Kristel, la reine des glaces
464 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Kristel, la reine des glaces , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
464 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Alors c'est toi qui écrit des romans policiers? » C'est ainsi que Pierre est apostrophé lors d'une soirée entre amis. Mis au défi, il commence la saga de Kristel pour les beaux yeux de son interlocutrice, et en verra sa vie chamboulée.
Kristel, la reine des glace, c'est l'histoire d'une femme libre, féministe, amoureuse, ce qui lui vaudra de belles aventures, mais aussi quelques déboires, de Paris à Göteborg, en passant par la Toscane et Boston. De 1968 à sa mort, l'amitié et l'amour jalonneront sa vie.
Ce livre c’est aussi l'histoire de Pierre, et les deux récits se succèdent, se répondent, vont jusqu'à se télescoper.
Assez parlé, à vous de plonger dans la vie de Kristel, la reine des glaces.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782332667441
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66742-7

© Edilivre, 2014
KRISTEL Tome 1 : 1968-1988 : la reine des glaces
« Tant qu’à avoir des problèmes, autant les provoquer »
Devise casse-pieds.
« Impose ta chance, serre ton bonheur, et va vers ton risque »
René CHAR
 
 
– Alors c’est toi qui écris des livres policiers ?
Pierre se retourne, un peu surpris par cette apostrophe directe dès le début de la soirée. C’est la première fois que Claire l’invite avec ses amis, il s’attendait plutôt à passer inaperçu. Face à lui, une jolie femme à la chevelure châtain et aux longues et larges boucles dansantes. Des yeux éclatants, deux soleils fulgurants dans cet automne de merde qui suinte l’humidité. Il n’aime pas l’automne, encore moins celui là qui lui distribue les déceptions comme des arbres tombent les feuilles. Le regard est accompagné d’un sourire mélangeant bonté et voracité. Troublant et déstabilisant. Pierre se détend et laisse passer encore deux ou trois secondes de silence avant de répondre.
– C’est moi Pierre. Que sais-tu d’autre sur mes livres ?
– Moi c’est Christelle et je ne sais rien d’autre, mais je ne demande qu’à apprendre. Comment tu écris ?
– Selon l’inspiration. Les idées viennent et si j’ai une feuille j’écris, sinon je les stocke dans ma mémoire centrale et les ressorts ensuite.
– Les mêmes ?
– En général non, elles sont modifiées, mûries, enrichies ou appauvries. Une idée en entraîne une autre et l’histoire avance. Souvent les idées les plus fortes viennent la nuit pendant mes insomnies, mais j’ai généralement la flemme de me lever, j’essaie de reconstituer le matin.
Le regard de Pierre quitte un instant les yeux de Christelle, des yeux clairs, marron clair, tellement surprenants d’intensité. Pierre est attiré par la fenêtre, qui donne sur la rue. En guise de rideaux, Claire a installé des guirlandes de noël lumineuses qui vont du plafond au sol, elles clignotent et transforment totalement l’ambiance de la pièce. Eteintes, la rue et l’immeuble d’en face imposent leur présence ; allumées, la pièce est isolée, l’extérieur n’existe plus.
– C’est facile pour toi d’écrire ?
Christelle le tire de sa rêverie, toujours ce regard, ce sourire, que Pierre a du mal à affronter de peur de s’y perdre.
– Oui écrire est facile. Ce qui est compliqué c’est de prolonger l’histoire, de bâtir un scénario qui se tient.
– Tu pourrais écrire, là, si tu avais une feuille ?
Christelle est envoûtante malgré son obstination à refuser de mettre dans le bon ordre les phrases interrogatives. Pierre essaie de ne pas sombrer, pas tout de suite, pas déjà.
– Oui, pourquoi pas. As-tu un thème, un point de départ ? On peut jouer à écrire quelques minutes.
Claire passe près d’eux en souriant. N’oubliez pas le champagne ! Regard complice avec Christelle qui lui demande du papier. Pierre a un stylo dans sa poche, Pierre a TOUJOURS un stylo dans sa poche.
– J’ai un sujet, mon prénom. Merci Clairinette pour les feuilles. Tiens Pierre.
Il sourit, prend la feuille et écrit :
Christelle, Kristel, Christel, Cristel, Cristelle …
– Quelle orthographe choisis-tu pour ton prénom ?
– D’habitude c’est Christelle, mais là on va prendre Kristel.
Pierre plonge de nouveau dans ses yeux, il sent qu’un fil ténu mais bien réel les relie maintenant.
– Alors tu auras une mère Suédoise.
Les invités leur font une petite place sur la table marocaine, entre les flûtes, les serviettes en papier et les premiers plats de gourmandises pour l’apéritif. Ils s’assoient côte à côte, Pierre à gauche et Christelle à droite, et il commence à écrire.
Kristel, une histoire baroque
Si vous rencontrez un jour Kristel, vous ne l’oublierez jamais. Elle envahit tout et les autres disparaissent. Elle a une histoire, une longue histoire qui plonge ses racines dans le temps et l’espace. Evitez de trop regarder ses yeux, vous pourriez devenir aveugle au monde et ne plus voir qu’elle.
Pierre sent le regard de Christelle sur la feuille, elle suit le stylo, déchiffre les mots à peine nés. Elle s’est rapprochée et est contre lui maintenant.
Kristel porte en elle la fierté des Vikings, mais pas seulement, elle a aussi la beauté épanouie des femmes du sud et l’élégance naturelle des chats. Mère Suédoise, père Italien. Pour les chats, je ne sais trop, mais l’inspiration viendra.
– J’adore les chats, c’est un peu ma véritable histoire que tu veux écrire ?
– Comment pourrais-je ? Nous venons juste de nous rencontrer ! Sauf que j’ai l’impression que tu me souffles des mots, des idées.
Le bras gauche de Christelle entoure maintenant les épaules de Pierre, sa voix est descendue dans les basses, leurs cuisses se touchent, leurs souffles se mélangent.
– Peut être ; tu continues ?
Pierre la regarde, à la fois troublé et serein, il reprend l’écriture, plus rien n’existe au monde que cette proximité.
L’histoire de Kristel commence il y a 32 ans.
– Non, tu es gentil, mais c’est 40.
– Ce n’est pas que ton histoire, c’est aussi mon délire !
– 40, c’est un beau nombre.
L’histoire de Kristel commence il y a 40 ans, ou plutôt 2 ans avant. Une jeune Suédoise de 20 ans décide de venir à Paris la première quinzaine d’août. Elle a appris le Français à l’école, comme d’ailleurs l’anglais et l’allemand. Pas l’Italien. Elle s’appelle Erika.
Un jeune Italien de 22 ans décide de venir à Paris la première quinzaine d’août. Il a appris le Français à l’école, comme d’ailleurs l’Anglais et l’Espagnol. Pas le Suédois. Il s’appelle Adriano.
A saint Germain des Prés dans les années 60 le jazz explose, les nuits sont folles et chaudes, une Suédoise et un Italien dansent ensemble au caveau de la huchette. Ils se plaisent, ils boivent du champagne, ils sont gais.
En parlant de champagne, deux flûtes pleines apparaissent devant Christelle et Pierre ; par ce geste Claire essaie de les ramener un peu dans sa soirée.
– Allo la station, ici la terre, les bulles sont servies, peut être pourriez-vous trinquer avec nous ?
Ils émergent de leur monde, ils irradient tous les deux. Ils se quittent un instant des yeux pour trinquer et saluer les huit autres personnes présentes, ces huit autres qui se moquent gentiment d’eux deux. Pierre tient sa flûte dans sa main gauche, la droite a irrésistiblement rejoint la cuisse de Christelle, elle est en jupe, son collant est fin, sensation agréable.
– Pouvons-nous jouer nous aussi ?
– Non Clairinette, pas dans mon histoire. On continue encore un peu et on revient avec vous. Pierre s’il te plait, finis la nuit de Saint Germain des prés.
Pierre la regarde et trinque de nouveau avec elle. Ils boivent une gorgée, ils sont si proches qu’ils ne peuvent faire autrement que de s’embrasser. Huit regards sont sur eux, étonnés.
– Encore quelques lignes et nous interrompons l’histoire. Elle est bien partie, elle ira loin. Une autre histoire nous attend dans la vraie vie.
La nuit avance au rythme des danses, il fait trop chaud maintenant à tant remuer, alors ils remontent à l’air libre. Ils peuvent enfin parler, le son de la musique est étouffé. D’abord chacun dans sa langue mais ça ne marche pas. Alors ils essaient toutes celles qu’ils connaissent. Va pour le Français et l’anglais, ils mélangeront les deux à leur convenance. Maintenant qu’ils se comprennent ils peuvent se dire qu’ils s’aiment. Enfin peut être, ce soir ou plutôt ce matin, demain on verra.
Ils marchent sur le boulevard saint Michel, de rares voitures passent encore. C’est une époque où l’on reconnaît la marque d’un véhicule rien qu’au bruit de son moteur, parce qu’ils ne sortent pas tous de la même chaîne. L’air s’éclaircit, le jour s’introduit, et Adriano embrasse Erika. Ils vont voir la seine juste à côté, ils veulent admirer le soleil se lever sur le fleuve et faire un vœu. Chacun dans sa tête le prépare sans savoir que c’est le même. Un soupçon de fraîcheur monte de la seine, ils s’embrassent ils s’enlacent, et enfin le soleil parait. Leur vœu s’échappe en un murmure : je t’aimerai jusqu’à la fin des temps et nous aurons deux enfants. Deux voix pour une phrase identique, alors ils éclatent de rire et s’embrassent encore.
Christelle enserre l’épaule de Pierre au point qu’il en a mal et cesse d’écrire. Il la regarde, elle a les larmes aux yeux.
– Pierre, comment tu sais ?
– Savoir quoi ?
– Ce serment que mes parents ont prononcé. Ce n’était pas au dessus de la seine mais c’était les paroles !!! Pierre, comment tu fais ?
Christelle avait haussé le ton, plus personne ne parlait. Elle se tait, un silence plan.
– Excusez-moi mais c’est trop surprenant.
Huit regards sont de nouveau fixés sur eux.
– On arrête, dit Pierre doucement, je suis vidé.
– Ton verre aussi !
Claire remplit leurs deux flûtes, quelqu’un dépose devant eux un plat de toasts au saumon fumé, les conversations reprennent, Christelle et Pierre se regardent et se sourient comme s’ils acceptaient l’évidence de ce mystère.
On boit, on mange, la soirée avance et personne ne peut séparer Christelle de Pierre et Pierre de Christelle. Chacun essaie, d’abord naturellement, ensuite comme un jeu, chacun réussit le temps de quelques phrases, et immanquablement il se retourne vers elle et elle vers lui et reprennent le fil de leur histoire. Depuis que Pierre a cessé d’écrire Christelle en profite pour lui souffler des idées et des phrases, elle aussi veut écrire le roman. Et Pierre laisse faire, il écoute et en rajoute, heureux peut être de ne pas porter seul cette épopée qu’il sent immense. Des paris sont lancés pour savoir qui les interrompra le plus longtemps. Claire se glisse carrément entre eux pour entreprendre Pierre, elle est convaincante, Pierre décroche, lui parle et s’emballe, les chrono

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents