La Mise en scène des acteurs de l'insertion (intervenants sociaux et destinataires de leurs actions) : le cas du CHRS-Carrefour géré par l'E.S.P.I.

Emmanuel Lamien

Description

Le CHRS (Centre d'hébergement et de réinsertion sociale) abrite et permet de faire cohabiter une hétérogénéité de personnes et une grande diversité de problématiques qui, en raison de la régulation fréquente opérée par les éducateurs, rend cette hétérogénéité et cette diversité bénéfiques : « De omi le vo, ye mi le dow » (« C’est la réalité de nos différences assumées qui constitue notre raison d’être ensemble. »). Ce dicton africain qui prend ici une dimension de concept éprouvé me semble fort pertinent car en l’espèce, il donne quelques raisons aux uns et aux autres, non pas de se côtoyer seulement, mais d'apprendre à composer avec ses différences de tous ordres, de s’y mirer et peut-être même de changer ou de mieux s'accepter mutuellement en découvrant de bonnes raisons de le faire.

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• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 20 février 2020
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782414380084
• Langue: Français

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ISBN numérique : 978-2-414-40835-1

© Edilivre, 2020
La mise en scène des Acteurs de l’insertion :
(Les intervenants sociaux et les destinataires de leurs actions)
* * *
Éloges aux Acteurs du service social,
A un Acteur social majeur nommé AUDACIA né E.S.P :
* * *
Exergue

A toi Voyageur qui va !
Voyageur qui passe
Voyageur qui va
A travers la France profonde,
Voyageur, soit gai !
Car tes yeux vont voir l’Entraide :
Soit gai !
* * *
Pays des droits de l’homme,
Pays de la Fraternité,
De l’Égalité, de la Liberté,
Pays qui fait des envieux,
Pays de ces concepts forts et beaux,
Salut !
O ! Entraide, ton nom est connu de tout Poitiers ;
Tu incarnes ces idéaux
Et ton œuvre généreuse est appréciée ;
Entraide Sociale Poitevine,
Salut !
* * *
Voyageur qui passe,
Va-t’en voir du côté du foyer Carrefour…
La tête et le cœur de l’Entraide,
Et tu salueras un certain Manu
Pour moi !
Dis-lui que malgré mes rires et mes aises
Et tout mon air joyeux,
Je me désole et mon cœur pleure souvent
Oui, souvent !
Car Entraide, depuis l’an deux mille neuf
Où ton avenir a vacillé,
Je me désole souvent,
Oui, souvent,
Pour ceux qui n’ont d’espoir que par toi :
E.S.P, salut !
J’ai ouï dire que tout n’est pas perdu :
L’espoir d’un nouveau foyer tout neuf se précise,
Mais cinq ans ont passé,
Ils attendent avec foi ;
Cinq ans ont passé,
Les choses se précisent toutefois,
Mais combien de temps encore ?
Audacia, salut !
Audacia qui relève le défi, Audacia soit gaie !
* * *
Emmanuel LAMIEN
La Mise en scène des Actcteurs de l’insertion: (les intervenants sociaux et les destinataires de leurs actions) le cas du CHRS-Carrefour géré par l’E.S.P l
 
La mise en scène du melting-pot social, multi-ethnique, pluriculturel et multi linguistique dans la pratique éducative développée au CHRS-Carrefour : un essai de représentation de ce vécu social dans cette institution d’internat.
1 : La première raison d’être du CHRS est constiueé par les réponses à la question : qu’est-ce que le C.H.R.S Carrefour, qu’est-ce que cette institution d’internat, qui y trouve-t-on, à quoi répond ce lieu ?
C’est un internat mixte, qui accueille aujourd’hui 51 personnes en chambres individuelles et qui leur assure un suivi éducatif.
Il a été créé en 1969 avec 20 lits pour l’accueil et le reclassement par le travail d’ex-détenus, de personnes sans domicile fixe (SDF) et de sortants de cure ou d’hospitalisation. Le CHRS est géré par une Association loi 1901 créé en 1963.
Les missions du CHRS sont l’accueil et l’orientation des personnes en difficultés, y compris en urgence afin de leur assurer : l’hébergement, le soutien et l’accompagnement social ; l’adaptation à la vie active et l’insertion dans la vie sociale et professionnelle.
C’est un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale qui est né de la volonté de certaines personnalités de la ville de Poitiers en vue de répondre à une double mission :
Une mission d’accueil de tout public majeur en vue d’assurer à ces personnes, un hébergement et de subvenir à leurs besoins alimentaires, cette mission est stipulée dans le Code de la Famille et de l’Action Sociale. Il s’agit d’une des missions régaliennes de l’Etat et c’est donc lui (l » Etat) qui en assure le financement en grande partie.
Le CHRS est soumis à des textes réglementaires quant à son fonctionnement et à son financement comme ci-dessus :
*Loi du 13 avril 1946 ; elle institue la fermeture des maisons de tolérance et la création d’établissements de reclassement pour les personnes sortant de la prostitution.
En vertue de cette loi, les CHRS sont amenés à répondre au besoin d’insertion et d’accompagnement des personnes issues de ces maisons closes dont la situation sociale, on le devine, est devenue beaucoup plus difficile plus qu’avant.
*Décret du 02 septembre 1954 ; art. 46 à 48 – 8 portant création des CHRS : décret publié au journal officiel le 30 juillet 1954
*Arrêté du 20 décembre 1954 : il fixe les conditions d’agrément des CHRS
*Décret n° 61 il porte sur l’hébergement et la réadaptation ; (terme employé à l’époque) des personnes dénommées « vagabondes ».
*Le décret du 29 novembre 1953 : instaure la possibilité d’accueillir des sortants d’hôpitaux, de cure ou de centre de rééducation, de prison avec obligation de travailler.
Ce décret est le premier texte sur l’Action Sociale en matière d’hébergement.
*La loi de 1974 et le décret de 1976 : sont inscrits au Code de la Famille et de l’Action Sociale (art.185)= le C.F.A.S Ils élargissent les missions des CHRS comparativement à l’ancienne classification des personnes désignées » public CHRS. Cet élargissement instaure les fonctions d’accompagnement social dans l’accès aux droits des personnes accueillies en CHRS
*La loi du 30 juin 1975 est relative aux institutions sociales et médico-sociales.
*La loi n° 74-955 du 19 novembre 1974 art. 1 er
*La loi n°76-526 du 15 juin 1976 ; elle renvoie à l’article 185 du Code de la famille et de l’Action Sociale
*La loi du 29 juillet 1988, loi de lutte contre les exclusions en matière d’emploi, de logement et de santé.
*La loi BESSON du 30 mai 1990 instaure le droit au logement en tant que droit fondamental. Elle fixe un cadre légal aux CHRS ;
elle crée le dispositif dénommé A.L.T (Allocation Logement Temporaire), met en place le PALD et le FSL= fonds de solidarité logement.
*Le décret de 03 juillet 2001 relatif aux conditions de fonctionnement et de financement des CHRS.
*La loi du 02 janvier 2002 sur la rénovation de l’Action sociale. Elle élabore les schémas nationaux et départementaux. Elle instruit une meilleure prise en compte de l’usager et met en place le livret d’accueil.
Le public accueilli a évolué au cours du temps.
A ses débuts le CHRS accueillait exclusivement des personnes sortant de prison, puis il a étendu progressivement ses actions aux prostituées (travailleuses du sexe ainsi nommées en ces termes), aux sortants d’hospitalisation et de cures (cures éthyliques essentiellement).
Jusque dans les années 1970, le CHRS, a accueilli principalement ceux qui étaient communément appelés les « handicapés sociaux ». Ce sont des personnes dont les ressources sont insuffisantes et qui rencontrent des difficultés à reprendre ou à mener une vie équilibrée : elles ont besoin d’un soutien matériel et d’une aide psychologique, d’une action éducative temporaire et/ou d’un accompagnement socio-éducatif durable.
Aujourd’hui le CHRS accueille des personnes en situation d’exclusion. Pour situer les types de problématiques rencontrés au sein du CHRS, on peut dégager 3 catégories de problématiques :
*les jeunes de 18 à 25 ans ; certains de ces jeunes ont vécu des placements dans leur enfance. Ils sont en manque de repères et d’autonomie pour la plupart d’entre eux.
D’autres ont subi une rupture (parfois violente) avec leur famille à leur majorité, ont vécu dans la rue plus ou moins longtemps, et veulent maintenant trouver une vie plus tranquille et un peu plus stable. Ce désir de stabilité et de tranquillité se réalise rarement à la première tentative à leur arrivée dans le CHRS ;
D’autres encore ont grandi dans un Institut Médico Educatif (IME) ; ils manquent d’autonomie (ou bien n’y sont pas assez préparés) : ils se heurtent très rapidement à des difficultés insurmontables pour eux dans le milieu ordinaire de vie.
Enfin, quelques-uns ont commis des actes délinquants et ils ont fait de la prison pour ces actes. Ils arrivent au CHRS avec de très bonnes résolutions dont la sincérité reste sujette à caution étant entendu que dans la plupart de ces cas, le juge d’application des peines leur a administré une mise à l’épreuve et un suivi socio-éducatif en leur faisant obligation de trouver un hébergement en CHRS, voire en posant une obligation de soins : le juge d’application des peines ordonne comme lieu de résidence le CHRS parce que l’encadrement éducatif lui parait recommandée et c’est le CHRS qui peut offrir cette garantie.
*Les adultes ; ce sont des personnes qui ont subi une rupture familiale et/ou professionnelle : ce sont les accidentés de la vie et qui par la suite de ces accidents de vie, ces personnes ont sombré moralement, matériellement et bien sûr financièrement.
Certaines de ces personnes sont dans une grande détresse et dans une précarité très grande, ceci depuis de longues années dans bien des cas. Elles ont vécu (survécu) avec les minima sociaux comme seules ressources et puis un jour elles ont été expulsées de leur logement pour non-paiement du loyer (plusieurs retards de loyers).
Dans la plupart de ces situations, on relève qu’il y a aussi des pathologies mentales et que ces personnes sortent de l’hôpital psychiatrique.
Les problèmes d’addiction sont très fortement présents avec les comportements associés à ces addictions, ce qui amène à faire attention pour maintenir un certain équilibre dans le groupe de résidents (éviter de cumuler certains types de difficultés dans cet espace confiné somme toute car l’effet de seuil risquerait de plomber la dynamique dans le groupe des résidents et de le tirer vers les bas ; ce risque étant réel dans la mesure où l’encadrement n’arriverait plus à porter le groupe convenablement ; il perdrait le cap, le produit (alcool ou autre stupéfiant deviendrait le motif et le centre d’intérêt pour se retrouver, se regrouper et continuer comme par le passé sans rien entreprendre afin de changer leur situation) ; du coup le groupe se retrouverait en posture inconfortable et constamment tiré vers le bas par ses éléments les plus apathiques.
Nous l’avons vu plus haut, les textes de