Le Pouvoir des mots
146 pages
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Le Pouvoir des mots , livre ebook

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Description

Alma, Pierre, Julia, Sacha et Lucas.
Une famille recomposée mise dans l'impasse par la maladie de la mère d’Alma. Une maladie qui bouleverse le quotidien de chacun et ranime quelques blessures anciennes.
Partition à dix mains : Alma, Pierre, Julia, Sacha et Lucas se racontent. La magie des mots pour dire le chagrin, l'angoisse, les barrières intimes... La magie des mots pour retrouver le goût de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juin 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782334156967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-15694-3

© Edilivre, 2016
Dédicace


A tous les anges-gardiens qui ont jalonné mon chemin…
Je m’appelle Alma
Je m’appelle Alma. Je suis malade. Attendre. Espérer. Occuper le temps. Je suis allongée dans une petite pièce lumineuse, à l’atmosphère feutrée.
– On a l’impression que vous n’osez pas montrer qui vous êtes !
Je médite cette remarque. La personne qui l’a faite quitte quelques instants la pièce. Le chat lové contre mon ventre depuis le début de la séance ronronne. Il a délibérément choisi cette place après s’être glissé comme un voleur par l’embrasure de la porte. C’est le chat du magnétiseur. Le chat a du caractère. Je sais qu’il a choisi cette maison et ses occupants, fatigué de ses errances urbaines. Je me demande pourquoi il s’obstine à rester contre moi. En d’autres temps la remarque n’aurait peut-être pas attirée mon attention. Lancée au hasard ou avec une intention précise ? Peu importe. Elle me semble, à ce moment précis, importante, de celle qui retient l’attention, qui peut déterminer un choix de vie. En plus, la personne qui l’a prononcée me fait forte impression. Que va être ma vie à présent ?
Un an a passé depuis cette visite chez le magnétiseur. « On a l’impression que vous n’osez pas montrer qui vous êtes ! » La remarque qui m’a intriguée à l’époque revient me taquiner. Et si c’était vrai ? Cette pensée me terrorise. Cela voudrait dire que les gens qui me côtoient y compris mes proches ne sauraient pas qui je suis réellement. Alors si je meurs maintenant, je disparaîtrai de la vie de mes enfants sans avoir pu leur donner à connaître l’essence de mon être. Sacha, Lucas, mes petits, je n’ai pas envie de me raconter en détail. Juste envie de vous livrer quelques moments clés de notre vie commune au travers du récit desquels je me dévoile à vous. Juste envie de vous donner des indices qui vous permettront de décoder seuls ce que furent nos liens depuis votre naissance. Le bonheur de vivre ensemble…
Je m’appelle Sacha
Je m’appelle Sacha. Je suis un moulin à paroles. On m’a offert un dictaphone afin que je puisse m’épancher librement sans incommoder les adultes avec mon flux incessant. Je ne suis pas vexé. J’adore les appareils avec des boutons que l’on tourne ou sur lesquels on appuie. Entendre ma voix en sortir en écoutant les enregistrements me ravit. J’expérimente aujourd’hui mon nouveau jouet. Grâce à lui, je peux vous livrer les secrets de mon cœur.
Maman m’a inquiété ces derniers temps. Elle a été malade. Elle est guérie maintenant. Elle me l’a assuré. Je la crois. Cependant je continue à détester quand elle se rend à des rendez-vous médicaux. Un vestige de l’angoisse de l’année passée. J’ai eu peur pour elle. J’ai eu peur pour moi. Maman, vous comprenez, c’est mon assurance sur l’avenir. Que va-t-il m’arriver si elle n’est plus ? Heureusement, papa est là. Beaucoup de choses fonctionnent par paires. C’est pratique : s’il y a perte on n’est pas complètement démuni. C’est pour cette raison que l’on a deux parents. Si l’un vient à disparaître, il reste l’autre et l’on n’est pas seul au monde. Je préfère quand même que ma paire parentale reste intacte : papa et maman le plus longtemps possible.
Je suis l’ange gardien de maman. Pendant sa maladie, dans la pénombre enveloppante du matin qui s’annonce, souvent, je venais lui chuchoter à l’oreille :
– Je suis là, je te protège.
Maman est guérie maintenant. Je peux remiser mon costume d’ange gardien.
Je m’appelle Sacha. Je n’ai pas pris ma peine de me présenter avec plus de précisions. J’ai les yeux noirs, les cheveux bouclés. Ne croyez pas que ces précisions sur mon apparence soient l’expression d’un narcissisme précoce. Je ne fais que répéter ce qu’on me dit. Mes yeux noirs, mes cheveux bouclés à force d’être évoqués sont devenus comme une carte d’identité. Je n’y attache pas une importance démesurée. Mais ils me définissent et j’en tire une sorte d’assurance, de certitude tranquille de ne pas être insignifiant. Rien de plus terrible pour un enfant que d’être insignifiant. Etre insignifiant, c’est être oublié. On ne m’oublie pas. Je suis reconnu, on m’aime. Vous ne pouvez pas savoir quelle sensation de légèreté cela me donne d’être assuré de l’affection que l’on me porte. Je suis délivré de l’entrave que peut constituer la quête de l’amour. Mon esprit est libre de se consacrer à son plaisir : observer le monde, surtout mon monde.
Mon dictaphone est là maintenant pour garder en mémoire mes observations, mes réflexions, mon histoire. Je n’ai pas de plan défini. Je parle au gré du plaisir. Il me semble toutefois qu’il me faut aborder en premier un sujet qui me tracasse : ma naissance. C’est un sujet que les adultes qui m’entourent paraissent ne pas vouloir aborder. On m’a déjà raconté mes premières facéties de bébé mais jamais mon arrivée sur Terre. Comme c’est étrange. Les adultes sont pourtant tellement à cheval sur l’ordre des choses. Ma naissance, c’est le début de ma vie. Le mot « début » m’enchante. Il est la promesse de festivités à venir. Le mot « fin » en revanche, je le déteste. J’ai déjà compris qu’il n’est porteur d’aucune perspective. Je sais que la fin de la vie, c’est la mort. On me l’a dit. On m’a expliqué ce que c’est. On ne bouge plus, on ne respire plus, on ne se rend plus compte de rien… Je lâche spontanément un cri de révolte :
– Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas que tout ça s’arrête.
– Petit homme, tout le monde meurt un jour mais la mort c’est très loin et en attendant tu as tout le temps de profiter de la vie.
Cette réponse calme momentanément mes angoisses.
Concernant ma naissance, souvent, je m’interroge. J’ai l’intuition confuse qu’une certaine chanson apprise à l’école pourrait m’en apprendre beaucoup. Elle parle d’un machin et d’un zinzin à mon avis bien agités : C’est le p’tit zinzin qui passe par ici et qui vient toucher le p’tit machin. C’est le p’tit machin qui repasse par là et qui vient toucher le p’tit zinzin. Dis-moi, dis-moi papa comment on fait pour les bébés. C’n’est pas compliqué. J’vais tout t’expliquer…
Machin, zinzin, des mots qui, pour moi, ne sont que des sonorités dénuées de sens. Aucune explication ne nous a été donnée en classe concernant ces deux mots… Laissés dans le flou, ils semblent évocateurs d’un domaine réservé, probablement interdit aux enfants. J’ai compris que les adultes dissimulent souvent pensant nous préserver de réalités qui pourraient, selon eux, nous choquer. Le problème, c’est qu’ils ne dissimulent pas totalement. Ils nomment mais en utilisant des mots mystérieux qui laissent l’enfant dans l’ignorance tout en éveillant sa curiosité.
En tout cas la chanson me plaît et je la chante avec délectation pour la plus grande joie nullement dissimulée, elle, de mes parents.
Alma Procréation assistée
Petit Sacha s’est enfermé dans sa chambre avec son dictaphone. Il avait une mine de conspirateur. J’entends sa voix lointaine, un ronronnement qui meuble le silence et réchauffe l’atmosphère de l’appartement. Une riche idée de cadeau, ce dictaphone. Sacha parle. Moi, j’écris. Au fond c’est bien la même chose. Nous nous exprimons chacun de notre côté. J’aimerais être mouche pour savoir ce qu’il dit. Mais je ne veux pas m’immiscer dans son jardin secret. J’ai la sensation que l’écriture peut me sauver du désespoir. Ecrire est devenu un besoin impérieux. Un dernier recours que je ne peux écarter. Malgré la difficulté de l’exercice, j’ai besoin de ma dose quotidienne. La tâche est ingrate car je peine à mettre en forme. En même temps, j’en retire une certaine satisfaction surtout quand les mots finissent par se plier à ma volonté.
Sacha nous a chanté, hier, une désopilante chanson d’Henri Dès sur le machin et le zinzin. C’est le p’tit zinzin qui passe par ici et qui vient toucher le p’tit machin. C’est le p’tit machin qui repasse par là et qui vient toucher le p’tit zinzin. Dis-moi, dis-moi papa comment on fait pour les bébés. C’n’est pas compliqué. J’vais tout t’expliquer… Quelle façon amusante d’aborder le mystère de la naissance avec des enfants !
Mais ce n’est pas aussi simple. Parfois le zinzin et le machin ne remplissent pas leur rôle et les malheureux adultes concernés doivent en passer par la case procréation assistée pour devenir parents. Cela donne une conception des moins romantiques. Exit le feu d’artifice de la fusion amoureuse. L’heureux événement censé en être la consécration vient, s’il vient, longtemps après et dans des conditions des moins romantiques. Dans l’idéal, voici quel devrait être le scénario : Une attraction irrépressible entre un homme et une femme et, soudain, un bébé qui tombe du ciel. Livré par une cigogne ? C’est ce que l’on dit parfois aux enfants ! Quelle façon magistrale d’éluder de qu’il peut y avoir de trivial dans la conception comme dans la naissance ! L’attente, la douleur, le sang…
La procréation assistée comme la naissance nous renvoie aux servitudes du corps. Les servitudes du corps rappellent à notre bon souvenir notre antique faiblesse : les débuts de la civilisation, les commencements de l’espèce humaine et sa lutte contre la nature afin de la soumettre à sa loi. Les servitudes du corps nous renvoient à notre insignifiance, notre petitesse à l’échelle de l’Univers. Les ignorer est une façon de sauver la face en se posant en maître d’un environnement qui encore souvent nous dépasse.
La procréation assistée dépoétise le cheminement ordinaire vers la maternité ou la paternité : amour, désir d’enfant et naissance. Le désir d’enfant devient, alors, mise en exergue de dysfonctionnements du corps, synonyme d’impudeur subie du corps qui doit se soumettre à des exame

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