La Chine au prisme des Lumières françaises
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Description

Un pied dans la tradition, l’autre dans la modernité, la France des Lumières développa de la Chine une vision particulière, parfois dérangeante, qui nous éclaire sur les conditions dans lesquelles l’Occident pense l’Autre, et l’ailleurs. Si le contexte a changé, les modalités selon lesquelles la Chine fut perçue au XVIIIe siècle n’en retiennent pas moins, à l’occasion, notre regard, comme le font les miroirs.

Docteur en philosophie et lettres de l’Université libre de Bruxelles, Christophe Van Staen est chercheur à l’Université de Shanghai, Jiao Tong (SJTU). Il a publié de nombreux travaux sur Rousseau et les Lumières.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782803105311
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA CHINE AU PRISME DES LUMIÈRES FRANÇAISES
Christophe Van Staen
La Chine au prisme des Lumières françaises
Préface de Valérie André
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0531-1

© 2016, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 78
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Illustration de couverture : © Chinoiserie
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
info@bebooks.be
www.bebooks.be

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-217-7

A propos
Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
Comment peut-on être Chinois ? Avouons-le, le jeu de mot est facile. Il n’en demeure pas moins pertinent pour résumer la relation complexe et ambiguë que l’Occident, la France en tête, entretient avec l’Empire du Milieu depuis sa découverte. La question interpelle. La bibliographie critique qui tente de la cerner est à la (dé-)mesure du sujet. Aussi était-il particulièrement ambitieux de se risquer à la rédaction d’une synthèse claire et érudite dans un volume de l’Académie en poche, dont le format pourrait rivaliser avec celui du petit livre rouge. La gageure a été payante. Christophe Van Staen nous livre ici un ouvrage remarquable de concision et de finesse qui, en plus d’analyser les controverses d’un siècle à propos de la Chine, nous renvoie à nos propres contradictions. Notre image de l’Asie, et plus particulièrement de la Chine, demeure largement tributaire de la vision fantasmée qui a émergé à la Renaissance avec les Essais de Montaigne pour atteindre à son apogée au XVIII e siècle : attraction et répulsion, fascination et rejet, tels sont les sentiments qu’entraîne immanquablement la rencontre de l’altérité.
Les missionnaires jésuites et les voyageurs furent longtemps les seuls à apporter leur témoignage. Moralistes, peintres, écrivains ou philosophes, tous ont puisé leur inspiration dans la Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’Empire de la Chine de Du Halde, le Nouveau voyage autour du monde de Le Gentil de La Barbinais ou, surtout, les Lettres édifiantes et curieuses des pères jésuites. La découverte de l’autre, médiatisée par le regard du colonisateur et de l’évangéliste, passait par une seconde réfraction, tout aussi partielle et partiale, sous la plume des Européens, qu’ils se positionnent sur le plan religieux, recherchent l’exotisme ou qu’ils s’inscrivent dans le débat philosophique.
La place de l’ É glise dans la société d’ancien régime est fondamentale. Son pouvoir doctrinal s’est amenuisé, certes, dans la France des Lumières, émoussé par les violentes contestations dont il a fait l’objet, mais les congrégations religieuses restent puissantes. Les jansénistes sont-ils mal vus à la Cour ? Ils demeurent très influents au sein du Parlement. Quant aux jésuites, ils conservent une certaine hégémonie dans les collèges d’enseignements, les milieux proches du pouvoir et, bien entendu, dans les missions éloignées de la métropole. Les disputes qui les opposent traversent toute la pensée du XVIII e siècle, elles apparaissent, explicitement ou en filigrane, des œuvres les plus commentées. Les dissensions s’exportent sans se déraciner, la Chine en sera le théâtre bien involontaire. La fameuse « querelle des rites », qui opposa jésuites, franciscains et dominicains au XVII e siècle, se poursuivit au XVIII e ; elle inspira les écrits des savants et des philosophes. Fidèles aux préceptes du père Matteo Ricci, l’un des premiers jésuites missionnaires en Chine, les pères s’étaient montrés très favorables à l’ « inculturation », l’adaptation de la religion chrétienne aux coutumes et aux usages locaux. Après 1633, les dominicains, partisans d’un christianisme orthodoxe à vocation universelle, reprochèrent aux compagnons de Jésus de permettre aux Chinois convertis de sacrifier aux rites païens du culte des ancêtres et à la doctrine de Confucius. L’accusation d’idolâtrie était lancée. Rome s’en mêla, multipliant les décrets les plus contradictoires. Condamnés dès 1645 par le pape Innocent X , les rites chinois furent ensuite tolérés, avant d’être une nouvelle fois censurés par le pape Clément XI , en 1704. On connaît la suite : proscription du christianisme en Chine par l’empereur Yong-Zheng en 1725, interdiction définitive des rites chinois (1744) et, finalement, dissolution de la compagnie de Jésus, mettant fin à la mission en Chine (1773).
Les échos de cette querelle célèbre sont innombrables et servent les desseins polémiques des auteurs qui y font allusion : dénonciation des superstitions et de l’athéisme, stigmatisation de l’intolérance catholique, l’une et l’autre se rejoignant d’ailleurs parfois dans un même argumentaire. La réalité chinoise dans tout ça apparaît somme toute assez secondaire…
Mais l’importance de la présence des j ésuites en Chine ne se réduit pas à cette « anecdote » aux conséquences catastrophiques pour la compagnie. L’image idéalisée qu’ils auraient dessinée donnait du grain à moudre aux adversaires de l’autorité religieuse. Dans le dernier quart du siècle, elle suscita de nombreuses réactions critiques, comme celle du chanoine Cornelius de Pauw, oncle d’Anacharsis Cloots, le cosmopolite « orateur du genre humain ». Il faut dire que la Chine commençait à passer de mode. D étrônée par l’Inde, elle allait se heurter à une vague de sinophobie promise à un long avenir. Sic transit …
Quoi qu’il en soit, adulateurs et détracteurs s’affrontent, par textes interposés. Les Lettres édifiantes reçoivent un accueil tronqué par les attentes d’un public avide d’exotisme. La venue à Versailles du mandarin Shen Fuzong, converti au christianisme, avait éveillé un engouement durable pour cette « civilisation éternelle » et lettrée. La mode des chinoiseries allait faire rage à Paris, quelques années seulement après que monsieur Jourdain, gagné par la folie des turqueries, ne se soit élevé à la dignité de mamamouchi ! Les philosophes, eux, n’avaient pas attendu, bien conscients que la réflexion sur l’ailleurs, décrié ou idéalisé, permet avant tout de parler de soi-même. De Montaigne à Pascal, en passant par la Mothe Le Vayer et Fénelon, la Chine intègre le débat philosophique. À travers son évocation, rehaussée par la figure du vénérable Confucius, apparaît souvent l’ombre floutée de Spinoza et des athées. Terre de superstitions ancestrales ou patrie d’éternelle sagesse, contrée barbare et sanguinaire ou asile de raffinement. L’heure n’était pas à la nuance, sauf peut-être chez Montesquieu et Diderot, davantage tournés vers la compréhension de l’autre et le refus des amalgames.
Il eût été impossible de clore le chapitre consacré à la Chine des philosophes sans évoquer Voltaire, dont l’œuvre regorge d’arguments sinophiles et de débats polémiques avec l’opinion française. Pour le patriarche en effet, la Chine représente un ailleurs idéal, la victoire de la civilisation sur la barbarie, un « formidable outil » contre l’infâme et les athées. On s’attendait moins sans doute à rencontrer Rousseau. Ce serait oublier que Christophe Van Staen compte parmi les derniers disciples de Raymond Trousson, qui l’avait intégré à la magistrale édition des Œuvres complètes de Jean-Jacques chez Honoré Champion. Le dialogue souvent tendu entre le citoyen de Genève et le seigneur de Ferney se dévoile sous une nouvelle lumière. Les œuvres se répondent, point par point, dans une « rumination autour de la Chine » qui, jusqu’ici, avait rarement été mise en exergue et qu’on prend plaisir à reli

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