Le Mutualisme désenchanté
184 pages
Français

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Le Mutualisme désenchanté , livre ebook

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Description

Josselin du Grinche, surnommé "gueule de chiasse", s’est suicidé dans l’escalier de service des bureaux de l’entreprise. Il n’est retrouvé que quatre jours plus tard, quand un employé, "Pierrot le rouge", trébuche sur son corps, se cassant les dents de devant dans sa chute. Tous les employés de l’entreprise se réjouissent de la mort de "gueule de chiasse", ainsi que de la malchance dentaire de "Pierrot le rouge", qui ne pourra ainsi plus mordre personne. Quels sont les événements qui ont pu pousser Josselin du Grinche à un tel acte? Et dans les locaux même de la société? Tout a commencé lorsque Brigitte, une jeune cadre ambitieuse et carriériste, a rejoint la MNCT... Le personnage principal de ce roman, est en réalité l’entreprise elle-même, personnalisée en une sorte d’entité monstrueuse, froide et cynique qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de Kafka. Un enfer glacé, peuplé d’employés paresseux, individualistes et immoraux, qui seraient prêts à tout pour réussir. Meurtres, complots, manipulations, Eva Hesry nous livre un thriller d’entreprise passionnant, écrit avec une plume féroce, affûtée et sans compromis. Un roman captivant et effroyable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 novembre 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748370775
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Mutualisme désenchanté
Eva Hesry
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Mutualisme désenchanté
 
 
 
Le mutualisme désenchanté
 
 
 
Maîtriser son destin,
Tutoyer la lumière,
Dépasser ses peurs,
Dévorer la vie,
Parfaire l’illusion,
L’ostentatoire illusion,
Que si le travail nous libère,
L’entreprise, elle, nous grandit.
Nous avons été trompés.
 
 
 
 
Conseil aux lecteurs
 
 
 
Ne cherchez pas dans cet ouvrage des ressemblances ou similitudes avec des compagnies mutuelles d’assurances que vous pourriez connaître ; la MNCT est une entreprise purement imaginaire.
Elle n’existe pas et ne mérite pas d’exister.
 
Ne cherchez pas plus de correspondances avec des individus que vous pourriez connaître ou croire reconnaître ; ils sont complètement fictifs et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, ne pourrait être due qu’à une coïncidence. Si les héros de cette fiction avaient existé et travaillé à mes côtés, je me serais suicidée…
 
 
 
 
Raide mort !
 
 
 
Josselin du Grinche, surnommé Gueule de Chiasse, gisait le long de l’escalier en colimaçon, dans l’issue de secours de l’immeuble parisien, au niveau du cinquième étage. Ses grosses lunettes aux verres correcteurs épais étaient posées sur la marche, à côté de sa tête.
Quatre jours s’étaient écoulés sans que l’odeur n’alerte les salariés qui empruntaient cette issue depuis que la grille du rez-de-chaussée de l’entrée principale avait cédé.
Mais le quatrième étage, dernier étage avant celui réservé à la présidence, était leur destination finale, si bien que le cadavre était passé inaperçu pendant quatre jours.
Et les élus ne prenaient l’issue de secours que jusqu’au premier étage, qu’ils traversaient d’un pas joyeux sachant que l’ascenseur au fond du plateau leur permettrait de continuer leur ascension sans effort jusqu’au cinquième.
Les élus étaient tous des retraités, leur âge moyen devant frôler les soixante-quinze ans…
Aucun salarié n’était donc tombé sur Gueule de Chiasse, et comme il ne manquait à personne, on ne savait tout simplement pas où il était.
Quatre jours ! Quatre-vingt-seize heures ! Quatre-vingt-seize heures à se faire grignoter de l’intérieur. Ses petits yeux en trous de bite, à peine visibles sous les replis de chair tombante de ses paupières, ne regardaient plus que le néant, sa barbe insipide et terne encadrait toujours son visage hideux, plus blême que jamais, mais qui distillait encore, malgré la mort, la vacuité et l’autosuffisance.
 
C’est Pierrot le Rouge, le diable raptor, qui l’avait découvert en redescendant du cinquième étage où il aimait aller se soulager. Les toilettes de la présidence lui donnaient de l’inspiration et, du coup, personne ne remarquait qu’il s’y attardait plus que nécessaire. S’il avait emprunté les toilettes du quatrième étage à chacune de ses pauses défécation, ses collègues auraient remarqué depuis longtemps que le temps abusif qu’il s’octroyait à chacune d’entre elles n’était pas indispensable à la bonne marche de son transit. Son petit stratagème lui permettait de faire croire qu’il était occupé au service des ressources humaines, ou au service informatique, ou encore dans le local syndical. Ah, comme il aimait son cher syndicat ! Et comme il adorait son statut de représentant auprès du comité d’entreprise ! Mais les toilettes de la présidence représentaient le luxe suprême.
« C’est toujours ça de gagné sur le temps de travail », disait-il à Jennifer, son soutien indéfectible et admiratif. « On me paye pour chier de l’assurance. »
Mais, en redescendant par l’issue de secours, il avait buté sur Josselin du Grinche, dont le long corps godiche s’enroulait autour de la rampe d’escalier.
Il lui était tombé dessus et avait dévalé quelques marches, avant que sa face de rougeaud colérique aux crocs affûtés ne vînt s’encastrer dans la porte coupe-feu du quatrième étage.
 
Jennifer avait entendu le choc sourd, dont l’écho s’était répercuté dans le petit espace exigu, alors qu’elle remontait de sa énième pause cigarette de la journée. Quelque peu étourdi, la mâchoire allégée de quelques dents, Pierrot le Rouge l’informa de sa macabre découverte, et un attroupement curieux ne tarda pas à se former.
« Morte la bête, mort le venin », commenta Brigitte pour elle-même, dès qu’elle apprit la sinistre nouvelle par son assistante qui lui passa un coup de fil.
Jennifer prit conscience alors des gémissements de douleur de Pierrot le Rouge. Personne ne s’occupait de lui, et il se tenait le menton d’une main hésitante. Jennifer s’accroupit auprès de lui et il lui montra sa mâchoire de raptor. Il avait trois crocs en moins. Il ne pourrait plus mordre !
« Quelle journée lumineuse ! », commenta Brigitte au téléphone.
 
 
 
 
Envies de meurtres entre collègues mutualistes
 
 
 
1.
Saint-Maixent, novembre 2006
Le TGV arrivait en gare de Saint-Maixent. Un brouillard épais plombait l’air.
Brigitte détestait cette ville. Une ville morte, sans vie, sans âme, froide et lugubre. Elle y était venue trois mois plus tôt, pour passer les tests d’entretien finaux qui allaient lui valoir son embauche définitive. Saint-Maixent en août ! Pas un piéton en ville, tous les volets fermés, une pluie qui n’avait pas cessé la veille et le jour de son entretien. Déjà en août le temps était pourri, alors en novembre…
Mais elle avait réussi et allait pouvoir mener son projet à terme. Un projet excitant. On l’avait chargée de monter à Paris un service de renseignements juridiques à destination de la famille territoriale, élus locaux et fonctionnaires territoriaux, pour la Mutuelle Nationale des Collectivités Territoriales, la MNCT, dont le siège se situait à Saint-Maixent. Ce qu’elle savait parfaitement bien faire. Le bâtiment avait déjà été acheté et les travaux allaient bientôt commencer. En attendant, elle travaillerait chez elle, ce qui était plutôt cool pour réaliser les études préalables.
Lorsque son ami et consultant David l’avait appelée pour lui proposer ce challenge, elle n’avait pas été emballée sur le moment. Elle était en poste et ne voulait pas assister à l’entretien auquel David l’avait conviée, avec un certain Bob Joubert, mandataire social nommé à la MNCT et directeur général délégué en charge du projet. Mais il l’avait presque suppliée, au moins de venir à ce rendez-vous, car lui-même était en charge d’une mission d’assistance pour la création de ce projet, et ses connaissances du marché des collectivités locales étaient insuffisantes.
Elle avait finalement accepté et, d’entretien en entretien, s’était laissée happer par le challenge.
« C’est un très beau projet », avait-elle finalement avoué à David.
Aujourd’hui, elle devait présenter au comité d’entreprise ses premiers travaux, ne connaissant rien de la culture d’entreprise ni des membres du comité. Bob Joubert ne lui avait absolument rien dit, ce qui l’avait un peu étonnée.
Les mains moites, elle sortit du train et monta dans un taxi.
« La MNCT, s’il vous plaît », dit-elle au chauffeur.
Les locaux étaient très beaux, clairs et modernes, un cadre de travail très agréable, se dit-elle en saluant Bob Joubert qui l’attendait dans son bureau, en compagnie d’une chargée de mission plutôt sympathique, Anna, qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer une fois sur Paris.
« Vous êtes prête ? lui demanda Bob Joubert. Il va falloir attendre un peu, qu’on nous appelle, car l’ordre du jour est chargé.
— Ça va, mais ça ira encore mieux quand ce sera fini. »
Brigitte se dit qu’elle aurait dû prendre un demi-avlocardyl, histoire de calmer les battements désordonnés de son cœur.
Son tour fut annoncé.
Elle salua chacun des membres présents dans la salle, et commença sa présentation.
« La MNCT, depuis trente ans maintenant, accompagne l’activité des collectivités territoriales, des associations, mais aussi de leurs élus et employés ou agents, en assurant les risques issus de leur existence même, de leur patrimoine, mais également de l’exercice de leurs missions respectives. Dans ce nouveau projet, la MNCT souhaite mettre en œuvre une protection juridique totale, allant de la simple assistance juridique par téléphone à la gestion du contentieux avec, au cœur du dispositif, le conseil, la médiation et l’arbitrage. Il s’agit en fait de proposer aux sociétaires, ainsi qu’à la famille territoriale en général, de mettre à leur disposition un panel de services juridiques appropriés aux besoins qui sont les leurs. »
Quatre heures plus tard, Brigitte se dit que la présentation s’était bien passée. Évidemment, les membres du comité d’entreprise avaient été un peu déroutés en apprenant qu’il fallait créer une structure spécifique, qui devait bénéficier d’un agrément OPQCM, et qui ne pouvait donc pas relever de la convention collective de l’assurance, mais de la convention collective syntec. Il est impossible d’envisager de produire des consultations juridiques sans ce préalable indispensable, et le comité d’entreprise en était resté perplexe, l’entreprise n’ayant jamais fait autre chose que de l’assurance. Le comité d’entreprise lui avait semblé un peu frileux sur cet impératif, mais l’atout concurrentiel semblait avoir été bien compris.
2.
Paris, décembre 2006
Brigitte entra dans les locaux de l’hôtel de ville, à la recherche de l’amphithéâtre destiné à recevoir les mandataires élus, conviés à cette journée d’information, pendant laquelle son projet serait annoncé.
« Bonjour Brigitte, lui dit Bob en lui serrant la main. Le pré

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