La femme sans ombre
236 pages
Français

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La femme sans ombre , livre ebook

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Description

Suite à un accident, Donatella Della Chiave ne peut plus vivre seule dans le château familial d’Argivocale, en plein cœur de la Toscane. Son neveu Frediano vient alors s’installer auprès d’elle en compagnie de son compagnon, Stefano.


Frediano va alors apprendre de lourds secrets de famille, dont l’un rapproche curieusement la famille Della Chiave de la famille royale d’Italie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383515685
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
PREMIÈRE PARTIE RETOUR À ARGIVOCALE
I
À l’heure où le soleil desserre son étreinte sur les plaines nues du sud de la Toscane, je parcourais en voiture la route qui court aux abords du Val d’Orcia, au milieu des collines boisées et des champs noyés d’herbes dont la teinte dorée révélait les brûlures du soleil. Çà et là, les champs d’oliviers, les longues rangées de vignes aux feuilles cuivrées par la chaleur et les longues haies de cyprès rompaient la monotonie de ces bouquets d’arbres qui luttaient courageusement contre le feu du ciel que l’été déversait sur la Toscane, masqués par endroits par de longues haies de chênes dont les ombres légères s’étendaient le long de la route. Les flammes du ciel dansaient entre les ramures dentelées de leurs branches, qui étiraient éperdument leurs maigreurs comme de dérisoires éventails de verdure, et la vision des rangées de cyprès, qui se dressaient en longues files solitaires de part et d’autre de la route, semblait annoncer le funeste présage de la mort guettant sa proie aux confins de cette effroyable fournaise.
J’avais souvent emprunté cette route qui menait au château d’Argivocale, demeure dont ma famille, les marquis Della Chiave, avait jadis fait le siège orgueilleux et séculaire de son ancienne puissance aujourd’hui évanouie dans les brumes du passé, et qui n’était plus aujourd’hui que le repaire dans lequel ma grand-tante Donatella confinait la solitude de son veuvage, congelée dans les souvenirs d’une vie chaotique que venaient régulièrement bercer quelques frivoles mondanités.
Argivocale était une forteresse médiévale qui, depuis plusieurs siècles, avait échappé aux emprises du temps. Si le confort moderne y avait naturellement trouvé domicile, elle avait conservé cette antique majesté qui nous ravissait toujours, mes frères, ma sœur, mes cousins et moi, lorsque nous nous y retrouvions, à l’occasion de ces réunions au cours desquelles cette vieille chouette débonnaire de Donatella s’entourait des ramures de la généalogie familiale. Pour parvenir au château, il fallait emprunter la route qui court entre Montalcino et Sant’Antimo avant de s’engager, à main droite, sur un chemin de terre blanche empierré qui s’étendait, en une étroite tranchée, au milieu d’un océan de vignes et d’oliveraies avant de gravir l’une des collines environnantes, au sommet de laquelle se dressait notre nid d’aigle. Argivocale apparaissait alors : épaisse construction carrée surmontée d’un haut donjon crénelé, enveloppée dans la ouate arborée d’un jardin aux épaisses frondaisons et ceinte de murailles que ni les outrages du temps, ni la folie des hommes, ni la fureur des guerres intestines n’avaient altérées ; le lierre, qui s’agrippait désespérément aux remparts, ainsi que la vigne vierge, dont le feuillage grimpait le long de l’une des façades et jusqu’au faîte du donjon, ne parvenaient pas à en dissimuler la blancheur fanée, et le château apparaissait aux yeux des visiteurs comme un épais vaisseau de pierre posé sur un océan de verdure. D’épais bosquets d’arbres entouraient la propriété, silencieuse armée de verdure veillant fidèlement sur ces murs qui dormaient à présent dans les souvenirs d’une histoire révolue, offrant au jour leur grandeur muette qui n’avait d’égale que leur opulente solitude.
Depuis la mort de mon arrière-grand-père, ma grand-tante Donatella Della Chiave était devenue la gardienne quotidienne des fantômes de ce château, dont elle avait finalement abandonné l’entière propriété à mon grand-père, à la condition d’y abriter sa solitude. La mort de mon grand-père, vingt ans plus tôt, puis celle de mon père, quatre ans plus tard, n’avaient pas modifié ces dispositions et nous continuions, mes frères, ma sœur et moi, à apprécier régulièrement les charmes de cette maison confiée à la garde de cette fidèle concierge des lustres écoulés, tandis que mes grands-parents, puis mes parents s’étaient réfugiés dans le confort plus cossu de notre villa d’Arezzo. De sordides raisons financières, dont nous nous félicitions en secret, avaient conduit ma tante Antonietta et mon oncle Bonifacio à céder à mon père leurs droits sur ce château, à présent concentrés entre les mains d’une seule lignée, mais ce n’était jamais sans plaisir que nous voyions notre tante accoster, en compagnie de son époux et de notre cousin, dans cette immense arche qui demeurait, malgré les vicissitudes notariales, le refuge de notre famille.
La vie de Donatella avait basculé quelques semaines plus tôt, lorsqu’une malencontreuse chute survenue dans un escalier avait réduit les facultés physiques de cette brave nonagénaire, dorénavant contrainte à mener une vie de recluse à moitié infirme, entravée dans sa marche autant que dans ses moindres gestes. Elle s’était légitimement emparée de ce prétexte pour abdiquer entre mes mains d’aîné de la famille le gouvernement du domaine et de ses dépendances, me conduisant ainsi à prendre effectivement possession de cette antique demeure autant qu’à veiller sur elle, égrenant en silence les jours qui lui étaient dorénavant comptés.
« Je ne t’imposerai pas une vie d’infirmier, Frediano, m’avait-elle assuré lorsque je m’étais rendu à son chevet à l’hôpital d’Arezzo, puisque, de toute façon, mes années à venir me sont maintenant petitement comptées… Mais tu connais les obligations de notre famille… Depuis la mort de ton père, tu t’acquittes de ces obligations mais, à présent, je ne pourrai plus supporter la charge d’Argivocale…
— Vous avez veillé sans faute sur le château, et nous vous savons gré des services que vous avez rendus, ma tante. Stefano et moi quitterons donc Arezzo pour venir vivre au château. Nous n’y perturberons pas trop votre quotidien, et nous serons là pour prendre soin de vous. »
S’il partageait ma vie depuis maintenant quatre ans, Stefano n’avait pas manifesté, de prime abord, un grand enthousiasme à l’idée de venir s’enfermer dans cette forteresse, certes exaltante et confortable mais qui allait nous imposer de cohabiter avec Donatella, dont il redoutait qu’elle ne troublât la tranquille félicité dont notre couple s’était entouré, au sein de la villa familiale d’Arezzo.
« Le château est assez grand pour que nous y vivions sans nous marcher les uns sur les autres, l’avais-je rassuré. Le premier étage contient quatre grandes chambres, sans compter l’appartement seigneurial, dans lequel dormaient mes grands-parents et que nous occuperons, comme chaque fois que nous venons… À son âge, tante Donatella ne quittera plus guère le premier étage, a fortiori maintenant que cet accident l’empêche de marcher… Le grand salon du rez-de-chaussée et sa chambre seront son refuge, avec Simona pour veiller sur elle… Le reste du château, et notamment la piscine, sera à notre disposition ! Un château presque tout entier à nous, avec parc et piscine, isolé à souhait pour vivre notre intimité comme nous le voudrons… De quoi pourrions-nous rêver de mieux ?
— Intimité, intimité… Il y aura tout de même Donatella et les domestiques ! avait objecté Stefano.
— Comme je te l’ai dit, Donatella est maintenant confinée dans ses appartements, qui ne donnent pas sur la piscine… et elle a depuis longtemps passé l’âge de faire des brasses au petit matin, ou le soir, avais-je répondu en l’enlaçant avec un sourire complice.
— Mais… les domestiques ?
— N’aie crainte ! Ils sauront respecter notre intimité. »
Les dernières réticences de Stefano avaient été d’autant plus aisément désarmées que ma grand-tante ne nourrissait aucune animosité à l’égard de mon compagnon. Déménager nos affaires personnelles, autant que les impératifs de nos vies professionnelles respectives, nous avait imposé de quitter Arezzo et la villa familiale chacun en voiture et c’est en procession que nous approchions, au milieu des vallonnements écrasés par la chaleur estivale, d’Argivocale. L’emménagement au château nous aurait imposé de nombreux allers-retours si je n’avais décidé de conserver comme pied-à-terre la dépendance de la villa Della Chiave, dans laquelle Stefano et moi habitions ensemble depuis quatre ans.
Il ne fallait qu’une heure trente pour parcourir en voiture la distance qui séparait Argivocale de notre demeure d’Arezzo et lorsque, au détour de la petite route qui quittait la voie provinciale, je vis apparaître l’épaisse masse de la forteresse, j’éprouvai pour la première fois une appréhension qui s’intensifia tandis que je parvenais au pied des remparts, éprouvant alors la nécessité de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour y chercher l’image de Stefano, lui aussi blotti derrière le volant de sa voiture.
Soixante-huit ans après la mort de mon arrière-grand-père, Frediano XIII, les marquis Della Chiave revenaient vivre dans la demeure séculaire de leur famille.
Au-dessus de l’arche du portail d’entrée, qui ouvrait sur la cour inférieure, les armes de notre famille, «  d’azur à la clef d’or posée en bande, à la fasce de sinople et accompagnée en pointe d’une coquille d’argent  », resplendissaient dans l’écu en chanfrein qui ornait, depuis des siècles, la muraille ajourée du pavillon d’entrée ; ouvert au midi, cet épais arceau de pierre se dissimulait derrière une rangée d’arbres dont l’ombre le protégeait des assauts de la chaleur, tout en laissant la lumière du jour baigner délicatement le vernis des couleurs régulièrement entretenues.
Luciano et Adalgisa, qui occupaient le logement des concierges, situé auprès du portail d’entrée, nous attendaient. Ils nous accueillirent, Stefano e

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