Le dernier mot de Rocambole
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Description

Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)



"Le vent faisait rage, la pluie fouettait les vitres du vieux manoir et le feu qui flambait dans la cuisine avait réuni en cercle toute la domesticité.


C’était au château de Rochebrune en Picardie, à quelques lieues de Noyon, non loin de la route d’Amiens.


Rochebrune était une vieille demeure contemporaine des croisades, un reste de château-fort dont les fossés avaient été comblés et le pont-levis remplacé, dans un âge plus doux, par un pont ordinaire. Adossé aux derniers escarpements d’une colline, dominant une vallée sombre et presque sauvage, les murs noircis, envahis par le lierre, ses tourelles grises habitées par les orfraies et les corbeaux, le manoir de Rochebrune, hiver et été, que le printemps fût vert ou que l’automne étalât ses jours les plus chauds, avait un aspect sinistre qui saisissait le voyageur.


Car, là-bas, tout au fond de la vallée, passait une route, maintenant presque déserte en tout temps, autrefois, avant le chemin de fer, bruyante à toute heure.


Rochebrune était un château légendaire. Les sombres histoires qui avaient trait à son beffroi ou à l’étang morne et verdâtre qui s’étendait sous ses murs, au midi, se comptaient par centaines.


Pendant près de cent années, il avait été inhabité et avait eu la réputation d’un lieu maudit.


Un baron de Rochebrune, dernier du nom, y avait assassiné sa femme."



Tome II : "Les millions de la bohémienne".


Suite de "Les ravageurs"

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le dernier mot de Rocambole
 
 
Les millions de la bohémienne
Tome II
 
Pierre Alexis Ponson du Terrail

 
Mars 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-868-3
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 867
I
 
Le vent faisait rage, la pluie fouettait les vitres du vieux manoir et le feu qui flambait dans la cuisine avait réuni en cercle toute la domesticité.
C’était au château de Rochebrune en Picardie, à quelques lieues de Noyon, non loin de la route d’Amiens.
Rochebrune était une vieille demeure contemporaine des croisades, un reste de château-fort dont les fossés avaient été comblés et le pont-levis remplacé, dans un âge plus doux, par un pont ordinaire. Adossé aux derniers escarpements d’une colline, dominant une vallée sombre et presque sauvage, les murs noircis, envahis par le lierre, ses tourelles grises habitées par les orfraies et les corbeaux, le manoir de Rochebrune, hiver et été, que le printemps fût vert ou que l’automne étalât ses jours les plus chauds, avait un aspect sinistre qui saisissait le voyageur.
Car, là-bas, tout au fond de la vallée, passait une route, maintenant presque déserte en tout temps, autrefois, avant le chemin de fer, bruyante à toute heure.
Rochebrune était un château légendaire. Les sombres histoires qui avaient trait à son beffroi ou à l’étang morne et verdâtre qui s’étendait sous ses murs, au midi, se comptaient par centaines.
Pendant près de cent années, il avait été inhabité et avait eu la réputation d’un lieu maudit.
Un baron de Rochebrune, dernier du nom, y avait assassiné sa femme.
Les héritiers, gentilshommes poitevins, avaient loué les fermes et muré la porte du château.
La mauvaise réputation de ce manoir où, disait-on, le fantôme de la châtelaine assassinée revenait chaque nuit, l’avait sauvé de la destruction de 1793.
Plus de trois quarts de siècle s’étaient écoulés sans qu’on y pénétrât et sans qu’il se présentât un acquéreur.
Enfin, un jour, il y avait de cela cinq à six ans, deux Anglais qui passaient par là, en chaise de poste, entendirent raconter les légendes, eurent la curiosité de visiter le lieu de terreur et finirent par l’acheter.
Il est vrai que ces deux Anglais, ou plutôt cet Anglais et cette Anglaise, car il y avait un homme et une femme, étaient eux-mêmes des personnages quelque peu légendaires.
La femme était de qualité, l’homme au contraire était une manière d’intendant.
Il appelait sa maîtresse milady ; elle le nommait Bob, tout court.
Milady, quand elle arriva, était une femme d’environ trente-six ans, brune comme certaines Irlandaises, avec des yeux noirs brillant d’une flamme sombre, pâle à ce point qu’on eût dit un fantôme et cependant d’une beauté étrange et presque fatale.
Bob était un homme déjà vieux.
Il était grand, sec, avec des cheveux blancs, le visage jaune, le regard non moins sombre et non moins étincelant que sa maîtresse.
Comme ils ne trouvèrent dans le pays aucun domestique qui voulût coucher à Rochebrune, ils firent venir des gens de Paris ou d’ailleurs.
Pendant une année, une légion d’ouvriers fut occupée à restaurer le château.
Puis on congédia les ouvriers, et l’existence bizarre à laquelle nous allons être initiés commença pour ces deux personnages.
Milady sortait à cheval le matin, mais elle ne se montrait ni dans les bourgs voisins, ni dans les villes des environs.
Elle évitait les fermes et les maisons, ne parlait jamais à personne, pas même aux gens du château.
Jamais elle ne recevait de visiteurs.
Les mendiants eux-mêmes se détournaient de Rochebrune.
Bob, l’intendant, n’était pas plus communicatif que sa maîtresse.
Les domestiques eux-mêmes, tous étrangers du reste, ne parlaient à personne.
Cependant, comme on va le voir, ils se rattrapaient entre eux, car ce soir-là, à la cuisine du manoir, la conversation était des plus animées.
– Voilà un vilain temps, disait Saturnin, le valet de chambre.
Madame passera encore une mauvaise nuit.
– Nous l’entendrons crier et demander grâce, dit la cuisinière.
– Quel malheur de ne pas savoir l’anglais, murmura un petit jeune homme qui remplissait à Rochebrune les fonctions de palefrenier. Il répondait au nom de Jacquot.
– À quoi ça te servirait-il, de savoir l’anglais ? disait la cuisinière.
– Au moins, quand madame crie, la nuit, nous comprendrions ce qu’elle dit.
– Pour sûr, dit Saturnin, les esprits reviendront cette nuit.
– Mais ils viennent souvent depuis quelque temps, observa Jacquot.
– Et sait-on dans quelle chambre couchera milady cette nuit ? continua la cuisinière.
– Tu sais bien, répondit Saturnin, qu’elle change tous les soirs.
– Elle espère, de cette façon, éviter les esprits.
– Comme si les esprits ne savaient pas tout d’avance.
– Moi, dit encore la cuisinière, j’ai dans la tête que milady voit des esprits là où il n’y en a pas.
– C’te bêtise !
– Et que c’est le remords qui la met dans ces états-là...
– Le remords ?
– Oui.
Puis, prenant un air mystérieux, la cuisinière ajouta :
– Je crois qu’elle a commis quelque grand crime autrefois... à preuve...
Mais la cuisinière n’eut pas le temps de compléter sa pensée.
Un bruit se fit, un bruit inusité, qu’on n’avait peut-être jamais entendu...
Celui de la cloche qui surmontait la porte d’entrée de ce manoir, où on ne recevait jamais personne et dont jamais un étranger n’avait franchi le seuil.
Et les trois domestiques se levèrent effrayés et se regardèrent.
La cloche tintait toujours.
Mais aucun des trois serviteurs ne bougeait.
Tout à coup, un quatrième personnage se montra sur le seuil de la cuisine, sévère et le front chargé de nuages.
C’était Bob l’intendant.
– Eh bien ! dit-il avec un accent anglais fortement prononcé. Eh ! n’entendez-vous donc pas ?
– Mais c’est que... balbutia Saturnin.
– Comme jamais... dit la cuisinière, nous n’avons entendu...
– Allez ouvrir ! dit sévèrement Bob.
Jacquot se dévoua.
Mais il revint, une minute après, plus effaré que lorsqu’il était sorti.
– Monsieur Bob, dit-il, si vous saviez...
– Quoi donc ?
– Ce sont deux étrangers...
– Eh bien ?
– Un jeune homme et une jeune dame... ruisselants de pluie...
– Que veulent-ils ?
– Ils disent que leur chaise de poste s’est cassée là-bas... sur la route... et qu’ils ne savent où aller... Je leur ai répondu qu’on ne recevait personne.
– Et ils sont partis ?
– Non, ils insistaient pour entrer... mais...
Bob fronça démesurément ses sourcils demeurés noirs, tandis que ses cheveux avaient blanchi.
Mais il ne souffla mot et quitta la cuisine.
Les domestiques se regardaient toujours avec une sorte de stupeur.
On entendit retentir le pas lourd de l’intendant dans la cage de fer du vaste escalier.
Quelques minutes s’écoulèrent. Puis, Bob revint et dit à Jacquot :
– Va dire à ces étrangers que milady consent à les recevoir, à la condition qu’ils quitteront le château demain matin au point du jour.
Jacquot sortit pour exécuter cet ordre, tandis que Saturnin et la cuisinière continuaient à échanger des regards effarés.
II
 
Une heure après les deux voyageurs étaient installés dans la grande salle du château, où l’on avait dressé une table auprès d’un bon feu et servi à souper.
Mais ni Bob l’intendant, ni milady ne s’étaient montrés.
Ils n’avaient vu que Jacquot.
Saturnin et la cuisinière avaient reçu du farouche Bob l’ordre formel de ne pas quitter la cuisine.
Or, ces deux voyageurs, il est temps de le dire, n’étaient autres que le baronnet sir Nively et Vanda.
À Amiens, le train express avait éprouvé un déraillement.
Échappés sains et saufs à ce désastre, car plusieurs voyageurs avaient pér

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