile, redoutant les êtres humains. Je baisse la garde face à ces luttes incessantes qui m’épuisent, sur cette terre en champ de bataille baigné de boue mêlée de sang, du sang de ceux qui n’ont fait qu’obéir, se soumettre ou subir la barbarie. J’assiste à la résignation de mon cœur.
La vie m’agresse, la ville aussi. Même le chant des oiseaux vibre d’angoisse.
Je marche cherchant la nuit au lever du jour…
Je suis blessée, tambours et trompettes de l’âme

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