Le lieutenant français
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Le lieutenant français , livre ebook

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Description

Ce lieutenant français vit une histoire d’amour perturbée par le temps et la géographie. Par bonheur, le hasard va rétablir un contact avec son lointain passé.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Va-t-il enfin pouvoir vivre sa vie ? Aimer à nouveau ?
Bien qu’en filigrane, l’histoire d’amour reste présente à tous les instants. Ces amants-là sont si forts qu’ils ne font qu’un.
Voici un premier roman prometteur qui ne laissera personne indemne ou indifférent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332597908
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-59788-5

© Edilivre, 2013
Citation


« Quand il m’arrive quelque chose, je préfère être là. »
L’Étranger – A. Camus.
Le retour
Le soleil de septembre baigne doucement la plaine de Trenton. L’aéroport est calme et le rythme des mouvements d’avions y est bien paisible.
Trenton est la capitale fédérale de l’état du New Jersey, sur la côte Est des États-Unis. Son aéroport, situé à mi-chemin entre le Pacifique Sud et l’Europe, permet à de nombreux vols transcontinentaux, notamment aux “liners” militaires, de faire une escale dans le calme et la discrétion.
La semi-torpeur de cette fin d’après-midi est tout-à-coup rompue par les grognements rauques du démarrage des turbopropulseurs d’un appareil de type Transall C 160.
Roulage, puis décollage. Les moteurs s’époumonent. L’avion prend de la vitesse en avalant toute la longueur de la piste. Enfin, les 11 000 Cv. tirent cette énorme masse sombre vers le ciel bleu. Destination : la France.
A bord de cet avion, des militaires français de retour de mission dans le Pacifique Sud rentrent au pays. Lors de cette courte escale technique, ils ont pu descendre quelques instants pour se dégourdir les jambes sur le tarmac. La fatigue se lisait dans leurs yeux rougis par le manque de sommeil. L’équipage a été relevé.
De Trenton, les passagers n’auront vu que ces bâtiments aéroportuaires et les gros véhicules techniques américains, tout rutilants.
Dans le lointain, se fait encore entendre le bruit des moteurs qui tournent à plein pour atteindre l’altitude de croisière.
Il faudra au moins 14 à 16 heures de vol pour gagner les côtes françaises, en longeant la côte est des États-Unis vers le nord, sans compter une éventuelle escale technique à St. John’s ou ailleurs avant de virer à l’est, puis au sud vers la France.
Les passagers s’occupent comme ils peuvent. Les uns rêvassent, dorment, se réveillent. Les autres font plus ou moins de même, dans le désordre. Chacun à son rythme, au rythme implacable et lancinant du ronronnement des moteurs et de leurs toussotements.
Des paysages immobiles défilent lentement, changeant au gré de la météo, passant du ciel immensément bleu au blanc laiteux de quelques cumulus. Parfois, au loin, s’étirent les trainées blanches d’un avion de ligne. Le rêve est à portée des yeux.
Que l’on soit endormi ou éveillé, un avion est toujours un lieu propice au rêve.
Je n’ai aucune idée de l’heure. Il est vrai que depuis notre départ de Polynésie, d’où nous avons décollé hier, je crois, la première escale technique de Los Angeles, puis celle de Trenton et notre prochaine arrivée en France, je ne sais plus très bien quelle est la bonne heure. On appelle ça le décalage horaire.
Je vais essayer de dormir, pour passer le temps. Je ne manquerai pas de rêver. Rêver de mon hier, de mon demain. L’instant présent, lui, ne se rêve pas, il se vit.
Combien de temps ai-je dormi ? Peut-être quelques minutes, ou des heures ? Je suis réveillé par les craquements de mes sinus frontaux qui me signalent à coup sûr que l’appareil a entamé une descente. Effectivement, dans le noir de la nuit, un paysage se dessine par les hublots, peu nombreux. C’est peut-être celui de St. John’s.
Il semble qu’on fasse une dernière escale technique. L’appareil descend toujours et je suis totalement sourd. Curieusement, j’entends encore le bruit des moteurs. Puis un changement de régime confirme qu’on est en final d’approche.
Surgis de nulle part, des arbres apparaissent au loin. Le sol se rapproche. L’arrondi nous écrase dans nos sièges. Le toucher se fait en douceur ; on roule. La réverse nous projetterait vers l’avant si nous n’étions attachés et les freins puissants s’imposent pour calmer définitivement la bête. Virage à droite puis le taxiway jusqu’aux hangars éclairés qui se détachent dans la nuit. L’appareil s’immobilise. Où sommes-nous ?
Ma montre a presque couvert un cadran complet depuis Trenton. On doit donc avoir largement dépassé St. John’s. Effectivement, avant même l’arrêt complet, il me semble reconnaître cet endroit. Je m’y déjà suis posé, de nuit, lors d’un voyage entre la France et les États-Unis. C’est Keflavik, en Islande, pour ce qui devrait être notre dernière escale technique.
Largement ouverte, la rampe arrière nous libère. Nous marchons vers les lumières de la salle d’accueil, peu éclairée, pendant que le mécano NAV se charge des interventions techniques. Les pilotes nous rejoindront dès qu’ils auront un peu de liberté.
Il fait froid mais le plaisir de fouler le plancher des vaches est plus fort.
A l’accueil, rien ne nous attend vraiment. Une jeune femme essaie de nous dire des choses dans une langue qu’on ne comprend pas. Nous arrivons cependant à commander, ici des bières, là du café, qu’on paie avec ce qu’on a, c’est-à-dire des dollars US, généralement acceptés partout. La serveuse est ravie qu’on lui laisse toutes les pièces de monnaie. A notre arrivée, elles ne nous seront d’aucune utilité ni changées.
Les membres d’équipage sirotent des jus de fruit accompagnés de petits gâteaux secs.
Nous restons, là, réunis autour de vieilles tables en bois à bavarder et à rire de rien. J’écoute les conversations, sans y participer. Je suis ailleurs. Les uns se lamentent de changer de vie, d’autres au contraire s’en réjouissent. Moi, je ne sais pas. Je rêve un peu à mes autres vies, passées et futures. Je rêve d’une vie où je ne me poserai pas la question de savoir si je suis heureux. Se poser la question, est-ce ne pas l’être ? Non, je suis heureux. Heureux d’être là, assis à cette table. Demain, je n’y serai plus et lorsque j’y penserai et je me dirai : « J’étais heureux à cette table. »
Je suis certain que j’ai vécu, hier, de très belles choses. J’ai hâte d’être à demain pour en vivre d’autres.
Les pilotes s’agitent et se lèvent ; ils sont prêts, l’avion également. C’est reparti pour quelques heures avant les côtes françaises. On court sur le tarmac mouillé histoire de faire un peu d’exercice, au milieu des odeurs de carburant et des clairs de lune dans les flaques d’eau.
Nouveaux craquements de vieux meubles dans mes sinus. Nous voilà repartis pour la dernière ligne droite qui, bien qu’elle ne soit pas la plus longue, nous semble interminable. Il faut dire que depuis notre départ, certains d’entre nous auront parcouru plus de 18 000 km. Je fais partie de ceux-là. Les regards lourds que nous échangeons disent notre hâte d’arriver.
A droite, la nuit est épaisse tandis que par les hublots de gauche, vers l’avant de l’appareil, on sent poindre le petit jour. Cela confirme le cap sud-est qui nous mène vers la maison. Au même rythme que le jour, qui se lève lentement, les visages commencent à s’éclaircir, presque à s’illuminer.
Quelques bonnes heures de bourdonnement plus tard, nous arrivons à destination et la piste 22 nous tend enfin les bras. On est arrivé. Ouf !
Malgré cette fatigue qui me tient, d’être arrivé à bon port me procure l’agréable sensation d’un grand apaisement intérieur, une sorte de plénitude. Je me sens bien. Finalement, je ne pose pas de questions, je sais que je suis heureux.
La beauté et la verdure des paysages d’ici ne m’empêchent pas de regretter, déjà, cette belle Polynésie française que j’ai quittée il y a un peu plus de 24 heures. Et ces belles personnes que j’y ai rencontrées et qui ont gardé mon cœur, enveloppé dans la fraîcheur d’une feuille de bananier, embaumé dans un écrin de fleurs de tiaré.
Cette nuit, j’enveloppais souvent mon nez dans mes mains, je fermais les yeux et je cherchais ces belles odeurs. Comme on entend la mer dans un coquillage, moi, je trouvais ces belles odeurs dans mes mains.
Je n’oublie pas ces gentilles vahinés, je les aime toutes, de l’aéroport – je crois qu’elles m’aiment bien aussi – dans leurs longues robes mauve et jaune à fleurs, et leurs colliers de fleurs de tiaré, d’hibiscus, de frangipanier, qu’elles nous offrent à notre arrivée. Ou de coquillages pour ceux qui partent. Et les caresses des parfums enivrants.
Dans mon cœur, dans ma tête, dans mon âme aussi, résonnent encore les sonorités grinçantes des ukulélés accompagnant des mots qui ne s’écrivent pas. Qui se chantent :
« J’ai vu le jour dans la nature,
j’ai des pieds, pas de voiture,
pas de souliers quand je suis né,
à moi le bon Dieu n’a pas donné.
J’ai faim, je veux manger de la banane,
j’ai soif et je veux boire de l’eau coco.
Ma vahiné elle est jolie, jolie madame,
ma vahiné elle a besoin d’une caresse.
Aue! Ta’u here tapiri mai e, Aue! Mama e e maa kera … »
Je ne reviens pas entier mais je reviens plus fort.
Que vais-je ressentir au moment de fouler à nouveau le sol métropolitain ?
Mes pieds sont encore dans le sable noir et fin de la Pointe de Vénus ; mes jambes, lourdes, toutes engourdies des vibrations des moteurs ! Curieusement, je marche sur le parking et il ne se passe rien. L’équilibre est ici le même que là-bas. L’air aussi, que je respire, est le même. Mon pas est à peine hésitant.
Cela me désole un peu car j’attendais quelque chose qui ne vient pas. Je m’étais préparé à ressentir une grande émotion. On m’avait parlé de cette joie de revenir au bercail, du plaisir de retrouver la terre de ses racines et de plein d’autres choses. Pourtant, je suis heureux d’être là. Comme je l’étais là-bas.
Je me demande où je suis le plus heureux, le plus serein. Le soleil, le sable chaud, les sourires, l’odeur de l’océan, l’attitude ultra-marine, l’interminable lumière, tout cela me manque un peu au fond de moi.
Joye, Clie et les autres
Ce matin est jour de reprise pour Clie qui rentre de trois belles semaines de congé. Elle retrouve son amie et com

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