La Fusion et la Confusion
208 pages
Français

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La Fusion et la Confusion , livre ebook

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Description

Un pur esprit, émanation d'un pur esprit, s'interroge sur ses origines, jusqu'à découvrir qu'il n'est pas ce qu'il pensait, mais un livre de papier issu des grandes sylves lointaines. Un livre non encore écrit qu'il lui faudra auto-écrire pour exister. Sa morne vie s'écoule au fond d'un rayon d'une bibliothèque municipale où ses ambitions sont plutôt bâillonnées lorsqu'il est subtilisé par une jeune fille surprise de trouver ce livre qui n'en est pas un mais dont une page cachée dissimule une curieuse réalité. Elle, Nadia, décide d'en faire son journal intime en lui confiant ses secrets sous le sceau de la confiance. Mais Marc, amoureux de Nadia, subtilise Sylvio et entre en communication avec lui pour finir par le présenter, sur insistance du livre, à un éditeur. L'entrevue ne se passe pas au mieux et Sylvio prend son destin en mains en révélant à Marc les ambitions de certains Granzarbres désireux de mettre des humains en grands pots, « les podhoms », pour permettre à tous les autres arbres d'étudier le mode de vie de ceux-ci et particulièrement leur manière de se reproduire. Ce qui crée une mode nouvelle chez les arbres qui rêvent de devenir de chair et d'os. Marc, rapproché de Nadia, lui explique toute cette sombre histoire qui finit bien pour les amoureux mais beaucoup moins bien pour Sylvio alors enfermé dans un grand bocal de verre clos afin de lui enlever toute velléité de mettre son projet en œuvre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050837
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Fusion et la Confusion
Jean Dustour
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Fusion et la Confusion
 
 
 
 
 
 
 
Le terme de « fusion confusion » est parfois employé lors de la réunion de deux particularités caractérisées par la totale confusion de leur patrimoine.
 
 
Lorsque deux entités – dont l’une est une totale émanation de l’autre – se confondent, leur fusion n’affecte en rien leur existence qui déjà témoigne de la plus grande confusion.
 
 
 
Sylvio
 
 
 
Sylvio, depuis longtemps, pensait qu’il était un pur esprit, lui-même émanation d’un pur esprit.
Ce qui, évidemment, était compliqué à expliquer aux autres, vu que, ces mêmes autres n’étaient eux-mêmes qu’émanation de ce que lui pensait être : un pur esprit émané d’un pur esprit.
La facilité n’avait pas place dans sa façon de penser et d’aborder les choses. Cette émanation d’un pur esprit avait pourtant un avantage, ceci permettait d’expliquer – et d’accepter – beaucoup de choses qui autrement auraient pu poser problème. Alors, ceci étant bien entendu, il devenait aisé d’organiser le monde et tout ce qui environnait, visiblement ou non, le monde tel qu’il se présentait aux yeux, aux oreilles, au nez, et aux autres sens physiques ou psychiques de sa quasi-existence. À moins que ce ne fût de sa quasi-inexistence.
Aussi se plaisait-il à penser en secret et à dire, toutefois avec prudence, à ses interlocuteurs avertis et pas trop dangereux, que lui seul existait en qualité de pur esprit et que tout le reste, y compris ses interlocuteurs interloqués, n’avait d’existence (fictive) que par la force de sa pensée, mais qu’en réalité ils n’existaient pas.
La preuve !
La preuve ?
— Mais quand je ferme les yeux je ne vous vois plus, mais quand je ne pense pas à vous, vous n’existez plus, mais vous ne constituez mon environnement que lorsque je conçois un environnement. Tout ce qui m’entoure, tout ce qui fait votre quotidien, les bagnoles, les télés, les avions, vous-mêmes, ne sont que pure imagination, de semblable manière que les oiseaux, les cours d’eau, les nuages, la pluie, la neige et le soleil. La planète, le système solaire… Laissez-moi rire, qui donc aurait besoin d’un tel fatras ? Et pour quoi faire ? Et encore, je ne dis pas tout.
— Pas tout… quoi d’autre ?
— Que sais-je, moi… les sous-marins, les méduses, les guêpes, les guêpières, les longs jupons, les brebis galeuses, les nuages – je l’ai déjà dit, enlevons les nuages, une fois suffit pour ce que ça sert dans ce discours – les semaines, les mois, les années et tout le reste, il n’y a qu’à établir des listes, au moins cela vous passera le temps et avec un peu de chance vous aurez l’impression de servir à quelque chose.
— L’impression d’exister, vous voulez dire ?
— Ben oui
— Et comment le pourrais-je puisque, à vous écouter, je ne suis qu’une projection de l’émanation d’une émanation d’un pur esprit.
— Là, vous sodomisez les diptères 1 .
 
Ça ne vous suffit pas ? Une autre preuve plus probante ?
Imparable : je disparais – l’esprit que je suis arrête de vous considérer et vous efface tout simplement –, mieux, pour utiliser votre langage et votre façon de fonctionner : je meurs. Alors, que se passe-t-il ? N’hésitez pas, osez, osez le dire. Mon esprit éteint ou dirigé vers d’autres horizons, il n’y a plus rien de tout ce que l’on vient de parler. Mon esprit éteint, plus rien n’existe pour lui, donc tout ceci n’est qu’affabulations, qu’images, sons et sensations générés par mon esprit : vous n’avez jamais existé.
Ça vous en bouche un coin, hein. Mais n’oubliez pas ce qui va vous aider à comprendre – je fais encore cela pour vous – je suis un pur esprit et cela devrait vous suffire.
Ne me demandez pas ni pourquoi ni comment, cela friserait l’indécence, d’ailleurs je ne le sais pas non plus, vu que je ne suis qu’un pur esprit émanant d’un pur esprit.
Facile… D’accord. Je vais faire un dernier effort et vous maintenir quelques instants de plus dans mon champ de vision. Images… Images… chantez, dansez, trémoussez-vous, le temps qui vous est imparti est compté. Un clignement d’yeux et plus rien. Ne vous méprenez pas, je n’ai pas dit : un clignement Dieu, bien que. Car lui aussi fait partie de l’émanation du pur esprit que je suis, comment en serait-il autrement. Dieu, ou plutôt Dieux, pour faire bonne mesure. Cela ne vous a jamais intrigués ? Cela ne vous a jamais interpellés ? Confondus ? Dérangés ?
Nous y voilà bien. C’est normal, comme vous êtes pure émanation d’un esprit pur, c’est normal que vous recherchiez l’esprit créateur car je ne vous ai pas émanés complètement stupides. Un peu à mon image mais il me semble avoir déjà entendu ça quelque part.
 
Ainsi parlait Sylvio.
Rien de plus factuel, prétendait-il, que son discours. Des faits avérés, et rien que des faits fidèlement rapportés.
 
La certitude présuppose le doute. Car en quoi consisterait-elle s’il n’y avait pas d’autres possibilités. Comme la vérité induit l’idée d’absence de vérité et de contre-vérité soit de mensonge. Donc la certitude est un choix qui – même inconscient – peut se traduire par une erreur. Ce qui rend la certitude incertaine, bien entendu, et cette idée d’incertitude ouvre la potentialité d’autres possibilités.
Hooooo ! Les belles certitudes de Sylvio.
Hooooo ! Le doute.
Le doute qui s’insinue, d’abord insignifiant. Distille ses toxines discrètes qui vont rapidement se développer en terrain favorable. S’amplifie, croît et multiplie. Le doute qui, à n’en pas douter, s’installe durablement, confortablement, et initie la plupart des réflexions ainsi que des questions à n’en plus finir. Initie l’impensable, désémanationise 2 l’émanation de l’esprit qui est à deux pas de le perdre, justement.
Le doute est là et se construit un petit nid douillet.
Le pur doute qui remet en cause le pur esprit unique et authentique, incontestable.
Sylvio doute.
Subitement, et sans la moindre préparation, il doute de tout. De lui-même, évidemment, du pur esprit dont il est censé émaner, de son esprit tel que prédéfini, de son origine et de sa non-existence, même.
L’éventualité de la matérialité de son être se faufile dans les méandres douloureux de sa conscience, laquelle, pur esprit on s’en souvient, ne s’est pas encore métamorphosée en âme fidèle compagne d’un corps. Les circonvolutions du cerveau en voie de reconnaissance s’apprêtent à accueillir, déjà, l’ensemble des parts qui leur reviennent et dont le tri, le décrassage et l’asepsie prophylactique seront leurs premiers grands ouvrages.
Y’a du boulot.
La matérialité, voici un bien grand et vilain mot. Le déni de l’esprit pur à n’en pas douter. L’Être remis en question s’en émeut et sent bien que ça ne tient guère la route. Il regarde, analyse et ressent. Il communique et compare, se détourne et revient. Il y a de la continuité dans ses gestes, de la persistance et de l’opiniâtreté dans tout ce qui l’entoure. Une simple imagination n’y suffirait pas, assurément. C’est du moins l’idée qui germe dans son esprit, lentement mais sûrement. Une idée peut-elle naître et croître dans un pur esprit émanant d’un pur esprit maître de toute chose ? Sans doute pas. Le lien est rompu, à moins qu’il n’y ait pas de lien, pas, pas eu, jamais eu et pas de potentialité d’avoir de lien.
Donc pas de pur esprit supérieur et moins encore de pur esprit subalterne. Toute considérable qu’elle soit – si, si – l’imagination se trouverait bien vite dépassée par les faits de toutes natures et la simultanéité des événements, en toutes choses et en tous lieux. Et bien pire encore, s’il était pure imagination, c’est une supposition, l’Être Sylvio pourrait-il lui-même produire de l’imagination ? Bonne question, cette faculté superfétatoire ne servirait strictement à rien car en quoi le pur esprit supérieur aurait-il besoin d’un intermédiaire pour imaginer strictement – mais comment en serait-il autrement – ce qu’il serait en train d’imaginer ? Même pas par paresse, même pas par vice, même pas par esprit d’ouverture, faut pas déconner, on parle d’un pur esprit, et l’ouverture, il en a rien à tirer.
Sylvio se gratte la tête pour bien marquer l’état d’indécision dans lequel il se trouve. Et ce simple geste lui confirme à lui seul sa matérialité. Un pur esprit, même émané, ne se gratte pas la tête, tout le monde vous le dira. Et Sylvio, le pauvre Sylvio, se gratte la tête de plus belle, renforçant ainsi ses convictions naissantes. Putain, quelle merde.
Justement, il se gratte aussi le cul et les testicules, et en matière de matérialité on ne peut pas faire mieux, cette même matérialité qui différencie les sexes et s’érige en bien d’autres choses, et gestes, et unions, et désunions, et confusions.
Hooooo ! Le grattage.
Ses ongles crissent et crissent encore.
Hooooo ! Le grattage.
Hooooo ! Le tirage.
 
Mais alors, quoi ?
Mais alors, qui ?
 
Dubitatif et surtout un peu perdu, il est, le Sylvio. La machine cérébrale s’est mise en marche et s’emballe sans que quiconque ne puisse la contrôler. Pas quiconque, donc encore moins le pauvre Sylvio qui voit défiler dans sa tête tout le stock inimaginable de conneries existantes, passées et à venir. c’est pas pour dire, mais ça en fait un paquet et c’est pas un paquet cadeau.
Et la migraine s’en mêle car les élucubrations excessives, et inutiles le plus souvent, ont la fâcheuse habitude d’accoucher d’une migraine magistrale. Une belle et bonne migraine qui prend naissance entre les deux yeux (si, ça arrive)

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