115
pages
Français
Ebooks
2012
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
16 mai 2012
Nombre de lectures
5
EAN13
9782895972914
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
16 mai 2012
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EAN13
9782895972914
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Français
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PETITES CHRONIQUES IDENTITAIRES
CONCOURS LITTÉRAIRE MORDUS DES MOTS
Le concours de création littéraire Mordus des mots a été mis sur pied par les Éditions David dans le but d’encourager l’imagination et la créativité des jeunes et de stimuler leur intérêt pour l’écriture et la lecture en français. Tous les élèves de 11 e et 12 e années des écoles secondaires franco-ontariennes ont été invités à participer à cette troisième édition du concours, consacrée au récit identitaire. Parmi les textes soumis, une trentaine ont été retenus et vous sont présentés dans ce recueil.
DÉJÀ PARUS
Petites chroniques du crime Nouvelles policières, 2010.
Petites chroniques de notre histoire Récits historiques, 2011.
PETITES CHRONIQUES IDENTITAIRES
RÉCITS ET PARCOURS
Collectif d’élèves
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Petites chroniques identitaires [ressource électronique] : récits et parcours.
Monographie électronique. Publ. aussi en format imprimé.
ISBN 978-2-89597-290-7 (PDF). — ISBN 978-2-89597-291-4 (EPUB)
1. Écrits d’élèves du secondaire canadiens-français — Ontario. 2. Prose d’élèves canadienne-française — Ontario. 3. Nouvelles canadiennes-françaises — Ontario. 4. Identité chez l’adolescent — Anthologies.
PS8235.S4P476 2012 C843’.60809283 C2012-902143-1
Les Éditions David remercient la Fondation Trillium de l’Ontario et l'Université d’Ottawa pour leur contribution à cette publication.
Les Éditions David
335-B, rue Cumberland Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819
info@editionsdavid.com www.editionsdavid.com
Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2 e trimestre 2012
Préface
Pour la troisième édition du concours littéraire provincial Mordus des mots , les Éditions David m’ont demandé d’encadrer des jeunes de 11 e et de 12 e année dans l’élaboration et la rédaction d’un récit sur la question identitaire. Cette question d’actualité a déclenché une réaction des plus enthousiastes de la part d’une quarantaine d’établissements scolaires, qui se sont rapidement inscrits au concours et ont encouragé leurs élèves à y participer.
Pour moi, une belle aventure allait commencer. Partager et parler du fait identitaire, colonne vertébrale de mon travail et de mes livres.
De Sudbury à Sarnia, en passant par Mattawa et Toronto entre autres, les jeunes se sont questionnés sur le fait identitaire. Une construction culturelle ? Une orientation sexuelle ? Un héritage ? Un choix de langue ? Une croyance ?
Au cours des ateliers que j’ai donnés dans certaines des écoles inscrites, nous avons avec les élèves – et les enseignants — partagé et confronté nos points de vue, élaboré les composantes du récit court et décortiqué l’importance des personnages. Les élèves ont laissé libre cours à leur imagination, à leur sensibilité ou à leur vécu et ont créé des récits courts d’une diversité rafraîchissante et, pour certains, d’une maturité étonnante. J’ai pris plaisir à découvrir, dans chaque ville traversée, les références culturelles et les récits identitaires de chacun, puis à lire les écrits des élèves sélectionnés, à les comparer et à les superposer à leurs interventions faites lors des ateliers.
Les Éditions David ont reçu au total plus d’une centaine de nouvelles de grande qualité, témoin infaillible de l’intérêt et de la créativité des jeunes francophones de l’Ontario pour le récit identitaire.
Choisir et retenir une trentaine de textes pour le troisième recueil de Mordus des mots a été une tâche difficile et passionnante. Je pense que les récits retenus illustrent bien le paysage culturel et démographique de la jeunesse francophone en Ontario aujourd’hui et qu’ils révèlent une perception intelligente, émouvante et personnelle d’un fait on ne peut plus d’actualité.
Merci à tous les élèves d’avoir participé au concours et aux Éditions David de m’avoir fait vivre cette belle aventure. Je souhaite bonne continuation et bonne inspiration aux jeunes Franco-Ontariens dans leurs futurs écrits et bonne lecture à vous, amateurs de nouveaux talents.
Aurélie Resch Auteure-conseil Concours de création littéraire « Mordus des mots » 2011-2012
À LA RECHERCHE DE SES ORIGINES
La couleur de l’âme
J E N’AVAIS JAMAIS cru un jour me retrouver dans un avion en direction du Congo, pays natal de mon père. Mais contre toute attente, je me retrouvais installé confortablement dans mon siège en classe économique, branché à mon tout nouvel iPod. « Bonjour Congo, j’arrive », pensai-je avec lassitude avant de jeter un coup d’œil vers mon père dont la fierté animait le visage. Après le décollage de l’avion, le vrombissement du moteur m’alourdit. Je fermai les yeux et fus aussitôt inondé de souvenirs.
* * *
Ce jour fatidique semblait être une journée ordinaire où j’étais censé être à l’école. J’étais surexcité, car j’allais enfin pouvoir offrir une somme d’argent respectable à mon père, de ma propre poche. Depuis la mort de maman, mon seul but avait été de pouvoir nous sortir du ghetto dans lequel nous croupissions, pour mieux vivre le grand rêve américain. Par malheur, on m’avait surpris en train de vendre de la drogue et c’est un professeur qui avait dû me ramener au bercail, la mine basse. L’appréhension de la colère de mon père me serrait la gorge.
Contrairement à mes craintes, il m’accueillit calmement et ne me réprimanda point. Il ne me posa qu’une simple question : « Quel est ton grand rêve ? » La question me prit au dépourvu. Je fus encore plus surpris lorsque je réalisai que je n’en avais aucun. Personne ne m’avait jamais demandé une telle chose. Par ici, avoir des rêves est une faiblesse vouée à la déception. Presque personne, dans le Bronx, ne nourrit l’espoir d’atteindre ses rêves. Mieux vaut avoir de pauvres aspirations et vivre au jour le jour. Je sortis perplexe de cette réflexion. Qui étais-je sans rêve ? Je devenais comme tous les adultes ici-bas : des automates qui répètent les mêmes comportements pour survivre. Mais je ne voulais pas seulement survivre, je voulais vivre. Vint à mon esprit la fameuse phrase de Martin Luther King : « I have a dream ! » Mais moi, je n’en avais pas.
— Mon fils, tu as en toi tout ce qu’il faut pour devenir un honnête homme. À la place, tu as décidé d’aller chercher de l’argent facile. La vie est dure, mais tu dois avoir foi en notre Créateur. La couleur de ta peau ne reflète pas ton âme. Tu peux te trouver d’autres repères auxquels associer ta personne. Même si toute la planète crachait à ton passage, marche la tête haute parmi ces hommes blancs et sois fier de qui tu es. Tu n’es pas un « pauvre homme noir ». Tu es un Congolais issu d’une famille respectable. Mon rêve est que mon fils se tienne debout.
Le verdict tomba : j’irais au Congo avec mon père pour essuyer mon déshonneur.
* * *
Les bruits de l’atterrissage me tirèrent brusquement de mes songes. À ma sortie de l’aéroport, nous fûmes accueillis par la grande famille. Cris de joie, accolades et embrassades fusèrent de partout. Je fus passé de mains en mains, entre des étrangers qui me disaient tous combien j’avais grandi. J’acquiesçais avec confusion, le sourire aux lèvres, jouant le jeu. « Vite que cette longue semaine se termine pour que je puisse retourner à ma vraie vie new-yorkaise et continuer d’être un adolescent insouciant avec mes amis », espérais-je alors qu’on nous emmenait au village natal de mon père.
À la maison familiale, les femmes commencèrent à s’affairer pour préparer la grande fête des retrouvailles. La cuisine devint leur atelier tandis que les hommes fumaient leur pipe en se racontant des histoires. Je me sentais un peu déplacé dans ce décor tout nouveau pour moi. Je décidai de prendre un peu de recul et allai faire une promenade dans le marché que j’avais aperçu, plus tôt, de la voiture. Ceci devrait remettre mes esprits à leur place et me permettre de me recentrer.
En mettant le