La veuve K.
334 pages
Français

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La veuve K. , livre ebook

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Description

Veuve depuis peu, Madame K., la cinquantaine alerte, reçoit une mystérieuse invitation destinée à son défunt mari. Par curiosité et par amour du jeu, elle décide de s'y rendre sous un nom d'emprunt... C'est le début d'une série de péripéties burlesques donnant lieu à d'étonnantes rencontres mettant en scène maîtres, invités et valets aux prises avec la vie de château.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332481245
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16892-2

© Edilivre, 2016
Du même auteur
Du même auteur :
CONTES POUR ENFANTS :
Petit Bonhomme et le Sultan
Petit Bonhomme et l’Aigle Bleu
Petit Bonhomme et Chien Jaune
Petit Bonhomme et l’Étalon Blanc
Petit Bonhomme et la Fleur de Nacre
Petit Bonhomme et le Cadeau de Grand-père
Petit Prince Ming et Kangourou Grognon
Petit Bonhomme et Petit Prince Ming en Afrique
Dédicace


A ALEXIA
Qui m’a donné la force d’écrire ce roman
que seul un éditeur céleste lui permettra de lire.
Citation


« Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dits qui rendent les morts si lourds dans leurs cercueils. » i
HENRY de MONTHERLANT
Chapitre I La Veuve K.
Le réveil sonne neuf heures ; je m’éveille d’une absence de nuit, la nuque raide et la bouche maussade dans ce large lit toujours trop froid.
Je suis fatiguée ; de fait je le suis tous les matins, mais aussi le soir, ce n’est pas très agréable à admettre.
– « Tu devrais prendre des vitamines, et penser à te faire vacciner contre la grippe, c’est gratuit à ton âge paraît-il. »
– « Je sais, je sais… je vais m’en occuper … »
J’enfile péniblement mon peignoir, (cette douleur au bras droit qui revient sans cesse), chausse mes vieilles mules beiges défraîchies, et me dirige sans hâte vers la cuisine.
Mon chien m’a entendue, il s’étire en baillant et se frotte contre moi pour me saluer tandis que je le flatte de la main ; j’ai envie de l’embrasser – c’est désormais mon seul compagnon – mais je ne vais tout de même pas entrer dans ce jeu là, il faut que je me méfie. Dialoguer avec un mort est déjà pour mes enfants le propre d’un esprit dérangé, bien qu’ils acceptent avec bienveillance et un soupçon de commisération ce qu’ils voient chez moi comme un caprice passager ; mais si je me mets à embrasser mon chien, je suis bonne pour l’asile !
J’appuie sur le bouton de la machine à café, ouvre la porte d’entrée en frissonnant.
Je suis surprise par la fraîcheur de l’air bien que le soleil soit assez haut sur l’horizon ; à mes pieds les feuilles gorgées d’humidité s’amoncellent sur le seuil, l’automne est arrivé, je ne m’en suis même pas aperçue.
Le facteur est déjà passé, moment espéré autant que redouté : j’attrape avec fébrilité ce paquet d’enveloppes légèrement ramollies par la rosée, sirote quelques gouttes de café, et commence le tri silencieux des factures et autres désagréments quotidiens qu’il me faut désormais, jour après jour, affronter seule. Espoir vite déçu d’une joyeuse nouvelle…
Il y a tout de même encore, de temps à autre, de gentilles cartes de condoléances, chaleur des amis, souvent les plus lointains, ceux que j’ai presque oubliés, qui apprennent avec retard, qui sont désolés, qui pensent à moi ; je suis touchée : pointe d’épée dans mon cœur isolé.
« Madame Veuve Kerbihan »,
8 allée des Embruns…
Je n’aime pas du tout être « Madame Veuve Kerbihan » ; et moins encore qu’on me l’écrive !
« Veuve » ! Drôle de mot que l’on croyait réservé à d’autres, classé dans un monde lointain en compagnie de quelques vieilleries telles que « bru », « promise » ou « trépassé » et qui surgit de l’ombre le plus mauvais jour : celui précisément où il se justifie.
Je le déteste : il débute comme un désir de volonté, et s’éteint comme une mollesse.
– « Je ne veux pas être « Veuve », je ne veux pas être la « Veuve Kerbihan », je ne veux pas être TA « Veuve » !
– « Allons, calme toi, cela ne sert à rien de te mettre dans cet état, ce n’est qu’une question de vocabulaire, je t’en prie, ressaisis-toi. »
Le courrier se brouille devant mes lunettes de presbyte, et mon chien me regarde avec l’air misérable et interrogatif d’un dessin de Walt Disney ; je suis pitoyable.
– « Fais un effort, bois ton café. »
Je me reprends, tout ceci est absurde. Je suis la Veuve Kerbihan, c’est ainsi, et ce n’est plus tout à fait une nouveauté, il faut simplement s’habituer. Je ne m’habitue pas.
Mon café est froid ; j’en veux au monde entier. Je m’emporte contre le mauvais sort, la mort, la vie, la solitude, les impôts, les gens qui ne sont jamais là quand on a besoin d’eux, ceux qui sont toujours là quand on n’en voudrait pas.
Je repousse mon chien qui vient se blottir contre ma jambe, je sais, tu détestes que je m’apitoie sur mon sort, moi aussi d’ailleurs, tu as raison, j’arrête tout de suite. Mais j’avais besoin de cette crise pour démarrer la journée.
Bon, et puis d’ailleurs, ce courrier, si je l’ouvrais ? Madame Veuve Kerbihan a bien le droit de savoir qui lui écrit, tout de même !
Voyons, l’EDF, l’Etat Civil, les Bonnes Œuvres, le tiers provisionnel : je vais faire comme Scarlett O’Hara ii , j’y penserai demain. Je range mon bureau, soigneusement, il ne faut pas laisser de désordre…
– « Voilà, tu es content ? J’ai fait un effort… »
– « Hum… »
Soudain une enveloppe gris perle, l’adresse tracée d’une écriture ferme et racée, attire mon attention jusqu’alors embrumée par ma destructrice humeur matinale.
Ma main tremble légèrement en ouvrant le pli :
La Comtesse Arnould des Ormes du Vivier
Convie Monsieur Arnaud Kerbihan…
Une Comtesse… Mon mari ?...
Mon regard se trouble à nouveau ; je me sens tellement seule devant cette élégante invitation qui ne m’est pas destinée. Qui peut bien être cette dame dont j’ignore jusqu’au nom alors qu’elle s’adresse à mon mari comme s’il était vivant, – mais, cela m’est réservé ! – et ne daigne pas même me considérer comme une possible invitée ?
La colère me reprend, je parle dans le vide, tourne en rond dans la pièce en examinant sous toutes les coutures la curieuse carte écrite par cette femme qui te connait et qui m’ignore ! Ah comme c’est commode de ne plus me répondre lorsque je t’interroge sur cette mystérieuse relation que tu m’as trop délicatement cachée !
Tu sais bien être l’écho de mes pensées lorsqu’il s’agit de me prodiguer tes conseils de vieux sage, m’obliger à de ridicules vaccinations qui ne m’empêcheront pas de passer un hiver douloureux, mais pour t’expliquer sur l’invitation de cette Comtesse de pacotille, évidemment, la connexion est coupée !
Je cherche furieusement un numéro de téléphone, une adresse mail, une possible identification : tout est au recto de l’invitation ; pauvre découverte qui ne m’apporte aucun apaisement.
La carte, en quatre volets et une double feuille intermédiaire, est assez discrète quoique très explicite : Pour les soixante ans de Monsieur son époux, Madame la Comtesse organise un week-end de rêve dans leur château de Normandie et convie, dans le plus grand secret, tous leurs amis ; apporter son maillot de bains, ses clubs de golf, sa raquette de tennis, sa tenue d’équitation, voire, si l’on en possède une, sa tenue de vènerie. Robe longue et smoking pour le soir. On sera logés, nourris, blanchis si besoin est, occupés, distraits, abreuvés,… je me demande (avec brusquement un accès de méchanceté) si chacun peut aussi amener son Barzoï ou son Loulou de Poméranie tout en observant que la tenue de ces chers toutous n’est pas précisée !
Réponse souhaitée avant le 30 septembre ; c’est dans trois semaines, elle aurait pu nous écrire un peu plus tôt la Comtesse ! Enfin « nous écrire » est impropre, il est clair que je ne suis pas invitée par cette soi-disant amie de mon mari dont il ne m’a jamais parlé.
Perplexe je monte dans ma chambre, fais couler un bain, et cède à la subite et délectable tentation de m’occuper de mon corps, désir qui ne m’avait plus habitée depuis tant de mois. D’un coup la situation m’égaie.
Délicieusement enfouie sous la mousse qui me chatouille le bout du nez, Mozart pour me réconforter, j’imagine d’improbables impostures qui me réjouissent beaucoup sans vouloir reconnaître ce picotement qui surgit dans ma poitrine, ce sentiment oublié, refoulé au plus profond de mon âme par les tristes circonstances de l’an passé…
Et si j’y allais, moi, à cette réception ?
Suis-je obligée de mentionner mon prénom dans la réponse ? Je m’imagine dans un vieux smoking d’Arnaud débarquant au milieu du salon : « Surprise, surprise ! »
Ou bien je me vois rédiger en ricanant une carte du style :
La Veuve Kerbihan remercie la Comtesse Arnould des Ormes du Vivier de l’invitation faite à son défunt mari à laquelle elle se fera un plaisir de se rendre à sa place, lui-même se trouvant momentanément empêché…
Je ris, je pleure, je suis désemparée ; elle n’a pas dit son âge, la Comtesse, et un homme de ma génération peut très bien avoir une jeune et jolie femme, ce sont d’ailleurs celles-ci les plus volages !
Agacée je me relève vivement et rejette le gant de crin : je viens de croiser mon reflet dans le miroir et me demande quel maillot de bains cacherait la mollesse de mes cuisses, les capitons sur mes hanches, mon ventre plus que rebondi, la peau fripée de mon cou et du dessous de mes bras. Non, c’est confirmé, la natation dans les eaux turquoises des comtesses trentenaires, ce n’est plus pour moi… Quant au tennis, avec le début d’arthrite que je développe depuis le milieu de l’été, il ne saurait en être question non plus.
Il vaudrait mieux rester ici, au coin de la cheminée, à tricoter pour mon futur petit-fils une jolie paire de petits chaussons que sa mère ne lui mettra d’ailleurs pas, (elle me déteste, celle-là). Elle ne met déjà pas à l’aînée le ravissant manteau que je lui acheté, – une grande marque qui m’a coûté une fortune – et qu’elle trouve trop « vieux jeu » !
Oui, mais si je ne participe pas à ce week-end en Normandie, je ne saurai jamais qui sont cette mystérieuse Comtesse, son mari et ses amis, tous ces gens que mon époux a connus et qui me sont étrangers ! Cette perspective me contrarie plus que je ne veux l’admettre.
Je

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