Là où volent les papillons
86 pages
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Là où volent les papillons , livre ebook

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Description

Un couple moderne. Le futur père qui ne cesse de s'interroger sur l'attitude de l'aimée, entame un long monologue à l'adresse de l'enfant qui va naître. Le monde n'est ni très beau ni très bon. L'homme n'est ni très beau ni très bon, mais la vie vaut la peine d'être vécue et la nature est là, que symbolisent les papillons.
Puis le drame survient.
Un texte pudique où se mêlent humour, tendresse et nostalgie dans une écriture élégante et qui coule.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332657404
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65739-8

© Edilivre, 2014
Du même auteur
Du même auteur :

LA VOULZIE – Roman autobiographique
QU’EST-CE QU’ELLES FONT LA CES CROIX – Témoignage
L’AMOUR ARC EN CIEL – Roman
LE TABLIER BLEU – Récit (Editions De Borée)
MARIA DU BOUT DU MONDE – Roman du terroir (Editions De Borée)
Mel : fjthoulon @ gmail.com
Site Internet : m-thoulon-languet.fr
Citation


As-tu perdu l’empire du monde ? Ne t’en afflige pas, ce n’est rien.
As-tu conquis l’empire du monde, Ne t’en réjouis pas ce n’est rien.
Passe à côté du monde. Ce n’est rien.
Poète Persan
Là ou volent les papillons
 
 
On m’a affublé du prénom de Kléber. Une tare pour moi, la couronne d’épines de ma prime enfance. Il me tintait aux oreilles comme un faux accord. Je le haïssais. J’en aurais haï d’emblée de la même façon le responsable s’il s’était présenté. Ce qui n’arrivera pas, mon malheur étant dû à la seule volonté de l’ancêtre qui par testament obligea la descendance à pondre un Kléber par génération. Qui a cédé à ce vœu pieux ? Ma mère ? Mon père ? Les deux vraisemblablement.
Le premier de la famille fut un héros de guerre. Un héros donc. Son portrait a longtemps trôné dans la demeure familiale. Je n’ai eu de cesse de le dépendre de ce haut-lieu, tant la galerie de ses médailles écrasant sans vergogne un corps terni par le temps, un ventre et une poitrine devenus fantomatiques, pouvait inciter les héritiers à la tentation d’une vaine gloire. Et c’est maintenant moi, Kléber junior qui en quelque sorte le remplace de ma chair bien vivante entre les hauts murs et dans toutes les pièces de notre paradis terrestre. Il a toujours fallu se signer devant ce portrait que, s’il était tombé, j’aurais balancé tel un caillou en travers de vos pas. J’étais aussi froid devant lui que Narcisse devant la nymphe Écho.
Le plus contrariant est que Kléber est accolé au joli nom de Cézame. Je reconnais que l’ensemble sonne assez bien. Trop ! J’appréciais moins l’ensemble lorsque les copains se gargarisaient de ce « Sésame ouvre-toi » lancé à la volée à chacun de mes rendez-vous galants. Quand je n’étais pas Ali Baba et même tournesol si quelque rigolo confondait Cézanne et van Gogh. Comment ne pas détester les tournesols et le jaune des tournesols.
A la faculté, j’optai pour Jacques, mon second prénom, aussi honorifique que l’autre puisque à l’aune de modèles tels que Jacques d’Aragon ou Jacques le fameux de la Grande Guerre. Un général ! Tous deux valaient bien mon suffisant d’ancêtre Kléber qui m’imposait son K. Je devenais le rejeton condensé des deux J. Aussi exultai-je au pied de son portrait en lui contant la chose. Je cessai de le maudire. J’étais grandi, moi si gauche, si nul, malgré ce que tous prétendaient, un physique attirant et un esprit lumineux.
J’avais tout de suite mis les copains dans le secret. On ne se trahit pas entre copains. Mais par distraction, je négligeais bien souvent de répondre au nom d’emprunt de Jacques si mes favorites m’interpellaient dans quelque lieu public. Elles m’attribuaient pour cela, une nature de rêveur, de poète proche des étoiles, avantage certain auprès des toute-douces. Si bien que j’étais dispensé de toute récrimination et représailles d’un sexe étonnamment indulgent et empathique, si en dernière minute et par souci d’indépendance, je me soustrayais volontairement à un rendez-vous galant… Jacques était dans la lune…
Ce jeu naïf cessa et aussi mon complexe. Je devins adulte. Politique averti autant qu’illustre, je réalisai finalement que « Kléber » correspondait mieux à mon visage mature, durci, sec, au regard âpre pris – surtout dans ses débuts – par l’assurance du jargon de circonstance dans le devoir qui m’incombait.
J’ai depuis, abandonné ce monde-là, déçu et las de tourner en rond. J’ai laissé ces gens sanglés dans leur carcan de tartuferie, tout de fausses certitudes et de clichés. Je ne m’adressai plus qu’à des femmes luxueuses qui jugèrent mon prénom hors du commun, tel l’interlocuteur. J’étais flatté. Et si elles cédaient à mes fantasmes, c’était un peu grâce à lui ! J’avançais alors le prénom tel un oriflamme. Que j’avais pu être sot !
Si personne n’infantilise l’homme autant que la femme-mère, rares sont les femmes-amantes qui ne vous rehaussent pas de quelques pouces. A moins qu’on ne leur donne les moyens ou le temps de vous les faire reperdre, et bien plus encore. Ce qui n’est pas mon cas, mes liaisons s’avérant généralement fort courtes. J’ai le tort de foncer tête baissée à chaque rencontre un peu troublante sans un temps de réflexion. D’où mes revirements brutaux et douloureux pour l’autre.
Mais je n’en suis pas tellement responsable… mon charisme paraît-il, mon ci, mon ça… la facilité quoi… Je n’en tire pas gloire. J’en profite. Sans cynisme. Sans vanité. Les choses étant ce qu’elles sont, pourquoi la frustration gratuite ? Je me pardonne. M’évitant des justifications hasardeuses, j’en conclus que « c’est la vie » et je me sens plus léger.
Il est des sujets tellement plus importants de par le monde ! Je ne suis qu’un maigre pion sur l’échiquier. Aujourd’hui surtout, où la France est en transe. Ça bouge dur à Paris. Cailloux, pavés, incendies. Il y a maintenant une manifestation monstre entre la Bastille et République. Nous serions en face d’un pouvoir qui appelle à la guerre civile. On verra bien… Notre fringant chef des Français joue son grand rôle. Un jour il fera partie de ces géants préhistoriques.
L’actualité est très inquiétante. Clara, mon amie du moment est optimiste, moi pas, elle l’est toujours ; son petit univers ne connaît pas les chaos. On va encore être pétris, pressés, tiraillés de tous côtés comme la pâte. De quoi en perdre son latin. Et tous ces désespérés qui misent à fond sur leurs cris de détresse et de révolte au travers de guignolesques spectacles de rues qui correspondent si peu au sérieux et au bien-fondé des multiples récriminations.
* *       *
Tout à l’heure j’irai chercher Clara chez elle pour une demi-journée à deux. Le ciel n’est pas encore bleu, une brume légère le voile. Mes roses commencent à s’ouvrir, de grosses roses blanches et d’autres plus petites dont les pétales retiennent comme au bord d’une paupière, une larme prête à s’échapper. J’ai des dahlias aussi, majestueux, mes « princes d’église » habillés de pourpre et de violet. Tout ce mélange assaisonné au beau rire de Clara me met la joie au cœur quand elle est là et je me sens frais comme un gardon et je caresse son visage duveté. Elle est ma fée.
Je suis comblé par la contemplation de mon grand saule. Il palpite sous la brise qui s’est levée. Elle a déclenché sa musique interne, et les frissonnements discrets troublent la parure qui chatoie dans la lumière. Je ferme les yeux et me berce du chant qui m’est destiné. Émotion étrange. La sève de ma terre semble mêlée à la mienne. Je me sens une âme de taoïste. J’en suis tout bedonnant. Dans un moment je monterai au grenier pour faire provision de pommes que j’apporterai à ma cousine Betty avant de me rendre chez Clara. Ce grenier et tout ce qui m’entoure constituent mon Tombouctou à moi et ses sentiers pavés d’or… « mais c’est l’oiseau bleu que nous avons cherché… ! nous sommes allés si loin et il était ici »
Il me manque me dit-on, ces amis de l’homme que sont les animaux, mais dégâts et contraintes occasionnés m’y font renoncer, l’arrosage des fleurs et l’entretien de mon nid me suffisant amplement. Je ne désire jamais plus que ce qui m’est donné. Je redoute je l’avoue, toutes ces maladies générées par trop d’intimité avec les animaux domestiques. Ça vous frotte, ça vous lèche, ça vous refile vers, tiques qui saignent à blanc, poils à tous vents, allergies garanties..
Et vraiment, je ne regrette en rien mon abandon de la vie politique et de ses faux-semblants obligés qui me pesaient. Elle me rongeait, elle me manipulait. Je ne venais plus à bout de ses bruits, de ses formes dans l’ombre. Perroquets et toutous, honnêtes crapules moulinant dans les grigris, principes honorables et formules sédatives. Temps de guerre froid, gris. De rejets, de frustrations, d’applaudissements débiles. Il me fallait renverser la tête vers l’arrière pour voir les étoiles. Elles étaient généreuses à travers les kilomètres des nuits interminables où je rentrais fourbu. Douces à ces heures où je ne faisais que rouler en me vidant la tête, à ne regarder qu’elles, les panneaux qui défilaient, pour interrompre ma course parfois à cause d’un chien clochard ou d’une ombre insolite qui se dressait…
Petits bonheurs, petites ivresses et mains serviles. De cela ne ressortaient que mots et formules et peu de résultats. Impossible toujours d’aller jusqu’au bout de mes ardeurs, de mes convictions, de mes désirs d’humaniste. Jusqu’au bout de tout. De concrétiser ce à quoi j’aspirais pour moi et pour le pays. Des freins, toujours des freins. Arguments fondés. Arguments fallacieux usés. On surfe comme on peut. On ne saurait en mesurer le poids.
Finie la rigolade, j’avais lâché prise et mis de côté toutes les « démocraties » du monde. Ben Laden, Poutine, Bush et compagnie. Petits fichus-chiffons les nouvelles armes. Même la fraternité dans les armes. Toutes les obsessions. J’en avais marre. Oh combien je comprenais Clara et son goût pour le bouddhisme, lorsque je m’y perdais, dans les étoiles de ces nuits, tout comme si je leur traversais l’âme.
Mon amie s’isolait en quelque sorte. Je comprenais, au-delà de nos doutes à tous deux quant à l’humanité de l’humain, son besoin d’une longue réflexion avant de me confier sa petite personne à vie. A propos du concept d’humanité et bien que cela n’ait pas grand rapport avec

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