La Marelle
126 pages
Français

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La Marelle , livre ebook

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Description

La Marelle est une somme de fragments de la vie de Caroline. Une vie qui se dessine à demi-mot à travers les instantanés de personnages qui l’entourent et qui la constituent. Succession de petites chroniques familiales dans leur réalité ordinaire, avec l’amour en fil d’Ariane, La Marelle se construit comme un puzzle dont chaque pièce est un témoignage intime du temps qui passe. De case en case, une enfant devient femme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334246941
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24692-7

© Edilivre, 2017
Remerciements

Je remercie Annette et Arnaud
Exergue

“Non pas délibérement, mais à la fois en le voulant, nous devrions vivre le présent de telle façon que le futur soit le plus riche possible de passé.”
Julio Cortazár. Crépuscule d’automne
Pour mes enfants,
1 Ce serait bien la mer !
I
Les grandes vacances. Caroline, le sourire de circonstances, vient de franchir le portail de l’école. Des parents agglutinés sur le trottoir attendent leurs enfants. Les siens sont encore aux champs. De toute façon ce n’est pas la peine de venir la chercher, elle habite à côté, au bout du chemin de terre qui mène à la ferme. Il fait chaud, son sac est lourd, Caroline s’aide d’un coup de hanche pour le suspendre à l’épaule.
Aujourd’hui, à l’école, c’était journée sans cartable. Les jeux ont remplacé les cahiers et Caroline en a apporté un sac plein. Ce qui est chouette le dernier jour, c’est que tout est permis, enfin, presque tout. On joue, on se lève de sa chaise quand on veut, on parle à voix haute, on écrit sur le tableau, on peut même s’asseoir sur les tables. Mourad est venu deux fois sur la sienne. Caroline ne louperait cette journée pour rien au monde.
La veille, la maîtresse avait demandé où les élèves partaient pour les vacances ; moins drôle. Au moment où elle a tourné les yeux dans sa direction, Caroline s’est baissée sous sa table faisant mine de chercher quelque chose dans son cartable. Elle y a plongé la main, en a ressorti un vieux morceau de gomme noircie, un carambar collé, des copeaux de crayons taillés et le petit mot de Mourad chiffonné. Ouf ! Il n’était pas perdu. Du coup, quand Romain a dit qu’il partait en Espagne, Benoît en Italie, Nathalie en Randonnée – tiens, elle demandera à son père où c’est la Randonnée – elle a relu, cachée sous sa table, ce mot qui lui a fait oublier qu’elle ne partait pas en vacances. Ça ne la dérange pas vraiment mais elle a un peu honte car ses camarades risquent de penser que ses parents sont pauvres. Excepté Corinne peut-être qui habite dans une ferme elle aussi.
S’ils ne partent pas c’est à cause de leur travail, pas à cause de l’argent. La plupart des gens ne savent pas ce qu’est le métier de maraîcher. C’est l’été qu’il y a le plus de travail avec l’arrosage et les récoltes. C’est papa qui le dit. Il dit aussi que les gens pensent qu’une betterave pousse toute cuite. Il faut dire qu’une marmite grande comme un humain, ça ne se voit pas partout. Ceux qui viennent des grandes villes ne connaissent pas. Ça leur ferait peur d’ailleurs ! Quand on vide le cuiseur à betteraves, ça fait comme un filet de sang qui dégouline sur la dalle de ciment jusque dans l’égout. Hum…
Ceux qui viennent des grandes villes, ce sont les nouvelles familles qui ont emménagé dans les lotissements récemment construits à la sortie du village. Maman est ravie. C’est bien, cela ramène un peu de monde et de nouveaux amis pour Caroline, dit-elle. Papa n’est pas de cet avis. Quant aux grands-parents, eux sont carrément allés voir le maire pour se plaindre. Ils le connaissent depuis toujours et ne comprennent pas qu’il laisse construire des maisons carrées toutes identiques. Tu devrais avoir honte, tu devrais avoir honte, lui a crié la grand-mère sur le marché un jour où il y avait du monde. Le maire était parti drôlement fâché. La honte pour Caroline plutôt, son fils est dans sa classe. Il n’a pas tort de penser que ses grands-parents sont de vieux schnocks. Ce qu’ils peuvent être râleurs les vieux ! Ils n’aiment pas que les choses changent.
Son sac est lourd. Elle le pose un instant et le balance sur l’autre épaule. Mince ! Une boîte s’est renversée dans le fond. Elle regarde. Le Monopoly est en vrac. Elle le rangera en arrivant. Ce n’est plus très loin. Elle marche sur le chemin, en zigzagant pour éviter les trous.
Ils ont quand même de la chance, les autres, de partir. Caroline n’a vu la mer qu’une fois (deux plutôt mais la première fois elle était bébé). Il y a deux ans, elle avait sept ans et demi. Une semaine en Vendée. Maman avait insisté. S’était fâchée même. Bah oui ! Papa ne voulait jamais s’arrêter, même pas pour sa femme et sa fille ! Et grand-mère qui avait dit que maman avait des envies de bourgeoise ! Quand on est maraîcher on ne part pas ! Le travail avant tout ! Maman avait tenu bon et papa avait fini par dire oui pour huit jours dans un grand hôtel au bord de la mer. Des journées entières passées sur la plage. Ça sentait tellement bon sur cette plage !
Caroline s’arrête, inspire une longue bouffée d’air pour mieux se souvenir. Pas de chance, la poussière soulevée par le freinage d’une voiture la fait tousser. C’est papa dans sa 4L. Elle ouvre la portière, pose le sac de jeux et s’assied sur le siège passager.
– Ça pue ta cigarette, papa ! Elle ouvre la fenêtre. Il lui sourit, jette son mégot.
– Tu veux conduire ?
Il recule son siège, elle saute sur ses genoux et saisit le volant. Ça démarre. Les pieds sur les pédales, son père pousse de petites accélérations. Elle manque de rayer la voiture sur les branches d’arbres qui bordent le chemin. Il rétablit la trajectoire. Ce que c’est drôle d’être secoué à droite puis à gauche dans les trous creusés par les roues du tracteur. Allez, un dernier virage !
– T’as vu ? Je conduis de mieux en mieux !
– Comme tu dis ! Mais bientôt ce sera fini les genoux, t’es trop grande maintenant ! Allez ouste !
– On a dit jusqu’à mes dix ans !
Elle descend.
– Au fait papa, tu pourras me dire où c’est la Randonnée ?
– Hein ? On en parle ce soir ma chérie. Rentre prendre ton goûter, ta grand-mère a apporté une tarte !
Caroline fait le tour de la voiture, récupère son sac, claque la porte et se dirige vers l’entrée. Un corps de ferme sans clôture avec des rideaux brodés et des bacs de fleurs rouges sur le rebord des fenêtres. La chienne l’accueille en se tortillant de joie. T’es belle ma douce, fait Caroline en lui tapotant le ventre qui s’arrondit de jour en jour. Maman dit qu’il faudrait la faire opérer pour qu’elle n’ait plus de petits ou faire construire une clôture. Mais la clôture c’est comme la mer, on n’est pas prêt de la voir, fait souvent maman.
Ce serait bien la mer, il fait tellement chaud.
Ce que c’était rigolo de sauter à pieds joints au-dessus des vagues et de finir trempée jusqu’aux cheveux ! Ils avaient passé de si belles vacances qu’à la fin de la semaine, papa avait dit qu’ils partiraient plus souvent. Il a dû oublier. Elle ne réclamera pas. Son travail, son travail, et encore son travail. Maman a promis une piscine gonflable pour mettre dans le jardin cet été. Corinne, la fille des voisins, viendra jouer. C’est bien une piscine aussi.
Hum ! la tarte est succulente. Il ne faudra pas oublier de remercier grand-mère. La politesse, c’est important pour la grand-mère. Elle doit être avec les autres dans le champ derrière la maison. C’est là que papa allait tout à l’heure. Les rejoindre ? Non, il fait trop chaud. Il y a le Monopoly à ranger. Caroline saisit le sac, monte dans sa chambre, le pose au sol. Sur l’étagère, elle replace les boîtes de jeux restées intactes puis renverse le contenu du Monopoly sur la moquette. Elle repousse avec douceur le museau de la chienne qui s’est empressée de venir renifler si quelque chose se mangeait. Chaque objet est soigneusement rangé dans les compartiments plastifiés. Les petites maisons rouges, les grands hôtels verts, les billets de 10, 50, 100 ou 500 francs, les cartes avec les gares de Paris, les rues de Paris. Ils y ont joué cet après-midi à l’école. C’est Benoît, le fils du maire, qui a gagné. En plus d’être le meilleur de la classe, il gagne tout le temps celui-là. Quel prétentieux parfois ! Caroline s’en est pas mal sortie avec deux hôtels sur l’Avenue Montaigne. Il paraît que c’est une des plus belles rues de Paris, c’est sa tante qui lui a dit. En tout cas au Monopoly c’est une des plus chères. Elle a joué à Puissance 4 aussi, avec Mourad. Il a réussi à aligner ses quatre jetons en premier mais elle a gagné la belle et la revanche. Elle aurait bien fait une autre partie mais il a préféré les cartes avec ses copains. C’était une super journée, vraiment.
Caroline se lève pour regarder par la fenêtre, Le soleil l’éblouit. Au loin, elle aperçoit sa mère et sa grand-mère. Elles remontent le champ en direction de la maison. Elles ont l’air pressé, il est pourtant tôt pour rentrer. Bizarre. Pourquoi maman s’arrête-t-elle ? Et que fait papa avec grand-père ? Le soleil la gêne, elle voit mal. On dirait qu’ils aident grand-père à marcher. Quelque chose ne va pas. Caroline sort de sa chambre, dévale les escaliers, court à leur rencontre.
– Qu’est-ce qui se passe grand-mère ?
– Oh, je lui avais bien dit de prendre un chapeau. Ton grand-père fait un malaise. Va falloir l’emmener au docteur ! Il nous casse les pieds celui-là !
– Papa ! Maman ! Qu’est-ce qu’il a grand-père ?
– Il ne se sent pas bien mais ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas ! Papa va le conduire chez le médecin.
Essoufflée, Caroline regarde son grand-père. Ce qu’il est blanc ! C’est la première fois qu’elle le voit comme ça. Il a du mal à se tenir debout et il respire très fort. Papa est tout rouge tellement il force pour le soutenir. Caroline veut les aider et vient soutenir son grand-père sous l’autre bras.
– C’est gentil ma chérie mais va plutôt lui chercher un verre d’eau.
Elle obéit et court dans la cuisine, attrape un verre dans le placard, le remplit sans attendre que l’eau du robinet n’ait le temps de refroidir et ressort dans l’allée où les voitures sont garées. Grand-père est assis dans la 4L. Elle ouvre la porte, l

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