Le Cœur et l Odyssée
306 pages
Français

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Le Cœur et l'Odyssée , livre ebook

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Description

Un site de rencontres. Une femme étrange. Un attentat. Une vie qui bascule. Tel Ulysse, le narrateur, quadragénaire désabusé et emporté par le tourbillon du destin, va faire une odyssée au-delà des possibles, sans jamais abandonner, pour retrouver sa bien-aimée. Avec un humour féroce, une sensualité à fleur de peau et une imagination sans limites, l’auteur nous entraîne de Paris au Canada, des excès du Festival du Film de Cannes aux palais feutrés des lacs italiens, avec cette question entêtante : « Et toi, que veux-tu ? »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414055920
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05590-6

© Edilivre, 2018
Dédicace

A Nathalie, ma boussole, ma lumière.
Prologue
– « Putain de bordel de merde de caribou ! »
Bravo. Belle entrée en matière. Je ne jure jamais, pourtant, en temps ordinaire. Bon, j’ai une excuse valable : me voilà perdu, transi de froid, avec une visibilité réduite à 30 mètres, en train de marcher dans la neige. Il est environ 8h20, et le soleil de fin janvier affiche une timidité de pucelle introvertie. J’avance. Pas après pas. Dans cette couche blanchâtre parfois boueuse qui recouvre ce que je suppose être une allée. J’ai quarante piges passées, et me voilà à porter un colis presque plus grand que moi tel un coursier d’UPS. Si c’était mon métier, je le saurais. J’ai le cœur battant d’un adolescent qui monte l’escalier qui l’amène à son premier rencart. Sauf que j’ai passé l’âge de déflorer des jeunes vierges portant sous-vêtements Hello Kitty et appareil dentaire. Mon smartphone lance une série de « bip-bip », avant de s’éteindre. La batterie lithium-ion n’est pas dans son élément avec ce -15 degrés Celsius de rigueur en cette saison. J’erre sans GPS au milieu de nulle part. Sauf que ce « nulle part » porte un nom qui fleure doux le terroir : « L’île d’Orléans ». Banlieue écolo-bobo de Québec, avec son théâtre, ses cidreries et ses massifs de genêts sauvages qui illuminent l’été indien. L’image doit être superbe. Je ne la verrai pas aujourd’hui. Faut-il que je sois fou pour venir au Canada en plein hiver, moi qui ai en horreur tout ce qui évoque la neige, la glace et les chalets… Le vent du nord me fouette le visage, malgré la capuche de ma parka. Le bonnet jaune poussin que je porte en-dessous permettra peut-être aux policiers d’identifier mon cadavre quand j’aurai claqué d’hypothermie. Et comme cela ne suffisait pas, mon cerveau repasse en boucle un film d’épouvante que j’avais vu quand j’étais teenager. « Wendigo ». Une sorte de yéti tueur du fin fond du Manitoba. Navet de série Z, bourré d’hémoglobine, avec un singe géant à poils longs qui passe ses mornes dimanches à démembrer des campeuses en mini short. Ma DVDthèque ne contient pas que « Ben Hur » et « Citizen Kane », je vous le concède. Promis, la prochaine fois, je me collerai devant Disney Channel. Oui, je sais : j’en fais trop. Désolé, c’est mon côté français qui ressort. Mais à l’heure où je pense ces lignes, bien malin qui pourra savoir si je vais survivre et ce qu’il va advenir de moi.
Je fais glisser le colis le long de mon épaule, puis le pose délicatement sur mes deux bottes. Inspection rapide de l’extérieur du paquet. OK. Tout est sous contrôle. J’ai bien renforcé les angles. Le papier kraft en triple couche, bien serré avec du ruban adhésif mat, supporte étonnamment bien la rusticité du transport. Tant mieux. Ce n’est pas le moment de malmener son contenu. Je n’ai pas fait peu ou prou 8000 kilomètres pour tout briser. Pas maintenant. Pas comme ça. La sangle a laissé une trace assez nette sur la doudoune. Et sur mon corps, probablement. Mon omoplate gauche me fait un mal de chien. Mais je suis là. Pas question de faire machine arrière. Je n’ai aucun mal à afficher une telle détermination : je ne sais même plus où sont mes arrières. Les battements de mon cœur s’accélèrent depuis cinq, dix minutes. Le vent qui ralentissait ma progression s’est calmé, remplacé en quelques secondes par des flocons de neige. Je les regarde un instant virevolter au gré des courants. C’est beau, de les voir scintiller dans la semi-clarté. On dirait des plumes de diamants. Ou des larmes volantes. Est-ce cela que l’on appelle l’âme ?
« WOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNK ! »
Le klaxon rauque d’un énorme camion de livraison me fait sortir de ma torpeur. J’ai à peine le temps de saisir mon colis et de me jeter dans le bas-côté. Ce truck a bien failli mettre fin à toute forme de vie sur ma faible carcasse, avec sa sirène de cargo en partance pour Valparaiso. Le chauffeur n’a même pas ralenti l’allure en me voyant. Pas sympa, le routier. À sa décharge, j’étais en plein au milieu de la route, si ça se trouve. Résultats des courses : je viens de passer de transi à trempé. Message personnel à l’attention des touristes et des gnomes français qui voudraient explorer le royaume de la reine des neiges : à Sainte-Pétronille, en hiver, l’adjectif « trempé » n’existe pas. Ici, c’est « frozen » direct. Congelé cash façon bébé mammouth en Sibérie. Et pas de jolie scientifique en blouse blanche hyper moulante à l’horizon pour prélever mon ADN. Si je reste ainsi à plat ventre dans la poudreuse, je resterai dans cette position jusqu’à l’apparition des premiers perce-neiges. J’ai prévu mieux pour ma postérité. Allez, mon gars, on se relève. Seul comme un grand. Et on se remet en route. L’expression « Nouveau Monde » me traverse l’esprit. La chanson éponyme de William Sheller, aussi. J’aimais bien Sheller. Trop de bruit autour d’« Un homme heureux », mais un talent musical remarquable. Il suffit d’écouter les premières mesures d’Excalibur pour s’en convaincre. « Sont venues misère et longue nuit / Dieu me l’a donné / Dieu me l’a repris / Qu’il en soit béni »… Mon truc, c’était plutôt « Genève ». Mais ça, c’était avant. Je suis ici, maintenant.
Mon fardeau en bandoulière, je fouille dans ma poche de parka. Pas facile avec les gants. Je retire celui de gauche, histoire d’aller plus vite. Le bracelet en métal que je porte au poignet glisse jusqu’à l’attache du pouce. Ça va, le fermoir est solide, je ne risque pas de le perdre. J’y tiens, à ce bracelet, mine de rien. Le contraste entre le métal resté chaud au contact de mon corps et l’air ambiant est sensible. La morsure du froid est moins vive que je ne l’aurais cru. Mes doigts tapotent quelques pièces de monnaie et un plan de Québec, avant de trouver mon Graal. Une photo pliée en quatre, sur un papier format LEGAL US. D’un point de vue technique, pas de quoi fouetter un chat. C’est sûr, ce n’est pas du Cartier-Bresson. J’ai fait mieux avec un jetable argentique quand j’étais gamin. Couleurs surexposées, composition atone. Rien d’extraordinaire à voir dessus, non plus. Une maison, bardée de lambris blancs, comme il en existe des dizaines sur l’île. Avec de grandes portes fenêtres et un toit en ardoise sur lequel reposent trois chiens assis à l’étage. Un porche accueillant qui évoque les discussions sans fin des longues soirées de juillet et le goût sucré du thé glacé à la pêche. Des fleurs rouges et blanches dans des pots en terre cuite. Et trois chiffres en étain, cloués en façade dans le bois, à côté de la porte d’entrée. 311. Mon 911 à moi. Ou 9/11, si je me suis loupé. « Dieu, qu’as-tu fais de moi ? » Je n’aurai jamais pensé atterrir ici. Ni battre le pavé pour trouver ce « Sam’Suffit » dont j’ignore l’adresse. Pas dans une vie antérieure, en tous cas. C’était il y a un an. C’était il y a un siècle. Une éternité. Génial. Maintenant, c’est Joe Dassin qui s’invite dans ma cervelle. Il ne manquait plus que lui et l’été indien. J’ai de la chance, la radio qui grésille en mon for intérieur aurait pu diffuser « Les yeux d’Emilie ». On respire à plein poumons et ça ira mieux dans quelques instants. Je longe la route et trace droit devant moi.
Chapitre Un
« Il y a un an, il y a un siècle… »
Le monde s’est écroulé, comme ça, bêtement, dans le brouhaha d’un bistro parisien. Un café, un verre d’eau et une connexion internet sur mon téléphone. Je regarde les voitures passer au ralenti dans la rue encombrée. Les parisiennes moroses martèlent le pavé de leurs chaussures Jimmy Choo achetées en ventes privées. Et toujours la pluie fine et froide de cet hiver qui n’en finit pas. J’avais un trou de trop dans mon emploi du temps de professeur vacataire à temps partiel. Pas trop le moral et envie de voir du monde pour me sentir moins invisible. Peine perdue. Enfin, je suis au chaud, c’est déjà ça. Un groupe de jeunes cadres branchés enfile bière sur bière en racontant des blagues salaces. Très classe, celle de la religieuse qui bave comme une limace, il faudra que je la ressorte en cours. J’ai commandé un café, posé mes affaires sur la banquette fatiguée en skaï vert et allumé mon téléphone portable. Une télévision LCD accrochée au mur diffuse en boucle les programmes d’une chaîne d’information. Une poignée de clients regarde d’un œil distrait le couple de présentateurs. La femme est élégante, trente ans tout au plus. Et un petit je-ne-sais-quoi susceptible de déclencher des pulsions inavouables. Mais cette fois, la blonde donzelle affiche un visage fermé. On est en mode « Bad news ». Flash Spécial. Un titre noir sur fond rouge emplit d’un coup le 16/9 ème . « Effondrement complet du système financier international – L’Europe met fin à la monnaie unique ». Waow. Allocution impromptue et symptomatique du célèbre « P., là, on est vraiment dans la m… » par notre président préféré. Les tics de Louis de Funès et la gueule de Droopy. On le sent vouté, malgré sa haute stature. N’est pas Général qui veut et il faut avoir des corones pour incarner la statue du commandeur… Le patron du bar a pris la télécommande et monté le volume du son. Saine initiative. La moitié du pâté de maison sait désormais que l’Euro est mort, que l’Union Européenne est en banqueroute et que les trois plus grandes banques françaises sont en faillite. Bip-bip. Vous avez un nouveau message. C’est bien le moment. Youpi, un SMS. Sabine. Ma copine depuis cinq ans. Le texte est pour le moins laconique : « Je te quitte. Je n’en peux plus de vivre avec un raté. Marre d’attendre éternellement que ta situation s’améliore. J’ai trouvé mieux que toi – et ça n’est pas difficile. Inutile de me rappel

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