Je vous ai vu(e)(s) me tuer
260 pages
Français

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Description

« Dès le silence avant la première note jusqu'au silence après la dernière, chaque mesure avait été jouée et interprétée avec la combinaison si rare du talent et de l'émotion, tant par l'orchestre que par les choristes et les solistes. Tout cela était dû au don phénoménal que le chef avait de communiquer à ses musiciens l'essence même de ce que le compositeur voulait partager, ou du moins ce que le maestro en percevait. Ce même chef était assis là en face d'elle et il broyait du noir, cela ne faisait aucun doute. » Maestro célèbre et admiré, Henri Nitaigu ne mène pas que son orchestre à la baguette. De la scène où il est exposé à la lumière, aux coulisses sombres d'une vie aux apparences trompeuses, le chef ne fait pas dans la demi-mesure et ne cesse jamais de composer, de jouer, d'interpréter afin de se donner l'illusion de maîtriser le destin. Si lors de ses concerts, le maestro offre des émotions bénéfiques à son public à travers un grand frisson musical, qu'en est-il de sa vie privée ?... Grâce à des personnages au caractère attachant et au destin étonnant, Anne-Claude Gonvers aborde avec justesse des thèmes psychologiques délicats, tout en démontrant l'importance du pardon, autant pour celui qui le demande que pour celui qui l'accorde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342165197
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je vous ai vu(e)(s) me tuer
Anne-Claude Gonvers
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Je vous ai vu(e)(s) me tuer

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet
anne-claude-gonvers.societedesecrivains.com
 
 
 
À Daniel, mon mari,  dont l’amour et le soutien indéfectibles  me sont si précieux.
À Roxane, Maxime  et Sixtine, mes enfants,  que j’aime plus que tout
 
 
« En franchissant la porte vers la grille qui devait me conduire  à la liberté, je savais que si je ne laissais pas derrière moi  mon amertume et ma haine, j’allais rester en prison. »
Nelson Mandela
Remerciements
À Daniel, dont je ne compte plus le nombre de relectures, se relançant chaque fois dans l’aventure avec un regard aussi neuf que possible malgré la connaissance, dès la première page, du coupable et du dénouement ! Je le remercie de m’avoir poussée à me surpasser, à aller encore plus loin dans mes analyses, de m’avoir incitée à être plus cinématographique dans mes descriptions, en prenant parfois le risque de me décourager. Aujourd’hui et à jamais, sa modestie dût-elle en souffrir, je lui suis infiniment reconnaissante.
À Stéphane, mon frère, pour les renseignements techniques de la deuxième partie ainsi que pour ses remarques pertinentes après une relecture attentive.
À Christophe, pour ses conseils et son analyse fine du récit.
À Émilie et Roxane, dont le travail de relecture a été pris avec générosité sur leurs maigres jours de congé en Provence.
À Sixtine et Catherine, pour leur touche finale ô combien appréciée !
À Suzanne, pour sa disponibilité, ses réponses rapides et précises devant mes doutes orthographiques.
À Pierre-Yves, pour son accompagnement durant la gestation de ce premier bébé de plume.
Enfin, à mes parents, Pierre-André et Nelly, pour m’avoir initiée aux joies de la littérature.
 
Henri NITAIGU, maestro français, et Clara .
Parents de garçons jumeaux :
. Rémi ;  
. Sylla.  
Vivent à Genève.
***
Yann ABBOTT , journaliste, écrivain anglais, et Nataliya.
Parents de deux enfants :
. Annushka ;  
. Dimitri.  
Vivent à Vich.
***
Lucien MÜLLER , héritier de « Müller & Müller,  négociants en vin », vivant de ses rentes, et Sandrine.
Parents d’une fille :
. Lena.  
Vivent à Échichens.
***
Julietta GÓMEZ , gouvernante d’Henri NITAIGU,  d’origine argentine.
Vit à Divonne-les-Bains.
Première partie
Divonne-les-Bains,  samedi 23 avril 2016,  16 heures
De : 23456-achille@gmail.com
Je suis mort il y a vingt-neuf minutes. En prenant mon café, assis dans mon fauteuil, après une mise au point nécessaire avec mes proches à l’occasion de mes soixante ans. J’ai vu qui a versé une poudre violette dans ma tasse – « une nouvelle qualité de sucre qui fait maigrir, maestro ». Dès la première gorgée, j’ai su que ce breuvage me serait fatal, tant la douleur éprouvée simultanément à la tête et au cœur a été aiguë… […]
À la lecture de ce début de courriel, Julietta Gómez écrabouilla sa souris d’ordinateur. Elle reconnut aussitôt l’expéditeur en découvrant les chiffres de l’adresse électronique : 23456. Ce nombre correspondait à la date de naissance de Monsieur Nitaigu, son patron. Si ces chiffres ne lui posaient pas de problème, elle se demandait en revanche pourquoi il avait placé un « achille » immédiatement avant l’arobase. Elle n’avait jamais pris garde à ce détail jusque-là.
Aussitôt, elle pressentit que la famille du maestro allait connaître des jours pénibles.
Chaque fin de semaine, Henri Nitaigu se passait des services de sa gouvernante. Elle l’avait encore vu la veille du drame, le vendredi soir, et lui avait trouvé plutôt bonne mine, quoique préoccupé.
— Tout va bien, maestro ?
— Oui, Julietta, ne vous inquiétez pas. Une journée de la plus haute importance m’attend demain, je suis à la fois impatient et angoissé de la vivre. Mais demain doit être vécu.
Ces derniers mots prenaient désormais une tout autre résonance. Elle poursuivit néanmoins la lecture de ce long courriel.
…Durant cette journée où j’ai revu ceux qui me sont chers, l’ignominie de ce que j’avais fait m’est revenue en pleine figure… et ma vie de maestro adulé dans le monde entier est devenue dérisoire en regard de mes actes…
Les yeux embués de larmes qui n’arrivaient pas à couler, Julietta fit une pause. Qui avait bien pu écrire un tel texte ? À qui avait-il été envoyé ? L’auteur de ces lignes avait pris soin d’envoyer son message à des destinataires mis en copie cachée. Qui pouvait être si proche de celui dont elle pensait connaître jusqu’aux détails intimes ? Qui donc avait accompagné les derniers instants de cet homme si secret dont elle se targuait d’être la confidente ?
Immédiatement, Julietta Gómez se souvint d’une révélation que lui avait récemment confiée Henri Nitaigu sous le sceau du secret : quelques années auparavant, il avait reçu le courrier d’un corbeau. Un bout de papier gris, recyclé, grossièrement déchiré, sur lequel étaient collées des lettres majuscules tirées de différents journaux :
« VA-T’EN, DON JUAN ! »
Le musicien ne s’était pas inquiété outre mesure, la menace ne s’étant pas répétée. La page était pliée en quatre et avait été insérée dans une enveloppe sur laquelle était écrit, au verso, à l’adresse de l’expéditeur :
« JE HAIS LA MUSIQUE. »
À ce souvenir, Julietta Gómez chancela ; le doute n’était plus permis, elle était devenue très proche de l’auteur de ces mots…
Henri
Après cinq fausses couches, Alice Nitaigu avait mis au monde un fils : Henri. C’est dire si ce bébé-là était fortement désiré, pour que des parents s’acharnent à faire aboutir une grossesse malgré tant de souffrances accumulées après les deuils successifs. Dans les faits, une naissance de fillettes avait déjà eu lieu, mais les jumelles, nées prématurément, n’avaient pas survécu. Le père, effondré, avait procédé à un enterrement de fortune après avoir placé les bébés dans un carton à chaussures.
Moins de deux ans après ce drame, Henri avait vu le jour et était resté en vie. De plus, c’était un garçon curieux et vif, atouts non négligeables pour reprendre la manufacture horlogère familiale, spécialisée dans la fabrication de montres haut de gamme. Ses parents avaient adulé ce fils providentiel. L’avaient surprotégé. Avaient répondu au moindre de ses caprices.
Très vite, Henri s’était révélé dominateur et colérique, tout en étant séducteur. Il avait très vite compris qu’en faisant preuve d’un tant soit peu d’insistance dans ses jérémiades, il obtenait tout ce qu’il voulait. D’abord de ses parents, puis de ses camarades.
À l’adolescence, Henri ne comptait plus ni les flirts, ni les conquêtes, et ne se souciait guère des crève-cœurs provoqués. Mais personne n’osait toucher au personnage, tant ses colères étaient craintes. Chacun se taisait, et ses parents fermaient les yeux.
Plus tard, naturellement doué en musique, à l’aise aussi bien avec les claviers, les cordes, les vents, les percussions que le chant, il avait logiquement poursuivi des études universitaires de musique.
S’étant trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, les parents d’Henri n’avaient pas connu la réussite professionnelle de leur fils adulé. Ils n’avaient pas survécu au crash du vol 730 de la SATA, alors en approche de l’aéroport de Funchal, le 18 décembre 1977. Il avait été prévu que la famille passât la semaine sur l’île de Madère, mais Henri y avait renoncé à la dernière minute.
Travaillant d’arrache-pied pour arriver à la hauteur de ses ambitions, Henri était brillamment parvenu au terme de ses études avec un master de direction d’orchestre, et toute l’aura qui allait avec.
Il avait acheté dans la foulée, en plus de son pied-à-terre genevois, un loft à Divonne-les-Bains, à vocation double : répétitions et composition.
Henri Nitaigu était un candidat idéal pour la presse people, mais il la fuyait avec la véhémence d’une chèvre devant une meute de loups. Non pas qu’il entretînt de mauvaises relations avec, mais Henri ne désirait aucun contact avec elle. La publicité nécessaire pour ses concerts faisait partie du cahier des charges de la secrétaire de l’association Orchestra Nobilis, dont il n’était que le simple employé.
Bien malgré lui, Henri Nitaigu créait l’hystérie dès qu’il mettait un pied hors de chez lui. La presse l’encensait, de même que les musiciens, les choristes, les solistes, les imprésarios et le simple quidam.
Très vite, il avait recouru aux services d’une gouvernante pour lui permettre de se concentrer sur lui-même plutôt que de perdre du temps à mettre à jour son ménage.
Sa nouvelle voisine du loft, Julietta Gómez, jeune et ravissante, avait fait l’affaire : elle n’avait ni famille, ni attache affective. Non seulement elle voyait où se nichait la poussière et d’où venait la fuite du flexible de douche, mais elle aimait aussi cuisiner. De plus, son accent argentin, sensuel et chantant, ne laissait aucunement le maestro indifférent à son charme.
Lorsqu’Henri avait du temps libre, il aimait à se rendre au terrain de pétanque près du lac de Divonne-les-Bains. Il y retrouvait des âmes seules en quête d’âme sœur et s’amusait à y exercer son art préféré : la séduction.
Le jeu de boules le détendait après les longues répétitions d’orchestre.
Genève,  décembre 1986
Agacé, il marchait rapi

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