La F-- du Logis
84 pages
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La F-- du Logis , livre ebook

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Description

« En écrivant ce recueil de nouvelles, je voulais toucher un large public » écrit Murielle Compère-DEMarcy (alias MCDem), auteure davantage connue pour ses poésies. Car c’est de la vie quotidienne de chacun(e) d’entre nous que parle La F-- du Logis, dont l'originalité est de compiler nouvelles réalistes dans une première partie, imaginaires et oniriques dans une seconde partie. A chaque genre d'inspiration donc sa nouvelle!
La F-- du Logis tisse la trame de ces récits, à chacun(e) d’y trouver ses propres chemins de lectures, de s’y reconnaître ou d’y reconnaître un ou des visages familier(s).
Violence, détresse, solitude mais aussi bonheur, extravagance, fantaisie, jusqu’à cette histoire insolite d’un personnage passant d’une façon peu ordinaire une IRM.
La F-- du Logis n'est jamais loin !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 septembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332792259
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-79223-5

© Edilivre, 2014
Gâteaux d’hiver
Il n’en revenait pas !
Philippe attendait un collègue devant la cathédrale de Noyon, pour déjeuner. Et comme il faisait froid, et comme il était en avance, il s’était posté un peu en retrait dans un recoin de la cathédrale, à l’abri du vent qui était glacial ce jour-là, et avait occupé son temps à observer un groupe d’inconnus rassemblés à quelques mètres devant lui. Observer des inconnus passait le temps. Et sa découverte avait été flagrante : toutes ces silhouettes aperçues sur le parvis ressemblaient à des pâtisseries montées de toutes pièces par l’hiver ! De véritables desserts, de véritables gâteaux ! Surtout ces dames.
Philippe sourit en pensant que c’était, ce jeudi 8 mars, la journée des Femmes et que sa comparaison de leur accoutrement hivernal avec des pâtisseries lui aurait peut-être valu d’être affublé de l’étiquette de misogyne ou de macho… mais oui, elles ressemblaient bien à des gâteaux servis par l’hiver !
Celle qui parlait semblait promener un baba au rhum sur son chef. Sa coiffe se distinguait par un rebord ourlé brillant, comme nappé de sucre glace, orné d’un melon mangé à sa base par une espèce de fouillis enrubanné couleur crème Chantilly. Philippe remarqua que l’élégante avait assorti ses gants à son couvre-chef.
Ah ! Celle-ci avait la tête d’un Trianon ! Toute de teinte chocolat – noir, cacao, blanc – avec des baguettes décoratives couleur moka battant la mesure de sa démarche, et des pépites de chocolat des paillettes de noix de coco ornementant le fond de beurre de cacao du feutre grège.
Tiens ! Cette fois-ci il s’agissait d’un monsieur ! Oui, « un monsieur ». Quelle élégance ! Il venait de prendre la parole et agitait un par-dessus couleur paris-brest dont les mouvements légèrement ondulés étaient rehaussés par la houppelande du vent qui les enflait de ses courants frais et valorisait la belle texture de leurs effets. Chacune de ses paroles semblait une volute ascendante.
La plus jeune des femmes figurait une brioche de fêtes. Tout y était ! Farine de froment, beurre, sucre, écorce d’orange confite, raisins secs, amandes, noisettes et fruits confits, tout se dégustait de visu !
Philipe n’avait jamais remarqué qu’un attroupement de personnes en hiver pouvait à ce point décorer le froid extérieur de tant de succulentes gourmandises. L’appétit grandissait en lui, justement il aperçut son collègue à quelques mètres de lui, engoncé, lui, dans une généreuse écharpe mauve à rayures beiges. Ce dernier lui raconta « la dernière » diffusée à la radio : un ministre du gouvernement venait d’être gratifié d’une tarte à la crème en pleine face, alors qu’il s’apprêtait à visiter une usine en grande difficulté financière, près de Chantilly dans l’Oise. Tarte à la crème, financier, crème Chantilly… les mots les mets se confondaient dans l’esprit de Philippe. Il pensa aux desserts qu’il choisirait au déjeuner, oui, il en dégusterait plusieurs… baba au rhum, cake, Trianon… ce jeudi 8 mars était décidément un jeudi de convoitises… la journée n’était consommée qu’à moitié, Philippe se demanda à quelle sauce il allait être mangé d’ici le soir…
Sur le fil
Aux beaux jours leur destination favorite demeurait là . Saint-Valéry-sur-Somme. Week-ends couleur de sable passés dans cette patience éternelle et déliquescente curieuse de tout, la plus belle arme des vacances ! Et de toute éternité c’est comme cela… Pas comme le temps …
Le temps climatique, qui lui n’est pas à l’Été. Quelques éclaircies se développent, surtout dans les fins d’après-midi. L’ambiance est assez lumineuse. Mais pas de miracle côté thermomètre puisque la fraîcheur s’éternise…
Le temps météorologique, qui lui est automnal en cette fin de Printemps au bord de l’Été. Encore des averses en perspective et des températures fraîches. Des ondées éparses, persistance des conditions maussades avec de la fraîcheur et de fréquentes pluies. Aucune amélioration tangible des conditions, et à peine 10 degrés ! Encore de la pluie au programme. Ciel mitigé entre de fréquents passages nuageux, éclaircies et averses ici et là, peu d’évolution…
Week-ends couleur de sable. Et la mer, emplie de caresses ; le ciel, épris d’échappées volatiles ; la plage, une page frissonnante de signes, hiéroglyphes, traces, laisses, biffures coques et plumes.
* *       *
Là les vents leur disaient, les îles et le sel.
* *       *
D’Amiens elles avaient pris le train jusqu’à Noyelles-sur-Mer. Puis le petit train historique à vapeur, de Noyelles-sur-Mer jusqu’à Saint-Valéry-sur-Somme.
Marie sortait d’une cure de désintoxication – une cure de désintoxication de la société, avec mea culpa et les vagues à l’âme qui lui collaient encore à la peau. Sa sœur, Eléonore, plus pragmatique, était mieux disposée pour gérer cette vie quotidienne si lourde parfois… Et ces escapades via la côte permettaient un temps de s’y dérober.
Idée fixe ces courts voyages, itinéraires dépaysement franchi cap sur la mer, idéal fertilisé par les possibles ouverts sur l’infini des dons offerts par le temps indéterminé indéfini, émouvant émotionnel, éminemment perceptible dans les mouvances de l’adolescence.
* *       *
Elles s’acheminaient jusque- là par le train.
Et dès l’aube, ce jour, elles sont dans ce train, via les rails, destination la mer. Ame-tram-rails qui roulent, la journée se déroule, le soleil, son immense boule, âme-trame-rails, arrivée, autocar, la Mer qui bouge rouleaux amortis par les galets qui bruissent, par les galets qui roulent, à leurs pieds.
Ce que Marie regarde et ce que son œil écoute le lendemain, au long de la plage, au-delà du bruit chamarré du vent chargé d’écume, dépasse son entendement. Cet homme…
Il apparaît dans le retour fébrile mais fidèle des oiseaux migrateurs. Chevelure poivre et sel, plutôt bel homme, la cinquantaine passée, séduisante. Quand Marie l’aperçoit, c’est l’infaillibilité des marées. Omis le ressassement des ressacs. Râteau raturé du passé, on ratisse on casse les mottes on sème on récolte, au gré vif des saisons.
Le chant du feu écume le ciel. « C’est beau ! ». Les cheveux poivre et sel de l’homme, un peu longs et bouclés sur sa nuque, se mêlent aux rumeurs de la mer. C’est drôle, son visage pour Marie évoque un lointain passé. Et réciproquement. L’homme est seul, célibataire, et l’envie de le rester l’habite depuis des années mais, cette femme, croisée dans la couleur de sable de ce week-end prolongé, le hante. D’où la connaît-elle ?
Une autre rencontre. Le même jour mais ailleurs, cette fois dans la hâblerie joyeuse d’un estaminet. Félix regarde et ne peut détacher son regard de ce visage… ce visage… Elle est encore là , pense-t-il, dans les remous fracassants des pensées et le remuement calme des vagues.
Même visage. Autre lieu, autres amertumes, celles de l’alcool des bars, embué dans des volutes de fumée. Quelque chose de différent cependant…
Son passé « le remorque ». Et ça ne veut rien dire. Le passé, vous le traînez ; vous ne vous en faites en aucun cas une locomotive. Idem sur la route : qui regarderait trop dans le rétroviseur pour avancer pourrait rater un virage. Ou un visage.
Eléonore l’aperçoit elle aussi dans le chant d’écume du vent. Le surlendemain, dans les mêmes parages. Un visage familier, pense-t-elle, pourtant cet homme lui est inconnu. A moins que…
Eléonore le voit débouler comme de l’horizon. Une silhouette poids plume aux pas réguliers, cheveux mi-longs poivre et sel voletant mèches légères sur sa nuque. Cœur chamade dans les chants d’écume aux bruits chamarrés du vent. Sa mémoire le localise là-bas , mais l’image est floutée : droit de regard aveuglé par un passé inconsciemment effacé, trop enfoui ? Les souvenirs défilent sur le parchemin brouillé du temps, gris d’un ciel délavé. «  Je vous offre quelque chose ? »
C’est bien cet homme qui lui offre quelque chose . Et quelque chose survient, de fait, qui ressemble à l’émergence d’un sentiment, à moins que ce ne soit la résurgence d’un ressentiment. Eléonore scrute le visage de l’homme et tandis que la palette des couleurs de roc sur le littoral crie, la vibrante confusion de ses colorations, la mémoire d’Eléonore s’écrit… Un prénom s’avance sur ses lèvres : «  Félix  »…
* *       *
Flashback – Quand Félix a aperçu Marie la veille, montant vers la chapelle des marins à Saint-Valéry face à la baie de Somme, elle furetait à marée basse, mêlant les remous de sa jupe longue aux plis laissés par les arabesques du sable sur la plage. Le temps se dissolvait soudain dans les battements sourds en demi-teintes rouges et vertes de l’espace, du moins pour Félix, et pour elle, Marie, guidée par la torpeur des solitudes, dans cette ...

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