J’attendrai : Roman
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Description

Guide pédagogique disponible
Un amour en Gaspésie. Un rêve. Une guerre en Europe. Cinquante ans d’histoire. Une attente envers et contre tous. La mémoire. Un amour qui perdure. Albert et Bérénice / Ulysse et Pénélope. Une grande histoire d’amour. Une conclusion inattendue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 octobre 2003
Nombre de lectures 6
EAN13 9782896117758
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les ditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accord dans le cadre des subventions globales aux diteurs et reconnaissent l aide financi re du minist re du Patrimoine canadien (PADI et PICLO) et du minist re de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activit s d dition.
Oeuvre de la couverture : Jadis, le hareng se p chait Grand-M tis, Huguette Lefran ois
Conception de la maquette couverture: Francine Couture
Mise en page : Francine Couture
Imprimerie : Imprim par Hignell Printing Ltd. Winnipeg en octobre 2003
Donn es de catalogage avant publication (Canada)
Verret, Jocelyne, 1944-
J attendrai / Jocelyne Verret.
ISBN 2-921353-79-2
I.Titre.
PS8593.E777J37 2003 C843 .54 C2003-910781-7
PQ3919.2.V445J37 2003
Jocelyne Verret, ditions des Plaines, 2003
CP. 123
Saint-Boniface, Manitoba, R2H 3B4
D p t l gal: Biblioth que nationale du Canada et
Biblioth que provinciale du Manitoba

Louis- mile Verret, mon p re, qui m a l gu son amour de la magie des mots, et Ernest Chiasson, mon conjoint, qui a toujours t au rendez-vous.
La guerre oue par les yeux du c ur

Le 11 novembre 1994
Ma ch re B r nice,

Albert savait qu il n exp dierait pas cette lettre. Cinquante ann es s taient coul es depuis le Jour J fatidique. Chaque ann e, l approche de cette date, une nostalgie s emparait de lui, lui rappelant un certain petit visage aux yeux p tillant d amour, dominant peine la terreur qui voulait se substituer leur ardeur. Il s tait toujours refus regarder en arri re, noyant sa lassitude dans une activit accrue.
Mais cette ann e, c tait plus fort que lui. La veille des c l brations de l Armistice, il avait dit Rhonda qu il allait rejoindre des amis de guerre Norfolk. Il n en avait rien fait. Oh! il s y tait bel et bien rendu ce petit village c tier, mais il s y tait lou une chambre l h tel Peakrest, face la mer, cette mer qui l avait s par tout jamais de celle qu il n avait jamais compl tement r ussi oublier, quoiqu il ait dit, quoiqu il ait fait.
En homme correct, il s tait acquitt de ses responsabilit s envers Rhonda, qui lui avait donn un fils, puis deux filles. La vie ne l avait pas trop maltrait . Le p re de Rhonda l avait aid faire carri re dans l Arm e britannique.
Apr s la terreur que les Allemands avaient sem e en Angleterre, cette derni re tait d cid e ne jamais plus se trouver en situation pr caire par rapport aux pays avoisinants. Comme Albert avait un sens inn de l organisation, il avait gravi les chelons jusqu ce qu il ait assur son avenir et celui des siens. Oh! il aurait pu atteindre de plus hauts grades... N tait-ce pas devenu la principale source de conflit entre sa femme et lui? Jusqu au jour o il lui avait dit :" Rhonda, you bring this up one more time, I quit everything, sell off the flat, and return to Bonaventure. Elle avait compris qu elle avait obtenu toutes les concessions auxquelles Albert consentirait pour elle, car m me s il avait dit Bonaventure, elle avait compris B r nice.
Combien de fois, quand ils avaient fait l amour et que le sommeil tardait venir, avait-elle entendu Albert murmurer le nom de sa premi re, peut- tre sa seule, bien-aim e? Au d but de leur mariage, elle lui en avait fait reproche. Il lui r pondait alors : " l l m here, am I not? Ah! oui! Il avait appris parler correctement la langue de Shakespeare. Pas question de vivre en Angleterre et de se sentir citoyen de deuxi me classe. Il tait souvent t moin de la condescendance avec laquelle on traitait les citoyens britanniques venus de l Inde - la couleur de leur peau, leur prononciation, en faisaient r guli rement des sujets de d rision.
N avait-il pas donn sa vie pour ce pays, pour cette femme qu il avait engross e et les gosses qui avaient suivi? a, Rhonda le savait, m me si son mari ne le lui avait jamais dit. Il y avait toujours eu une parcelle d Albert qu elle n avait jamais pu atteindre. Au fil des ans, elle s tait rendu compte que si elle avait t perdument amoureuse de son soldat canadien, Albert, lui, avait cherch r confort aupr s d elle pour faire taire le feu qui br lait en lui. Elle avait pens tre la source de cet embrassement. Jeune, amoureuse, Rhonda y avait cru.
Oui. Compl tement. Ou presque... Jusqu au jour o elle lui avait annonc la venue de celui qu elle ferait baptiser tienne, mais appellerait Stephen. Ce jour-l , l effroi qui avait jailli dans le regard d Albert l avait d contenanc e, mais seulement le temps d un battement de cil. Elle avait vingt ans, adorait ce petit Canadien, fanfaron mais sensible, aux cheveux boucl s et aux cils en ombrelle. Maintenant, elle attendait un enfant de lui. L affollement qu elle venait de lire dans son regard, elle l avait attribu la responsabilit que repr sente la paternit . Rhonda s tait rapproch e de son soldat, que la nouvelle avait instinctivement fait reculer d un pas, pour l enlacer, le c liner, lui dire son immense joie elle de porter son enfant. Comme elle ne voulait qu aucune ombre n entache son bonheur de future m re, du revers de la main, en balayant une m che rebelle du front d Albert, elle avait du m me coup chass ( tout jamais, esp rait-elle) le regard inquiet de son amoureux.
Albert, fig sur place, subissait les effusions de celle qui partagerait dor navant sa vie. Pas question de d shonorer une femme. L enfant que Rhonda portait tait bien le r sultat de leurs bats. Afin de se donner bonne conscience, il s tait m me convaincu tre un peu amoureux de cette Anglaise aux cheveux roux qui gayait depuis bient t dix-huit mois ses moments les plus sombres, quand l ennui s emparait de lui, le faisant souffrir de tout son tre. Toutefois, la seule pens e que quelqu un d autre puisse faire la cour B r nice, puisse lui faire l amour, le faisait chanceler.
Un jour de permission, Rhonda s tait trouv e au m me Pub qu Albert. Elle se faisait tr s gaie pour oublier son fr re pr f r , James, pilote de chasse, port disparu en mer, puis rep ch quelques semaines plus tard, en lambeaux. Une rage de vivre s tait empar e d elle ce moment-l . Elle avait peine dix-neuf ans. Entour e d amies qui essayaient tant bien que mal de lui remonter le moral en lui offrant une bi re, fumant cigarette sur cigarette, elle avait aper u, travers l cran pare-douleur de la fum e, celui avec qui (elle tait loin de s en douter ce moment-l ) elle partagerait le reste de sa vie.
Les copains d Albert n avaient perdu aucun temps se rapprocher du groupe de jeunes femmes enjou es et ainsi faire plus ample connaissance. Il avait fallu que Rhonda se d tache d eux et aille personnellement inviter Albert se joindre au groupe. Il avait poliment refus , pr f rant les conversations intimes au brouhaha des cohues. Il lui avait offert boire et elle avait accept de se s parer de ses amies, le temps de cette consommation. Au fil de la conversation, elle s tait rendu compte qu ils partageaient tous deux une grande tristesse et qu ils s effor aient, du mieux qu ils le pouvaient, de tromper le malaise qui les rongeait respectivement. " Ils taient jeunes, il leur fallait vivre , avait-elle d cr t ce jour-l .
Rhonda avait donc d cid de s adonner un jeu : supplanter la petite fianc e canadienne aupr s d Albert. Oh! il ne s agirait que d amourettes passag res, le temps d apaiser la douleur lancinante qui ne l avait pas l ch e depuis un mois. Oui, il ferait bien l affaire. Apr s, ils en seraient quittes. Elle oublierait ventuellement le fr re ch ri mort pour sa patrie, et lui, aurait tromp l ennui et le temps en attendant de revoir sa bien-aim e. Bien mignonne cette B r nice Comeau, avait-elle d avouer, lorsqu il lui en avait montr une photo. Eh bien, elle n tait pas mal, elle non plus. Et puis, une Anglaise en plein territoire de guerre, a a moins froid aux yeux qu une petite Gasp sienne oie blanche, n est-ce pas? Elle tait protestante, elle, pas Roman Catholic et pas tr s pratiquante, surtout depuis la mort de James.
Il n avait pas t difficile d entrer dans le jeu. Elle voulait danser, rire, s enivrer afin que cesse de la gruger le ver de la mort install en son c ur. Il fallait tout prix se remettre vivre, s opposer au marasme qui la guettait. Et lui, dont la tristesse assombrissait le regard pervenche, avait autant besoin de rire qu elle. Cela ne faisait aucun doute. Elle ne lui ferait pas mal. D j , depuis qu elle lui parlait, Albert s tait peu peu ragaillardi, son visage s animant. Lorsqu ils avaient enfin d cid de rentrer chacun chez soi, leurs amis avaient disparu. Rhonda et Albert avaient march pendant des heures, le go t de la vie leur revenant peu peu.
Au premier abord, il l avait trouv e filiforme cette jeune femme au regard triste mais la bouche souriante. Effectivement, elle l tait - filiforme et triste. Il ne fallait tout de m me pas qu il oublie sa B r nice cause de cette chalote anglaise. Toutefois, il devait admettre que le cran de Rhonda, son envie de taper dans la vie les yeux ferm s, l excitaient. Ce ne serait qu une passade, s tait-il dit pour se rassurer et se disculpabiliser. Et c est ainsi que, parti de Bonaventure le temps d une guerre, il n y avait plus jamais remis les pieds, ou presque...

Ma ch re B r nice,
Ma lettre aujourd hui doit tre courte. On m a pr venu qu on changeait de poste cet apr s-midi II me reste peu pr s une demi-heure avant qu on parte pied pour un entra nement de trente milles. C est l que j appr cie l arm e. Tu te rappelles comment j avais de la mis re me chausser en Gasp sie. Les bottes n taient jamais assez larges, puis les chaussures, on n en parle m me pas. Eh bien, depuis que je suis dans l arm e, je n ai plus mal aux pieds. La fatigue, par exemple, a je connais. M me bien chauss s, quand on marche jusqu au soir sans alerter l ennemi (on se pratique bien s r), tu t imagines qu on rentre au camp crott s, fourbus, comme dirait le Commandant. Mais, tu sais quoi? Les pieds ne me font pas mal! Et a a pris cette maudite guerre - excuse-moi, B r nice, je ne trouve pas d autr

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