L Afrique en danger de mort : Eldorado 54
88 pages
Français

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L'Afrique en danger de mort : Eldorado 54 , livre ebook

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Description

L’Afrique se développe doucement mais sûrement. Mais sa croissance la met en danger à cause des choix incompatibles avec ses réalités. Le système capitaliste s’installe et tend à détruire une Afrique non préparée, de la même manière que la démocratie, adoptée trop tôt et maladroitement a détruit une bonne partie des pays africains.
Pour se développer durablement, les Africains doivent tout ramener à leur réalité pour pouvoir pleinement bénéficier, dans la dignité de leurs innombrables richesses, naturelles et humaines.
Les questions de l’autonomie, de l’éducation et de la dignité qui permettront à l’Afrique de s’en sortir durablement sont largement abordées dans ce livre.

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312080666
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Afrique en danger de mort
Radjiv Bewi
L’Afrique en danger de mort
Eldorado 54
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08066-6
« Une nation africaine achevée n’existera que le jour où les déterminismes du marché capitaliste mondial, son système de violence symbolique n’auront plus aucune prise sur elle. »
J EAN Z IEGLER ,
Main basse sur l’Afrique
Avant -propos
Grande a été ma surprise de constater une attitude étonnante chez les Africains vivant dans les pays occidentaux. L’Afrique que je connais est celle de l’hospitalité et de la bienveillance. Quoique pauvre et déchirée par des guerres intestines, l’Afrique est restée attachée à la communauté, au partage, au respect des personnes âgées, etc. Toutes ces choses font partie de la culture africaine. Elles sont l’essence de l’existence des hommes et des femmes du continent qui la transmettent à leurs enfants.
Ce que j’ai constaté chez une bonne partie des Africains en terres occidentales est loin de tout ce que je viens d’énumérer. Des hommes et des femmes inhospitaliers, fortement complexés. Avec des visages fermés la plupart du temps. Ils sont très souvent durs avec d’autres Africains pour tout et pour rien, et même avec leurs frères et sœurs, cousins, cousines, neveux et nièces vivant sous leur toit, qui gaspilleraient l’eau, mangeraient trop, qui ne contribueraient pas assez, etc. Ceux qui sont les plus durs sont souvent, étonnamment, ceux qui sont nés en Afrique et qui arrivent en Occident pour se chercher , comme on le dit chez nous. S’ils étaient nés en Occident et élevés par des Occidentaux de souche comme d’aucuns se plaisent à dire, on pourrait les excuser du fait que d’autres valeurs leur aient été transmises. Mais non, nombreux sont nés en terres africaines et ont baigné dans l’hospitalité et sont pourtant devenus durs en Occident. Plus durs que les maîtres, plus blancs que blancs .
La vie est dure en Occident, c’est vrai, mais ce n’est pas la seule chose qui justifie l’attitude dure et non joyeuse des ressortissants africains dans ces pays. J’ai alors commencé à réfléchir à ces comportements qui, en tant qu’Africain, « non pas parce que je suis né en Afrique , mais parce que l’Afrique est née en moi {1} » , me blessent profondément. Étant en France pendant la rédaction de ce livre, j’ai fait quelques recherches sur la culture française, une culture judéo-chrétienne . J’ai compris, par exemple, qu’avant la Révolution française au XVIII e siècle, la religion, à travers la charité chrétienne , a été un ingrédient important ayant permis le développement et le renforcement d’un esprit de partage et d’un sens de l’hospitalité louables qui, même de manière décroissante, ont perduré jusqu’à l’avènement des deux guerres mondiales (1914-1945).
De la Révolution française à la Première Guerre mondiale, en passant par la grande révolution industrielle du XIX e siècle, le remplacement de la religion par la science et la technologie a permis l’envol du capitalisme qui, peu à peu, a fait naître l’idée du chacun pour soi à travers la mise en concurrence des hommes afin de booster leur productivité. Après la Seconde Guerre mondiale, le besoin de la reconstruction a entraîné la restructuration de l’entreprise : optimisation des systèmes de production, investissements de masse, etc. L’économie avait mille couleurs, mais seuls les chefs d’entreprise et une petite classe bourgeoise s’enrichissaient. Les inégalités sociales s’accéléraient. Les pauvres, pour survivre, devaient travailler toujours plus. Les gens couraient les usines, n’avaient plus de temps pour leurs proches. Tous ces bouleversements entraînèrent la destruction des liens sociaux. Les crèches et les maisons de retraite fleurirent pour soulager les travailleurs. Les êtres fragiles furent mis de côté pour permettre aux plus vaillants de produire encore et encore jusqu’à ce que leurs carcasses qui n’ont ni beauté ni éclat pour attirer des regards finissent dans le she’ôl .
La mise en concurrence des hommes crée l’adversité, puis l’inimitié entre eux. Elle fait disparaître l’hospitalité, l’amour du prochain et le sens du partage. Tant pis pour le canard boiteux. La culture française de base en termes de valeurs humaines ou d’idéologies vacille telle la flamme d’une bougie sur le point de s’éteindre. Elle est progressivement remplacée par une culture néolibérale . Mot qui sonne comme la liberté, mais qui est là juste pour en créer l’illusion. La culture française s’est transformée en une culture consumériste, de la même manière que dans les autres pays occidentaux. C’est désormais le fric qui mène la danse à travers la liberté du marché, la seule chose qui, finalement, est libre en Occident aujourd’hui. En France : Liberté, Égalité, Fraternité sont devenues des coquilles vides. Des mots qui rappellent une époque lointaine et qui étonnent le présent. Des mots décoratifs dans un présent incertain où la guerre de tous contre tous fait rage. Guerre qui préfigure un futur inhumain, froid et déprimant.
Voilà le monde dans lequel ont atterri beaucoup d’Africains relativement épargnés chez eux par un système capitaliste destructeur, un virus dangereux pour la communauté. C’est donc ce virus qui a infecté une bonne partie des Africains qui vivent en Occident , qui sont devenus froids comme la mort et inhospitaliers comme le champ hydrothermal de Dallol {2} .
C’est alors que je me suis souvenu qu’en Afrique, quand j’étais gamin, je voyais que les hommes riches avaient de belles maisons bien clôturées et de belles voitures, souvent avec des vitres teintées. Je comprends maintenant ce que je voyais ; ces hommes s’extirpaient de la communauté. Qu’à peine riches, ils abandonnent les autres à leur triste sort et n’ont plus envie ni de se mêler ni même de croiser du regard le peuple d’en bas de Jack London {3} . Ils sont infectés par le Virus. Plus ils ont, plus ils en veulent et plus ils deviennent égoïstes. Ces Africains riches qui mènent une vie à l’occidentale en terres africaines sont la preuve que l’appât du gain et l’avidité détruisent les communautés.
Mais il faut dire que l’inhospitalité que je constate en Occident n’est pas dans la nature propre des Occidentaux. Elle a été créée. J’ai compris que les peuples occidentaux sont eux-mêmes pris au piège et souffrent de solitude, du stress, etc. Les anxiolytiques {4} et les antidépresseurs font partie des médicaments les plus vendus et consommés en Occident. Les gens souffrent, et ils n’ont que des médicaments pour calmer leurs nerfs, encore un peu de temps avant de rejoindre les maisons de retraite, où gémissent à longueur de journée les pré-décédés , là où la solitude, le mépris et la maltraitance assassinent par milliers chaque semaine :
« Ce qui rend un homme malheureux, ce n’est pas de mourir, ni même de mourir de faim. Beaucoup d’hommes sont morts. Tous les hommes sont mortels. C’est de vivre dans la misère sans savoir pourquoi, de travailler comme des bêtes sans rien gagner, d’avoir le cœur usé, d’être épuisé, isolé, sans amis, dans un laisser-faire glacial et généralisé {5} . »
La montée de l’individualisme en Afrique est factuellement à corréler à l’augmentation des richesses des populations africaines. Et comme l’Afrique est en voie de développement, ce développement risque de mettre sa culture en voie de disparition. On peut oser dire que l’Afrique d’aujourd’hui est le passé de l’Occident , avant qu’il connaisse l’effet d’un capitalisme affermi. Le virus qu’est le système capitaliste fait route vers l’Afrique . Et c’est inquiétant, car il corrompt, crée l’inimitié et détruit des vies. J’ai alors voulu écrire pour avertir, pour alerter sur notre mort prochaine si nous n’agissons pas tout de suite.
L’Afrique meurt à petit feu à cause de systèmes politiques et économiques incompatibles avec sa réalité, mais imposés par les puissances occidentales bénéficiaires du système capitaliste. Pour se déployer pleinement, le capitalisme supprime la culture des peuples et détruit leur histoire. Il crée des guerres interminables pour piller les terres ainsi dévastées.
Je ne suis pas sociologue, en

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