Le comptoir des contes
334 pages
Français

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Le comptoir des contes , livre ebook

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Description

Guy Marcon nous surprend à nouveau avec un florilège de contes nés de son imagination bretonne pimentée par ses nombreux voyages à travers le monde : Afrique, Europe, Amérique et Japon. Le comptoir des contes émerveillera les adolescents comme les adultes au fil des histoires fantastiques et initiatiques qui feront vibrer le cœur de ses lecteurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332624994
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-62497-0

© Edilivre, 2014
Remerciements

Un grand merci à tous mes amis du Japon grâce auxquels j’ai baroudé au pays du soleil levant du Nord au Sud et d’Est en Ouest, source de mon inspiration pour certaines de mes nouvelles.
Dédicace


A Vetty mon épouse, soutien infaillible, sans qui ma prose n’aurait pas trouvé les chemins de l’édition dont l’épopée enrichissante rythme nos journées.
En Toul Braz



– Ça va, Arthur ! On la connaît ton histoire, ça fait cent fois que tu nous la racontes !
– Vous pouvez vous moquer de moi, je vous dis que cette fois encore, je l’ai entendue et je suis sûr que c’est elle que j’ai vue, elle était habillée tout de blanc et ses longs cheveux flottaient au vent !
– Elle était à cheval sur son bidet, et chantait au clair de la lune !
Un grand éclat de rire parcourut le comptoir d’un bout à l’autre de la brasserie « le Pétoncle ». Une dizaine d’hommes se tenait là sous la lumière des néons, la chope de bière à la main.
– Sacré Arthur va ! Tu finiras bien par nous faire avaler ta fable, commenta un grand escogriffe visiblement éméché.
– Rien ne vous oblige à me croire, mais moi je sais que j’ai raison ! persista Arthur l’air contrarié.
Arthur était un pêcheur du littoral Breton. Il mouillait son bateau dans le vieux bassin de Port-Haliguen. Son activité se limitait à la pêche aux crabes. Dans la bonne saison, il s’équipait d’une nasse pour pêcher les éperlans.
Ainsi vivait Arthur, fils et petit-fils de pêcheurs. Il avait ceci de particulier : il était veuf depuis deux années.
On disait de lui que depuis la disparition de sa femme, sa raison avait quelque peu décliné. Les gens du village avaient bâti autour de sa personne une légende qu’ils appelaient unanimement : La noyée de la Teignouse*.
En effet, c’est là-bas, aux abords de ce phare perché sur un rocher cerné par une mer plus souvent irritée qu’avenante, que le voilier « La Volette » avait fait naufrage, entraînant par le fond ses équipiers parmi lesquels figurait son épouse.
Deux années plus tôt, lors d’une violente tempête, La Volette avait éperonné un rocher à quelques brasses de La Teignouse. Les sauveteurs intervenus sur la zone ne retrouvèrent que trois occupants sur quatre. Dans ce naufrage, disparaissaient les beaux-parents d’Arthur, son beau-frère et son épouse Ondine dont le corps ne fut jamais retrouvé. Depuis ce temps-là, Arthur sillonnait les eaux dangereuses de la Teignouse, persuadé qu’un jour, il retrouverait celle qu’il aimait toujours plus au fil des jours. Cela devenait pour lui une obsession.
– Le Arthur, il est en train de sombrer dans la folie, commentaient les commères. Leurs hommes ne les contredisaient pas.
Il était à la fois source de passion, d’animation et de polémique. Certains, croyant Arthur irréversiblement atteint dans son esprit, avaient choisi la dérision, la moquerie. Les uns plus prudents se contentaient de hocher la tête, l’air réservé. Les autres affichaient sans retenue un rien de circonspection.
Ce soir-là, Arthur tentait une fois de plus de convaincre ses collègues, sans succès comme toujours. Il s’était accoutumé à l’hilarité générale des habitants de la côte.
Une fois encore, il rentra chez lui un peu ivre, mais plus que jamais convaincu de ses affirmations. Lui, Arthur, était seul témoin de faits le concernant personnellement. Mais pour autant, il ne voulait en aucun cas garder pour lui seul ces phénomènes étranges qui, au fil du temps lui ravageaient le cœur.
Bien après qu’Arthur eût quitté la brasserie, les commentaires firent l’animation du comptoir.
– Et si c’était vrai après tout, avança l’un d’eux, feignant ne pas y croire du tout.
– Tout ça n’est qu’une vaste hérésie, rien de plus ! clama un vieil homme, entre deux lampées de muscadet. Je ne crois pas en ces sornettes !
Le patron de la brasserie qui jusqu’à-là n’avait pas pris part à la discussion l’interrompit, le ton railleur.
– Alors explique-nous pourquoi tu accordes un crédit à la légende des Birvideaux ?
Quelque peu remouché par cette question saugrenue, le vieux pêcheur ne répondit pas. Pour se donner bonne contenance, il porta son verre à ses lèvres, se contentant de hausser les épaules.
Il en était ainsi depuis la disparition d’Ondine, deux années plus tôt.
Les langues allaient bon train. En fait, les gens du port étaient divisés en trois groupes, ceux qui ne croyaient pas à l’apparition d’Ondine au large de la baie les soirs de clair de lune.
Ceux qui étaient prudemment sceptiques, et enfin quelques-uns dont l’esprit était profondément ancré dans les légendes.
Le patron de la brasserie « Le Pétoncle » qui était aussi un pêcheur, avait toujours refusé d’émettre son avis sur les apparitions d’Ondine aux abords de La Teignouse. Il savait que ce massif rocheux était inhospitalier à l’homme, tant par ses turbulences que par ses courants. En outre, les écueils ne manquaient pas sur la zone.
De la pointe du Conguel à En Toul Braz*, les récifs ont toujours été la cause de nombreux naufrages. Les marins ayant péri dans cette zone tourmentée ne sont jamais apparus en tant que spectre. Alors, pourquoi Ondine ?
Question sans réponse. Cependant, soucieux de se tenir à l’écart des affirmations plus ou moins fantaisistes, le tenancier de la brasserie Le Pétoncle se gardait bien d’en rajouter. Il n’en demeurait pas moins que de temps à autre, les allégations d’Arthur le Meur le dérangeaient quelque part.
– Et après tout, si c’était vrai !
Il était persuadé qu’Arthur le Meur n’était pas fou. Son opinion était faite. Il avait la certitude qu’il était sain d’esprit. Il était vrai que cet homme-là avait l’habitude de s’attarder à des heures bien souvent hors de la limite du règlement maritime. Le passage de La Teignouse n’était pas recommandé aux embarcations de faible tonneau, surtout à la tombée de la nuit.
On aurait dit qu’Arthur le Meur adorait se confronter aux courants d’En Toul Braz. Il en revenait presque toujours surexcité. A la joie des habitués de la brasserie Le Pétoncle, la sempiternelle rengaine de « la noyée de La Teignouse » reprenait toute sa vigueur. Les conversations s’échauffaient, les rires fusaient, les chopes se vidaient. Mais pour certains, les visages se fermaient et les têtes s’inclinaient en signe d’incertitude et de perplexité. Cela provoquait presque toujours une sorte de flottement le long du comptoir de zinc.
– Tu devrais cesser tes escapades à la tombée de la nuit, Arthur, lui conseillait souvent le patron du Le Pétoncle, un jour tu n’en reviendras pas !
– C’est vrai, reprenaient en cœur les habitués de la brasserie, les journées sont bien assez longues pour aller mouiller les casiers !
– Je ne peux pas m’en empêcher ! Je suis allé à En Toul Braz, et en particulier au coucher du soleil, insistait Arthur les yeux dans le vague, comme perdus vers des horizons imaginaires.
Comme d’habitude, Arthur le Meur entra chez lui le cœur lourd, l’esprit perturbé. En un mot, il était malheureux.
– Demain, j’y retournerai, larmoya-t-il. Il me faut élucider ce mystère qui me hante depuis si longtemps.
Une fois encore, il s’endormit tard dans la nuit, le cerveau embrouillé par un mélange de doute et de certitude.
Ondine hantait les récifs d’En Toul Braz. A demi-immergée dans la mer, cette silhouette que lui seul percevait à travers les rayons crépusculaires du soleil couchant l’obsédait profondément.
Parfois, lorsque le soleil se couchait, masqué derrière les nuages épais, les flots s’illuminaient en un champ écarlate et mouvant. Du haut de son rocher abrupt, le phare de la Teignouse ajoutait par intermittence ses éclats caressant la crête des vagues.
A chaque passage du faisceau sur l’îlot, Arthur, les yeux rivés sur la côte déchiquetée, apercevait ou devinait une silhouette humaine. Une forme immobile, blanche, se tenant droite, le visage tourné vers la mer.
Il n’avait pas la berlue Arthur. Le vin de la veille n’avait plus d’emprise sur son esprit tourmenté.
A maintes reprises, le pêcheur s’était approché des récifs, au risque d’éperonner son bateau sur les rochers à peine immergés. Il avait hurlé à s’en éclater les poumons. Hurlé encore lorsque le trait luminescent du phare, tel un index géant et magique pointait une fraction de seconde sur la forme humaine. Il s’agissait d’une femme il en était sûr.
– Ondine est-ce toi ? Ondine réponds-moi !
L’apparition demeurait là, figée entre deux rochers battus par les vagues, immobile comme une statue de marbre.
Les yeux pleins de larmes, brûlés par le sel des embruns, Arthur relançait son moteur pour s’éloigner du chaos rocheux dont le courant sournois pouvait à tout moment l’envoyer se fracasser sur les cailloux.
– Demain, j’oserai ! Oui, demain j’accosterai à En Toul Braz, quitte à mettre en péril mon bateau. Je veux savoir ! Je veux être sûr que je ne suis pas fou !
Sur cette détermination mille fois répétée, Arthur sombrait dans un sommeil agité, perturbé par les tourments et les échos railleurs de ses camarades de comptoir.
Ce jour-là, le soleil obstrué par de gigantesques masses nuageuses, gardait pour lui ses rayons lumineux.
Arthur était au port, à bord de son bateau solidement attaché au bout de son amarre. Sur le quai, quelques pêcheurs intrigués l’observaient tout en ayant l’air de s’en désintéresser. En fait, ils étaient surpris, voire intrigués par l’étrange activité à laquelle se livrait le pêcheur.
En effet, ce dernier s’affairait à des tâches contraires à ses habitudes. Il avait débarqué ses casiers ainsi que tout son matériel de pêche. En fait, il s’appliquait à désarmer son bateau. Dans quel but ? Pourquoi faisait-il cela ? Ses collègues

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