Le Boute-en-train
111 pages
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Le Boute-en-train , livre ebook

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Description

Les transports en commun sont votre quotidien ? Voici l’occasion d’en rire en dépliant le tout nouveau journal « Le Boute-en-train » qui vous transportera cette fois sur la voie de l’humour.

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312026534
Langue Français

Extrait

Le Boute-en-train

Sylvie Breton
Le Boute-en-train



















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-02653-4
EDITO

Transporté…
On ne dit plus je suis « dans le métro » ou « dans le RER » ou même « dans les transports en commun », on dit « je suis dans les transports ».
Notre quotidien est d’être transporté.
Transporté de quoi ? De joie, d’amour ? Moi je dirais plutôt d’humour !

A LA UNE : ETRANGES DISPARITIONS
« Suite à un incident d’exploitation, le train de 8 h 27 a été supprimé… »
Mais où est passé le 8 h 27 ?
Hier matin. Evènement exceptionnel, j’étais en avance !
J’affichais fièrement mon sourire frais et léger, en arrivant à la gare. A peine avais-je franchi le hall, qu’un affreux doute m’oppressa la poitrine. Un regard trouble vers l’écran du moniteur accroché à l’un des angles supérieur du hall dissipa mon angoisse, l’affichage indiquait la circulation de tous les trains. Je respire… oh trop tôt ! Je n’avais pas encore détourné le regard qu’à l’horaire 8 h 27, habituellement affiché en face de Paris Gare de Lyon, s’était soudain substitué un mot terrifiant clignotant inlassablement: SUPPRIMÉ
Je sentis couler le long de ma nuque une sueur froide.
Ah ! Non ! Pas encore, pas aujourd’hui !
Mais comment un train peut-il être supprimé en cinq minutes, annoncé puis supprimé comme ça !
Pourquoi est-il supprimé et depuis quand ? Où est-il passé ? S’il n’avait pas quitté sa gare d’origine, pourquoi était-il annoncé, il y a encore quelques instants ?
Arrêté en pleine voie, victime d’un aiguillage pirate ?
Si le 8 h 27 avait du retard, il devrait logiquement se métamorphoser en 8 h 36. Or, l’arrivée du train suivant me prouve mon erreur. Comment en suis-je certaine ? Tout simplement parce que le 8 h 27 est un vieux train en aluminium absolument extraordinaire.
Unique en son genre, hors du temps, insensible aux modes d’aujourd’hui, aux nouvelles technologies, il demeure lui-même contre vents et marées, contre le progrès même.
L’été, il fait une chaleur épouvantable, impossible d’aérer l’intérieur du wagon, les vitres ne s’ouvrent pas. L’hiver, il fait toujours aussi chaud, ce train est pourvu d’un chauffage d’une efficacité défiant toute concurrence. Les radiateurs fixés sous les sièges brûlent les mollets des passagers. Je vois, vous riez ! Je vous assure, ce n’est pas une blague, il est impossible d’abandonner ses précieuses jambes face à ce radiateur sous peine d’une douloureuse brûlure, ce train surchauffe au point de m’inquiéter gravement, une explosion parait à chaque fois imminente. L’hiver, non plus, nous ne pouvons toujours pas ouvrir les fenêtres.
Non seulement il surchauffe mais il sursaute aussi ! Au retour, à la sortie de gare de Lyon, la rame se met à tressauter à vibrer jusqu’au moment où les passagers décollent de leurs sièges de dix centimètres. Situation extrêmement désagréable et pourtant tellement drôle. Tous ces gens, bien calés sur leurs sièges, qui soudain s’agitent en tremblotant, sont d’un ridicule ! On se croirait dans un manège de foire et je ne peux m’empêcher de sourire. Je me retiens même d’éclater de rire, quand ces têtes de marionnette continuent de sursauter en rythme. Je plonge le nez dans mon livre si je veux éviter un fou rire impétueux. Ce petit divertissement dure de cinq à sept minutes environ avant une stabilisation partielle du train jusqu’à sa destination.
Vous comprenez pourquoi ce train est reconnaissable entre mille. C’est pourquoi je n’ai aucun doute sur l’identité du train suivant, ce n’est pas ce cher Petit gris, une rame en alu… Alors où est-il ?
Détourné, ses passagers pris en otages ? Dans un garage, une voie de traverse ? Le long d’un chemin buissonnier. Le conducteur serait-il un fantôme ?
Je peux vous l’affirmer, plusieurs trains 8 h 27 disparaissent ainsi tout au long de l’année. Une rame entière avec le conducteur et l’ensemble de tous ses passagers et personne ne fait rien. Les médias n’ont jamais évoqué ces disparitions. Pire qu’un serial killer, c’est un génocide ! Qui a le pouvoir de faire disparaître un train entier ? Le docteur No ? Un nouveau triangle des Bermudes dans la banlieue sud, une erreur d’aiguillage, un complot international ?
Comment alerter, hurler ?
L’angoisse s’immisce en moi, monter dans ce train me fait peur. Et si, la prochaine fois, il était supprimé alors que je suis à bord. Serais-je alors évaporée ? …

« En raison de difficultés de sortie en gare de Melun, le train de 8 h 27 pour Paris est supprimé. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée. »

Ce matin encore, l’histoire se répète, le 8 h 27 a encore disparu.
Difficultés de sortie?
Le train n’a pas pu démarrer! Mais pour quelle raison ?
Porte du garage bloquée, déraillement de la rame ? Inondation, tremblement de terre ?
Le moteur a-t-il brûlé, le conducteur ne s’est-il pas réveillé ? Est-il malade, personne pour le remplacer ?
Enlevé par des extra-terrestres ?
Au secours ! …

Ce soir, après dîner, je me suis connectée sur Internet, je voulais en avoir le cœur net ! Dans l’espoir de dénicher une information au sujet du 8h27, je surfais sur le site de la SNCF…
J’y crois pas !
Dernière dépêche: la décision de remplacer totalement les rames en alu est validée. Un train à deux étages, plus spacieux et plus confortable desservirait bientôt les gares à cette heure-ci.
Ouf, je suis rassurée ! Les disparitions intempestives vont sans doute cesser à l’avenir.
Malgré tout, le sentiment d’inquiétude qui m’avait envahie, ne disparaît pas totalement. Rien ne dément la dangerosité élevée de ce train. Aucune explication sur ces disparitions mystérieuses.
L’affaire est à présent étouffée, le remplacement des rames évitera la divulgation de l’évènement par les médias…
ECONOMIE

Emploi : Les petits hommes verts
Ils ont débarqué un jour sur le quai de la gare de Lyon. Ils ont envahi la voie.
Par groupe de deux, ils se sont positionnés le long de cette bande blanche, celle que l’on ne doit pas mordre avec ses orteils.
Ils semblaient timides, ils étaient silencieux et puis chemin faisant, ils parlèrent, certains discutèrent avec les voyageurs en attendant la rame, ils nous saluèrent gentiment, d’autres nous rappelèrent la nécessité d’un comportement courtois. Impatients, mais respectueux, nous encadrions alors les portes de la rame, laissant le flot humain se couler sur le quai. Puis ils nous souhaitèrent une bonne soirée.
Ils plaisantèrent même en retrouvant des visages connus.
A présent, grâce aux régulateurs de flux sur la ligne D, une bonne humeur souffle et des sourires s’esquissent…
« Mesdames, Messieurs, veuillez patienter, le train restera à quai pendant quelques minutes suite à l’intrusion d’un chien dans un wagon. »
Retraites
Le fond de l’air était gris ce matin-là…
Mais avec le ciel bleu et le soleil éclatant du printemps un peu timide, le train rutilait brillamment, étincelait en frétillant. Cette année, la saison printanière se teintait de gris, le p’tit gris jouait les prolongations. Je le sais… Le p’tit gris vivait ses dernières heures, il était question qu’il disparaisse totalement…
Pourtant, il résistait, le bougre et tentait encore des sorties.
Certains matins, il sortait de sa cachette où il avait été relégué. Tenace, il ressortait de l’ombre et illuminait les visages attentifs des voyageurs le long du quai.
Retrouver le p’tit gris, ça faisait chaud au cœur…
Tellement chaud d’ailleurs qu’il nous brûlait toujours autant les mollets. Il n’avait pas perdu sa profonde fierté, ses chevilles enflaient et les nôtres avec ! Le bruit métallique des rails nous vrillait les tympans et nous faisait grincer des dents. A proximité de la gare de Lyon, le roulis nous balançait de plus en plus fort, nous étions bientôt aussi agités que les bulles d’une bouteille champagne. Mais nous lui pardonnions de bon cœur, comme si nous r

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