Journal onirique d un écrivain vain
170 pages
Français

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Journal onirique d'un écrivain vain , livre ebook

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Description

« Ce livre est truffé de lieux communs, soit ! Lieus jaunes ; lieus noirs ; d'idées toutes faites, de truismes ; c'est une affaire entendue ! Mais ce livre est interactif : vous pouvez l'annoter, en déchirer des pages, le découper, le colorier – ‘‘Si, du côté de je ne sais plus où ; un peu plus haut ; cherchez !'' – rajouter ou retrancher des passages et lui faire tout ce qu'il vous plaira, le rendre ludique en somme, ou lubrique – il est dressé pour ça – le détruire et le racheter pour tout recommencer, ou même, pourquoi pas, l'offrir (...). » Édouard-Émile Alyac scelle d'emblée un pacte avec son lecteur, par lequel plutôt que de faire vœu de sincérité, il annonce clairement son intention de laisser aller sa logorrhée où bon lui semble. En érudit plein d'humour, il invente des néologismes, s'amuse de l'hermétisme de certaines tournures langagières, égrène les références et jeux de mots. Dans cet ouvrage volontairement alambiqué, l'auteur traite à la fois de questions sociétales et de théologie, sans pour autant se prendre au sérieux et tout en raillant sa propre prétention à écrire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159318
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Journal onirique d'un écrivain vain
Édouard-Émile Alyac
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Journal onirique d'un écrivain vain
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://edouard-emile-alyac.societedesecrivains.com
 
Je dédie cette farce à Stanislas Cédubon.
Aux amis de la phrase lourde de sens, goûteurs de sensationnel éclairé et amateurs de burlesque transcendant !
 
I. Le détrateuque
Dans cette histoire tout est faux, mais il y a beaucoup de vrai. Ou, si vous aimez mieux, tout est vrai, y compris le contraire. En effet, tout dépend du point de vue sous lequel on se place ? Et puis, si vous avez aimé Claude Ciment, prix Nobel de la phrase en béton, vous aimerez aussi ce journal, authentique roman noir clair d’un écrivain raté. Que celui qui a des oreilles en fibrociment se frotte les yeux ! Un roman noir clair est un roman noir ; c’est clair ? Mais il l’est clairement, c’est en cela qu’il est raté ; signature de celui qui l’a écrit. Que voulez-vous ? Certains excellent dans l’obscur, d’autres dans le lugubre. En tout cas, j’ai bien remarqué que les écrits d’importance devaient d’abord se mériter. On n’attaque pas un premier chapitre qui ne vous a encore rien fait, de manière aussi cavalière que non précédé d’avant-propos, propos, préface, face, interface, postface et volte-face ? Non : il y faut aussi une introduction, un prologue exordonné et préambulatoire, sorte de dialogue catalogué ou catalogue décalé, encore parfois appelé décatalogue, voire, dans les cas exceptionnels de précaution, détralogue. Voilà qui est sommairement fait, mais tout de même fait, c’est pourquoi j’y ajouterai, afin de ne pas risquer d’être encore trop sec, l’avertissement suivant : la paix que je vous envoie, n’est pas celle que vous recevrez !
 
Les fouilles les plus récentes ayant permis de situer avec certitude l’épîtrerie de Paul, on y découvrit, outre les écrits devenus classiques, parce que non rejetés dédaigneusement par Jérôme, un livre si prophétique qu’on l’eût avec raison pensé conçu après les faits. Il évoquait en effet une époque à la fois d’une si claire noirceur et en même temps si tardive, qu’on l’imaginerait contemporaine, le récit – prévu se tramer d’ici peut-être deux millénaires – paraissant s’être produit il y a seulement un sixième de siècle ! Nous l’avions subtilisé, raison pour laquelle il se trouvait entre nos mains, vous n’allez pas tarder à savoir comment. Formant le néo-hexateuque, qu’on prend parfois pour l’heptateuque tardif, avec un autre écrit en écriture hébra-hic, que nous avons donc expurgé dans le souci que le contenu du premier livre restât clair, nous l’avons appelé Détrateuque. Toutefois, parce que hâtivement décrété apocryphe, nous nous sommes permis, lorsque cela nous arrangeait, de le traduire sans le trahir, mais d’une autre manière que l’eût fait le saint censurateur (censeur ?), si seulement il l’avait lu, eu égard aux sept possibilités de signification de chaque mot, selon la langue primitive sans voyelles dans laquelle il fut composé ! Mais laissez-moi vous donner quelques exemples : le mot Tps signifiant « Carte souple et comestible » se disait tout autant Tapis que Tapas ou Topos ; Lpn , ou Garenne enneigée, pouvait tout autant se prononcer Lapin ou Lapon, que Lopin ; de même Ng , c.-à-d. : « Jeux sucrés pour grand public », était aussi bien dit Nougat ou Nigaud, que Nagui ! Enfin, comme les lettres avaient un graphisme différent suivant qu’elles précédaient, suivaient ou parfois étaient incluses dans les mots, nous avons trouvé pratique de traduire cette bizarrerie par une autre : non pas faire suivre d’une majuscule chaque double point ; non. Mais remplacer les lettres en question par d’autres leur ressemblant : ainsi Tapis devait s’écrire Tapin, parce que le s en fin de mot devenait n, aussi bien que Lapis, du fait que le T en début de mot s’écrivait L. Et par conséquent Lapin s’écrivait tout autant Sapin que Lapix, ou même, pire – mais plus correct – Sapix, qui ne voulait cependant rien dire, sauf dans la bouche des enfants qu’on fouettait avec des orties, parce que ce ne sont que des animaux cruels, qui ne comprendront que plus tard le bienfait de leurs corrections, ainsi que des pleureurs sans savoir pourquoi. Et, pour être tout à fait complet, je ne pouvais davantage vous passer sous silence que cette langue, vous l’aviez compris, était également propice et donc effectivement sujette aux pires jeux de mots qui fussent, ce qui est tout à fait adapté pour la transmission de messages divins, ne devant pas être délivrés aux premiers venus, comme on ne doit pas jeter de perles aux pourceaux, notamment de culture. C’est ainsi que le passé peut être remodelé à l’aune de ce qu’on sait du présent. De même, ne vous arrêtez pas aux pronoms sujets qui seront tantôt je, tantôt nous, suivant que je me sentirai porté – auquel cas ce sera : nous – ou non. D’ailleurs, rapidement, j’espère me détacher de ce genou pour grimper plus haut vers le transcendantal. Par conséquent, ainsi soit-il et ne nous en privons pas !
 
« Je crois en Lui, mais j’aimerais qu’il fût différent », pensait de Dieu Eugène Ionesco. Il y a des nuits qui ressemblent aux lieux qu’elles étouffent : torpeur, silhouettes de maisons grises de pollution, rôdeurs, crasse, victimes agressives d’une société, où l’exclusion tient lieu de prétexte pour se venger sur le premier venu ; râles de Sans-domicile-fixe, qui se dessèchent dans l’indifférence sur les trottoirs infâmes ou l’asphalte fondu, tandis que d’autres expirent dans des hôpitaux surchargés. Faut-il être jeune pour oser décrire pareille honte ! Vivement que je vieillisse pour ne plus savoir que ce cauchemar existe, pensait l’auteur. Mais l’auteur de quoi ? Ce n’est pas moi qui ai créé cette misère qu’au contraire je dénonce, sachant très bien – preuve d’une certaine maturité pour mon jeune âge d’à peine un demi-siècle, même pas – que bientôt je répugnerai à seulement la nommer. Mais voilà : Quentin avait été le premier au courant de l’affaire pour y avoir traîné ses guêtres en Vacances et, connaissant ce qu’il était advenu à « L’évangile de Judas », démantelé pour être dispersé à travers les collectionneurs de la planète par des assoiffés d’argent, avait escamoté le précieux écrit sous son tee-shirt, après avoir fait semblant d’être tombé par distraction dans l’excavation des fouilleurs, ayant confondu site de fouilles avec filles de soute. Quant à moi, parce que je possédais une Bible Chouraqui, plus de solides souvenirs de la traduction Louis Second, ainsi qu’un opuscule d’arabe facile, acquis près de la porte d’Aix dans les quartiers chauds de Phocée, je me sentis le cœur de demander à Émile, mon double depuis déjà quelque temps, d’en tenter la traduction avec mon aide. J’étais en effet prédestiné à cette tâche, pour avoir étudié les langues mortes et parce que, comme l’a dit Audiard, les gens comme moi, ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît. Mon père avait déjà ce goût pour l’aventure perdue d’avance, lequel s’était attelé au Tamachek et avait osé présenter à un éditeur un dictionnaire en six langues, dont le serbo-croate ! Car l’euphémisme de penser être capable d’une telle gageure me paraissait le seul moyen d’éviter, en m’absorbant, la rage et la brutalité d’un univers, dont les médias ne parlent qu’à demi-mot, lors du Téléthon, d’élections ou de cataclysmes, dont on ne peut faire autrement que de les évoquer, surtout s’il y a des collectes à la clé. On faisait ça la nuit, car les nuits d’été, où tout dort, justement, les tueurs veillent, eux. Où la seule lueur d’espoir est celle de la lame qui scintille sous la lune ; où tout s’est tu, sauf le claquement du calibre ; phénomènes annonciateurs de changement de statut : passage initiatique et commutateur en deçà/au-delà ; pierre philosophale des derniers siècles, transformatrice de plomb en mort. Est-ce un échappement libre, se demandait-on ? Un allumage mal réglé, ou au contraire en règle ? Un corps s’affale, comme alangui. Lentement un liquide noir s’en écoule en flaque. Immeubles muets ; entrées et corridors sombres. Juste un moteur qui démarre et se glisse hors du béton, où, déjà, tout n’est plus qu’innocence. Demain, d’ailleurs, les journaux diront que ce corps était connu de la police et ce sera terminé, si personne ne s’en inquiète. Après tout, n’est-ce pas qu’une vie en moins ? Peut-être une délivrance ? Nous sommes si nombreux et si impuissants. Au milieu des débris d’une vie dispersée, contrainte et imposée par les vicissitudes du système, peuvent jaillir aussi quelques moments de joie, sous la résignation et contenus par la pudeur, mais parfois débridés, ainsi un exutoire, erreur de sentiments ou hâte à découvrir le versant de la vie, plus connu des asiatiques, mais qu’une littérature bon enfant propose dorénavant à nos angoisses ? Sauf que, le plus souvent, c’est insuffisant, comme dans Équipages de Jules Supervielle :
Dans un monde clos et clair,
Sans océan ni rivière,
Une nef cherche la mer.
De l’étrave, qui résiste
Mal aux caresses de l’air,
Elle avance sur l’horreur
De demeurer immobile,
Sans que sa voile fragile
En tire un peu de bonheur.
On avance, on avance ! On n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens !
« Mais surtout, évitez d

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