L'Ecarteur (roman landais) , livre ebook

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L’écarteur est le roman qui caractérise par excellence le monde de la Course landaise. Et Delbousquet est bien à la Course landaise ce que Hemingway a été à la Corrida.


Nul n’a su, sinon Delbousquet, parler et dépeindre ce monde unique des écarteurs, à la fois enracinés au plus profond de la paysannerie gasconne et propulsés sous les lumières parfois tragiques du spectacle où leur existence ne tient parfois qu’à... un « écart ».


Au delà de l’histoire de haine et d’amour qui traverse le roman, Delbousquet a su mettre en scène la Gascogne, ses paysages, ses senteurs, ses lumières, ses gens dans un style étincelant et sensuel, qui, un siècle plus tard, n’a rien perdu de son pouvoir d’évocation et de magie.


Né en 1874, à Sos, dans le pays d’Albret (Lot-&-Garonne), Emmanuel Delbousquet, meurt en 1909, laissant plusieurs romans et nouvelles d’une magistrale qualité d’écriture.

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Nombre de lectures

1

EAN13

9782824055459

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Même auteur, même éditeur






isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2004/2012/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1053.3 (papier)
ISBN 978.2.8240.5545.9 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

E mmanuel Delbousquet






TITRE

l’écarteur roman landais




PRÉFACE
E n 1902, (j’étais alors le Directeur littéraire de la librairie Ollendorff) je reçus, un jour, de province un manuscrit de roman accompagné d’une simple lettre.
Le nom qui se trouvait au bas de cette lettre m’était inconnu : « Emmanuel Delbousquet ». Quant au roman, il portait ce titre, à première vue rébarbatif : Le Mazareilh.
Personne ne me recommandait l’auteur : l’écrivain n’invoquait aucune amitié ni camaraderie littéraire, il se présentait tout seul.
Hélas ! tous les jours, tant de gros paquets m’arrivaient ainsi, envoyés par de braves gens, (hommes ou femmes) pris, un beau matin de l’envie d’écrire une histoire — la leur bien entendu ! — et j’en avais tant parcouru de ces œuvres appliquées, certes, et remplies de bonne volonté, mais insipides et inexistantes, que ce Mazareilh-là ne m’inspirait guère confiance.
Je le fis inscrire sous son numéro d’ordre, classer dans mon armoire et jusqu’à ce que vînt son tour de lecture, je n’y pensai plus.
Le tour de lecture arriva. Dès les premières pages, j’ouvris de grands yeux.
On peut se moquer des pêcheurs à la ligne, de leur inaltérable patience, de leur stoïque résignation. Mais avez-vous vu un pêcheur à la ligne prendre une grosse pièce ? Ne souriez pas ; ça arrive ! Et alors, regardez bien l’homme. Son visage se transforme ; on y lit de la surprise, de la fierté, un bonheur ingénu. Il empoigne la bête frétillante, il la montre à ses voisins, il la soupèse, c’est la gloire !
J’étais ce pêcheur à la ligne ; j’avais découvert la grosse pièce et Dieu sait si je m’y attendais ! Couleur, puissance, sobriété ; un art fait de probité et de force : un extraordinaire sentiment de la nature.
Une œuvre âpre, où, sur un fond de grave mélancolie, passent des éclairs de soleil, les appels de la vie, d’une audace inouïe, mais d’une simplicité, d’une grandeur toute classique.
Dès lors je m’en allais, demandant à tous les échos :
— Connaissez-vous Delbousquet ? Qui est-ce Delbousquet ?.. Qu’a-t-il écrit déjà ?..
Personne ne connaissait Delbousquet.
Le livre parut. La critique, un peu surprise, dressa l’oreille. Elle se sentait en présence d’un écrivain de race et d’un grand artiste. Ce ne fut pas néanmoins le coup de foudre. Il eut fallu d’autres trompettes !
Toutefois le livre avait fait impression et le nom de celui qui l’avait écrit s’était imposé du premier coup.
Dès lors une correspondance se poursuivit entre Delbousquet et moi.
Je savais maintenant qu’il avait 28 ans, qu’il vivait retiré dans son domaine de Sos, en Albret, qu’il ne quittait guère son pays dont la beauté sévère et la poésie le pénétraient profondément et dont il devait devenir le peintre incomparable.
Il passait ton temps à cheval parmi les hautes pinèdes où à travers les landes sablonneuses ; il chassait à courre ; il aimait les paysans dont il comprenait profondément l’âme ; il avait l’horreur du bruit et du mouvement des trilles. L’atmosphère d’hypocrisie et de facticité qu’on y respire l’en détournait invinciblement.
Je l’invitais à venir à Paris, à s’y faire des amis, à s’y créer des relations. Il ne put jamais s’y décider. Il préférait la société de ceux dont il avait fait les héros du Mazareilh , dont il allait faire les héros de l’Écarteur , de Miguette de Cante-Cigale , de l’Incendiaire ; il préférait ses livres ; ses bêtes et sa solitude baignée de tant de sérénité.
Quelque temps après Delbousquet m’envoya le manuscrit de l’Écarteur .
C’est le roman que l’on va lire... ou relire.
C’est par lui que la Librairie Ollendorff commence la nouvelle édition des œuvres de Delbousquet sous la direction de Mademoiselle Germaine Emmanuel-Delbousquet, sa fille, grand poète elle-même d’un talent pur, pénétrant et sensible et dont l’âme d’artiste devait si bien comprendre l’âme profonde de l’écrivain disparu.
L’Écarteur est, au moins, d’une beauté égale à celle de Mazareilh avec plus de mouvement, peut-être, et plus d’éclat.
Là encore nous sommes dans les Landes et les héros du livre sont des paysans de Gascogne.
Toute la souplesse de cette race sarrasine mêlée de sang latin, sa noblesse ancestrale, sa vivacité, son goût du risque, son courage, Delbousquet nous le rend ici en des pages pleines de couleur et de vivacité. Nous y respirons l’odeur des pins et de la résine, nous nous y baignons de soleil, nous sommes gagnés, comme l’écarteur Simounet Lugat, par cette fièvre du grand « jeu landais » ces courses de vaches aussi dangereuses que les corridas espagnoles et qui exigent une vigueur et une témérité pareilles.
Scènes d’un pittoresque achevé, tableaux parfaits, ramassés, éclatants et dont chacun est un chef-d’œuvre digne de nos anthologies, images somptueuses, intransigeante sincérité.
Et partout l’amour !
Emmanuel Delbousquet est un admirable peintre de l’amour. L’amour est présent dans toutes ses œuvres ; il s’insinue, éclate, domine. Il est superbe, sain, irrésistible et d’une telle simplicité souveraine qu’il se revêt toujours, même au milieu de ses pires violences, de la noblesse des grands gestes éternels de l’humanité.
Emmanuel Delbousquet est mort à 35 ans. Je ne l’ai jamais vu. Ce fut pour les lettres françaises une perte immense. Les livres qu’il nous laisse, ceux que je viens de dire, avec Miguette de Cante-Cigale , l’Incendiaire et un volume de vers Le Chant de la Race sont de purs chefs-d’œuvre qui sont en voie de gagner peu à peu à son nom la grande gloire — celle qui compte... Celle, hélas ! qui vient toujours trop tard.
Il a laissé, avec son admirable fille qui veille si pieusement sur sa mémoire et dont, je le répète, le talent s’apparente si bien au sien, de fidèles amis : Marc Lafargue, Jean Viollis, Maurice Magre, Louis Merlet. Deux autres encore l’aimaient et l’admiraient : Emile Pouvillon et Laurent Tailhade qui ont disparu.
Emmanuel Delbousquet appartenait, on le voit, à la grande famille de nos écrivains.
Son nom déjà célèbre, ne peut que grandir encore. Ses œuvres qu’on réédite, vont soulever parmi les jeunes générations qui montent et qui les ignorent encore une sympathie ardente et une grande admiration.
Pour peu nombreux qu’ils soient (puisque Delbousquet est mort en pleine jeunesse) ses livres forment un tout unique dans nos lettres, par son originalité, sa puissance et sa couleur.
Toute une race (et quelle !) toute une contrée (et admirable !) de notre France y vit et s’y reflète... Ce sont des livres qui ne meurent jamais.
PIERRE VALDAGNE



I.
C ésar Pouyabère avait soixante ans.
C’était un haut vieillard robuste, aux cheveux taillés en brosse sur un front étroit. Un grand feutre gris ombrageait son visage rasé, au profil romain.
Il tenait aux doigts un fouet de chasse à manche recourbé dont il se servait, à cheval, en toutes saisons, bien qu’il ne chassât plus depuis cinq ou six ans. Mais il craignait la gueule des labris (1) farouches, pour les jarrets de sa bête, quand il parcourait la lande ou les bois.
Chaque matin, à la pointe de l’aube, il avait accoutumé de monter une jument grise, d’espèce arabe, à queue flottante, aux sabots vierges d

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