Le Parapluie Japonais
234 pages
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Le Parapluie Japonais , livre ebook

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Description

« Je suis assise en terrasse. Et le café s'appelle « Le Parapluie Japonais ». Drôle de nom pour un café. Le patron n'a pas les yeux bridés ! Si je traîne à l'extérieur, c'est peut-être l'été. Et le soleil bas, rayonnant d'une chaleur atténuée, m'annonce la fin prochaine d'une belle journée. Mais j'ai une montre ! Montre clip en métal argenté, qui fait aussi bracelet, plutôt usagée. Elle indique dix-huit heures trente. Un journal froissé traîne sur un fauteuil en rotin, je l'attrape. « Le Gifaro, dernier quotidien de droite », une grimace m'échappe, je me situe probablement à gauche sur l'échiquier politique. Très curieux cette impression sourde, certitude que quelqu'un enfoui dans les sous-sols de ma conscience me connaît mieux que moi-même. Quelqu'un ou quelque chose... »

Une femme, la quarantaine se retrouve après un malaise amnésique et essaie de reconstituer son passé. Elle est alors confrontée à une foule d'incohérences et est prise de doutes terribles quant à son identité : est-elle l'amante de son beau-frère ? Ce dernier aurait-il été jusqu'à tuer sa sœur pour couvrir leurs amours illégales ? Et que penser de Corinne la détective, qui semble être de mèche avec Olivier, le garçon de café qui l'héberge ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 décembre 2009
Nombre de lectures 0
EAN13 9782812151170
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




















www.edilivre.com

Édilivre Éditions APARIS Collection Coup de cœur
56, rue de Londres, 75008 Paris
Tel : 01 44 90 91 10 – Fax : 01 53 04 90 76 – mail : actualites@edilivre.com
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN : 978-2-33280-307-8
Dépôt légal : novembre 2009

© Édilivre É ditions APARIS, 2009
Chapitre 1
Qu’est-ce que je fais ici ? Mes coudes s’appuient sur cet objet froid, gris. C’est un t…, non une t… euh tache ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi ce mal de tête ?… Une t… table ! Oui, c’est ça, je crois. Et devant moi sur cette… table, il y a un objet vert, rond avec quelque chose qui bouge dedans. Une v… vache ? Non, autre chose… quoi ? Je ne me souviens pas.
Je lève la tête, je vois des gens assis autour de moi. Ils ne me regardent pas. Transparente, absente. Pourtant je m’entends respirer, je me sens bouger, je touche mon bras, mes joues. Dans la pénombre vaseuse de ma conscience, mue par une intuition qui me semble astucieuse, je glisse la main gauche entre mes dents, et d’un coup sec je referme les mâchoires. Incontestable ! J’éprouve par la souffrance la réalité de mon corps, je suis bien là assise sur un cèpe, non un sieste… euh, c’est ça un siège ! Et tous ces gens attendent sur leur siège autour de leur petite table unijambiste. Il fait froid. À moins qu’il ne fasse chaud. Je ne sais pas. Je porte un pantalon court, des nu-pieds. On doit être en hiver, non en été. Un éclair de lucidité, je sais, je suis dans un casse-pieds, non un… café, oui un café. Je me sens comme une voiture dont le moteur aurait des ratés, j’avance par hoquets successifs. Et ce machin devant moi sur la table, bien sûr, c’est une tasse… et dedans du café. Non, je me rappelle… mais puis-je me fier à ma mémoire ? Elle me semble assez en méforme, le café est un liquide sombre presque noir, très chaud et je crois qu’il fume. Mais ce qui clapote dans ma tasse quand je respire, le ventre appuyé contre la table, est presque froid. Un petit seau en métal fermé par un couvercle brille juste à côté. Un petit cachet s’en échappe au bout d’une pixel. Quel chaos dans ma tête, tout est mélangé, mes mots embrouillés, mes pensées inaccessibles. Que se passe-t-il ?
Je m’oblige à inspirer calmement, expirer en cadence, me contraignant à ne penser à rien, à ne pas faire travailler mon cerveau mais faciliter l’irrigation de mon corps engourdi jusqu’à la pointe de mes pieds, de mes oreilles, pour le rendre fonctionnel et coopératif comme avant. Avant ? Avant quoi ? Et que sais-je de cet avant ? Je n’ai plus rien dans la tête, plus aucun souvenir. Juste un vide qui résonne, où mes interrogations rebondissent, espace aux parois lisses sans aspérité où m’accrocher. Qu’est-ce donc que ma vie ? Ce néant ne m’effraie pas, à peine une légère angoisse, plus proche de l’étonnement que du vertige métaphysique. Déstabilisée certes, mais pas anéantie. Mon existence ne devait pas peser bien lourd. Petit calibre. Aucun écho. Ni de moi, ni de mes proches, mes amis, mon travail, ma maison… J’élève mes mains à hauteur de mes yeux, fais bouger mes doigts. Ongles courts, coupés nets près de la peau, doigts allongés, souples, pas de bague. Des bras bronzés, sur le dessus des mains des endroits plus sombres, on dirait des taches de rousseur. Mes yeux balaient la table froide et métallique. Et je vois de l’autre côté une deuxième tasse, plus petite que la mienne, vide. Un fin tube de papier froissé contre la soucoupe, il a contenu du… sucre. Il y a quelqu’un d’autre à ma table ! Qui prend un café en face de moi. Je ne suis pas seule. Quel soulagement. Il ou elle pourra m’expliquer ce qui m’est arrivé. Mais où est cet inconnu ? Garçon ou fille ? Une trace de rouge à… à lèvres colore le rebord intérieur blanc de la tasse. C’est une fille. Peut-être est-elle aux toilettes ou partie faire une course dans le quartier, ou chercher la voiture. En attendant son retour, je me concentre pour recomposer mon parcours. À côté de sa tasse de café, je vois… ah, je sais ce que contient ma tasse, c’est du thé ! Mais oui, j’adore le thé. Je m’en souviens ! J’aurais pu y penser plus tôt. Mais mon cerveau est en coton, ne connaît plus la démarche de la réflexion. Au milieu de l’étiquette, je lis thé-vert-à-la-menthe. Mon préféré ! Tout mon corps se relâche après cette victoire due à un effort intense. Mon dos se laisse aller à épouser le dossier de la chaise. Dans l’absence qui a investi mon cerveau, des pensées inconnues tourbillonnent, sarabande de questions dans un vertige effrayant. Mais cette agitation désordonnée s’écrase sur une surface inerte, désertique. Trop d’inconnues, trop de trous noirs. Je pousse un soupir bruyant. Sursaut des voisins. D’un même mouvement, ils se tournent vers moi, me dévisagent un instant, faces lisses, inexpressives et, indifférents à mon sort, retournent à leurs échanges verbaux fluides et faciles. Cette longue expiration libère mon esprit anesthésié. Je récapitule.
Je suis assise à la table d’un café en compagnie d’une femme, absente pour le moment, et qui ne va pas tarder à me rejoindre. Je buvais mon thé lorsque quelque chose a dû se produire. Fin des certitudes. Que s’est-il passé ? Tout reste à faire pour reconstituer le puzzle que je suis devenue. Face à moi, une tasse vide décorée de rouge à lèvres. À côté de la tasse… tiens, je n’avais pas remarqué cet objet, ma main le saisit. Un petit tas de papiers brillants, de la couleur, rien d’écrit, non on dirait… des… euh… photos… quatre photos, deux personnages, un homme, une femme, dans des décors différents. Je ne les connais pas, la femme entre deux âges brune, mince, l’homme plus vieux, grisonnant. Sur une des photos, le couple enlacé marche dans une rue, face à moi. Photo pas très nette. Prise au téléobjectif, ils ont bougé… ils ne se savent sans doute pas traqués. Des gens célèbres pris en chasse par un photographe indélicat, un paparazzi d’occasion vendeur de clichés à sensation, un détective privé au fil de son enquête ? Sur une autre photo, en maillot de bain sous les pins à l’orée d’une plage, lui avec son ventre rond me rappelle vaguement quelqu’un. Un acteur vu dans les magazines, au cinéma, ou bien mon boulanger, mon coiffeur, pourquoi pas mon dentiste ? Instinctivement, ma main tapote ma chevelure, ma langue caresse la rangée supérieure de mes dents. Cette fille maintenant, à force de scruter les images, impression de l’avoir déjà vue. Ces yeux bruns qui me percent sans retenue, ce menton pointu, agressif. C’est quelqu’un que j’aime bien, mais à cette affection se mêle un trouble étrange. Qui est-elle ? Que représente-t-elle pour moi ?
Attendant que revienne ma mystérieuse compagne, je me tourne vers la porte d’entrée. Je suis assise en terrasse. Et le café s’appelle « Le Parapluie Japonais ». Drôle de nom pour un café. Le patron n’a pas les yeux bridés ! Si je traîne à l’extérieur, c’est peut-être l’été. Et le soleil bas, rayonnant d’une chaleur atténuée, m’annonce la fin prochaine d’une belle journée. Mais j’ai une montre ! Montre clip en métal argenté, qui fait aussi bracelet, plutôt usagée. Elle indique dix-huit heures trente. Un journal froissé traîne sur un fauteuil en rotin, je l’attrape. « Le Gifaro, dernier quotidien de droite », une grimace m’échappe, je me situe probablement à gauche sur l’échiquier politique. Très curieux cette impression sourde, certitude que quelqu’un enfoui dans les sous-sols de ma conscience me connaît mieux que moi-même. Quelqu’un ou quelque chose… comme si dans les zones obscures de mon être, tout était intact mais scellé, m’obligeant à creuser sans fin, et à remonter un par un de ces tréfonds empoussiérés tous les composants de ma personnalité pour me les réapproprier. Ce journal qui me permet de me découvrir gauchisante me donne aussi le moyen de me situer dans le temps. En haut de la une, l’année, le mois, le jour. Mardi 28 juin 2006, fin de l’après-midi, précisément dix-huit heures trente, je suis installée à la terrasse d’un café… avec une inconnue de plus en plus absente. Je progresse, pas très vite, mais le sol se stabilise sous mes pieds. Je flotte moins. Elle ne revient toujours pas, ma compagne anonyme. Apparemment elle s’est éclipsée plus loin que les toilettes. Amie ou ennemie ? Est-ce la fille de la photo ? Que fait-elle ici avec moi ? Est-ce qu’elle a payé nos consommations ? Un pressentiment m’avertit qu’elle ne m’a pas attendue.
Je ne sais pas où je me trouve, les enseignes des boutiques autour de nous sont écrites dans une langue familière. D’ailleurs je me sens comme un poisson dans l’eau au milieu de cet environnement, un poisson un peu mazouté provisoirement incapable de nager, mais qui bientôt retrouvera ses forces et ses facultés, écaille après écaille. Les voitures qui passent sont immatriculées pour la plupart dans le trente et un… Toulouse. Écho rassurant au fond de moi.
Pourquoi ai-je perdu la mémoire ? Où se sont enfuis mes mots ? Le temps me les rapporte cependant. En quelques instants d’efforts soutenus, j’ai récupéré une partie de mon agilité mentale. Je me félicite de voir revenir mon vocabulaire aussi vite. À force de réfléchir, de comparer, je retrouve le contrôle des concepts et des phrases. Un roulement sourd derrière moi enfle à vive allure. Le temps de pencher les épaules et la tête pour mieux voir, une gamine en rollers me frôle, secoue la table, balance le bras et disparaît. Quelle peur ! Ma main serre ma poitrine, illusoire protection. Je reprends mon souffle en fermant les yeux.
Le garçon de café s’approche de moi, virevoltant. La quarantaine souriante, brun à l’italienne, nez fin et lèvres rubis, séduisant. Il s’arrête brusquement, se penche au-dessus de ma table et s’informe avec intérêt de mon état. Je m’étonne d’une telle attention. Il s’appuie contre le dossier de ma chaise et m’observe, son étonnement répond au mien :
– Votre malaise, tout à l’heur

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