La Baraque
53 pages
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La Baraque , livre ebook

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Description

Marc est un petit garçon normand de sept ans, vif et fougueux. Avec ses deux frères et sa sœur, il vit sous l’autorité d’une mère abusive, violente et alcoolique, qui les maltraite et ne connaît aucun sentiment maternel. La famille habite une maison de brique rouge, surnommée "la baraque". Défraîchie, mal entretenue, humide et délabrée, elle incarne toute l’angoisse et la mélancolie de Marc, qui rêve de s’enfuir loin de sa mère et de se construire un avenir brillant. Heureusement Marc est très proche de sa tante Aurélie et de grands-parents... Ce roman relate le parcours d’un enfant à qui la vie ne fait pas de cadeaux, mais qui se bat avec courage et une admirable obstination pour s’arracher à des conditions de vie désastreuses. Ces épreuves, qui bien loin de le rendre cynique et endurci, vont lui donner l’envie de bâtir ce dont il a toujours rêvé: un espace, un refuge, ou chacun à la chance d’échapper à un milieu hostile. Jacques Ferment signe ici un récit bouleversant, écrit avec pudeur mais aussi beaucoup d’émotion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369380
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Baraque
Jacques Ferment
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Baraque
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Quelques mots comme des traces de vie qui ont marqué mon chemin. Mes remerciements vont à celui qui me suggéra à la route des Indes, à celle qui éveilla mes ambitions…
 
 
 
 
 
I
 
 
 
Un bel après-midi de septembre laisse le soleil briller dans la mignonnette cour d’une maison citadine. Le charmant espace au parfum de rose jouxte la maisonnée en offrant un extérieur des plus accueillants. Le jardin apprivoise la diversité des fleurs. La composition florale est de bon goût, le fruit d’un artiste, probablement. Une bassine d’eau en guise de port, une boîte à œufs pour vaisseau de fortune, voilà Marc, pacha d’une frêle embarcation. Un peu comme sa vie…
Marc, bientôt sept ans, depuis bien longtemps guidé par la raison, faute d’affection, se joue de l’insouciance d’être un gamin. Enfin, il fait comme si…
Julienne, sa grand-mère, se met de la poudre de riz, la promenade au jardin d’enfant, c’est pour bientôt, ouf ! La mer adorée de Marc, c’est la Manche, qui baigne les côtes normandes de sa froideur.
Julienne et son petit-fils quittent cette maison de ville où le petit homme passe ses vacances. Son grand-père, Aurélien Clarence, est tailleur coupeur, il porte bien le costume et son élégance est auréolée du sérieux de son âme érudite. Pour beaucoup, c’est monsieur Clarence. Il détonne un peu de la majorité des campagnards normands : il semble être né du bon coté de la fracture sociale.
Julienne et Marc arrivent vite aux abords de cette plage normande, le jardin est là de l’autre coté de la rue. La grand-mère pile net sur le trottoir, elle vient de croiser une autre consœur à la carte vermeille, les voilà parties dans un dédale de banalités. L’empressement gagne le gamin, il décide de foncer, court à perdre haleine dans le seul but d’entrer au plus vite dans le jardin d’enfant. Et paf !
Une voiture le percute. Projeté dans les airs, Marc atterrit violemment sur le bitume. Il écope de multiples contusions et d’un bon traumatisme crânien, le tout sur le côté droit du corps. Il perd beaucoup de sang. Les pompiers arrivent, on le mène à l’hôpital où sa tante travaille. Conscient de ses blessures, Marc maudit le personnel du bloc opératoire : on s’occupe de sa tête alors qu’il a si mal au ventre.
 
Il perd des forces, un état de somnolence le cloue sur un lit, la perfusion chatouille son bras. Tout un monde en blanc s’affaire, les unes nettoient, les autres soignent. Une odeur bizarre règne. Marc voit ses vacances enterrées. Il s’agite pour la forme, toutefois ses membres s’engourdissent. Le gamin plonge dans un profond sommeil.
Au réveil son grand-père Aurélien est à son chevet, pleurant, accompagné de sa mère biologique – Marc ignore le mot maman. Cette femme a renvoyé son père à coups de bâton il y a quelques semaines. À ses yeux noirs, il était devenu un bon à rien. Un an plus tôt, l’homme tombait d’un toit, tragique pour un couvreur. Depuis, il se console avec la chopine, endiguant les railleries de celle qui est encore civilement sa femme.
Marc a deux frères et une sœur. Son seul véritable attachement va à sa tante Aurélie. Avec un prénom pareil, elle est bien la fille du grand-père. Elle se trouve aussi être l’unique sœur de Claude, la mère biologique de Marc. Les deux femmes se détestent cordialement.
 
Aurélien est un sensible, il intellectualise beaucoup, il pleure souvent devant ses fleurs, dans son jardin plein de secrets. C’est un penseur cultivant de fertiles réflexions. L’abstraction convient à cet être en retrait, au charme intemporel, qui semble sorti d’un autre siècle. Sans itinéraire précis, il vagabonde dans notre époque, ses idées politiques appartiennent au dix-neuvième, sa réflexion est motivée par le triomphe de la raison, la sacralisation de l’analyse. Cet individu suspendu à sa bibliothèque a des connaissances sensibles à la manière d’un être relié à un savoir absolu.
Le grand-père a payé une maison à Claude sa fille et ses petits-enfants quand le père de Marc est tombé du toit de sa vie, faute de fondations solides. Claude a fait quatre gosses pour percevoir les allocations familiales, elle échappe ainsi à la servitude de son métier d’aide-soignante, peu glorifiant à ses yeux. Question boulot elle a ses prétentions bien qu’elle soit prestataire du revenu minimum. La voix forte, elle aime se cultiver et contredire systématiquement les vues d’esprit d’Aurélien, son père.
 
La tante et le grand-père de Marc sont un tout dans sa modeste vie d’enfant privé d’affection. Le soir, le gamin s’invente une maman et la vie qui va avec. Il se sent ainsi davantage dans la norme. De cette manière, il accepte mieux son quotidien, dans l’imaginaire, il fait des emprunts d’amour. Il oublie ses galères dans de furtifs et fictifs moments d’affection salutaires. Le jour, il est l’ombre de lui-même. Le visage fermé, il rend l’autre étranger à son monde intérieur. Le gris du ciel normand est comme sa mine. La nuit il s’offre un peu de lumière. Il reprogramme la journée dans ses moindres détails. L’imagination lui compose un autre réel, qui lui permet de survivre.
Tôt, Marc a compris qu’il grandissait en territoire hostile. De toute façon, un bon point : il encaisse bien… et Claude cogne sec. Elle se défoule aussi sur son frère cadet. Elle joue à le faire pleurer. Marc fait plus figure de réceptacle de sa haine. Elle l’appelle le teigneux. Parfois un brin affectueuse, elle lui lâche un le « tété » ou la « tétaigne ». Son frère cadet, Olivier, à l’allure rurale, est proche de sa grand-mère paternelle. Claude compte jusqu’à neuf pour le faire pleurer. Avant d’atteindre le chiffre parfait il fond en larme. Alors son attention se focalise sur les frêles épaules de Marc qui évite son regard pour la priver du témoignage de son mépris. Dans ces moments, la grandeur d’âme il s’en fout, il se protège voilà tout. Pour le moment elle est beaucoup plus forte que lui, pour le moment seulement. Marc fréquente Aurélien et Aurélie, cette proximité attise le rejet de Claude pour sa propre famille. Elle emploie son temps à les mépriser tous.
 
La maison de Marc, offerte par son grand-père, est une baraque moyennement bien entretenue. Les bâtiments afférents au garage sont spacieux et solides. Des contreforts la surélèvent de la rue, un grand jardin assez pauvre la sépare de la chaussée. Cela ressemble aux palissades d’une forteresse. Un mur, avec petites tours de pierre reliées par des barres en fer, surélève le jardin de la chaussée. Cela fait penser à un petit château fort. Le tout est bien pensé. Toutefois, les enfants craignent davantage l’ennemi occupant, leur mère Claude, qu’une quelconque menace extérieure. On entre à ce domicile de briques rouges mal vieillies en ouvrant une barrière verte à la peinture défraîchie, quelques marches à monter et nous voilà dans une allée. De chaque côté, c’est le jardin, en friche, à peine entretenu, les légumes y sont rares. Sur les murs, des poiriers escaladent les briques, les fruits demeurent verts comme figés dans une immaturité chaotique. Deux ou trois rosiers apportent une touche de charme, un charme très discret : quelques roses dans une baraque morose.
 
Une porte vitrée au bout de l’allée sert d’entrée. Cette porte défraîchie tempère les velléités de plus d’un colporteur, une porte qui donne envie de sortir vers un quelconque ailleurs. Une fenêtre à gauche, une à droite… un peu de symétrie à cette maison mitoyenne. De l’autre côté, c’est pareil, en mieux.
Le toit d’ardoises gris sombre laisse quelques ouvertures, des infiltrations viennent ôter tout espoir de chaleur dans ce foyer ingrat. Une fenêtre brise la monotonie des ardoises délavées. On devine là une chambre mansardée. La fenêtre ferme par chance, sans doute parce que c’est la mode. D’apparence, la baraque cherche encore son style. Cette baraque ressemble à une symphonie dirigée par un expert-comptable. Si l’architecte qui a construit la baraque fait partie de l’élite de sa profession, le Français moyen mérité d’avoir une armoire vitrée au musée d’histoire naturelle. Il y a peut-être un ailleurs…
La baraque donne envie de sortir. Rares sont ceux qui s’y aventurent. On y entre par une porte sans serrure, quelle aubaine ! les sorties précipitées sont facilitées. Les téméraires qui pénètrent dans la baraque découvrent d’emblée une cuisine disparate. L’intérieur offre de maigres réjouissances. D’entrée on est donc dans la cuisine, une grande table rectangulaire constitue le seul lieu où la famille se réunit, une assemblée de fortune plutôt que le fruit d’une famille unie. Deux chambres et une salle de bains se trouvent dans ce rez-de-chaussée de l’amertume. Le papier est défraîchi, décoré par l’humidité. La froideur stylisée en guise de style imprégné. Un seul étage, mansardé, abrite la chambre de Didine, les trois garçons dorment en bas. La chambre de Didine est la mieux décorée. C’est une demeure classique d’une bourgade normande non loin de la ville où Marc se réfugie souvent, où habite Aurélie. Elle a du mal à avoir un enfant, ça tombe bien il a du mal à avoir une mère.
 
Pour l’heure Marc est loin de la baraque, dans un lieu où l’on prend soin de lui. Ses traumatismes corporels seraient presque les bienvenus. Aurélie a briffé ses collègues, le gamin a droit à une attention plus soutenue, accidenté et cabossé mais satisfait de ces marques d’humanité. Cet accident est un merveilleux malheur, on va enfi

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