Le Fond de la mer , livre ebook

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Extrait : "Lorsqu'un navire s'éloigne des côtes, il ne tarde pas à se trouver isolé entre la mer vaste, sans rives, et le ciel qui s'appuie de tous côtés sur la plaine monotone des eaux. Il marche, les nuages marchent au-dessus de lui, l'eau se meut au-dessous en courants très irréguliers. Dans cette agitation universelle, comment le marin saura-t-il reconnaître la route qu'il a suivie et la position qu'il occupe sur l'immense étendue des océans ? "

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

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Nombre de lectures

31

EAN13

9782335086652

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

EAN : 9782335086652

 
©Ligaran 2015

Ruines du temple d’Hercule à Gibraltar
Préface de la troisième édition

L. SONREL
Le sympathique auteur des Merveilles du Fond de la Mer a été l’une des victimes de la terrible année. Il était du nombre de ceux que les malheurs de la patrie frappent au cœur ; mais c’était aussi l’une de ces âmes bien trempées, qui ont confiance dans les efforts de la volonté. Dès les premiers moments du siège de Paris, Sonrel avait été appelé à faire servir son expérience des instruments d’optique à l’observation des positions et des mouvements de l’ennemi. Il se dévoua à cette mission, avec une ardeur admirable, jusqu’au moment où l’épidémie de la variole l’enleva à ses travaux, à sa famille, à ses espérances en décembre 1870. Il était à peine âgé de trente et un ans.
L. Sonrel, d’origine lorraine, était entré à l’École normale en 1859 ; il en sortit en 1862. Avant de s’élancer dans la grande voie de la science pure, il voulut acquérir un fonds sérieux d’instruction ; doué d’une extraordinaire facilité, d’une assiduité au travail vraiment exceptionnelle, il obtint successivement les diplômes des trois licences, ès sciences mathématiques, physiques et naturelles. Il fut reçu en outre agrégé ès sciences physiques et naturelles, et enfin docteur ès sciences naturelles.
L’étude de la géologie séduisit d’abord le jeune savant. À la fin de sa deuxième année à l’École normale, il avait été chargé d’étudier certaines parties des Alpes savoisiennes. Au commencement de 1864, il entra à l’Observatoire de Paris, où il fut associé aux grandes études météorologiques qui s’y développaient. À peu près à la même époque, il devint secrétaire, puis vice-président de la Société météorologique de France, en même temps qu’il fut attaché à l’Observatoire de Montsouris.
En météorologie, la théorie des bourrasques le préoccupa particulièrement. Cette théorie ne tarda pas à devenir la base et le but de ses recherches sur les aurores boréales. Il s’appliqua en même temps à des observations sur les taches solaires.
« Malgré la diversité des sujets, Sonrel, dit un de ses biographes, regardait comme intimement liées ses recherches de météorologie et celles d’astronomie physique. L’étude attentive des mouvements de l’atmosphère solaire l’aurait conduit à quelques grands résultats sur les mouvements de notre atmosphère terrestre. Sonrel avait les idées larges, et au lieu de disséminer ses forces il le concentra tout entières sur les grands problèmes de la météorologie dynamique . Dans les études d’astronomie physique qui ont tant occupé ses deux dernières années, le point de vue seul était changé. Au fond, c’était toujours la théorie des bourrasques que le jeune savant poursuivait dans l’observation de cette agitation colossale, de ces bouleversements incessants, qui remuent les masses de feu, les éléments dissociés du centre de notre système planétaire. »
Travailleur infatigable, Sonrel consacrait une partie de ses nuits à l’étude, et menait de front des labeurs multiples. Doué d’une remarquable intelligence, d’une puissante conception des phénomènes naturels, d’une mémoire prodigieuse, d’un profond savoir, il était certainement destiné à attacher son nom à de grandes œuvres. Il possédait toutes les qualités de la jeunesse, l’activité, le courage, l’entrain. Comme toutes les natures d’élite, et tout modeste qu’il était, il avait conscience de sa valeur ; aussi se plaisait-il à parler de ses projets, des travaux qu’il méditait, du but qu’il voulait atteindre. Il aimait à fixer ses regards sur l’avenir, comme le voyageur vers le rivage de la patrie. L’horizon de sa vie lui apparaissait riant et paisible ; mais l’infortuné comptait sans les misères de l’invasion et les coups imprévus de la mort.

Le directeur de la Bibliothèque des Merveilles a bien voulu nous confier le soin de revoir la nouvelle édition de l’ouvrage que le lecteur a sous les yeux. Nous n’avons accepté cette mission qu’en souvenir de notre amitié pour l’auteur. Nous avons respecté l’œuvre telle qu’elle a été conçue ; il nous a paru seulement indispensable de tenir l’ouvrage au courant de la science, qui avance sans cesse. C’est ainsi que nous avons fait connaître les récentes explorations sous-marines, celle du Challenger principalement.
Dans un chapitre additionnel, nous avons aussi indiqué et décrit quelques appareils nouveaux, sondes, thermomètre sous-marin, et autres.

GASTON TISSANDIER.

Juillet 1874.
Introduction
Qu’y a-t-il de plus mystérieux que le fond de la mer ? C’est à peine si toutes les ressources de la science moderne ont permis d’en sonder quelques parties.
Le sujet est vaste, intéressant, mais hérissé de difficultés sans nombre.
L’homme a pu sillonner la surface des océans, voler sur l’aile des vents et les vaincre en leur opposant la vapeur. Il a pu transmettre instantanément sa volonté d’un bout à l’autre du globe, ou s’appuyer sur de légers gaz pour visiter l’empire des oiseaux. Il a pu multiplier à l’infini les traces de sa pensée ; lire dans le ciel les lois qui régissent l’univers ; asservir la lumière, cet élément insaisissable : il n’a pu connaître en son entier la surface de la terre. Nous n’avons acquis, au prix de grands sacrifices, qu’une idée imparfaite des continents et des mers qui les entourent. Le centre de l’Afrique et de l’Asie, l’Australie, les régions polaires ont été visités seulement par quelques hardis explorateurs, et l’on peut enregistrer plus d’une victime parmi ces courageux pionniers de la science et de la civilisation.
Le fond des mers recèle d’immenses richesses. Tous les ans, de nombreux naufrages ajoutent de nouveaux trésors à ceux qu’il nous a déjà dérobés. Combien de galiotes chargées d’or, de caravelles apportant aux rois d’Espagne et de Portugal, à Venise la magnifique, à la commerçante Albion, les produits des régions les plus lointaines, ont sombré avant d’avoir accompli leur dangereuse mission !
Quelques épaves rejetées sur la plage nous avertissent parfois que l’Océan vient d’exiger un nouveau tribut.
Que de richesses ne nous rend-il pas en échange ! Les nuées de poissons qui le sillonnent en tous sens, le sel extrait de ses eaux, les algues qu’il rejette lui-même sur ses rives, la perle, la nacre, l’ambre, la pourpre des anciens, ne sont-ils pas de brillantes compensations ?
Mais ce n’est pas le seul avantage que nous présente l’Océan. La conquête de la mer a, de tout temps, excité chez les peuples une noble émulation. C’est toujours sur ses bords et par elle que les idées de progrès et de civilisation ont pu se propager sur toute la terre. La vue des eaux sans bornes élève notre âme, et les difficultés de la navigation aiguisent notre intelligence.

Fig. 1. – Conquêtes de l’homme
« Ce n’est pas seulement comme un fond de ressources inépuisables pour nos besoins matériels, a dit Jonathan Franklin ; c’est aussi comme éducateur du sentiment moral, que nous devons honorer l’Océan. Combien l’intelligence humaine a-t-elle gagné à exploiter la mer ! combien de facultés l’homme a-t-il déployées en luttant avec elle ! combien d’habileté, de force, le puissant et hasardeux abîme des eaux a-t-il exigée de notre race, et cela sous peine de mort ! combien de lumières, d’expériences et de sagesse il nous a fallu acquérir, avant que nous pussions blanchir sa surface de nos voiles déployées, la couper dans toutes les directions avec la quille de nos vaisseaux, explorer les côtes dentelées de criques et de promontoires, franchir les gouffres sans fond, changer l’Atlantique en un chemin de fer ! En vérité, il y a quelque chose de plus beau que la mer elle-même, et cette chose est encore son ouvrage : c’est le génie qu’elle a développé chez ceux qui ont tenté ses vagues, jusqu’au jour où ils ont été à même de poser leur main sur sa crinière, de calculer, comme un problème d’algèbre, le cercle annuel de ses tempêtes, soumises, elles aussi, à un mouvement de rotation, à un ordre, comme les comètes et les astres. »
Si la navigation est périlleuse, que dira-t-on des travaux sous-marins, des pêches, où l’homme descend lui-même dans l’Océan pour lui disputer ses trésors gardés par des monstres plus terribles que ceux de la Fable ?
Ce n’est plus à ciel ouvert, dans un milieu respirable et adapté à notre constitution ; c’est au sein des eaux que se poursuivent les recherches. Et si, appelant la science à

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