Nos coeurs écorchés

Céline Musmeaux

Description

Est-il possible d'aimer quand on a traversé l'enfer ?Après l’accident qui a coûté la vie à son meilleur ami et qui lui a volé dix mois de son existence, Andréa ne prononce plus un mot. Elle s’est enfermée dans un silence dont elle ne souhaite pas sortir.Contrainte de reprendre ses études, Andréa n’a plus aucun repère. Elle se retrouve avec des élèves plus jeunes tout en ayant un lourd passé à gérer.Elle qui souhaite tant disparaître, elle va devoir affronter un monde qui n’a plus aucun sens à ses yeux. Cachée sous de larges vêtements, elle tente de dissimuler ses cicatrices. Mais peut-elle se soustraire aux regards des autres ? Andréa le sent à chaque instant. Au point même qu’elle tremble lorsque celui de Yanis se pose sur elle.Comme elle, il est un vestige de l’époque où la vie parfaite d’Andréa ne comportait aucune ombre. Leurs chemins ne se sont jamais croisés. Elle était toujours collée à son meilleur ami, il était dans tous les mauvais coups. Et s’il était pourtant le seul à comprendre ce qu’elle ressent ?

Sujets

• Ados
• Young Adult
• Romance
• amour
• Autism Diagnostic Observation Schedule
• Amitié
• Adolescence

Informations

• Publié par: Nymphalis
• Date de parution: 15 décembre 2019
• Nombre de lectures: 84
• EAN13: 9791033801283
• Langue: Français

Extrait

Est-il possible d’aimer quand on a traversé l’enfer   ?
 
 
À écouter pendant votre lecture :
 
Untitled - Simple Plan
 
 
 


 
 
Titre original : Nos cœurs écorchés
 
© 2019 Céline Musmeaux
Tous droits réservés
 
© 2019 NYMPHALIS
Collection : Soft Romance
20 Traverse de la Montre - 13011 Marseille
 
ISBN : 9791033801283
Dépôt Légal : décembre 2019
Crédit photo : nuzza11
Conception graphique : Céline Musmeaux
 
Cette œuvre est une fiction. Elle est l’unique fruit de l’imagination de son auteur. Les noms propres, les personnages, les intrigues et les lieux sont donc inventés ou utilisés dans le cadre de cette création. Toute ressemblance même minime avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux particuliers, serait de ce fait fortuite et relèverait d’une pure coïncidence.

Andréa 1
À quoi ressemble ma vie aujourd’hui   ?
Le regard flou, j’observe par-delà la vitre de la voiture qui me conduit au lycée.
Je n’ai pas prononcé un mot depuis des mois, c’est comme s’ils étaient bloqués à l’intérieur. Je suis incapable de ressentir de la colère ou même de la joie. Je suis vide, noyée dans ma douleur ou plutôt figée dans le temps, comme si tout s’était arrêté ce jour-là…
Papa me sort de mes pensées :
— C’est un nouveau départ, Andréa.
Je ne réagis pas à ses paroles parce qu’il a décidé de lui-même que ce serait le cas. D’ailleurs, il argumente encore :
— La vie continue, cela fait dix mois maintenant. Tu dois te reprendre.
J’émets un long soupir de dépit. Il ajoute :
— C’est malheureux, mais c’est ainsi. Tu ne peux pas rester comme ça toute ta vie. Il faut bien que les choses se débloquent un jour.
«   Comme ça   ». C’est tellement difficile à encaisser. Il s’exprime comme si j’étais handicapée, mais je le suis d’une certaine façon puisque je ne parle plus depuis ma sortie du coma. Personne n’a vraiment d’explications logiques à ce sujet, si ce n’est que c’est dans ma tête   !
Il me rappelle :
— Le psy te l’a dit   ! Il faut que tu recommences à vivre normalement et donc, reprendre le lycée est une bonne occasion pour ça. Au milieu de jeunes de ton âge, tu vas retrouver goût à la vie et…
Il se gare devant l’établissement. Mes yeux fixent le portail avec amertume.
Des jeunes de mon âge   ? À cause de mon hospitalisation, je n’ai pas pu me présenter aux épreuves du bac. Je suis donc contrainte de refaire mon année de terminale, mais je n’ai aucune envie de devoir revivre ces cours interminables sans lui…
Papa touche mon genou.
— Andréa   ?
Je me tourne vers lui. Mon père tremble quand il s’adresse à moi :
— Essaie. Ta vie ne s’est pas arrêtée, ce jour-là.
Mon cœur se serre à ce souvenir. Il me secoue légèrement et me supplie :
— N’abandonne pas, Andréa. Tu es jeune, tu peux t’en sortir.
La peur dans le regard de mon père me pousse à détacher ma ceinture. Il passe la main dans mes cheveux et m’assure :
— Tu vas y arriver. Tu es une battante, une survivante…
Un léger sourire forcé se dessine sur mon visage. J’opine pour accepter mon sort. Il me demande :
— Tu veux que je t’accompagne jusqu’à la vie scolaire   ?
Je remue la tête. Troublé, Papa me promet :
— Je serai toujours là pour toi.
Je souris encore, comme pour acquiescer. Il se penche et embrasse ma joue. Je me sens comme un bébé incapable de s’exprimer quand je pose la main sur la poignée. Il me souffle :
— Au moindre problème, tu vas à l’infirmerie et je viendrai te chercher.
Je fais signe que c’est d’accord. Je pousse ensuite la portière lentement et je m’extrais douloureusement de la voiture. Au moment où je vais fermer, mon père me lance :
— Je t’aime, OK   ?
Je souris encore et encore. Je laisse la portière tomber et j’accompagne son mouvement jusqu’à ce qu’elle se ferme. Quand je suis tirée de ma bulle, je prends une profonde inspiration et je tremble.
Vais-je y arriver   ? Je ne retrouverai peut-être jamais l’usage de la parole. Les médecins disent que c’est psychologique, que je ne suis pas censée avoir de séquelles du fait des dix jours de coma dans lequel j’ai été plongée suite à l’accident qui m’a tout pris. Cependant, j’ai l’impression qu’une partie de moi est morte et ne ressuscitera jamais…
Papa baisse la vitre et me dit :
— Andréa   ?
Je lève les yeux vers lui. Vide, je lui fais un signe du bout des doigts avant de reculer. Camouflée sous un large tee-shirt à manches longues, je me tourne vers le futur qui m’attend et le passé qui me hante. Face au portail et à la foule d’élèves se précipitant pour entrer, je suis paralysée par la peur de l’inconnu.
Qu’est-ce qui va m’arriver maintenant   ? Après avoir vécu l’enfer, je vais devoir affronter une autre forme de torture, celle du regard des autres.
Pour ne pas décevoir mon père, je m’élance. Ma jambe n’est pas complètement remise, elle est encore faible. Je boite légèrement en me dirigeant vers un autre enfer, celui de l’adolescence.
Il y a quelques mois, j’étais comme tout le monde. Je préparais mon bac, j’avais des amies, une vie sociale plaisante, je n’avais pas à me plaindre. J’étais entourée de personnes positives. Et…
Mon cœur détone quand je passe le portail. Des rires, des cris, des murmures, des paroles tout simplement m’encerclent. Cet endroit grouille de vie. Un flash me revient.
Avec Simon, on riait beaucoup. Venir au lycée n’était pas une épreuve, mais une habitude agréable. On y allait à moto parce qu’il avait son permis A1 depuis ses seize ans. Il me trimballait partout d’ailleurs, on faisait beaucoup de choses ensemble. C’était mon meilleur ami, ma vie…
Des larmes débordent de mes yeux. Je les essuie vite pour ne pas attirer l’attention.
Je l’adorais   ! On se connaissait depuis des années…
La douleur qui m’assaille est trop forte. Ma poitrine se serre à m’en couper le souffle, mais la sonnerie annonçant le premier appel avant le début du cours me force à ravaler mes sanglots. Je m’élance pour rejoindre la salle où je dois aller.
Tant pis, j’irai à la vie scolaire plus tard.
De justesse, j’arrive avant que le professeur ne ferme la porte. En me voyant, il a ce regard plein de pitié que me portent tous ceux qui m’ont connue avant «   l’accident   ».
— Entre vite, Andréa.
Essoufflée, je pénètre la classe dont le bruit ambiant me rappelle que ce sont une trentaine de regards qui vont se poser sur moi dans quelques secondes. J’ai tout juste le temps de relever les yeux que le prof annonce :
— Andréa est parmi nous aujourd’hui.
Un très court silence s’installe, juste quelques secondes où je me fais dévisager de la tête aux pieds.
Je suis la fille qui commence les cours un mois après la rentrée.
Cette information se lit sur leur visage. Le prof m’ordonne :
— Va t’asseoir, Andréa.
Furtivement, je me cherche un siège libre. Il y a un bureau inoccupé au fond. Aussi, je me traîne jusque là-bas. En arrivant sur place, mon regard croise celui de mon voisin de rangée. Mon cœur détone en découvrant qu’il ne s’agit pas d’un inconnu, mais de Yanis Scott, un vestige de mon passé, si je peux dire. Ses yeux verts me transpercent de leur intensité. J’abaisse donc les miens en m’asseyant.
Que fait-il là   ? Il a redoublé, lui aussi   ?
Alors que je pensais être seule au milieu d’inconnus, je me retrouve face à un garçon dont la réputation n’est plus à faire. Je tremble en sortant mes affaires parce que j’ai l’impression que son regard émeraude est sur moi en permanence.
«   L’irlandais   », mes amis le surnommaient comme ça. Yanis Scott était dans tous les mauvais coups. Toujours