Le Géant de l azur…
147 pages
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Le Géant de l'azur… , livre ebook

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Description

Extrait : " « Eh bien, que pensez-vous de mon jouet ? – Un jouet ?… Dites le point de départ de quelque chose d'énorme et de prodigieux, – Le résultat le plus important peut-être qui ait été atteint cinquante ans en physique !… Une dynamo activée par un simple mouvement d'horlogerie et développant par des oscillations isochrones la force qu'on obtient jusqu'à ce jour de la seule rotation… C'est tout uniment la force gratuite ou quasi gratuite, – la solution des solutions…" À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Publié par
Nombre de lectures 29
EAN13 9782335068634
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335068634

 
©Ligaran 2015

CHAPITRE PREMIER Moteur léger


« Eh bien, que pensez-vous de mon jouet ?
– Un jouet ?… Dites le point de départ de quelque chose d’énorme et de prodigieux, – le résultat le plus important peut-être qui ait été atteint depuis cinquante ans en physique !… Une dynamo activée par un simple mouvement d’horlogerie et développant par des oscillations isochrones la force qu’on obtenait jusqu’à ce jour de la seule rotation… C’est tout uniment la force gratuite ou quasi gratuite, – la solution des solutions, la découverte des découvertes. J’en reste ébloui, confondu et muet.
– C’est pourtant très simple et le hasard seul m’a fait rencontrer ce que vous voulez bien qualifier avec tant de bienveillance.
– Oh ! oh ! le hasard !… Il a bon dos, et vous êtes trop modeste. Est-ce le hasard, aussi, qui vous a amené à isoler l’ irkon , ce métal si rare et si précieux dont vous faites vos bobines ?
– Évidemment non. Mais la propriété spéciale de l’ irkon , celle qui le distingue nettement des autres métaux auxquels il est associé en quantités presque infinitésimales, et notamment du cuivre, – vous savez bien comment je l’ai constatée ?
– Oui, par une de ces bonnes fortunes qui échoient exclusivement à ceux qui les méritent !… Vous avez isolé l’ irkon , vous avez reconnu sa prodigieuse conductibilité électrique, vous en avez conclu que c’était le métal prédestiné de la bobine d’induction.
–… Et, pour en avoir le cœur net, j’ai fait étirer les quelques grammes de ce métal que j’avais pu extraire ; je les ai isolés et enroulés en bobine. Mais je n’aurais jamais songé à la mise en activité spontanée de cette bobine sous l’influence d’un faible mouvement oscillatoire, – si le hasard, je le répète, l’aveugle hasard, ne m’avait pas conduit à déposer la bobine et son aimant sur la cheminée de ma chambre, juste à côté de la montre que j’y avais oubliée, et si le résultat aussi inattendu qu’immédiat de ce voisinage n’avait pas été un feu d’artifice d’étincelles suffisant pour foudroyer un bœuf.
– Évidemment. Pour que Galilée remarquât l’isochronisme du pendule, il a fallu qu’il fût assis dans une église, les yeux fixés sur le balancement d’un lustre. Pour que Newton formulât la loi de la gravitation, il était indispensable qu’il vit tomber une pomme. C’est toujours une coïncidence fortuite qui détermine les observations les plus fécondes. Encore faut-il être en mesure de noter la coïncidence et d’en dégager la philosophie…
– Admettons, mon cher Wéber, que j’étais l’homme du destin, comme l’ irkon est le métal de l’avenir. Reste cette question : que faire de mon jouet ? Je veux dire : à quoi l’appliquer d’abord ?
– Vous demandez à quoi appliquer le moteur idéal qui pèse deux kilogrammes à peine et qui emprunte sa force de cent chevaux au réservoir commun de l’univers, sous la provocation la plus futile, celle d’un ressort de montre pareil à un cheveu ?… À coup sûr, vous n’avez que l’embarras du choix !…
– En effet, j’ai cet embarras. Je l’ai positivement. Et c’est pourquoi je vous consulte.
– Eh bien, mon cher Henri, je vais vous répondre avec une entière franchise. Votre moteur est propre à tout ; il peut tout ; il répond à tout, – puisqu’il emprunte au cosmos la force mécanique universelle, absolue et gratuite. Demain, il fera marcher les usines, les trains de marchandises, les voitures et les navires ; il fouillera le sol et fera germer les blés ; il transportera les montagnes, il percera les isthmes… Pour le présent, si vous m’en croyez, il commencera par nous donner la conquête de l’air.
– C’est votre première idée ?… C’est aussi la mienne. Un aérostat dirigeable…
– Un ballon ?… Jamais de la vie ! Pourquoi nous embarrasser d’une vessie indocile et encombrante, qui flottera toujours à l’aventure, comme un bouchon sur la vague ? Il y a mieux sous le soleil, puisque l’oiseau vole, et l’insecte aussi !… Il nous faut la machine volante, l’aviateur pur et simple, l’aéroplane plus lourd que l’air et qui ne sollicitera pas humblement la permission de l’atmosphère pour s’élever et se soutenir au-dessus du sol, mais la traitera en maître, par la raison qu’il puisera dans son activité propre ses moyens d’équilibre, de mouvement et de victoire…
– Vous avez étudié le problème ?
– Mieux qu’étudié, – résolu. J’ai dans mes cartons tous les plans de l’oiseau artificiel, de l’oiseau d’acier qui s’enlèvera d’un bond élastique et sûr, déploiera ses ailes, planera dans l’espace, ira droit au but et reprendra terre à volonté… Un seul organe manquait : le cerveau. Entendez le moteur assez puissant, assez léger, pour suppléer à la force nerveuse et animer mon oiseau mécanique. Je l’ai cherché six ans, sans aboutir. Vous l’avez trouvé : prêtez-le-moi !
– De grand cœur, mon cher Wéber. Mais avez-vous vraiment poussé si loin votre étude, et la croyez-vous pratique ?
– De tout point. Je n’ai fait d’ailleurs que suivre servilement la nature. Guidé, je dois le proclamer, par les admirables travaux du professeur Marey, je me suis attaché à réaliser artificiellement les conditions essentielles du vol de l’oiseau. J’ai imité l’aile, dans ses moindres détails d’articulation, de constitution et de forme, en substituant le fer creux et la feuille de caoutchouc au corps et à la barbe de la plume. J’ai reproduit la patte en boudins élastiques. J’ai planté mes leviers moteurs de manière à pouvoir leur imprimer, par des bielles distinctes et sous la direction de triples et quadruples manettes, les battements essentiels de l’organe naturel. J’ai fait de la queue à hélice le gouvernail de la machine ; de la cage thoracique, l’habitacle et le magasin des passagers ; de la boîte crânienne, avec son bec, la proue du navire aérien, le poste du pilote et la chambre du moteur… Il ne manquait que le moteur, et le voilà !… Mais venez plutôt voir mes épures, et vous ne douterez plus. Tout est au point. Le temps d’assembler quelques tubes et de tordre quelques fils d’acier ; trente kilogrammes de caoutchouc en feuilles ; deux ressorts monstres à tremper… Dans six semaines, l’oiseau mécanique peut être une réalité.
– S’il ne tient qu’à moi, c’est chose faite. Mon cher Wéber, à vous mon moteur léger… »
Cet entretien décisif se poursuivait par une belle matinée de printemps sur la terrasse d’une villa de Passy, au-dessus d’un jardin dont les pentes descendaient vers la Seine et dominaient le cirque dessiné autour de la tour Eiffel par les coteaux de la rive gauche.
C’est là qu’une famille de colons français, échappée aux désastres du Transvaal, où elle avait tenté naguère des entreprises minières et agricoles, était venue se réfugier, comme à son port d’attache abandonné dans un moment d’erreur.
M. et Mme Massey, leurs deux fils Henri et Gérard, leur fille Colette, avaient connu dans l’Afrique australe des jours tragiques et des jours heureux. Colette s’y était mariée avec un jeune savant, M. Martial Hardouin ; sa mignonne fillette Tottie, née sur les bords du Zambèze, ébauchait maintenant sa première éducation aux rives fleuries que chanta Mme Deshoulières. Autour de ce noyau familial, restaient groupés leurs compagnons de gloire et d’infortune, le docteur Lhomond, M. Wéber et sa fille Lina, destinée à devenir prochainement la femme de Gérard ; l’ancien matelot Le Guen et Martine, sa digne moitié, qui tenaient dans le ménage de Passy, comme autrefois au pays du Limpopo, les grands rôles du dévouement et de la fidélité.
Dans ce petit monde étroitement uni, les peines et les joies étaient en commun et, maintenant que toute inquiétude avait pris fin, au sujet de la vue de Mme Massey, grâce à la plus habile opération, le bonheur de tous aurait été parfait s’ils avaient pu oublier que le fils aîné, Henri, avait laissé son cœur au Transvaal, où sa charmante fiancée, Nicole Mauvilain, poursuivait héroïquement une lutte sans espoir.
Parce qu’il portait le poids de cet amer souci, chacun lui donnait une part plus grande de sollicitude et de tendresse. Aussi, ce matin-là, tandis que toute la famille s’était assise à la table du déjeuner, sa mère ne manqua-t-elle point de remarquer que la place de Henri restait vide.
« Que fait-il donc ? demanda-t-elle avec insistance. Je crains qu’il n’ait pas entendu la cloche.
– S’il l’a entendue, il a dédaigné un bruit si vulgaire, dit Gérard en se servant des œufs brouillés. Tous les mêmes, ces savants !…
– Ma foi, si l’on n’y prend garde, m’est avis que M. Henri va devenir un autre M. Wéber, fit observer Le Guen, qui

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